Guerre polono-ukrainienne
La Guerre polono-ukrainienne est un conflit qui se déroule de à , entre la Pologne et la République populaire d'Ukraine occidentale pour le contrôle de la Galicie, après la dissolution de l'Autriche-Hongrie.
Date | 1918-1919 |
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Lieu | Galicie (actuellement partagée entre l'Ukraine et la Pologne) |
Issue | Victoire polonaise |
Pologne | République populaire d'Ukraine occidentale |
Józef Piłsudski Edward Rydz-Śmigły Józef Haller | Yevhen Petrouchevytch Simon Petlioura Oleksander Hrekov |
190 000 hommes | 75 000 hommes |
10 000 morts | 10 000 morts |
Guerre polono-ukrainienne
Batailles
Prélude
En 1772, à l'occasion de la première partition de la Pologne, la Galicie devient une province autrichienne. Avec plus de 8 millions d'habitants au début du XXe siècle, c'est la plus importante province de l'empire et représente plus d'un quart de sa population. La partie occidentale de la Galicie, qui comprend Cracovie, ancienne capitale historique de la Pologne, a une population majoritairement polonaise alors que la partie orientale de la Galicie, qui inclut le cœur du territoire historique de la Galicie, compte une majorité de Ruthènes (Ukrainiens). L'histoire de la Galicie, depuis que le royaume ruthène médiéval de Galicie a été incorporé à la Pologne au XIVe siècle est marquée par la coexistence paisible non seulement entre les Ruthènes et les Polonais, mais également de nombreuses autres minorités, dont les Juifs et les Arméniens.
Au XIXe siècle, alors que la majeure partie de la Pologne est sous le contrôle russe, on observe en Galicie l'émergence du mouvement nationaliste polonais. Ce mouvement polonais bénéficie, en effet, du libéralisme des Habsbourg. Lviv et Cracovie deviennent des centres majeurs de la culture polonaise et attirent une importante immigration en provenance de l'Empire russe. De même, la Galicie accueille de nombreux nationalistes ukrainiens en exil.
Une grande majorité des Galiciens restent toutefois insensibles aux appels nationalistes, et jusqu'au début du XXe siècle, les Polonais et Ukrainiens s'opposent surtout lors des élections parlementaires. Tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les Ukrainiens tentent de persuader les Autrichiens de diviser la Galicie en province occidentale (polonaise) et en province orientale (ukrainienne). Ces efforts sont contrariés par la résistance des Polonais, qui craignent de perdre Lviv qu'ils considèrent comme l'une des capitales culturelles de la Pologne. Bien que la Galicie orientale soit peuplée d'environ 6o% d'Ukrainiens, Lviv, sa grande ville, compte en 1910 la moitié de Polonais, en quête d'identité alors que leur pays a été divisé par les puissances voisines. Il est pour eux impensable que la ville ne soit pas sous leur contrôle.
Les Autrichiens acceptent finalement de diviser la province, mais le déclenchement de la Première Guerre mondiale les en empêche. En octobre 1916, l'empereur Charles Ier d'Autriche promet de le faire une fois la guerre terminée. Toutefois, l'Autriche subit une lourde défaite, et l'empire s'effondre. Dans ce contexte de confusion générale, les nationalistes polonais et ukrainiens se préparent à agir.
Le un Conseil national ukrainien (Rada) est formé, composé de membres ukrainiens du Parlement autrichien et des diètes régionales de Galicie et de Bucovine ainsi que des dirigeants politiques. Ce conseil annonce l'intention d'unir les terres de l'Ouest ukrainien dans un seul état.
Grâce à l'intervention de l'archiduc Guillaume de Habsbourg-Lorraine, qui adopte l'identité ukrainienne et se considère comme un patriote ukrainien, deux régiments ukrainiens arrivent en garnison à Lviv. Au cours de la nuit du 31 octobre au 1er novembre, avant que les Polonais ne prennent leurs propres dispositions, le capitaine Dmytro Vitovsky conduit ses troupes dans une action décisive et prend le contrôle de la ville. La République populaire d'Ukraine occidentale est proclamée le , avec Lviv pour capitale.
La proclamation de la nouvelle république, qui revendique sa souveraineté sur la Galicie orientale et les Carpates, jusqu'à la ville de Nowy Sącz, à l'ouest, ainsi que la Bucovine, est une surprise pour les Polonais. Les Ukrainiens, habitants de Lviv, approuvent la proclamation avec enthousiasme. L'importante minorité juive la soutient ou reste neutre, tandis que les Polonais préparent leur riposte.
La guerre
À Lviv, l'Armée ukrainienne de Galicie s'oppose avec succès aux unités polonaises formées principalement d'anciens combattants de la Première Guerre mondiale et d'étudiants. Le 21 novembre, après deux semaines de combats incessants, une unité de l'armée polonaise, commandée par le lieutenant-colonel Michał Karaszewicz-Tokarzewski brise le siège et repousse les Ukrainiens. Toutefois, ceux-ci continuent à contrôler la plus grande partie de la Galicie orientale et menacent Lviv jusqu'en .
Aussitôt après la prise de la ville, à la fin du mois de novembre, les forces polonaises se livrent au pogrom des quartiers juifs et ukrainiens, faisant environ 340 victimes civiles. Ce pogrom est un rare épisode de violence vis-à-vis de la population civile au cours de cette guerre. Les Polonais retiennent également un certain nombre d'activistes ukrainiens dans des camps de détention. Le gouvernement ukrainien porte secours aux victimes juives de la violence et un bataillon juif est créé au sein de l'armée ukrainienne.
En , des troupes polonaises fraîches et bien équipées arrivent, commandées par le général Edward Rydz-Śmigły. L'offensive du général polonais en Volhynie et Galicie orientale commence le , aidée par l'Armée bleue du général Józef Haller récemment arrivée. Cette armée bien équipée par les alliés occidentaux et bénéficiant de conseillers militaires français a été formée afin de lutter contre les bolchéviks en Russie. La décision de l'utiliser en Galicie suscite bien quelques télégrammes de protestation de la part de l'Entente, mais ceux-ci demeurent ignorés.
Les lignes ukrainiennes sont rapidement brisées. Le 27 mai les forces polonaises atteignent la ligne Zolota Lypa – Berejany – Jezierna – Radziwiłłów. À la demande de l'Entente, l'offensive polonaise est arrêtée et les troupes du général Haller adoptent des positions défensives.
Le , les forces ukrainiennes commandées par Oleksander Hrekov (en), commencent une contre-offensive et au bout de trois semaines avancent jusqu'à la rivière Gniła Lipa et sur le cours supérieur de la Styr, mais le manque d'armes et de munitions les oblige à stopper leur avance. Le gouvernement ukrainien contrôle les champs pétroliers de Drohobytch, avec lesquels il prévoit d'acheter des armes à la Tchécoslovaquie. Mais bien que les forces ukrainiennes réussissent à repousser les Polonais d'environ 120 km, elles ne parviennent pas à se frayer un chemin vers la Tchécoslovaquie. Sans armes ni munitions, Hrekov (en) met fin à sa campagne.
Le 27 juin, Józef Piłsudski prend le commandement des forces polonaises et commence une nouvelle offensive avec deux nouvelles divisions. À court de munitions et en infériorité numérique, les Ukrainiens sont repoussés jusqu'à la rivière Zbroutch, frontière historique de la Galicie.
Épilogue
Contrairement à la brutalité typique des batailles qui se produisent à l'Est, dans les anciennes parties de l'Empire russe, la guerre entre la Pologne et les Ukrainiens de Galicie est menée des deux côtés par des forces disciplinées et professionnelles, ce qui entraîne relativement peu de pertes civiles. Environ 10 000 Polonais et 10 000 Ukrainiens, pour la plupart des soldats, sont morts pendant cette guerre. En particulier durant les combats de Lviv, les deux parties, s'accordent souvent des cessez-le-feu, pour permettre le ravitaillement des civils et l'évacuation des morts et des blessés.
Un cessez-le-feu est signé le . Les prisonniers de guerre ukrainiens sont détenus dans les anciens camps autrichiens de Dąbie, Łańcut, Pikulice, Strzałków et Wadowice. Le , le Haut Conseil de la Conférence de la paix de Paris accorde la Galicie orientale à la Pologne pour une période de 25 ans, après quoi un plébiscite décidera de la question.
Le gouvernement de la République populaire d'Ukraine occidentale s'exile à Vienne, où il bénéficie de l'appui de divers émigrés politiques galiciens, ainsi que des soldats de l'armée de Galicie internés en Bohême. Il continue à défendre la création de les République de Galicie représentant les Ukrainiens, Polonais et Juifs, les trois nations principales du pays. Les relations diplomatiques avec les gouvernements français et britannique s'engagent dans l'espoir d'obtenir un règlement équitable à Versailles. Le , le Conseil de la Société des Nations déclare que la Pologne n'a pas le mandat de mettre en place un contrôle administratif en Galicie et que la Pologne est simplement la puissance militaire occupante de la Galicie orientale, dont le sort sera déterminé par le Conseil des ambassadeurs auprès de la Société des Nations.
Après une longue série de négociations, le , il est décidé que la Galicie orientale serait incorporée à la Pologne « en prenant en considération que la Pologne a reconnu qu'étant donné les conditions démographiques, la partie orientale de la Galicie mérite pleinement son statut d'autonomie ». Cette autonomie ne sera jamais accordée à la Galicie. En effet, les puissances victorieuses de la Première Guerre mondiale souhaitent une Pologne forte, afin de créer un contrepoids à l'Allemagne.
En , dans le cadre de l'alliance conclue entre l'Allemagne nazie et l'Union soviétique, (cf. Pacte Molotov-Ribbentrop), la Galicie est envahie par les troupes soviétiques. Les forces polonaises, qui incluent également de nombreux soldats d'origine ukrainienne, sont rapidement submergées.
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Polish–Ukrainian War » (voir la liste des auteurs).
- Mariusz Wolos (trad. Alicja Krawczyk), « Sortir de la guerre à Lvov : Le conflit polono-ukrainien sur les ruines de l’Autriche-Hongrie », Revue historique des armées, http://journals.openedition.org (consulté le )
- Timothy Snyder, Le Prince rouge : Les vies secrètes d'un archiduc de Habsbourg, , 378 p. (ISBN 978-2-07-248241-0 et 2-07-248241-0, lire en ligne)
Notes et références
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