Guerres de Lembeek

Les guerres de Lembeek ou Lembecq sont une série de conflits territoriaux qui opposèrent de 1182 à 1194 les seigneurs du Brabant, du Hainaut et de Namur.

Portrait de Godefroid III, Landgrave de Brabant, gravure de Jan Meyssens, 1663

Bataille de Lembeek

La guerre débuta en 1182[1] lorsque Godefroid III, landgrave de Brabant, s'empara du château et du territoire de Wasnache[2] qui appartenaient au comte de Hainaut Baudouin V et étaient enclavés dans le Brabant. Baudouin, par représailles, se saisit de Tubize, fief de Godefroid enclavé dans le Hainaut, et fit fortifier Lembeek à la frontière entre leurs territoires. Les deux armées se rapprochèrent et des escarmouches se multiplièrent en prélude à une véritable bataille. Philippe d'Alsace, comte de Flandre, proche des deux partis (qu'il espérait s'allier dans sa guerre contre le roi de France), proposa cependant une trêve que tous acceptèrent.

Malgré cette médiation, Baudouin envahit à nouveau le Brabant en 1184. Cette fois, une âpre bataille fut livrée près de Lembeek ; les Hennuyers furent repoussés et les fortifications de Lembeek furent détruites par les Brabançons[3]. Le comte de Flandre intervient à nouveau pour imposer une nouvelle trêve.

Siège de Gembloux

Henri l'Aveugle, comte de Namur et de Luxembourg, reprit les hostilités en 1186 et joignit son armée à celle de son neveu Baudouin V pour assiéger Godefroid III à Gembloux. Les assaillants, très supérieurs en nombre, emportèrent la place après de durs combats et la ville fut mise à sac. Godefroid tomba gravement malade et mourut peu après. Son fils Henri prit sa succession et devint le premier duc de Brabant.

Siège de Namur

L'alliance entre le comte de Namur et le comte de Hainaut ne résista cependant pas à une querelle de succession (Henri l'Aveugle ayant eu un enfant, il voulut revenir sur sa promesse faite à Baudouin V d'en faire son héritier). En 1188, Baudouin vint assiéger Henri l'Aveugle dans sa capitale et se rendit maître de la ville. Le jeune duc de Brabant entra également dans le Namurois pour contrer la progression victorieuse de Baudouin. L'empereur Frédéric Barberousse lui-même dut alors intervenir pour arbitrer ce conflit entre ses vassaux et confirma à Baudouin l'investiture du pays de Namur avec le titre de marquis[4]. Le duc de Brabant se retira et reçut Lembeek en compensation.

Bataille de Noville

La mort de l'empereur en 1190 et celle de Philippe d'Alsace en 1191 rebattirent les cartes. Plusieurs seigneurs se disputèrent la Flandre, ce qui raviva les tensions entre le Brabant et le Hainaut. Le trône impérial passa au fils de Frédéric Barberousse, Henri VI, qui vouait une haine tenace au duc de Brabant qui avait refusé de participer avec lui à la répression d'une révolte en Sicile. En 1193, conseillé par Baudouin de Hainaut qui ne voulait pas d'une alliance entre Brabant et Liège, l'empereur fit assassiner le frère du duc de Brabant, qui venait d'être sacré évêque de Liège avec l'aval du Pape. Le duc de Brabant jura de venger ce forfait et forma une large coalition avec ses vassaux, le duc de Limbourg et l'archevêque de Cologne, à laquelle le vieux comte de Namur se joignit également.

Ils rassemblèrent une armée contre Baudouin V qui avait très ouvertement soutenu les assassins. Celui-ci leva également des troupes dans le Namurois, les Flandres et le Hainaut, et reçu des renforts de son beau-fils le roi de France Philippe II Auguste. Les deux armées livrèrent bataille à Noville-sur-Mehaigne le . Le sort des armes fut favorable au comte de Hainaut : après une longue mêlée sanglante, l'armée menée par Henri Ier de Brabant fut mise en déroute. L'empereur intervint pour réconcilier ces princes et un traité de paix fut finalement signé à Hal le , fixant définitivement les frontières entre Brabant et Hainaut[5].

Notes et références

  1. Getty Research Institute, Annales du Cercle archéologique de Mons, Mons, (lire en ligne)
  2. Il s'agit probablement aujourd'hui de Quenast, près de Rebecq. Source : A.J. Namèche, Cours d'histoire nationale, 1853, 2e partie, T.III p. 78.
  3. Christophe Butkens, Trophées tant sacrés que prophanes de la duché de Brabant, 1641, T. I, p. 145 [lire en ligne]
  4. Jacques-Albin-Simon Collin de Plancy, Fastes militaires des Belges, Bruxelles, 1836, T. II, p. 178 [lire en ligne]
  5. La Belgique militaire, Bruxelles, 1838, T. III, p. 191 [lire en ligne]

Voir aussi

Articles connexes

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