Geronimo

Geronimo[1] est né le dans la tribu apache Bedonkohe près du Turkey Creek, affluent de la rivière Gila (Nouveau-Mexique, alors sous domination mexicaine), et mort le à Fort Sill (Oklahoma, États-Unis). Appelé Go Khla Yeh celui qui bâille ») à sa naissance, parfois écrit Goyathlay, ou encore surnommé Guu Ji Ya l'astucieux »), il est l’un des protagonistes des guerres apaches, le dernier à continuer à se battre contre le Mexique et les États-Unis pour les droits des Amérindiens, avant sa reddition en 1886.

Pour les articles homonymes, voir Geronimo (homonymie).

Geronimo ou Go Khla Yeh
Nom de naissance Go Khla Yeh (« celui qui bâille »)
Alias
Geronimo, Guu ji ya (« l'astucieux »)
Naissance
Rivière Gila, Mexique
Décès
Fort Sill, Oklahoma, États-Unis
Nationalité apache
Pays de résidence Mexique, États-Unis
Activité principale

Biographie

Né au Nouveau-Mexique dans la tribu des Apaches Bedonkohe à Nodoyohn Canyon (anciennement au Mexique) près de la rivière Gila. Fils de Taa Di Tlish Hn et de Gha Den Dini (« celle qui est traversée par la lumière »), il n'a jamais été chef, mais en tant qu'homme-médecine (chaman)[réf. souhaitée] et guerrier reconnu et respecté, il eut une grande influence sur les Apaches Chiricahuas. Après la mort de Taza, le fils aîné de Cochise, Naiche, le second fils du vieux chef doit partager le contrôle de la tribu avec lui. Par ailleurs, son beau-frère Juh était un leader de la tribu des Apaches Nednis.

Lutte contre le Mexique

L'épouse et le fils de Geronimo.

Geronimo est admis au conseil de guerre des Apaches Chiricahuas en 1846. En 1858, après le meurtre de sa mère, de sa femme et de ses trois enfants par l’armée mexicaine près d’un village appelé Kas-ki-yeh par les Apaches, il commence des raids de représailles en territoire mexicain. On dit que Geronimo a fait un rêve la veille du jour où les hommes blancs sont arrivés, il aurait rêvé que des hommes de couleur blanche venaient sur leurs terres pour les exterminer. Il venge sa famille le , jour de la saint-Jérôme. Les cris des Mexicains invoquant saint Jérôme pour leur défense (« Geronimo ! Geronimo ! ») l'inspirent et il prend alors ce nom. Plus tard, lors d'une autre attaque surprise, les Mexicains tuent sa nouvelle épouse et son fils.

En octobre 1862, il participe avec les chefs Cochise et Mangas Coloradas à la bataille d'Apache Pass. En janvier 1863, Mangas Coloradas  malgré l'opposition de Geronimo  se rend au Fort McLane, dans la petite ville d'Apache Tejo, pour y signer un traité de paix.

Lutte contre les États-Unis

En 1871, après près de dix ans de guerre contre les États-Unis, les Apaches Chiricahuas, alors dirigés par Cochise, négocient un accord de paix sur les conseils de Tom Jeffords. Ils obtiennent la création d’une réserve sur leurs terres.

Mais en 1876, la réserve Chiricahua est fermée par les autorités américaines. La plupart des Amérindiens sont déportés vers la réserve de San Carlos, fertile mais considérée par les Apaches comme une terre maudite. Geronimo, Naiche et Juh s'enfuient avec une centaine d'individus, tandis que la majorité des Apaches, épuisés des guerres incessantes, acceptent le déplacement. Geronimo est arrêté l’année suivante au Nouveau-Mexique par l’agent indien John P. Clum et transféré à San Carlos. Libéré, il s’enfuit de la réserve quelques mois plus tard. Il gagne le Mexique où il vit de pillages, avant de regagner San Carlos en 1879.

En , peu après la mort de Nochedelklinne, un leader spirituel apache tué par les soldats, Naiche, Geronimo et Juh s’enfuient à nouveau de leur réserve. Ils lancent de violentes attaques contre les colons blancs avant de s’évanouir dans les montagnes mexicaines. En , ils y abattent les 22 soldats mexicains du capitaine Juan Mata Ortiz.

Les raids des Apaches débordent du côté États-Unis (en Arizona et Nouveau-Mexique) : en , 26 colons américains sont tués. Le général George Crook est chargé de protéger la population blanche et entreprend de traquer les Apaches hostiles dans leurs repaires mexicains. Un camp découvert par les éclaireurs apaches de Crook est attaqué en . Les leaders apaches acceptent alors le principe d’une reddition. En 1884, Geronimo s’établit de nouveau dans la réserve de San Carlos.

Geronimo, en compagnie de Naiche et plusieurs membres de la tribu, s'échappe encore plusieurs fois, vivant de pillages, avant de se rendre. L'arrestation brutale du guerrier Ka-ya-ten-nae le pousse à s'enfuir une nouvelle fois le avec 109 femmes et enfants, et 35 hommes.

Depuis le Mexique, ses hommes lancent plusieurs raids meurtriers en Arizona et au Nouveau-Mexique. Il est de nouveau retrouvé au Mexique par des éclaireurs apaches en mars 1886. Pendant une conférence avec le général Crook, il accepte de regagner la réserve avec les soldats américains. Il se ravise plus tard et s’échappe dans les montagnes avec Naiche, une quinzaine de guerriers et quelques femmes et enfants.

Geronimo (à droite) et ses guerriers en 1886.

Crook ayant démissionné, c’est le général Nelson Miles qui est chargé de le poursuivre avec 5 000 hommes et des milliers de volontaires. 3 000 soldats mexicains sont aussi mobilisés contre les Apaches au sud de la frontière. En marge de la poursuite de Geronimo, le général Miles fait déporter en Floride les Chiricahuas vivant en paix dans la réserve de San Carlos. Pendant plus de cinq mois, Geronimo et ses partisans réussissent à passer entre les mailles du filet, utilisant la surprise, la mobilité et les connaissances des Apaches des modes de survie dans des conditions extrêmes. La capacité à disparaître de Geronimo était attribuée selon son peuple à des pouvoirs de prémonitions qui l'avertissait de la présence de l'ennemi, pouvoirs liés à son statut de chaman[2]. Épuisé, fatigué de se battre, il finit par se rendre le avec 16 guerriers, 12 femmes et 6 enfants. « C’est la quatrième fois que je me rends » dit-il.

Geronimo en 1887.

Les campagnes de guérilla de Geronimo restent un parfait exemple du genre. Ses excellentes connaissances géographiques et ses facultés à exploiter des ressources humaines limitées et des terrains difficiles ont fait de lui un stratège et un tacticien de premier ordre.

1886, groupe de prisonniers apaches à l'arrêt du Southern Pacific Railway près du rio Nueces. (Geronimo est le troisième à partir de la droite au premier rang.)

Sa reddition a fait l'objet d'une polémique au sein de l'armée américaine, car le général Howard, chef de l'armée américaine de la zone Pacifique, a rendu compte à son chef d'état major, à l'attention du Congrès et du président des États-Unis, de la reddition d'un dangereux hors-la-loi obtenue sans condition, alors que des témoins (notamment le général Stanley) ont rapporté, de leur côté, que Geronimo s'est constitué prisonnier de guerre moyennant la prise en charge humanitaire, sociale et éducative des communautés apaches par l'État fédéral[3].

Sur ordre spécial du président Grover Cleveland, il est placé sous surveillance militaire étroite à Fort Pickens en Floride avec quatorze de ses braves. Le climat humide de la Floride s’avère malsain pour les Apaches habitués à celui du désert et plusieurs d'entre eux décèdent. Les survivants sont ramenés à Fort Sill, en Oklahoma, en 1887. Geronimo se convertit alors au christianisme et devient agriculteur. Il regrette cependant jusqu'à la fin de ses jours de s'être rendu. Il vend des souvenirs à l'Exposition universelle de 1904, étant de ce fait présent aux Jeux olympiques de Saint-Louis, et participe à la parade d'inauguration de Theodore Roosevelt en 1905.

Mort et héritage posthume

Geronimo photographié par Edward Sheriff Curtis en 1905.

Il dicte l’histoire de sa vie en 1906. En février 1909, il fait une chute de cheval et passa une nuit dans le froid, avant qu'un ami ne le trouve, terriblement malade. Il meurt d'une pneumonie, en tant que prisonnier américain, à Fort Sill, en Oklahoma, le . Il aurait confié à son neveu qu'il regrettait de s'être rendu, et ne pas s'être battu à mort[4],[5]. Son dernier vœu est d'être enterré sur les terres de la rivière Gila.

La légende dit qu'il se serait jeté à cheval d'une falaise de l'Oklahoma en criant son nom, d'où le cri des parachutistes américains pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce cri a notamment été repris par Jerry Lewis dans son film Le Tombeur de ces dames. Un chien militaire portait le nom de Geronimo pendant les combats de la Seconde Guerre mondiale et fut héroïque. De nos jours, certains veulent aller rendre hommage à ce chien, pour célébrer son courage, mais se trompent de tombe en allant sur celle du vrai Geronimo, qui a tant terrorisé les Etats-Unis.[réf. nécessaire]

Sa tombe au cimetière du camp militaire Fort Sill aurait été profanée vers 1918 par la société secrète Skull and Bones de l'université Yale. Cette société conserverait encore le crâne, deux os, une bride et des étriers de Geronimo dans ses locaux de New Haven. On compterait au nombre des profanateurs Prescott Bush, père de l'ex-président George H. W. Bush et grand-père de l'ex-président George W. Bush[6]. Cet épisode est considéré comme une légende par plusieurs chercheurs tandis que l'historien David H. Miller estime que si les membres de la société ont bien profané une tombe, il y a peu de chance que ce soit celle de Geronimo qui ne comportait pas d'indication à l'époque[7].

En 2009, année du centenaire de sa disparition, l'arrière-petit-fils de Geronimo entreprend une action contre le gouvernement américain pour rassembler les restes de son aïeul et ramener sa dépouille auprès de son lieu de naissance au Nouveau-Mexique[6] et faire ainsi respecter ses dernières volontés[2].

En 2010, le nom « Geronimo » a été pris comme nom de code par les États-Unis pour désigner Oussama ben Laden. L'annonce a été faite juste après l'opération militaire héliportée qui a entraîné sa mort à Abbottabad, au Pakistan, le . Le message Geronimo-EKIA, contraction de Geronimo, Enemy Killed in Action Geronimo, ennemi tué au combat ») a servi au commando des Navy Seals[8] pour aviser la Maison-Blanche du succès de l'opération. Ce nom d'emprunt a suscité la colère des communautés amérindiennes[9].

Citation

Le proverbe amérindien « Quand le dernier arbre aura été abattu - Quand la dernière rivière aura été empoisonnée - Quand le dernier poisson aura été pêché - Alors on saura que l'argent ne se mange pas. » est attribué à Géronimo, au chef sioux Sitting Bull ou au peuple algonquin des Cree[10].

Bibliographie

  • Mémoires de Géronimo, tr. par Martine Winitzer, introduction de Frederick W. Turner, Éditions Maspero, 1972[11], rééd. La Découverte, 2003 (ISBN 9782707141972).
  • David Roberts, Nous étions libres comme le vent, Albin Michel, 1999, Terre indienne, 395 pages (ISBN 2226108777).
  • Samuel E. Kenoi et Morris Opler, La Chute de Géronimo, Anacharsis, ,
  • Olivier Delavault, Geronimo, Gallimard, Collection Folio Biographies, 2007 (ISBN 2-07-030752-2)
  • Corine Sombrun et Harlyn Geronimo, Sur les pas de Geronimo, Albin Michel 2008, coll. « Terre indienne ».
  • Patrick Mosconi, L'agonie de Geronimo et autres clichés, Jean-Paul Rocher éditeur, 2000.
  • Angie Debo, Geronimo: The Man, His Time, His Place, University of Oklahoma Press, 2012.
  • Odie B. Faulk, The Geronimo Campaign, Oxford University Press, 1969.

Dans la littérature et la bande dessinée

Romans

Bandes dessinées et romans graphiques

Filmographie

Notes et références

  1. « Jérôme » en espagnol.
  2. Harlyn Geronimo et Corine Sombrun, Sur les pas de Geronimo, Éditions Albin Michel, coll. « Terre indienne », .
  3. S.M. Barrett & Geronimo, Mémoires de Geronimo, collection La Découverte/Poche, La Découverte (2003) — cf. audition du général Stanley p. 157.
  4. (en) « We Shall Remain | American Experience | PBS », sur www.pbs.org (consulté le )
  5. (en) American Experience PBS, « Geronimo: We shall remain » [PDF], sur tc.pbs.org (consulté le )
  6. « Le combat d'un descendant de Geronimo contre Yale », Le Figaro, 20 février 2009.
  7. (en)« Whose Skull and Bones? »,Yale Alumni Magazine, mai/juin 2006.
  8. « Les Navy Seals, les forces spéciales qui ont tué Ben Laden », Libération, 3 mai 2011.
  9. « Ben Laden : le nom de code « Geronimo » offense les Indiens d'Amérique », Le Monde, 4 mai 2011.
  10. « Citation « Lorsque le dernier arbre aura été coupé, le dernier poisson [...]  » », sur dicocitations.lemonde.fr (consulté le )
  11. Propos recueillis et préfacés par Stephen Melvil Barrett (1905-1906) grâce à la traduction d'Asa Daklugie, New York, Duffield & Company, 1906 et rééditée par E. P. Dutton & Co, New York, 1970.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail des Nord-Amérindiens
  • Portail du western
  • Portail des États-Unis
  • Portail du Mexique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.