Groupe Hervé
Le Groupe Hervé est un groupe français d'environ 3 300 salariés spécialisé dans l'installation, la maintenance et le conseil d'outils de gestion de l'énergie dans le BTP. Elle est implantée dans 65 villes en France, Suisse, Belgique et Luxembourg, ainsi qu'au Maroc et dans l’Océan Indien. Le groupe s'est constitué autour de l’entreprise historique Hervé Thermique.
Pour les articles homonymes, voir Hervé.
Groupe HERVE | |
Création | 24 janvier 1972 |
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Fondateurs | Michel Hervé |
Forme juridique | Société par actions simplifiée[1] |
Siège social | Joué-lès-Tours France |
Direction | Emmanuel Hervé, Président du Directoire |
Activité | Travaux d'installation d'équipements thermiques et de climatisation (d)[1] |
Effectif | 3300 salariés (2022) |
SIREN | 627220049[1] |
Site web | Site du groupe |
Fonds propres | 115 573 000 € en 2021 |
Chiffre d'affaires | 553 000 000 € en 2021 |
Résultat net | 5 974 000 € en 2019 10 900 000 € en 2021 |
Présenté fréquemment comme un modèle d'entreprise « libérée », le groupe Hervé est connu pour son organisation alternative, « sans chef et sans ordres ». Mais selon France Culture et la cellule investigation de Radio-France « cette philosophie originale a aussi épuisé certains salariés et conduit les dirigeants du groupe à les classer en "dauphins", "moutons" et "renards" »[2].
Histoire
Michel Hervé fonde en 1972, une PME, la société Hervé Thermique à Parthenay dans les Deux-Sèvres (Nouvelle Aquitaine)[3].
Des structures intègrent le Groupe, telles que ONEX en 1980, Tôlerie Industrielle en 1981. La holding Financière Hervé est créée en 1997, Hervé Thermique devient la principale filiale du Groupe, dont l’effectif est alors de 1 000 personnes. Hervé Thermique déplace son siège social à Joué-lès-Tours. Le département informatique de la société intègre iMDEO, filiale du Groupe.
Le développement se poursuit avec l’intégration du suisse Alvazzi Groupe en 2007. Son effectif atteint alors les 2 000 personnes. En 2008, le Groupe intègre Chouteau Atlantique, SN-Hydro & SMCT et crée la société BSE.
En 2009, Emmanuel Hervé est nommé président du directoire. Michel Hervé devient Président du conseil de surveillance.
Le groupe acquiert ou crée Alerteo & Hervé Maroc (2011) ; Guard’s Conseil Formation (2012) : Billon (2013) ; Actem’ Otel (2014) ; le groupe belge Pelzer Group (2016) ; Hervé Concept & Design (2018), Eddy Buchard S.A en Suisse (2019) ; Your Service Pro LTD (île Maurice) en 2020, et Effet d'O en 2022.
Modèle organisationnel et managérial
Le fondateur du Groupe Michel Hervé indique que son approche est inspirée par les notions d'économie contributive et de création collaborative. Chaque collaborateur peut être "intra-entrepreneur" en s'impliquant dans le collectif. Les salariés sont ainsi réunis régulièrement en petit groupe pour réfléchir, s'exprimer librement, se confronter sur des sujets stratégiques et choisissent leur leader parmi leurs membres. [4].
Chaque équipe de production, constituée de dix à vingt personnes, est encadrée par le « manager », qui portera les décisions de l'équipe au niveau hiérarchique supérieur et cherchera à les harmoniser avec celles des autres équipes. Les dirigeants affirment que le manager est choisi à la fois par les membres de l'équipe, les collègues de même niveau et la direction. Michel Hervé dit ainsi mener depuis plus de 40 ans une expérience de « démocratie concertative et représentative »[5].
Le management pratiqué n'est pas qualifié de participatif, mais de « concertatif » par le fondateur du groupe[6] qui affirme : « chaque salarié est considéré comme un intra-entrepreneur, et les décisions sont prises collectivement au niveau d’une unité de quinze personnes lors d’une réunion mensuelle (…). Les équipes se fixent leurs propres objectifs[7]. »
Le Groupe Hervé servirait de modèle auprès d'autres entreprises pour son management qualifié de concertatif, consistant à impliquer les personnels dans les décisions[8].
Selon le journal Les Échos, le fait que l'entreprise soit bâtie sur la confiance et l'autonomie des équipes avec une valorisation des résultats collectifs et non individuels lui a permis de traverser la première phase de crise sanitaire de 2020 avec seulement 3 % de chômage partiel alors que le secteur du BTP « se situait plutôt autour de 90 % »[9].
Études, critiques et enquête
Une équipe dirigée par Alain d’Iribarne, sociologue directeur de recherches au CNRS, étudia Hervé Thermique, entre 2004 et 2005[10]. Cela donna lieu à la publication d'un livre[11].
Par la suite, différents auteurs qualifient tour à tour l’organisation du Groupe Hervé de « fractale »[12], « dotée d’un fonctionnement holistique »[13] et de« collaboratif »[14].
Si le Groupe Hervé a été parfois décrit comme une « entreprise sans chef »[15], il ne relève pas pour autant de l’autogestion, forme organisationnelle dénuée de managers. Les sociétés constituant le Groupe Hervé comportent des managers, mais ceux-ci ne sont pas censés avoir pour fonction de décider, mais plutôt d’organiser la coopération entre les membres de l’équipe afin de faire émerger des décisions collectives. En ce sens, il est plus juste de parler d’auto-organisation[16].
Christophe Assens explique en 2013 : « Le partage de l’autorité́ chez Hervé Thermique est comparable à une "démocratie d’entreprise"[17]. » Il écrit en 2016 que « la "libération de l'entreprise" repose tout d'abord sur la volonté des dirigeants-propriétaires de renoncer au financement sur les marchés financiers pour préserver l'indépendance de gestion, avant de déléguer le pouvoir aux collaborateurs pour utiliser au mieux cette indépendance. Il s'agit d'inverser la pyramide hiérarchique »[16]. En 2018, il ajoute que « l'auto-organisation dans le Groupe Hervé ne signifie […] pas absence totale de contrôle, ce contrôle est simplement exercé collectivement par tous les membres de l'équipe, à partir de normes communes de travail co-construite, puis harmonisées au niveau supérieur »[3].
Thibaud Brière de la Hosseraye, ex-cadre licencié fin 2018, critique une pratique instaurée en 2017 de catégorisation des salariés en fonction de leur adaptation supposée au modèle participatif, visant à écarter ceux qui n'y souscriraient pas. Le virage pris en 2016, selon Brière, amène aussi à cesser de donner aux salariés l'accès aux compte-rendu des réunions des managers, à l'arrêt des formations au fonctionnement concertatif des équipes et à une remise en cause de la philosophie de confiance a priori[18].
Une enquête de la cellule investigation de Radio France indique que Michel Hervé promeut une grille d'analyse classant les salariés en trois catégories : dauphins, moutons et renards. Ces derniers, « rusés » et « menteurs », font figure de menace pour le collectif, aussi Michel Hervé juge-t-il qu'ils sont à « supprimer » de l'entreprise, relate Radio France. Cette grille d'analyse des salariés a été appliquée à plusieurs reprises par des managers, soulignent les journalistes[19],[20]. Le Groupe Hervé affirme ne pas réaliser de classement des salariés, ce que confirment des élus du comité social et économique de l'entreprise ; La Nouvelle République du Centre-Ouest indique a contrario qu'une source interne à l'entreprise confirme l'existence dudit classement[20],[21].
Prenant du recul par rapport au cas particulier du groupe Hervé, la sociologue Danièle Linhart considère que l'entreprise libérée garde les salariés sous contrôle : la transparence exigée sert à déployer une forme renouvelée de contrôle, dont les salariés sont à la fois les victimes et les complices[20].
Entreprises du groupe
- Pôle Énergie – Services
- Hervé Thermique : génie climatique, génie électrique, ingénierie réseaux, GTB-GTC, cogénération, couverture, piscines
- Alvazzi Groupe : chauffage, ventilation, climatisation, sanitaires, couverture et dépannages
- Billon : chauffage, plomberie et ventilation en logements collectifs. Étanchéité, bardage et isolation.
- CEL : commercialisation et installation de matériels dédiés aux énergies renouvelables
- Alerteo : collecte et traitement des données techniques, compteurs, consommation énergétique des bâtiments
- BSE : optimisation énergétique et environnementale du bâtiment
- Actem'Otel : maintenance multi-service couvrant l'ensemble des domaines techniques d'hôtels et de résidences hôtelières
- Hervé Belgium : développement des activités du Groupe en Belgique
- Hervé Maroc : développement des activités du Groupe au Maroc
- Pelzer Group : réfrigération, climatisation, HVAC, études et installations commerciales, industrielles et tertiaires. Services entretiens et dépannages
- Hervé Concept & Design : aménagement des espaces intérieurs et extérieurs*Eddy Buchard : chauffage, ventilation, sanitaire et ferblanterie-couverture en Suisse
- Your Service pro Ltd : installation et maintenance d’équipements de réfrigération à l’Ile Maurice
- Guard's Conseil Formation : prestation de conseil et formation en entreprise et à distance
- Imdeo : développement d'applications web et mobiles
- Pôle Industrie
- Chouteau Atlantique : serrurerie et métallerie
- CTL : chaudronnerie pour la construction navale militaire
- Onex : chaudronnerie tous métaux
- Tôlerie Industrielle : gaines de ventilation
- SMCT : pièces aluminium pour l'aéronautique
- SN-Hydro : Commerce de détail de flexibles et connectiques tous fluides
Notes et références
- Système national d'identification et du répertoire des entreprises et de leurs établissements, (base de données)
- « Le Groupe Hervé ou le mirage du "management concertatif" », sur France Culture, (consulté le )
- Christophe ASSENS, Le Groupe Hervé perd la tête ! Le leadership en partage, Institut Supérieur du Management – UVSQ,
- « Groupe Hervé une culture managériale inspirée des sciences sociales »
- Christophe Assens, Réseaux sociaux : tous ego ? Libre ou otage du regard des autres, De Boeck, , 208 p. (ISBN 978-2-8073-0738-4 et 2-8073-0738-8, lire en ligne), p. 158
- Michel Hervé, Une Nouvelle Ere : sortir de la culture du chef, Paris, Bourin Éditeur, , 232 p. (ISBN 979-10-252-0157-2)
- Claire ALLET, « Groupe Hervé, des managers élus », Alternatives Économiques, , p. 79
- Jean-Louis Etienne et Reporters d'Espoirs, 20 initiatives qui font bouger la France : portraits de citoyens qui bâtissent l'avenir, Paris, Librio, , 126 p. (ISBN 978-2-290-17359-6), p. 29-32
- « Les intrapreneurs d'Hervé Thermique ont défié le Covid-19 », sur Les Echos, (consulté le )
- Alain d’Iribarne et Anne De Fenoyl, Hervé Thermique et son système : un modèle pour une @-entreprise performante à la française, ou la flexibilité sans précarité, rapport final 2005
- Michel Hervé, Alain d’Iribarne et Élisabeth Bourguinat, De la pyramide aux réseaux. Récits d’une expérience de démocratie participative, Editions Autrement, , 316 p. (ISBN 978-2-7467-0982-9 et 2-7467-0982-1)
- Bruno Marion, Chaos, mode d’emploi : solutions individuelles et collectives, Yves Michel, , 183 p. (ISBN 978-2-36429-049-5 et 2-36429-049-X), p. 146-149
- Hervé Lefevre et Jacques Jochem, Le mix organisation : et si l'entreprise mobilisait enfin l'énergie naturelle de l'autonomie, Eyrolles, , 149 p. (ISBN 978-2-212-55998-9 et 2-212-55998-4, lire en ligne), p. 78
- Martin Roulleaux-Dugage, Organisation 2.0 : le knowledge management nouvelle génération, Eyrolles, , 258 p. (ISBN 978-2-212-54012-3 et 2-212-54012-4, lire en ligne), p. 45
- Jean-Pierre Bouchez, « Tisser du lien social pour le bien-être économique », revue Personnel, , p. 75
- Christophe Assens, Réseaux sociaux : tous ego ? Libre ou otage du regard des autres, De Boeck, , 208 p. (ISBN 978-2-8073-0738-4 et 2-8073-0738-8, lire en ligne), p. 156
- Christophe Assens, Le management des réseaux : tisser du lien social pour le bien être économique, Collection Méthodes & Recherches, Editions de Boeck,
- Thibaud Brière, Le groupe Hervé ou les ambivalences de la vertu. In Laurent Karsenty (Ed.) Libérer l'entreprise, ça marche ?, Toulouse, Octares Edition, , 290 p. (ISBN 978-2366300987), chap. 2 pp. 65-108
- « Le Groupe Hervé ou le mirage du "management concertatif" », sur www.franceinter.fr (consulté le )
- « Le Groupe Hervé : derrière la façade de l’entreprise "libérée", des salariés classés et sous surveillance ? », sur www.franceinter.fr, (consulté le )
- Alexandre Métivier, « Renard, dauphin, mouton: des salariés du groupe Hervé ont-il été fichés de cette manière ? », La Nouvelle République du Centre-Ouest, (lire en ligne).