Guerre hispano-portugaise de 1762-1763

Le conflit hispano-portugais de 1762-1763 prend place dans le cadre de la guerre de Sept Ans et en constitue une facette, ayant opposé les deux États de la péninsule Ibérique, chacun faisant partie d'un camp belligérant différent (l'Espagne combattant du côté de la France et le Portugal du côté de la Grande-Bretagne). Puisqu'aucune bataille majeure n'y fut disputée, malgré le nombre élevé de mouvements de troupes, cette guerre est désormais connue dans l'histoire portugaise sous le nom de guerre fantastique (Guerra Fantástica en portugais et espagnol).

Guerre hispano-portugaise de 1762-1763
Informations générales
Date 1762-1763
Lieu Portugal, Espagne, colonies d'Amérique du Sud (actuel Uruguay)
Issue
Belligérants
 Grande-Bretagne
Royaume du Portugal
Royaume de France
 Royaume d'Espagne
Commandants
Comte de Lippe
John Campbell (4e comte de Loudoun)
George Townshend
John Burgoyne
Vicente da Silva
Capitaine Robert McNamara
Marquis de Sarria
Comte d'Aranda
Pedro de Cevallos
Forces en présence
8 000 hommes
10 000 hommes
45 000 hommes
12 000 hommes
Pertes
peu élevées25 000 hommes [3]

Guerre de Sept Ans

Batailles

Europe

Amérique du Nord

Antilles

Asie

Afrique de l'Ouest

Contexte

Depuis 1754 en Amérique du Nord et 1756 en Europe et en Inde, la France et la Grande-Bretagne, alliées respectivement à l'Autriche et à la Prusse, s'opposent en une guerre coûteuse et intense. L'Espagne et le Portugal se sont au départ gardés d'intervenir dans le conflit. Leurs différends à propos de leurs colonies d'Amérique du Sud (les deux y étant alors solidement implantées) avaient été réglés par le Traité de Madrid de 1750. Richard Wall, premier ministre du roi Ferdinand VI d'Espagne, s'était également opposé aux partis pro-français qui souhaitaient l'entrée en guerre du pays aux côtés de la France de Louis XV.

Les choses changent cependant à la mort de Ferdinand VI en 1759. C'est son jeune frère, Charles III, qui lui succède alors. Plus ambitieux, celui-ci a comme principal objectif de maintenir l'Espagne dans le concert des grandes puissances aussi bien coloniales que continentales, à une époque où le déclin du royaume sur le plan politique se fait de plus en plus jour.

En 1761, la France, dont la maison royale (Bourbon) était d'une branche familiale parallèle à celle d'Espagne (Bourbon-Anjou), semble perdre la guerre face à son ennemie britannique, qui lui a confisqué son empire colonial en Amérique du Nord et qui multiplie les victoires sur les océans, s'assurant bientôt le contrôle des mers et du commerce maritime. En outre, l'Espagne subit elle aussi, bien que neutre, les attaques de corsaires anglais à son encontre et dans ses eaux, la poussant à demander une indemnisation à la suite de ces pertes. Surtout, la victoire d'une Grande-Bretagne en Amérique et en Inde lui fait craindre l'éclatement du certain équilibre de domination qui existait jusque-là entre les puissances coloniales. Ne désirant aucunement rester face à un empire britannique trop puissant, Charles III signe un pacte de famille en , ce qui place l'Espagne en état d'alliance avec la France et d'hostilité avec la Grande-Bretagne. Il n'en faut pas plus pour que le pays entre à son tour dans la guerre aux côtés de la France en difficulté.

De son côté, le Portugal avait récemment été frappé par le tremblement de terre de Lisbonne de 1755. Le premier ministre, Sebastião José de Carvalho e Melo, avait mobilisé toutes les forces de l'État dans la reconstruction de la ville, y négligeant les forces armées, pour lesquelles il n'avait d'ailleurs que peu d'intérêt. Cependant, le pays, lié à l'Angleterre depuis le XIVe siècle, conserve en 1760 de nombreuses relations commerciales et politiques avec la Grande-Bretagne, et est très vite désigné comme l'allié ibérique de celle-ci contre l'Espagne.

Par le traité d'El Pardo de 1761 entre l'Espagne et son voisin portugais, toutes les clauses du traité de Madrid sont désormais reconnues comme non avenues et nulles, ce qui rouvre les hostilités politiques entre les deux pays, à la suite de l'entrée en guerre de Madrid contre Londres.

Les évènements

L'Espagne accepte, en accord avec la France, d'ouvrir un nouveau front contre le Portugal, qui, espère-t-on à Paris, pourra détourner l'attention des Britanniques et éloigner une partie des forces armées de ceux-ci (menaçant alors directement le territoire français) en direction de la péninsule Ibérique. Le , l'Espagne décide d'attaquer sur deux fronts: envahir le Portugal et lancer une offensive en Amérique du Sud, dans la région contestée de Colonia del Sacramento.

Attaque « péninsulaire »

L'armée franco-espagnole chargée d'envahir le Portugal, et composée de 40 000 hommes, concentre son offensive sur la frontière de la province de Trás-os-Montes e Alto Douro, enlevant la terre de Miranda, et les villes de Bragance et de Chaves. Ces réussites espagnoles contre ces forteresses mal défendues amènent rapidement le gouvernement portugais à demander l'aide de son allié britannique. La Grande-Bretagne envoie une force de 8 000 hommes sous le commandement de John Burgoyne soutenir les Portugais. Une armée anglo-portugaise plus vaste, de 15 000 soldats, est ensuite formée sous la direction de Frédéric-Guillaume de Schaumbourg-Lippe, et parvient finalement à enrayer puis repousser les envahisseurs, qui ont eu des pertes importantes, provoquées par les guérilleros, les réguliers anglo-portugais et une tactique de la terre brûlée (25 000 hommes, morts, prisonniers et déserteurs)[3].

Guerre dans les colonies

En Amérique du Sud, une expédition espagnole sous les ordres du gouverneur de Buenos Aires, Pedro de Cevallos, est plus heureuse qu'en métropole, réussissant à capturer les établissements portugais de l'actuel Uruguay, dont l'objectif central, la ville de Colonia del Sacramento et Le Rio Grande do Sul (dans le sud du Brésil). D'autre part, en 1763, les Portugais ont vaincu les Espagnols dans le Mato Grosso (en la rivière Guaporé, Brésil central) et dans la vallée du Rio Negro (Nord du Brésil).

Conclusion

Au traité de Paris de 1763, qui scelle la guerre de Sept Ans entre les belligérants d'Europe occidentale (Grande-Bretagne, France, Portugal et Espagne), l'essentiel du statu quo antérieur au conflit entre les deux États ibériques est restauré. Colonia del Sacramento est récupéré par les Portugais, mais Santa Tecla, San Miguel, Santa Teresa et Rio Grande de São Pedro sont gardés par les Espagnols, à la frustration de Lisbonne.

Notes et références

Bibliographie

Références

  1. " Ce désaveu est la conséquence de la double humiliation que vient de subir l´Espagne sur la scène internacional, avec la déroute de son armée au Portugal et avec la prise de La Havane par les Anglais. En s'achevant sur un désastre, la guerre de Sept Ans marque une inflexion majeure dans la politique de Chalrles III …" In Glesener, Thomas- L´Empire des Exilés: Les Flamands et le Gouvernment de l´Espagne au XVIIIº Siècle., Casa de Velázquez, Madrid, 2017, p. 268.
  2. " ...l´année 1762 fut terrible pour les armes de la France et de l´Espagne qui n´éprouvèrent que des défaites en Allemagne et en Portugal, (…)." In Terrage, Marc de Villiers du (1904). Les dernières années de la Louisiane française (in French), E. Guilmoto, p. 151.
  3. "(…) Dépités, trouvant en face d'eux une résistance incroyable, perdant tout sur le terrain, les Espagnols abandonnèrent le combat, laissant derrière eux vingt-cinq mille hommes, (...)" In Henry, Isabelle – Dumouriez: Général de la Révolution (1739-1823), L'Harmattan, Paris, 2002, p. 87.
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