Protection (premiers secours)
La protection en premiers secours consiste, pour un sauveteur, à évaluer les conditions de sécurité sur le lieu d'une intervention, s'assurer qu'il n'existe pas de danger supplémentaire (feu en cours, ambiance toxique…) et soustraire les personnes présentes à ce danger. En secourisme, la protection fait partie du bilan circonstanciel.
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Rappel des étapes pour porter secours
Lorsqu'une situation nécessite de porter secours à une ou plusieurs personnes, certaines étapes doivent être respectées afin d'être plus efficace dans son action, mais aussi assurer la sécurité des personnes présentes, aussi bien du(des) intervenant(s) que de(s) la victime(s). Ces étapes, enseignées lors des formations de premiers secours, sont les suivantes[1] :
- La protection : assurer la sécurité de la zone et des personnes. Cette action a pour but d'éviter le suraccident (il s'agit, par exemple de baliser un accident de la route) ou de blesser l'intervenant (par exemple, couper l'électricité lors d'une intervention sur une personne électrisée).
- Le bilan : évaluer l'état de(s) la victime(s). Cette action permet de décider quels gestes de secours devront être entrepris, mais permet aussi de recueillir les éléments nécessaires pour transmettre le bilan au SAMU (situation, nombre de victime, plainte exprimée…).
- L'alerte : alerter un service d'urgence. Par cette action, la personne qui intervient s'assure qu'un renfort secouriste ou médical se mettra bien en route pour prendre en charge la victime. Pour savoir quel numéro appeler en fonction du pays et de la situation, voir l'article spécifique : numéro d'appel d'urgence.
- Réaliser les gestes d'urgences. Dernière étape du porter secours, la réalisation de toutes les autres actions avant cette dernière permet d'assurer un maximum de chance et de rapidité dans la prise en charge de la victime.
À noter que dans certaines urgences, ces étapes peuvent être réalisées en simultanées afin d'apporter la meilleure réponse possible dans le temps le plus bref : par exemple, lors d'un arrêt cardiorespiratoire, l'intervenant va réaliser l'alerte (ou faire réaliser) en même temps qu'il démarre la réanimation cardiopulmonaire.
Avant l'intervention : l'hygiène et la vaccination
Avant d'être confronté à une intervention sur une victime, le (futur) intervenant peut assurer une meilleure protection par un geste basique : le lavage des mains. Celui-ci, notamment réalisé à la solution hydroalcoolique (SHA) permet de réduire de 88 % la colonisation bactérienne sur les mains (contre 49.6 % pour un lavage à l'eau et au savon)[2], réduisant le risque de contamination de la victime par les microbes présents sur l'intervenant, ou le risque de contaminer l'intervenant par les microbes présents sur la victime. De la même façon une hygiène corporelle quotidienne, des cheveux propres et attachés, des mains dénudées de bijoux (alliance comprise) et aux ongles courts, ainsi qu'une tenue propre du jour participent à la prévention des infections nosocomiales croisées[3].
L'intervenant ne connaissant pas forcément le statut sérologique ou infectieux de la personne prise en charge, il est également recommandé d'être vacciné, notamment contre l'hépatite B (obligatoire pour les soignants[4]) et le Covid-19 (obligatoire pour les soignants depuis le 15 octobre 2021 en France[5], de nombreux autres pays l'ont aussi imposé[6]), afin de ne pas se contaminer lors d'une intervention.
Pendant l'intervention : le bilan circonstanciel
Il s'agit de collecter les circonstances de l'intervention et notamment :
- Que se passe-t-il ?
- Présence d'un danger pour la victime ou l'intervenant ?
- Ce danger est-il contrôlable ou supprimable ?
- La situation est-elle gérable ?
S'il existe un danger persistant, l'intervenant doit essayer de le supprimer (par exemple couper le courant sur une électrocution), sans mettre son intégrité physique en danger. En cas d'incapacité d'agir (tableau électrique inatteignable dans l'exemple), l'intervenant peut alors baliser la zone, empêchant d'autres personnes de s'approcher et d'être victime du danger : ce serait le suraccident. Dans ce cas-là, il convient d'aller prévenir les secours, qui pourront faire venir des moyens spécialisés pour approcher la victime. Ultime recours en cas de danger non supprimable mais qu'il n'y a pas de risque pour l'intervenant (par exemple, les flammes d'un incendie se répandent près d'une victime au sol), celui-ci peut réaliser un dégagement d'urgence de la victime, technique qui consiste à déplacer la victime le plus précautionneusement possible (notamment si elle est soupçonnée d'un traumatisme) pour la soustraire au danger.
S'il n'y a pas de danger, si celui-ci a été supprimé ou la victime en a été soustraite, l'intervenant peut examiner rapidement les victimes (seconde étape du porter secours) avant de prévenir (ou de faire prévenir par un tiers) les secours (troisième étape du porter secours) en donnant autant de détails et de précisions que possible. Cela permet à la régulation médicale d'envoyer le(s) moyen(s) de secours le(s) plus adapté(s) et le plus rapidement possible. L'intervenant pourra enfin éventuellement effectuer des gestes de premiers secours sur la victime parfois guidé par la régulation médicale. Comme précisé plus haut, ces étapes peuvent se confondre si l'urgence de la situation le nécessite.
Les différentes protections
La protection du sauveteur
Il s'agit pour le sauveteur de se protéger lui-même. Cette protection est primordiale : le sauveteur est le premier maillon de la chaîne des secours, s'il n'est pas en mesure de donner l'alerte, les secours ne viendront pas. Par ailleurs, un sauveteur blessé n'est plus un sauveteur mais une victime ; outre le fait de mettre sa propre santé en danger, cela complexifie l'action des secours. un sauveteur ne doit donc pas s'exposer inutilement ni excessivement, pour conserver les capacités d'intervention sur les lieux et ne pas augmenter le nombre de victime.
Des équipements de protection individuel permettent une protection contre certains risques en fonction de leur indication, les plus connus étant les gants de protection à usage unique.
Pour la protection juridique du sauveteur, notons que la loi française indique (art. 223-6 du Code pénal) qu'il est obligatoire de porter assistance à quelqu'un en danger (ne pas intervenir constituerait une non-assistance à personne en danger) à condition qu'il n'y ait pas de risque pour l'intervenant ou pour un tiers[7]. Afin d'encourager les citoyens à intervenir, un statut de citoyen sauveteur a été créé en juillet 2020 par la France, qui libère de toute responsabilité civile une personne étant intervenue auprès d'une victime, même si les gestes entrepris ont été inefficaces ou préjudiciables (sauf en cas de faute lourde ou intentionnelle)[8].
La protection des témoins
Les témoins sont les personnes qui ne sont ni sauveteur, ni victime, mais qui assistent à l'évènement. Leur protection consiste à éviter l'apparition de nouvelles victimes (le suraccident), notamment s'il est impossible de supprimer le danger. Le ou les sauveteurs doivent alors empêcher les témoins de s'approcher, afin que ceux-ci ne soient pas eux-mêmes victime du danger (par exemple, éloigner les passants d'un incendie pour éviter l'inhalation de fumées toxiques). Cet espace gagné permet aussi de faciliter l'intervention des moyens de secours, qui ne seront pas gênés par la présence de personnes surnuméraires autour de l'accident[9].
Attention cependant, une personne témoin d'un événement grave (attentat, accident violent, mort soudaine ou brutale, dégâts importants,...) peut, même sans être blesser physiquement, subir un traumatisme psychologique et nécessiter un suivi. On parle alors de personne impliquée. Il existe des cellules d'aides spécialisées dans ce type de prises en charge, les Cellules d'Urgences Médico-Psychologique (CUMP). Elles sont intervenues, par exemple, auprès des réfugiés de la guerre en Ukraine[10].
La protection de la victime
Une fois les protections précédentes assurées, le sauveteur peut alors s'occuper de la protection de la victime. Il doit alors s'assurer qu'aucun élément ne risque d'aggraver l'état de la victime, et le cas échéant, le contrôler (coupure d'une vanne de gaz par exemple) ou le supprimer (extinction d'un début d'incendie avec un extincteur). Dans le cas où il serait impossible de supprimer le danger et que la victime ne peut pas s'y soustraire elle-même (victime inconsciente, traumatisme l'empêchant de se déplacer…), l'intervenant peut faire un dégagement d'urgence. Si cette ultime manœuvre échoue (victime trop lourde ou inatteignable), le sauveteur peut toutefois baliser la zone pour éviter qu'un témoin soit atteint à son tour, et prévenir au plus vite les moyens de secours.
Un danger supprimé, c'est une protection pour l'intervenant, les témoins et la victime. D'une manière générale, il faut envisager la protection collective avant la protection individuelle.
Des exemples de protection
En voiture[11]
La protection consiste :
- à mettre les personnes présentes en sécurité, notamment en cas d'arrêt sur une route à grande circulation. Sur autoroute, il ne faut en aucun cas rester dans une voiture immobilisée sur la bande d'arrêt d'urgence, mais impérativement se réfugier derrière la glissière latérale de sécurité ;
- à baliser l'accident : allumer ses feux de détresse, placer un triangle de pré signalisation, mettre une personne pour faire des signes ;
- à couper le contact des véhicules accidentés, à serrer le frein de stationnement et à interdire de fumer à proximité.
Durant toute l'intervention, il faut bien faire attention à la circulation, et porter de préférence des vêtements visibles : couleurs vives le jour, couleurs claires la nuit, voire des vêtements à haute visibilité, éléments de sécurité obligatoire au même titre que le triangle de pré signalisation[12].
Voir l'article détaillé : Premiers secours sur la route > Protéger.
Accident électrique[13]
Face à un accident électrique, ou mettant en cause un appareil électrique, la protection consistera à soustraire la victime du courant électrique, mais il y a un risque majeur que le sauveteur ou une personne tierce se fassent, eux aussi, électrisés.
Selon la configuration (dans le cas où la position du disjoncteur n'est pas connue ou bien est éloignée), la solution la plus rapide peut être de débrancher l'appareil, aux conditions que la prise soit en bon état et que le geste ne soit pas risqué pour l'intervenant (pas besoin de toucher l'appareil ou la victime). Si l'appareil est branché sur une prise reliée à un interrupteur, il vaut mieux tout d'abord actionner l'interrupteur pour couper l'arrivée de courant dans la prise, puis débrancher l'appareil (pour prévenir une éventuelle remise sous tension accidentelle). Les appareils professionnels possèdent souvent un bouton d'arrêt d'urgence de type « coup de poing » rouge, visible et accessible, bien adapté à la protection et qui empêche de remettre l'appareil sous tension involontairement.
Dans le cas de fils électriques aériens tombés à terre, la seule protection efficace est d'empêcher l'approche des personnes présentes avant l'arrivée des secours spécialisés : ces fils à hautes tensions peuvent générer des arcs électriques qui interdisent tout approche.
Fuite de gaz[14]
Une fuite de gaz peut provoquer un incendie, une explosion ou des asphyxies même à de faible concentration (5 % dans l'air ambiant suffit à générer un risque d'explosion). Il se décèle par une odeur de soufre très caractéristique. En cas de suspicion de fuite de gaz, il est recommandé, pour assurer la protection, de faire sortir toutes les personnes présentes dans le bâtiment, ne pas utiliser d'appareil électrique, ne pas fumer ni vapoter (une étincelle pouvant provoquer l'explosion) et si cela n'expose pas l'intervenant, aérer et couper l'arrivée de gaz[15].
Des accidents liés au gaz ont encore lieu régulièrement, tuant même des professionnels formés à ce type d'intervention, comme à Paris en 2019, où 4 personnes ont perdu la vie, dont 2 pompiers[16].
Références
- Croix-Rouge française, « Les 4 étapes pour porter secours », sur Croix-Rouge française (consulté le )
- Équipe opérationnelle d’hygiène Service évaluation qualité, accréditation et sécurité sanitaire CLIN de l’AP-HP Direction de la politique médicale, AP-HP, « La désinfection des mains par friction hydro-alcoolique », Revue scientifique, , p. 10 (lire en ligne [doc]).
- ARSAC Sylvie, « Les tenues professionnelles dans les établissements de santé », Comité d'hygiène hospitalière, , p. 14 et 15 (lire en ligne [doc])
- « Vaccination et personnel soignant - Quels sont les vaccins obligatoires ? », sur Figaro Santé (consulté le ).
- « Vaccination et dose de rappel obligatoires pour certaines professions », sur www.service-public.fr (consulté le ).
- Nicolas Berrod, « Covid-19 : en Europe, une obligation vaccinale des soignants à plusieurs vitesses », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- État français, « Chapitre III : De la mise en danger de la personne (Articles 223-1 à 223-21) » , sur www.legifrance.gouv.fr, (consulté le ).
- « Premiers secours : qu’est-ce qu’un citoyen sauveteur ? », sur Generali (consulté le ).
- « Prévention des risques d'accident de la circulation », sur Pompiers.fr, (consulté le ).
- Croix-Rouge francaise, « Conflit en Ukraine : Une vie rassemblée dans une valise », sur Croix-Rouge française (consulté le )
- « Accident de la route | Sécurité Routière », sur www.securite-routiere.gouv.fr (consulté le ).
- « Accessoires obligatoires en voiture : gilet de sécurité, triangle... », sur www.service-public.fr (consulté le ).
- « Électrisation et électrocution », sur www.ameli.fr (consulté le ).
- « Que faire en cas de fuite de gaz naturel ? », sur localhost (consulté le ).
- « Urgence fuite de gaz, coupure de gaz - Appel gratuit 24h/24 », sur www.grdf.fr (consulté le ).
- « Explosion à Paris : les pompiers à pied d’œuvre pour sécuriser le quartier », sur Franceinfo, (consulté le ).
Incendie, fumée
Voir l'article détaillé : Lutte contre l'incendie.
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