Grand Prix automobile de Monaco 2008

Le Grand Prix automobile de Monaco 2008 (Formula 1 Grand Prix de Monaco 2008), disputé sur le circuit de Monaco le , est la 791e course du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la sixième manche du championnat 2008. Disputée sur une distance de soixante-seize tours au lieu des soixante-dix-huit initialement prévus, l'épreuve est remportée par le pilote McLaren, Lewis Hamilton. Robert Kubica, pilote de l'équipe BMW Sauber, termine deuxième tandis que Felipe Massa, parti en pole position, s'empare de la troisième place au volant de la Ferrari F2008.

Grand Prix de Monaco 2008
Données de course
Nombre de tours 76
Longueur du circuit 3,34 km
Distance de course 253,54 km
Conditions de course
Nom officiel Formula 1 Grand Prix de Monaco 2008
Date
Heure de départ 14 h
Météo Pluie, puis temps sec
Organisateur Fédération internationale de l'automobile
Directeur de course Charlie Whiting
Résultats
Vainqueur Lewis Hamilton,
McLaren-Mercedes,
2 h 0 min 42 s 742
(vitesse moyenne : 126,171 km/h)
Pole position Felipe Massa,
Ferrari,
1 min 15 s 787
(vitesse moyenne : 158,655 km/h)
Record du tour en course Kimi Räikkönen,
Ferrari,
1 min 16 s 689
(vitesse moyenne : 156,789 km/h)

Alors que l'épreuve s'ouvre dans des conditions climatiques particulièrement difficiles, Massa se maintient en tête de la course dans le premier virage tandis que son coéquipier, Kimi Räikkönen, cède sa deuxième place à Hamilton, parti de la troisième position. Au sixième tour, Hamilton, victime d'une crevaison, tombe à la cinquième position à son retour des stands. À la suite de différents accrochages et touchettes impliquant de nombreux pilotes, conséquences d'une piste détrempée et d'une visibilité réduite, Räikkönen cède sa place à Kubica. Après les arrêts aux stands de la mi-course, Hamilton prend la première place devant Massa et Kubica, position qu'il conserve jusqu'à l'arrivée. Lorsque la piste s'assèche, autour du cinquantième tour, tous les pilotes changent de pneumatiques, ce qui permet à Kubica de prendre l'avantage sur Massa. Räikkönen chute lui de la cinquième à la neuvième position après une collision avec Adrian Sutil. L'incident profite à Mark Webber qui termine quatrième devant Sebastian Vettel.

Hamilton remporte sa deuxième victoire de la saison, sa première à Monaco, et les points acquis au terme de la course lui permettent de se hisser en tête du classement des pilotes, avec trois points d'avance sur Räikkönen et quatre devant Massa, les deux pilotes Ferrari. Ferrari conserve la tête du classement des constructeurs, avec seize points d'avance sur McLaren et dix-sept sur BMW Sauber.

Contexte avant le Grand Prix

Kimi Räikkönen assure disposer d'une monoplace compétitive pour Monaco.
Le Grand Prix historique de Monaco précède l'épreuve officielle.

Le Grand Prix de Monaco 2008 est disputé par vingt pilotes composant dix équipes de deux pilotes[1] ; ces équipes sont Scuderia Ferrari Marlboro, Vodafone McLaren-Mercedes, ING Renault F1 Team, Honda Racing F1 Team, Force India F1 Team-Ferrari, BMW Sauber, Panasonic Toyota Racing, Red Bull Racing-Renault, AT&T Williams-Toyota et Toro Rosso-Ferrari[1].

Le manufacturier de pneumatiques Bridgestone fournit quatre types de pneus différents pour la course : deux spécifications pour temps sec, le plus tendre étant marqué par une seule bande blanche, et deux pour temps mouillé, le plus rainuré étant également marqué par une unique bande blanche[2].

Au classement général du championnat du monde des pilotes, avant la course, le pilote Ferrari Kimi Räikkönen occupe la première place avec 35 points, devant son coéquipier Felipe Massa avec 28 points. Le pilote McLaren Lewis Hamilton est troisième avec le même nombre de points que Massa mais avec une victoire de moins. Robert Kubica, pilote BMW Sauber, quatrième avec 24 points devance son coéquipier Nick Heidfeld (20 points), Heikki Kovalainen (14 points) et Mark Webber (10 points). Treize pilotes sur les vingt sont classés[3].

Ferrari est en tête du championnat du monde des constructeurs avec 63 points, acquis notamment grâce à quatre victoires dont deux doublés en cinq courses[4]. La Scuderia devance de 19 points l'écurie BMW Sauber et de 21 points McLaren-Mercedes[3]. Seules les écuries Scuderia Toro Rosso et Super Aguri Formula 1 Team (qui a renoncé à poursuivre en championnat depuis le Grand Prix précédent[5],[6]) n'ont pas inscrit de point au championnat.

McLaren a remporté la manche d'ouverture du championnat 2008 lors du Grand Prix d'Australie mais Ferrari domine les manches suivantes en installant systématiquement un de ses pilotes sur la plus haute marche du podium. L'écurie italienne réussit même deux doublés consécutifs avec Massa devant Räikkönen à Bahreïn puis Räikkönen devant Massa en Espagne[7],[8]. Ferrari n'a toutefois plus remporté le Grand Prix de Monaco depuis 2001 et n'a pu lutter face à McLaren en 2007[9].

Après les essais sur le circuit Paul-Ricard de mi-mai, Räikkönen déclare que son équipe a développé une monoplace performante et adaptée au tracé lent et étroit du circuit de Monaco mais s'attend à être concurrencé par McLaren et BMW Sauber[10]. Lewis Hamilton se montre confiant tandis que Robert Kubica déclare qu'« il sera difficile d'obtenir une victoire »[11],[12].

La Scuderia Toro Rosso, qui n'avait jusqu'alors utilisé qu'une version modifiée de la STR2 de la saison précédente, engage à Monaco sa nouvelle monoplace, la STR3 pour la première fois[13]. Comme la STR3 utilise une boîte de vitesses différente de sa devancière, Sebastian Vettel est, en vertu du règlement concernant le changement de boîte de vitesses, pénalisé de cinq places sur la grille à l'issue des qualifications[14],[15]. Son coéquipier Sébastien Bourdais échappe à la pénalité puisqu'il n'a pas terminé le précédent Grand Prix[16].

Essais libres du jeudi et samedi

Trois sessions d'essais libres – deux le jeudi et une le samedi – se sont tenues avant la course, organisée le dimanche . Les séances du jeudi matin et du jeudi après-midi ont duré chacune 90 minutes contre seulement une heure pour la troisième session, le samedi matin[2],[17].

Première séance, le jeudi 22 mai de 10 h 00 à 11 h 30

Nico Rosberg termine cinquième de la première séance d'essais libres à Monaco.
Temps réalisés par les six premiers de la première séance d’essais libres[18]
Pos. Pilote Voiture Meilleur temps Écart
1 Kimi Räikkönen Ferrari 1 min 15 s 948
2 Lewis Hamilton McLaren-Mercedes 1 min 16 s 216 + 0 s 268
3 Heikki Kovalainen McLaren-Mercedes 1 min 16 s 248 + 0 s 300
4 Felipe Massa Ferrari 1 min 16 s 292 + 0 s 344
5 Nico Rosberg Williams-Toyota 1 min 16 s 653 + 0 s 705
6 Robert Kubica BMW Sauber 1 min 16 s 834 + 0 s 886

Après environ une heure de séance, la première session d'essais libres est marquée par une interruption de course de plus de 20 minutes, les officiels ayant remarqué la présence d'un élément métallique dans la courbe de Sainte Devote. Au terme de la session, Ferrari et McLaren s'emparent des quatre premières places[19]. Derrière, le pilote Williams Nico Rosberg termine cinquième suivi par Kubica ; son coéquipier, Nick Heidfeld, est quant à lui contraint d'abandonner au treizième tour en raison d'une casse moteur[20],[21].

Deuxième séance, le jeudi 22 mai de 14 h 00 à 15 h 30

Les mécaniciens de l'écurie Renault F1 Team déchargent la monoplace de Fernando Alonso du camion de transport dans les stands de Monaco.
Temps réalisés par les six premiers de la deuxième séance d’essais libres[22]
Pos. Pilote Voiture Meilleur temps Écart
1 Lewis Hamilton McLaren-Mercedes 1 min 15 s 140
2 Nico Rosberg Williams-Toyota 1 min 15 s 533 + 0 s 393
3 Kimi Räikkönen Ferrari 1 min 15 s 572 + 0 s 432
4 Felipe Massa Ferrari 1 min 15 s 869 + 0 s 729
5 Heikki Kovalainen McLaren-Mercedes 1 min 15 s 881 + 0 s 741
6 Robert Kubica BMW Sauber 1 min 16 s 296 + 1 s 156

Malgré de nombreuses interruptions durant la deuxième session – les deux monoplaces Renault notamment sont victimes séparément d'un accident dans la courbe Sainte Dévote, nécessitant une intervention pour retirer les débris – Hamilton impose une nouvelle fois son rythme, devant Rosberg, Räikkönen, Massa, Kovalainen et Kubica[23]. Hormis les Renault, deux autres monoplaces sont accidentées durant la session : la Toyota de Jarno Trulli percute le mur de la Piscine tandis qu'Adrian Sutil perd l'aileron avant de sa Force India après avoir touché une barrière au niveau de la Rascasse[23].

Troisième séance, le samedi 24 mai 2008 de 11 h 00 à 12 h 00

Heikki Kovalainen s'impose le dernier jour des essais libres.
Temps réalisés par les six premiers de la troisième séance d’essais libres[24]
Pos. Pilote Voiture Meilleur temps Écart
1 Heikki Kovalainen McLaren-Mercedes 1 min 16 s 567
2 Lewis Hamilton McLaren-Mercedes 1 min 17 s 084 + 0 s 517
3 Kimi Räikkönen Ferrari 1 min 17 s 177 + 0 s 610
4 Nico Rosberg Williams-Toyota 1 min 17 s 503 + 0 s 936
5 Robert Kubica BMW Sauber 1 min 17 s 687 + 1 s 120
6 Felipe Massa Ferrari 1 min 17 s 691 + 1 s 124

Alors qu'une fine pluie s'abat sur le circuit de Monaco le dernier jour des essais libres, Kovalainen effectue le tour le plus rapide, peu avant de perdre le contrôle de sa monoplace au niveau de la Piscine[25]. Les précipitations s'étant accrues et à la suite de l'intervention de la sécurité de course pour retirer les débris de la McLaren, Kovalainen demeure en tête[25] ; Hamilton termine deuxième, suivi par Räikkönen[26].

Séances de qualifications

Résultats des qualifications

Felipe Massa, ici lors des essais libres, décroche la pole position à Monaco.

Les qualifications, le samedi après-midi, sont divisées en trois séances : la première, d'une durée de vingt minutes, élimine les monoplaces au-delà du quinzième temps ; la seconde, d'une durée d'un quart d'heure, élimine celles au-delà du dixième ; la dernière période, d'un quart d'heure également, détermine l'ordre sur la grille de départ des monoplaces restantes[17].

Felipe Massa décroche sa troisième pole position de la saison avec un temps de 1 min 15 s 787 et semble très étonné de sa performance. Il déclare en effet « Incroyable ! J'ai obtenu la pole position sur un circuit où j'ai toujours lutté. Maintenant, je l'apprécie un peu plus. [...] J'ai réussi à faire un tour parfait avec une bonne voiture : ce résultat montre que, si vous travaillez dur et avec le souci du détail, vous pouvez tout réussir. [...] En partant en tête, je débute dans les meilleures conditions mais nous devrons tout faire parfaitement. Nous avons beaucoup travaillé et amélioré nos réglages par rapport aux années précédentes et je pense que ce travail a porté ses fruits[27]. »

Son coéquipier Kimi Räikkönen s'empare de la deuxième place[28]. Le pilote McLaren, Lewis Hamilton, termine troisième à 0,052 s de Massa[29]. Heikki Kovalainen occupe la quatrième place devant Kubica qui a eu des difficultés à faire monter ses pneus en température lors de son dernier tour lancé[27]. Le style agressif de Nico Rosberg lui permet de prendre la sixième place devant Fernando Alonso, Jarno Trulli et Mark Webber[29],[30]. Le coéquipier de Webber, David Coulthard, accidente pour sa part sa monoplace dans les barrières après le tunnel peu avant la fin des qualifications, privant d'un dernier tour de nombreux pilotes[29]. Malgré des problèmes de pneumatiques identiques à ceux de son coéquipier Kubica, Nick Heidfeld parvient à la treizième place. Kazuki Nakajima et Rubens Barrichello se positionnent aux deux places suivantes devant Sébastien Bourdais[27]. Nelson Piquet Jr. s'élance pour sa part de la dix-septième place, suivi par Vettel, Sutil et Giancarlo Fisichella[31].

Grille de départ du Grand Prix

Le dimanche matin, David Coulthard est le troisième pilote, après Vettel et Fisichella, à être pénalisé de cinq places sur la grille de départ en raison d'un changement de boîte de vitesses consécutif à son accident durant les qualifications[32].

Résultats des qualifications[33],[34]
Pos. Pilote Écurie Temps Q1 Temps Q2 Temps Q3
1 Felipe Massa Ferrari 1 min 15 s 190 1 min 15 s 110 1 min 15 s 787
2 Kimi Räikkönen Ferrari 1 min 15 s 717 1 min 15 s 404 1 min 15 s 815
3 Lewis Hamilton McLaren-Mercedes 1 min 15 s 582 1 min 15 s 322 1 min 15 s 839
4 Heikki Kovalainen McLaren-Mercedes 1 min 15 s 295 1 min 15 s 389 1 min 16 s 165
5 Robert Kubica BMW Sauber 1 min 15 s 977 1 min 15 s 483 1 min 16 s 171
6 Nico Rosberg Williams-Toyota 1 min 15 s 935 1 min 15 s 287 1 min 16 s 548
7 Fernando Alonso Renault 1 min 16 s 646 1 min 15 s 827 1 min 16 s 852
8 Jarno Trulli Toyota 1 min 16 s 306 1 min 15 s 598 1 min 17 s 203
9 Mark Webber Red Bull-Renault 1 min 16 s 074 1 min 15 s 745 1 min 17 s 343
10 Timo Glock Toyota 1 min 16 s 285 1 min 15 s 907
11 Jenson Button Honda 1 min 16 s 259 1 min 16 s 101
12 Nick Heidfeld BMW Sauber 1 min 16 s 650 1 min 16 s 455
13 Kazuki Nakajima Williams-Toyota 1 min 16 s 756 1 min 16 s 479
14 Rubens Barrichello Honda 1 min 16 s 208 1 min 16 s 537
15 David Coulthard Red Bull-Renault 1 min 16 s 086 1 min 15 s 839 Pas de temps
16 Sébastien Bourdais Toro Rosso-Ferrari 1 min 16 s 806
17 Nelson Angelo Piquet Renault 1 min 16 s 933
18 Adrian Sutil Force India-Ferrari 1 min 17 s 225
19 Sebastian Vettel Toro Rosso-Ferrari 1 min 16 s 955
20 Giancarlo Fisichella Force India-Ferrari 1 min 17 s 823
La grille de départ du Grand Prix de Monaco 2008[35].

Course

Déroulement de l'épreuve

Felipe Massa dans la courbe de Sainte Devote.
Adrian Sutil au début de la course.

Contrairement au temps clément du samedi des qualifications, de nombreuses giboulées détrempent la piste le dimanche matin, la rendant glissante et potentiellement dangereuse[36]. Malgré une accalmie en début d'après midi, la pluie reprend vingt minutes avant le départ, les conditions changeantes forçant les équipes à retarder leur choix de pneus[37]. Lors du tour de chauffe, Heikki Kovalainen ne parvient pas à sélectionner un rapport de boîte : sa monoplace est alors poussée jusqu'aux stands par ses mécaniciens dans l'espoir de résoudre le problème en changeant de volant[38].

Le départ lancé, Massa se maintient en tête dans le virage de Sainte Devote tandis que, derrière lui, Hamilton utilise la voie de sortie des stands pour passer la Ferrari de Räikkönen dans le premier virage. Kovalainen ayant des difficultés à s'élancer, Kubica s'empare de la quatrième position devant Fernando Alonso, qui est parvenu à doubler Nico Rosberg[39].

Quelques hectomètres plus loin, à l'épingle du Grand Hôtel, Rosberg s'accroche légèrement avec Alonso et casse son aileron avant ce qui l'oblige à céder sa place à Jarno Trulli et à rentrer au stand au troisième tour pour faire changer son aileron[40],[41]. Jenson Button avait fait de même dès le premier tour à la suite d'un contact avec Nick Heidfeld et Timo Glock les imite au quatrième tour[41].

Les positions se maintiennent pendant plusieurs tours mais les distances entre les monoplaces augmentent, en partie parce que la pluie projetée par les roues rend difficile tout rapprochement[38]. Les conditions deviennent si difficiles qu'au sixième tour Hamilton heurte une barrière à l'extérieur du virage du Bureau de tabac et doit remplacer sa roue arrière droite endommagée[42]. À sa sortie des stands, il a perdu trois places et se retrouve cinquième[40],[41]. Alonso connaît le même incident deux tours plus tard au niveau du virage de Massenet, et passe en septième position[38].

Au huitième tour, Fernando Alonso tape le rail à Massenet et rentre alors aux stands chausser des pneus pluie[41]. Toujours dans le même tour, Coulthard et Sébastien Bourdais heurtent également les barrières à Massenet, à quelques secondes d'écart l'un de l'autre[38], et provoquent l'intervention de la voiture de sécurité qui prive Massa de ses douze secondes d'avance sur Räikkönen[39]. Alors que la voiture de sécurité se retire, Räikkönen reçoit une pénalité (drive-through passage par les stands) car ses pneus ont été montés moins de trois minutes avant le départ, hors du temps réglementaire. Le Finlandais purge sa peine au treizième tour et est relégué de la deuxième à la quatrième place[37],[41]. Au douzième tour, Alonso passe Webber mais ne tire pas longtemps partie de cet avantage car il s'accrochage avec Heidfeld à l'épingle au treizième tour et doit rentrer à son stand. Il reprend la piste en dix-septième position tandis qu'Heidfeld, victime d'une crevaison lente à la suite de l'accrochage rentre au stand au dix-septième tour : il en ressort à la dix-huitième place[41].

Nick Heidfeld termine la course quatre tours derrière Lewis Hamilton.
Kazuki Nakajima termine la course en septième position.

Au quinzième tour Robert Kubica, désormais deuxième, prend la tête de la course lorsque Massa réalise un tout-droit à Sainte Devote, sans dégâts pour la monoplace[37] ; par la suite, les deux pilotes échangeront à nouveau leur place après leur pit stop respectif (Kubica au vingt-sixième tour et Massa au trente-troisième)[38]. Au vingt-cinquième tour, Kubica mène avec deux secondes d'avance sur Massa, suivent ensuite Hamilton à 16 secondes, Räikkönen à 21 secondes, Webber à 50 secondes, Adrian Sutil à 57 secondes et Jarno Trulli, Rubens Barrichello, Kazuki Nakajima et Kovalainen à plus d'une minute du leader[41].

Au vingt-septième tour, Räikkönen commet à son tour une erreur de pilotage à Sainte Dévote et endommage son aileron avant qu'il fait changer au tour suivant. Il ressort des stands en sixième position[41]. Au trente-troisième tour, Lewis Hamilton prend la tête de la course à la suite de l'arrêt-ravitaillement de Felipe Massa qui reprend la piste en seconde position. Au trente-cinquième tour, Hamilton mène devant Massa à 14 secondes, Kubica à 15 secondes, Webber à 37 secondes Sutil à 49 secondes, Räikkönen à 58 secondes, Trulli, Barrichello, Nakajima et Piquet au-delà de la minute de retard[41].

Au quarante-quatrième tour, Fernando Alonso ravitaille et chausse des pneus pour le sec. Piquet fait de même deux boucles plus tard mais part à la faute à Sainte Dévote au quarante-huitième tour et abandonne. Au cinquante-troisième tour, Kubica et Sutil observent un arrêt-ravitaillement, Hamilton faisant de même au tour suivant. Le Britannique repart en tête, chaussé de pneus pour le sec[41].

Alors que le passage répété des monoplaces assèche la trajectoire idéale sur la piste, Ferrari opte pour une mauvaise stratégie en conservant trop longtemps les pneus pluie : Massa ne rentre changer ses gommes qu'au cinquante-sixième tour et perd deux places au profit d'Hamilton et Kubica, respectivement premier et deuxième[43]. Räikkönen effectue un arrêt-ravitaillement au cinquante-septième tour et, au cinquante-neuvième tour, Hamilton mène avec 38 secondes d'avance sur Kubica, 43 sur Massa, 58 sur Sutil, Räikkönen et Webber à plus d'une minute, Vettel, Barrichello, Nakajima et Rosberg à plus d'un tour[41].

Jenson Button termine la course en onzième position.

L'écart creusé par Hamilton sur ses rivaux se réduit lorsque, au soixantième tour, la voiture de sécurité fait une nouvelle entrée en piste : Rosberg a tapé le muret des deux côtés de la piste au virage de la Piscine[39],[42]. La course relancée au soixante-septième tour, ne tarde pas à s'achever pour Adrian Sutil. Des vingt pilotes au départ, Sutil est celui qui est le plus remonté au classement[43]. Parti en dix-huitième position, il double Piquet dès le deuxième tour puis Bourdais au tour suivant[39]. À la suite des différents accrochages et touchettes survenus en début de course impliquant Jenson Button, Rosberg, Timo Glock et Trulli, il atteint la onzième place. Il profite ensuite de l'embouteillage créé par la tentative d'Alonso pour doubler la BMW Sauber d'Heidfeld, pour atteindre la septième position[37],[38],[43]. Au soixante-huitième tour, Räikkönen, alors cinquième, perd le contrôle de sa monoplace au freinage à la sortie du Tunnel et heurte violemment l'arrière de la Force India de Sutil qui doit abandonner tandis que le Finlandais rentre à son stand changer d'aileron et repart en neuvième position[40].

La pluie en début de course ayant fortement diminué la vitesse moyenne des monoplaces, l'épreuve est arrêtée au bout de deux heures (durée maximale réglementaire d'une course de Formule 1), soit soixante-seize des soixante-dix-huit tours initialement prévus[38]. Hamilton, malgré une crevaison dans le dernier tour, franchit la ligne d'arrivée en tête, remportant son premier Grand Prix de Monaco[40]. Kubica termine deuxième, devant Massa, Webber et Vettel. Barrichello et Nakajima sont sixième et septième. Kovalainen se classe finalement huitième, juste devant Räikkönen qui décroche le meilleur tour en course, au soixante-quatorzième tour, en 1 min 16 s 689[1].

Classement de la course

Lewis Hamilton remporte le 66e Grand Prix de Monaco.
Classement final de l’épreuve[44],[45]
Pos. no Pilote Écurie Tours Temps/Abandon Grille Points
1 22 Lewis Hamilton McLaren-Mercedes 76 2 h 00 min 42 s 742 (126,171 km/h) 3 10
2 4 Robert Kubica BMW Sauber 76 + 3 s 064 5 8
3 2 Felipe Massa Ferrari 76 + 4 s 811 1 6
4 10 Mark Webber Red Bull-Renault 76 + 19 s 295 9 5
5 15 Sebastian Vettel Toro Rosso-Ferrari 76 + 24 s 657 19 4
6 17 Rubens Barrichello Honda 76 + 28 s 408 14 3
7 8 Kazuki Nakajima Williams-Toyota 76 + 30 s 180 13 2
8 23 Heikki Kovalainen McLaren-Mercedes 76 + 33 s 191 4 1
9 1 Kimi Räikkönen Ferrari 76 + 33 s 792 2
10 5 Fernando Alonso Renault 75 + 1 tour 7
11 16 Jenson Button Honda 75 + 1 tour 11
12 12 Timo Glock Toyota 75 + 1 tour 10
13 11 Jarno Trulli Toyota 75 + 1 tour 8
14 3 Nick Heidfeld BMW Sauber 72 + 4 tours 12
Abd. 20 Adrian Sutil Force India-Ferrari 68 Accident 18
Abd. 7 Nico Rosberg Williams-Toyota 61 Accident 6
Abd. 6 Nelson Angelo Piquet Renault 47 Accident 17
Abd. 21 Giancarlo Fisichella Force India-Ferrari 37 Boîte de vitesses 20
Abd. 9 David Coulthard Red Bull-Renault 7 Accident 15
Abd. 14 Sébastien Bourdais Toro Rosso-Ferrari 7 Accident 16

Pole position et record du tour

Felipe Massa signe à Monaco la douzième pole position de sa carrière, la troisième de la saison[46]. Cette pole position est la 199e de la Scuderia Ferrari en tant que constructeur et motoriste[47],[48].

Kimi Räikkönen réalise quant à lui son vingt-huitième meilleur tour en course, son troisième consécutif et son troisième de la saison. C'est le neuvième meilleur tour pour le compte de la Scuderia Ferrari[49], le 208e meilleur tour en course signé par Ferrari en tant que constructeur et motoriste[50],[51].

Tours en tête

Parti de la pole position, Felipe Massa mène la course jusqu'à son premier arrêt au stand. Robert Kubica prend alors le commandement de l'épreuve pendant dix tours après un tout-droit de Massa à Sainte-Dévote, avant de rentrer à son tour au stand, Massa reprenant la tête. Après un nouvel arrêt de Massa pour changer ses pneumatiques, Lewis Hamilton passe en tête jusqu'au drapeau à damier[56],[57].

Après-course

Cette victoire est probablement le point culminant de ma carrière et je suis sûr qu'il le restera pour le reste de ma vie. Je me souviens sur les derniers tours, je pensais simplement à Ayrton Senna qui s'est imposé de nombreuses fois à Monaco et de gagner ici serait exceptionnel [...] À partir du dernier virage, je criais comme un fou, en faisant attention à ce que la radio soit éteinte, tellement content d'avoir décroché la victoire.

Lewis Hamilton, interviewé en fin de course[58].

L'épreuve terminée, les trois premiers pilotes sont invités dans la tribune royale du Prince Albert II de Monaco pour recevoir leur trophée[37]. Durant la conférence de presse qui se tient ultérieurement, Hamilton déclare que les conditions en début de course ont rendu difficile le pilotage pour tous les pilotes[58]. Il confirme d'ailleurs que son accident au virage du Bureau de tabac est le résultat d'une piste détrempée, amenant sa monoplace en survirage. Il termine la conférence en faisant l'éloge de son équipe et de la stratégie mise en place pour l'aider à s'emparer de la victoire[58].

Timo Glock se classe douzième, à un tour du vainqueur.
Robert Kubica termine deuxième et crédite cette performance à sa stratégie.

Kubica explique que de nouveaux problèmes de pneumatique en milieu de course l'ont empêché de prendre l'avantage sur Massa qui pourtant pilotait une monoplace plus lourde. En fin de course, remarquant la performance du pilote Toyota Timo Glock chaussée de pneus secs, Kubica demande à son équipe de réaliser le même changement qui lui permettra de doubler Massa peu de temps après[58]. Massa enfin, déclare que, bien qu'il disposât de suffisamment d'essence pour terminer la course, l'assèchement progressif de la piste l'a contraint à réaliser un nouvel arrêt au stand pour changer de pneumatiques : « c'est une honte que d'avoir fait cette petite erreur de stratégie, mais il est bon d'être sur le podium », déclare-t-il[58].

Adrian Sutil exprime sa déception après avoir été heurté à l'arrière alors qu'il allait apporter ses premiers points à l'équipe : « Je n'en reviens pas, on était si proche. Je ressens comme une douleur dans mon cœur. C'est comme un cauchemar : vous êtes dans la monoplace et tout semble fantastique, puis soudainement, vous devez finalement accepter que cela ne se réalisera pas. [...] C'est peu après le retrait de la voiture de sécurité que Kimi a heurté l'arrière de ma monoplace. La course était alors terminée. Quelques larmes ont coulé alors que l'adrénaline était encore forte ; je ne peux l'expliquer[59] ».

Räikkönen s'est excusé auprès de Sutil pour leur collision, incriminant une température trop basse de ses freins comme raison de sa perte de contrôle[60]. Le directeur technique de Force India, Mike Gascoyne, a néanmoins fait appel aux officiels pour enquêter sur l'incident mais, après délibération, aucune action n'est prise[61],[62]. « C'est frustrant de constater que si un pilote Force India heurte un champion du monde, on peut s'attendre à une interdiction de course d'un ou deux Grands Prix, mais dans l'autre sens, rien n'est entrepris » déclare Gascoyne[61]. En fin de course, Sutil est appelé par les officiels et réprimandé pour avoir doublé trois voitures sous drapeau jaune au treizième tour. Il reçoit un simple avertissement pour cette infraction au règlement car il n'a pas terminé la course. S'il avait reçu le drapeau à damier, il aurait reçu une pénalité de temps de vingt-cinq secondes qui l'aurait relégué hors des points[63],[64].

La victoire de Lewis Hamilton est saluée par Jackie Stewart, triple vainqueur du Grand Prix de Monaco. « Étant donné son âge, Lewis peut remporter cette épreuve encore plusieurs fois. Il s'agit pour lui de la première, je l'espère, d'une longue série à Monaco ». Damon Hill, champion du monde 1996, assure qu'Hamilton « s'est très bien débrouillé. J'ai été très impressionné et la course dans son ensemble a également été une belle publicité pour la F1 »[65].

Classements généraux à l'issue de la course

Pilotes[66]
Pos. Pilote Écurie Points
1 Lewis Hamilton McLaren-Mercedes 38
2 Kimi Räikkönen Ferrari 35
3 Felipe Massa Ferrari 34
4 Robert Kubica BMW Sauber 32
5 Nick Heidfeld BMW Sauber 20
6 Heikki Kovalainen McLaren-Mercedes 15
7 Mark Webber Red Bull-Renault 15
8 Fernando Alonso Renault 9
9 Jarno Trulli Toyota 9
10 Nico Rosberg Williams-Toyota 8
11 Kazuki Nakajima Williams-Toyota 7
12 Sebastian Vettel Toro Rosso-Ferrari 4
13 Jenson Button Honda 3
14 Rubens Barrichello Honda 3
15 Sébastien Bourdais Toro Rosso-Ferrari 2
Constructeurs[67]
Pos. Écurie Points
1 Ferrari 69
2 McLaren-Mercedes 53
3 BMW Sauber 52
4 Williams-Toyota 15
5 Red Bull-Renault 15
6 Toyota 9
7 Renault 9
8 Toro Rosso-Ferrari 6
9 Honda 6
10 Force India-Ferrari 0
11 Super Aguri-Honda 0

Statistiques

Giancarlo Fisichella au volant de la Force India.

Le Grand Prix de Monaco 2008 représente :

Rubens Barrichello, en terminant sixième du Grand Prix, met par ailleurs fin à une série de 24 courses sans aucun point inscrit[73]. Il n'avait plus marqué depuis le Grand Prix du Brésil 2006 où il s'était classé septième[74]. Enfin, grâce à ses dix tours en tête du Grand Prix, Robert Kubica franchit la barre des 100 km en tête d'une course (123 kilomètres)[75].

Notes et références

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Liens externes

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