Gestes de premiers secours
Les gestes de premier secours désignent l'ensemble des techniques utilisées par une personne, quel que soit son niveau de formation, afin de stabiliser ou maintenir l'état d'une autre personne atteinte d'un trouble plus ou moins grave pouvant menacer son état de santé. Ces gestes peuvent être réalisés en attente d'un moyen de secours en renfort tel que les pompiers, le SAMU... (par exemple un arrêt cardiaque ou une hémorragie...) ou bien suffire à palier au problème sans d'autre intervenant extérieur (par exemple un saignement de nez).
En France, l'adoption des "comportements qui sauvent" a été labelisé grande cause nationale en 2016 par le premier ministre[1], portée par 3 acteurs associatifs : les pompiers de France, la Croix-Rouge et la Protection civile. Il existe de nombreuses formations de premiers secours, permettant de former quasiment à tout âge (les initiations et les formations d'éveils commençant dès 3 ans, et dès 10 ans pour une formation diplômante[2]) . Leur longueur dépend du niveau visé, les plus courtes durant 1h30 (l'initiations aux premiers secours[3]), et certaines jusqu'à 35h (le PSE1 par exemple[4])
Malgré un net regain d'intérêt après les attentats de Paris en 2015[5], la population française reste bien moins formée que ses voisins allemands, hollandais ou italiens, avec seulement 20% de la population qui déclare être formée de premiers secours[6]. Dans les pays scandinaves, ce taux monte à plus de 90%[2].
Les étapes pour porter secours
Lorsqu'une situation nécessite de porter secours à une ou plusieurs personnes, certaines étapes doivent être respectées afin d'être plus efficace dans son action, mais aussi assurer la sécurité des personnes présentes, aussi bien du(des) intervenant(s) que de(s) la victime(s). Ces étapes, enseignées lors des formations de premiers secours, sont les suivantes[7] :
- La protection : assurer la sécurité de la zone et des personnes. Cette action a pour but d'éviter le suraccident (il s'agit, par exemple de baliser un accident de la route) ou de blesser l'intervenant (par exemple, couper l'électricité lors d'une intervention sur une personne électrisée). c'est
- Le bilan : évaluer l'état de(s) la victime(s). Cette action permet de décider quels gestes de secours devront être entrepris, mais permet aussi de recueillir les éléments nécessaires pour transmettre le bilan au SAMU (situation, nombre de victime, plainte exprimée...).
- L'alerte : alerter un service d'urgence. Par cette action, la personne qui intervient s'assure qu'un renfort secouriste ou médical se mettra bien en route pour prendre en charge la victime. Pour savoir quel numéro appeler en fonction du pays et de la situation, voir l'article spécifique : numéro d'appel d'urgence.
- Réaliser les gestes d'urgences. Dernière étape du porter secours, la réalisation de toutes les autres actions avant cette dernière permet d'assurer un maximum de chance et de rapidité dans la prise en charge de la victime.
À noter que dans certaines urgences, ces étapes peuvent être réalisées en simultanées afin d'apporter la meilleure réponse possible dans le temps le plus bref : par exemple, lors d'un arrêt cardiorespiratoire, l'intervenant va réaliser l'alerte (ou faire réaliser) en même temps qu'il démarre la réanimation cardiopulmonaire.
Urgences évidentes
Les urgences évidentes sont des situations où le témoin peut voir du premier coup d'œil que la personne risque de mourir. L'action doit être immédiate, elle est synthétisée en quatre étapes : protéger (soi-même, la victime et le lieu pour éviter un sur-accident, examiner (établir un bilan de la santé de la ou les personnes, alerter (les secours en sachant transmettre le bilan établi, le lieu et son identité) et secourir (en demandant les consignes à suivre au moment de l’alerte).
Hémorragies
Une hémorragie est un écoulement de sang en dehors du système circulatoire. C'est une détresse évidente car une perte de sang importante va conduire au décès de la victime. En effet, le sang sert à transporter l'oxygène vers les organes (dont le cœur et le cerveau), s'il n'y a plus assez de sang, les organes ne peuvent plus fonctionner et meurent. Il faut donc stopper l'hémorragie.
Une hémorragie externe est un saignement abondant (c'est-à-dire imbibant un mouchoir en quelques secondes) qui s'écoule par une blessure visible. Un appui manuel sur la blessure est la meilleure solution pour stopper une hémorragie externe (on bouche le trou). Parfois, il est impossible d'appuyer manuellement, ou bien cet appui est inefficace. Dans ce cas-là, on peut comprimer l'artère (le tuyau qui amène le sang) contre un os en appuyant à travers la peau, entre le cœur et la blessure — c'est la compression à distance (point de compression - supprimé dans le RN de 2007 - ou garrot).
L'hémorragie interne : dans ce cas, la blessure se trouve à l'intérieur du corps. On ne peut bien entendu pas constater cette hémorragie, mais cela se décèlera par des signes extérieurs. Cette situation est considérée en premiers secours comme un malaise grave.
L'hémorragie extériorisée : c'est du sang s'écoulant par un orifice naturel : bouche (crachats, vomissements de sang), oreille, nez, anus, urètre, vagin en dehors de règles. Comme la blessure est cachée (le sang vient de l'intérieur du corps), on ne peut pas intervenir, la seule solution consiste à mettre la victime au repos, à prévenir les secours et à la surveiller en attendant le médecin. Dans le cas de crachats ou de vomissements de sang, on essaiera de les conserver (dans une bassine, un sac plastique) pour les montrer au médecin.
Note
L'hémorragie peut passer inaperçue dans un premier temps, par exemple, elle est cachée par les vêtements. Ceci montre l'importance de bien questionner la victime sur les circonstances, de la palpation et de la surveillance de la victime.
Victime consciente qui s'étouffe
Le cas est le suivant : la personne a avalé un objet, cet objet empêche totalement le passage de l'air vers les poumons. Si on ne libère pas le passage de l'air, la personne risque de mourir en quelques minutes, sans doute avant l'arrivée des secours. Il existe donc des méthodes de désobstruction des voies aériennes.
Les signes sont les suivants :
- la personne porte ses mains à sa gorge ;
- aucun son ne sort, elle ne peut pas parler ni tousser ;
- elle fait des efforts pour respirer, garde la bouche ouverte, mais l'air ne passe pas.
Il faut dans un premier temps donner cinq grandes claques dans le dos : le but est de stimuler la toux qui va éjecter le corps étranger. Pour un adulte ou un enfant de plus d'un an, on penche la personne en avant (pour faciliter l'éjection), on met sa main sur la poitrine de la victime (pour éviter qu'elle ne tombe lorsque l'on donne les coups), et on tape avec le plat de la main entre les omoplates.
Si cette technique est inefficace, il faut alors remplacer la toux. On va venir comprimer les poumons pour provoquer une surpression qui va déloger l'objet, c'est la méthode d'Heimlich. Pour cela, on se place contre le dos de la victime, on met un poing fermé dos vers le haut sur son ventre, juste au-dessus du nombril, on place son autre main par-dessus le poing et on tire cinq fois vers soi et vers le haut (forme de virgule). Ainsi, on pousse les viscères sous les poumons, ce qui crée la surpression. Si la méthode ne marche pas, on recommence (5 claques dans le dos puis 5 fois la méthode d'Heimlich) jusqu'à la réussite ou l'arrêt respiratoire. Dans ce cas, on regardera s'il est possible d'enlever l'objet. Si cela est impossible, on procédera au bouche à nez + massage cardiaque externe (MCE)
Si l'on ne peut pas comprimer le ventre (par exemple sur une femme enceinte ou personne obèse), on comprime la poitrine en appuyant au milieu du sternum (compressions thoraciques similaires à la réanimation cardiopulmonaire).
Sur un enfant, on réalisera la technique avec précaution.
Sur un nourrisson (bébé de moins d'un an), les techniques se réalisent comme suit. Pour les claques dans le dos (méthode de Mofenson), on s'assied, on place le bébé à plat-ventre à cheval sur notre avant-bras, la main maintenant la tête, on pose l'avant-bras sur notre cuisse, et on donne cinq tapes sur le dos. Si l'objet se décoince, il faut alors venir le chercher délicatement. Sinon, on retourne le bébé pour le placer sur le dos sur notre autre avant-bras, on place l'avant-bras sur notre cuisse, et l'on appuie cinq fois avec trois doigts sur le sternum (méthode similaire aux compressions thoraciques de la réanimation cardiopulmonaire). Comme précédemment, si l'objet est décoincé, il faut aller le chercher délicatement, sinon, on recommence (cinq tapes dans le dos puis cinq compressions thoraciques) jusqu'à la réussite.
Dans tous les cas, on demandera un avis médical (appel au 15), en effet, la personne devra subir un examen médical.
Notez que si une personne tousse, elle n'est pas en danger de mort puisque l'air passe. L'objet est coincé mais laisse l'air passer. Tout geste pourrait faire bouger l'objet et il pourrait alors venir empêcher totalement le passage de l'air. Dans ce cas, il faut au contraire ne pas toucher à la personne. On la laisse dans la position qu'elle adopte (le plus souvent assise), on la rassure, on l'encourage à tousser et on prévient les secours.
Le mieux est quand même d'éviter que l'accident n'arrive… C'est l'importance de la prévention. Pour les bébés, éviter de laisser traîner de petits objets, attentions aux cacahuètes, n'acheter que des jeux aux normes européennes et adaptés à l'âge du bébé. Pour les adultes, bien couper sa nourriture et la mâcher avant d'avaler.
Urgences vitales constatées par le bilan
Victime inconsciente qui respire
La victime ne bouge pas, elle ne réagit ni lorsqu'on lui touche la main, ni lorsqu'on lui parle. Après lui avoir dégrafé les vêtements (cravate, col, ceinture, bouton du pantalon) et basculé prudemment sa tête en élevant son menton, on perçoit un souffle d'air et on voit le ventre ou la poitrine se lever et se baisser.
Cette situation peut être due à une maladie, à un choc sur la tête, à une intoxication ou à un manque d'air.
Une personne inconsciente n'a ni tonus musculaire, ni réflexe de survie (notamment pas de toux, pas de déglutition). L'épiglotte (clapet qui sert normalement à empêcher les aliments de passer dans les voies respiratoires) pend mollement, il faut donc que la tête reste en bascule pour maintenir l'épiglotte ouverte. Par ailleurs, si la personne est à plat-dos, la salive va s'accumuler dans le fond de la gorge, gênant le passage de l'air ; son estomac va se vider (le muscle qui ferme l'estomac n'a plus de tonus) et le contenu (dont les sucs gastriques, acides) va venir dans les poumons.
Pour cette raison, toute personne inconsciente, qui respire et qui est à plat-dos doit être tournée sur le côté, en position latérale de sécurité (PLS). Dans cette position, la personne est couchée sur le côté en chien de fusil, la bouche tournée vers le bas (ce qui permet au liquide gastrique de s'écouler), la tête en bascule (ce qui maintient l'épiglotte ouverte). Il existe une méthode permettant de limiter les risques d'aggravation de blessure mais ce qui importe, c'est la position finale, pour préserver la respiration.
Si la personne (inconsciente) est à plat ventre, il faut la retourner et détecter la respiration comme expliqué plus haut. Si la victime respire, il faudra alors placer la victime en position latérale de sécurité (GNR PSC). Si la personne est assise dans une voiture, il suffit de la laisser assise en maintenant sa tête en bascule prudente.
Dans tous les cas, il faut prévenir les secours, et contrôler en permanence que la personne continue de respirer.
Attention aux gasp. On pense que la victime respire, mais en réalité elle ne respire pas. Une respiration normale est régulière et silencieuse.
La victime ne respire pas
La victime est inconsciente (pas de mouvement, pas de réaction au toucher ni à la parole), et après avoir dégrafé ses vêtements et basculé sa tête, on ne perçoit ni souffle, ni mouvement du ventre ou de la poitrine.
Il faut alors chercher le pouls : fémoral (dans l'aine) ou carotidien (dans le cou).
Cette situation peut être due à une maladie, à un choc sur la tête, à une intoxication, à un manque d'air ou à une électrocution.
Les organes, dont le cerveau et le cœur, ne sont plus alimentés en oxygène, la victime risque donc de mourir. C'est donc une urgence vitale, il faut immédiatement prévenir les secours, puis pratiquer la réanimation cardiopulmonaire (RCP) afin d'alimenter le cerveau en oxygène.
Si la victime ne respire plus mais a un pouls, il faut la ventiler : 15 insufflations d'air par minute (bouche à bouche)
Si la victime n'a pas de pouls, il faut la masser : massage cardiaque externe au rythme de 100 par minute. Si un défibrillateur automatique externe (DAE), semi-automatisé (DSA) ou entièrement automatisé (DEA) est à proximité, aller immédiatement le chercher et l'installer sur la victime.
Les normes ERC (Conseil européen de réanimation) donnent, pour l'adulte, une approche différente. Dans la majorité des cas, chez un adulte, l'arrêt cardiaque sera indépendant de l'arrêt respiratoire, en d'autres termes, c'est l'arrêt cardiaque qui précèdera et provoquera l'arrêt respiratoire. Partant de cette constatation, on considèrera donc que dès qu'il y a arrêt respiratoire, il y a arrêt cardiaque et on ne prendra pas le pouls. On entamera tout de suite une RCP au rythme de 30 compressions thoraciques externes pour deux insufflations.
Le schéma sera donc :
- sécurité ;
- vérification de la conscience ;
- appel à l'aide ;
- vérification de la ventilation ;
- appel du SAMU - réanimation cardiopulmonaire - utilisation du défibrillateur (semi-)automatisé.
À noter que les normes décrites par l'ERC font l'objet de mises à jour régulières en fonction des avancées de la recherche, en vue de les améliorer.
Situations pouvant évoluer vers une urgence vitale
Malaise
Un malaise est un « mal à l'aise », une sensation pénible ressentie par la victime (consciente), et qui traduit un mauvais fonctionnement de l'organisme ; il peut être provisoire ou durable, survenir soudainement ou progressivement. Contrairement aux traumatismes et blessures, on ne peut pas en déterminer la cause.
La personne elle-même peut ne pas être consciente de ce malaise, cela se verra alors par des signes extérieurs (déséquilibres, pâleur, tremblements ou gestes mal coordonnés, respiration irrégulière ou spasmodique, discours devenant incohérent, manque de réaction aux stimuli usuels, la personne semblant soudainement « absente »). Le malaise peut avoir comme origine une maladie connue ou ignorée, un accident précédent dont les conséquences ont été négligées, ou une intoxication, voire le début d'un arrêt cardiaque ou un choc d'origine diabétique (ces deux affections ont des conséquences vitales graves si elles ne sont pas traitées rapidement, car la personne n'en a pas toujours conscience).
Le malaise peut être la conséquence d'un état de choc circulatoire qui peut évoluer vers la perte de conscience ou des dysfonctionnements cardiorespiratoires, et s'accompagne souvent de nausée pouvant aller jusqu'au vomissement. Parfois ce vomissement provient directement de l'affection (intoxication) ou du traumatisme lié à un accident (saignements ou écoulements d'organes internes). D'autres signes de l'état de choc sont les pertes urinaires, ou l'assèchement de la bouche pouvant indiquer une surventilation (pouvant conduire à de la spasmophilie ou une tachycardie, dangereuse chez certaines personnes) ou une surabondance salivaire (avec risque de noyade si la personne devient inconsciente), et indiquent souvent un traumatisme psychologique difficile à maîtriser par la victime (et il convient de la mettre en sécurité et de rassurer la personne).
À la suite d'un choc, on constate aussi une sudation importante provoquant un refroidissement de la personne qui peut se mettre à grelotter, et il faut pouvoir la protéger du froid. La sudation abondante peut aussi, chez les jeunes enfants, provoquer un choc lié à la déshydratation rapide. Chez les personnes trop exposées au soleil ou à la chaleur, la déshydratation est un risque vital pouvant mener à la perte de conscience (notamment chez les nourrissons et personnes âgées, qui n'expriment ou ne ressentent pas correctement la sensation de soif) et une température trop élevée doit conduire à les rafraichir. Si le malaise n'est pas lié à l'ingestion d'un produit, il faut leur mettre de quoi boire sans les forcer (le secouriste en première urgence ne doit rien faire absorber à la personne si elle ne prend pas la décision elle-même, pas même ses propres médicaments même s'ils sont prescrits, cependant on peut l'assister à sa demande si elle est consciente, sauf en cas de suspicion d'intoxication où il vaut mieux ne rien lui laisser boire ou avaler). Mais on pourra sans problème rafraîchir la personne superficiellement avec un linge humide en applications successives en cas de chaleur, ou la couvrir en cas de froid.
Si l'état initial de la personne n'est pas inquiétant (la personne est consciente), l'affection cachée peut être grave et entraîner une détresse vitale. La conduite à tenir pour le sauveteur est la suivante :
- mettre la personne au repos, dans un lieu sécurisé et rassurant, en veillant à la protéger du froid, du vent ou d'une trop forte chaleur, et si possible non exposé directement au lieu de l'accident (notamment s'il y a d'autres victimes) ;
- relever les plaintes de la personne (sensations, douleurs) et relever les signes anormaux ;
- questionner la personne (ou si elle ne peut pas parler, son entourage, ou encore prendre connaissance des informations présentes dans le livret d'informations santé de la personne) sur son état de santé habituel, ses antécédents, les traitements médicamenteux en cours ;
- appeler les urgences médicales, même si la victime s'y oppose, et retransmettre les informations collectées ; répondre aux questions du médecin et suivre ses conseils.
- rester sur place (tant que cela ne place pas le sauveteur lui-même en danger vital) et surveiller la personne durant toute la durée de son malaise ou jusqu'à l'arrivée des secours, celle-ci pouvant avoir un malaise plus sérieux plus tard, et connaître alors une détresse vitale.
Dans une situation d'urgence, il est courant, même pour le sauveteur, d'oublier certains détails ou certains gestes, et il est utile de prendre des notes ou de se faire assister par un ou deux témoins, afin de mieux renseigner les secours. La transmission de l'information sera plus facile et plus précise (ne pas oublier de noter les heures où surviennent certains évènements, ou de début d'un geste d'urgence, et de faire le point sur la personne et l'environnement pendant l'attente, pour savoir ce qu'on a pu oublier, dès que le danger vital immédiat est écarté, en se remémorant les principes de base: prévenir, protéger, alerter, secourir).
On demandera aussi à quelques témoins de veiller à la sécurité de l'environnement de la victime jusqu'à l'intervention des secours, et éviter l'attroupement de témoins inutiles et peu rassurants pour elle (d'autant qu'un malaise chez une victime peut la placer dans une situation gênante et difficile psychologiquement, par exemple en cas de chute, de vomissement, de pertes urinaires, ou de nudité partielle, mais aussi en cas de blessure qui impressionnent visiblement et inutilement trop de personnes autour d'elle).
La notion de malaise en premiers secours (et d'une manière générale pour le grand public) est plus large que la notion médicale (lipothymie et syncope), elle regroupe des maladies et des traumatismes cachés.
Les signes et plaintes seuls ne suffisent pas à déterminer l'origine du malaise, en tant que témoins, sauveteur ou secouriste, on ne peut pas connaître la cause — et on n'en a d'ailleurs pas besoin. La conduite à tenir est donc la même quel que soit le malaise : interroger, observer, mettre au repos, alerter les urgences médicales.
Agressions et comportements violents
Pour les victimes d'agression, la priorité passe au secours à la personne, et il est inutile de chercher à rattraper l'agresseur (cela demande une formation spéciale) d'autant que cela peut accroître le risque tant pour la victime que pour les sauveteurs et empêcher les gestes de premier secours. Il peut arriver que la victime ait un comportement incohérent voire violent, on fera en sorte de l'isoler en écartant toutes les autres personnes impliquées dans l'agression et en la plaçant dans un lieu ouvert où elle n'aura pas accès à des armes par destination dangereuses pour elle ou pour les sauveteurs (en extérieur de préférence à un lieu fermé), et on ne répondra pas aux agressions verbales. Rétablir le calme est donc une priorité afin de pouvoir intervenir efficacement.
À la suite d'un traumatisme, le choc psychologique peut conduire à un tel comportement de la victime, et il vaut mieux alors la placer dans une situation où elle a le sentiment de maîtriser la situation sans faire preuve de violence physique (il faut alors être prêt à accepter les agressions verbales sans perdre soi-même son calme). S'il y a eu bagarre ou agression mutuelle, il ne faut appuyer aucun des intervenants, mais les amener à s'isoler en évitant trop de témoins. Il n'est pas nécessaire ni utile de chercher à maîtriser la personne : on n'approchera et ne secourra la personne que si elle y consent et se sent rassurée et en sécurité. Un sauveteur n'a pas à juger la personne ni même ses actes qui ont pu l'amener dans cette situation nécessitant un secours.
En l'occurrence, une victime violente est une personne consciente, capable de se sortir elle-même d'une situation de danger. Le travail d'un secouriste dans cette situation est essentiellement de prévenir, et sera surtout psychologique, et l'élément clé est alors de conserver son calme et adopter une attitude apaisante. Il est beaucoup plus facile d'aider une personne qui se sent en sécurité car isolée des personnes à l'origine de son comportement incohérent.
Dans le cas de tentatives de suicide (ou de violence de la victime contre elle-même), le travail est aussi psychologique avant tout et dans le domaine de la prévention du risque, avant même celui du secours. La personne demande d'abord à être écoutée, et doit faire déborder son « trop plein » émotionnel sur quelqu'un, même si le discours semble incohérent ou irraisonné (dans une situation d'émotion débordante, la raison n'a pas sa place, et il est inutile et dangereux de la convaincre qu'elle a tort ou d'appuyer ses raisons). C'est l'écoute patiente qui rétablira son calme et permettra d'intervenir le plus vite en cas de risque vital.
Si la personne est armée, on ne tentera pas de l'approcher et surveillera seulement son emplacement pour la maintenir à l'écart et prévenir le risque pour les autres personnes. C'est alors aux secours spécialisés et bien entraînés d'intervenir, et il est essentiel de les prévenir et de bien analyser la situation pour l'expliquer et évaluer les risques.
Dans d'autre cas, la violence physique est la conséquence d'une affection dont la personne n'a pas la volonté de nuire, même si elle est encore consciente de son état. Certaines « crises » sont totalement incontrôlées, et il est important de prévenir les risques en écartant autant que possible les objets qui pourraient blesser cette personne. Si on n'a pas la force de maîtriser la personne dans une telle situation de détresse, on peut encore l'assister en empêchant qu'elle se fasse mal, sans forcément avoir à la toucher cependant il faut être prêt à intervenir car les risques cardiorespiratoires sont importants, et la crise peut rapidement se transformer en perte de conscience et en une détresse vitale grave.
Atteinte des os et des articulations (chute, choc, faux mouvement)
Une fracture est une rupture d'un os. Les fragments d'os étant coupants, il est impératif de couvrir les plaies éventuelles causées par les fragments, et d'essayer d'immobiliser les membres atteints. Ne bouger la victime que si c'est absolument vital. Si elle est consciente, lui recommander de rester immobile. En particulier, en cas de fracture de la colonne vertébrale, le moindre mouvement peut entraîner une paralysie définitive, voire la mort.
Plaie
Une plaie est une atteinte traumatique de la peau, qui se caractérise par une rupture de la peau (effraction cutanée) : piqûre, déchirure, etc.
Il convient de distinguer les plaies graves, qui peuvent atteindre un organe sensible voire entraîner la mort, des plaies simples qui ne nécessitent pas de traitement médical.
Dans le cas d'une plaie grave, il faut laisser la victime dans la position dans laquelle elle se sent le mieux et prévenir les secours.
Brûlure
Une brûlure est une atteinte traumatique de la peau, en général due à la chaleur, à un rayonnement (comme les ultraviolets pour les coups de soleil) ou à un produit chimique.
Il convient de refroidir la brûlure le plus tôt possible en respectant la règle des trois 20[8] :
- en faisant ruisseler de l'eau froide (idéalement à 20 °C afin d'éviter tout choc thermique) ;
- pendant 20 minutes ;
- le jet d'eau doit couler le long de la brûlure et ne pas la heurter (à 20 centimètres de la plaie).
Dans cette situation, l'eau du robinet est la solution à privilégier. Cette action, inutile après quinze minutes, a une influence considérable sur la guérison si elle est menée dans les premières minutes. Si la brûlure est grave (elle est très étendue, ou bien située près d'un organe sensible, ou encore la peau est partiellement détruite), il faut prévenir les secours.
Dans le cas d'une brûlure chimique, le ruissellement a pour but de laver le produit, il faut faire attention à ne pas contaminer de partie saine. On préviendra systématiquement les secours.
Position d'attente
Lorsqu'une personne est consciente, elle adopte spontanément la position dans laquelle elle se sent le mieux. Il convient donc de respecter cette position en attendant les secours.
Cependant, certaines positions permettent d'améliorer l'état de la victime et peuvent donc lui être proposées, sauf en cas de suspicion d'atteinte des os ou des articulations.
Gestes non-urgents
Il existe un certain nombre de situations qui ne relèvent pas de l'urgence, mais dont il faut s'occuper car elles pourraient avoir des conséquences fâcheuses à l'avenir ; c'est par exemple le cas des petites plaies, qui ne présentent aucune gravité, mais qui peuvent s'infecter.
Numéros utiles
- SAMU (service d'aide médicale urgente) : 15 (en France uniquement, gratuit chez tous les opérateurs). Numéro recommandé pour toute détresse vitale demandant une assistance immédiate sans attendre les secours ;
- sapeurs-pompiers : 18 (en France uniquement, gratuit chez tous les opérateurs). Secours d'urgence nécessitant des moyens techniques spécialisés ;
- police : 17 (en France uniquement, gratuit chez tous les opérateurs). En cas de danger aux personnes, mais aussi pour connaître les adresses de services de garde en médecine ou pharmacie ;
- numéro unique d'appel des urgences : 112 (partout en Europe chez tous les opérateurs, en Suisse le 144). Gratuit (ne nécessite pas d'abonnement ou de crédit), le numéro est accessible sur tous les mobiles avec une carte SIM (pour la localisation) et généralement composable sans devoir déverrouiller le téléphone[9]. Ce numéro est relayé d'un pays à l'autre dans toutes les langues officielles de l'Union européenne, mais son défaut tient justement à sa couverture et à son prix, relayée via satellite pour les appels depuis un mobile (communications lentes, coûteuses pour l'État, et difficiles à localiser) ; son intérêt est de disposer d'interlocuteurs parlant de nombreuses langues, ce qui s'avère intéressant pour un appelant en voyage, alors qu'il peut avoir des difficultés à obtenir l'information et s'expliquer par un numéro local comme le 18.
Préférer toutefois l'appel depuis une ligne fixe ou une borne d'appel d'urgence (sur route) qui permettent une localisation plus précise et plus rapide de l'appel et une durée de communication accrue (pas besoin de batterie). Ne pas téléphoner en conduisant, ne pas s'arrêter n'importe où sur les voies rapides, les emplacements des bornes d'appel d'urgence disposent de zones d'arrêt plus sûres ; - numéro de fax et de SMS d'urgence (personnes sourdes ou mal-entendantes) : 114, les sms et fax sont traités à Grenoble par un personnel (formé pour les personnes sourdes et mal-entendantes) qui contacte alors les services d'urgence[10].
Notes et références
- Croix-Rouge francaise, « Grande cause nationale 2016 », sur Croix-Rouge française (consulté le )
- « Premiers secours: La France a-t-elle rattrapé son retard? », sur www.20minutes.fr (consulté le )
- Croix-Rouge francaise, « Initiation aux premiers secours », sur Croix-Rouge française (consulté le )
- Croix-Rouge francaise, « La formation des secouristes », sur Croix-Rouge française (consulté le )
- « Sécurité : former 80% de la population aux gestes qui sauvent », sur vie-publique.fr (consulté le )
- « Premiers secours : seuls 20% des Français formés aux gestes qui sauvent », sur Franceinfo, (consulté le )
- Croix-Rouge francaise, « Les 4 étapes pour porter secours », sur Croix-Rouge française (consulté le )
- « Premiers secours en cas de brûlures », sur brulures.be
- Direction de l'information légale et administrative, « Connaissez-vous le 112, le numéro d’appel des urgences en Europe ? », sur www.service-public.fr, (consulté le )
- Portail interministériel de prévention des Risques majeurs, « Connaître les numéros d'urgence » (consulté le )
Liens externes
- Les gestes qui sauvent, information à destination du public, par la Croix-Rouge française.
- La partie Urgences, sur Doctissimo
- Les gestes qui sauvent, information à destination du public, par la Fédération Française de Cardiologie
- Protéger, examiner, alerter, secourir
, services de l’État (Toulouse et Hautes Pyrénées)
- Portail de la médecine
- Portail des premiers secours et du secourisme