Guy Floc'h

Guy Floc'h est un magistrat français, né le à Rambervilliers (Vosges)[1]. Il commence sa carrière en 1950 dans la France d'outre-mer, avant de rentrer en métropole en 1963 où il fut substitut à Corbeil (Essonne) avant d'être nommé, à Paris, substitut du procureur de la République jusqu'en 1973, puis juge d'instruction et président de la cour d'assises. Il meurt le , à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris, des suites d'un cancer.

Pour les articles homonymes, voir Floch.

Guy Floc'h
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité

Début de carrière

Au milieu des années 1950, Guy Floc'h est président des assises du tribunal de Fort-Lamy (Tchad).

En 1963, Guy Floc'h est adjoint de l'Avocat général lors du procès du colonel Bastien Thiry, jugé pour avoir donné le signal des tirs, lors de la tentative d'assassinat du général De Gaulle au Petit-Clamart le 22 août 1962. Dupuy, l'un des avocats de Thiry, le provoque en duel car il se dit irrité par le sourire sarcastique du magistrat. Le duel n'aura pas lieu du fait de son interdiction par Pierre Messmer, ministre des Armées.

Affaires instruites

Affaire de la rue Toullier

Le 27 juin 1975, le terroriste Carlos abat Raymond Dous et Jean Donatini, deux inspecteurs de la DST, et Michel Moukharbal, un informateur libanais, rue Toullier à Paris[2]. Un troisième policier, Jean Herranz, commissaire de la DST, est grièvement blessé.

Assassinat de Jean de Broglie

Le 24 décembre 1976, le prince Jean de Broglie, député de l'Eure et ancien ministre, est assassiné en sortant du domicile de Pierre de Varga, son conseiller fiscal (2 rue des Dardanelles à Paris). Guy Floc'h est désigné comme juge d'instruction, mais 5 jours seulement après le meurtre, le Ministre de l'Intérieur, Michel Poniatowski fait une conférence de presse avec le directeur de la police judiciaire et le directeur de la police criminelle pour désigner les coupables et le mobile : une escroquerie à l'assurance[3],[4]. L'empressement de ces officiels à désigner des coupables, au mépris du secret de l'instruction et de la présomption d'innocence sont immédiatement suspect. Pourquoi les autorités ont-elles besoin de désigner si rapidement des coupables ? Serait-ce pour détourner l'attention du public de la vrai raison du meurtre ?[Interprétation personnelle ?]

Sociétés Sodetex et Matesa

Officiellement chargée de construire et exporter des métiers à tisser, cette société espagnole recevait d'énormes subventions de l’État espagnol, dont les technocrates cherchent à établir des liens avec le Parti des Républicains indépendants (RI)[5]. Le prince de Broglie, affilié à ce parti prête son nom pour la création de la société Sodetex, domiciliée au Luxembourg, dont le capital est entièrement constitué par des fonds provenant de la Matesa. Lorsque les Espagnols commencent à regarder ce qu'il se passe avec cette société il est estimé qu'en moins d'un an, 450 millions de francs sont passés dans les caisses de la société luxembourgeoise. Le gouvernement espagnol met Jean de Broglie en demeure de rembourser, les amis politiques du prince commencent à s'éloigner... Le train de vie du prince n'étant pas luxueux, où sont passées les subventions espagnoles ?[Interprétation personnelle ?]

Le rapport Roux

Deux mois après le début de l'enquête, un certain Leyris, indicateur de la police, demande à voir le juge Floc'h sans sa greffière. Toutes les auditions du juge doivent normalement être transcrites pour être versées au dossier, mais le juge qui piétinait dans son enquête accepte, dans l'espoir d'obtenir une information qui pourra le faire avancer. Leyris indique au juge que, 6 mois avant la mort du prince, il a informé la police d'un projet d'assassinat du prince. L'inspecteur Roux avait fait un rapport qu'il a transmis à sa hiérarchie. Le juge parvient à se procurer le rapport et interroge les policiers avec lesquels il travaille sur le dossier, pour savoir si un projet d'assassinat du prince était connu de leurs services. Les policiers nient avoir eu connaissance d'un tel projet.

Empêché de travaillé par une police qui a reçu des ordres[Interprétation personnelle ?], le juge ira jusqu'à travailler avec la fille de l'un des accusés, Pascale de Varga, qui lui affirme que son père « était un homme vénal et qu'elle ne l'aimait pas. C'était un escroc, sa passion personnelle était de faire des coups tordus, d'inventer des combines, de jouer avec la loi, mais ce n'est pas un assassin. Un escroc n'aurait pas fait tuer la poule aux œufs d'or »[6].

« Promotion » et procès

En septembre 1978, Guy Floc'h est dessaisi de l'Affaire de Broglie et promu dans une cour d'appel. On sait que la promotion est un moyen discret d'éloigner un juge trop zélé d'un dossier dont certains, un gouvernement par exemple, n'a pas intérêt à ce qu'il trouve la vérité.[Interprétation personnelle ?]

Lors du procès de novembre 1981, le président André Giresse cherche à montrer que Guy Floc'h n'aurait pas versé le rapport Roux au dossier pour couvrir la police. N'y parvenant pas pendant le procès, il réitérera ses accusations dans un livre. Le dernier combat du juge Floc'h, depuis son lit d'hôpital au Val de Grâce fut d'attaquer Giresse en diffamation. Il meurt avant la fin de la procédure, mais Isabelle Floc'h, fille du juge, obtient en cassation, la condamnation définitive du diffamateur de son père, avec des dommages et intérêts « bien au-delà du franc symbolique »[6].

Dans un ouvrage paru en septembre 2020[6], sa fille explique que la raison pour laquelle le juge n'a pas versé le rapport Roux au dossier est certainement d'abord la parole qu'il avait donné à l'indicateur. En effet, celui-ci risquait gros s'il était identifié comme source de cette information puisque plusieurs autres personnes en lien avec cette affaire ont été assassinées. Le juge Renaud a été assassiné quelques mois auparavant, le 5 juillet 1975. Mais aussi, probablement sur les conseils de Roland Dumas, Guy Floc'h aura préféré attendre, afin que cette information sorte au moment où elle aura le plus d'effet. Le Le Canard enchaîné publie le rapport Roux le 2 avril 1980. Un an seulement avant les élections de 1981, la révélation aux Français que, pour couvrir le gouvernement, la police avait menti jusqu'au plus haut niveau de la hiérarchie eut « l'effet d'une bombe »[7].

Enlèvement de Louis Hazan et de Guy Thodoroff

Le , le PDG de Phonogram, Louis Hazan est enlevé par un groupuscule d'extrême droite lors d'une réunion de son comité de direction au siège de la société 6, rue Jenner dans le 13e arrondissement de Paris. Les six hommes armés l'embarquent dans une malle d'osier. Le ministre de l'intérieur Michel Poniatowski, sous les conseils de Pierre Ottavioli, autorise les policiers à intervenir au moment de la livraison de la rançon, quels que soient les risques pour la vie de l'otage : le , deux ravisseurs sont arrêtés alors qu'ils prennent livraison de l'argent. Le même jour, Louis Hazan est retrouvé à Tremblay-le-Vicomte. Le , Guy Thodoroff, directeur général adjoint de Saab-France, est kidnappé au siège de son entreprise. La rançon de 10 millions versée, il est libéré après 34 jours de détention. Guy Floc'h mène l'instruction des deux affaires qui sont jugées en cour d'assises en 1980 et 1981[8].

Président de cour d'assise

En 1981, il préside le procès de Sylvia Jeanjacquot, compagne de Jacques Mesrine qui se trouvait aux côtés de « l'ennemi public n°1 », dans la voiture où il fut abattu par la police, le 2 novembre 1979, porte de Clignacourt à Paris. Gravement blessée, Sylvia Jeanjacquot a perdu un œil dans la fusillade et fait un an de prison. Le juge estima qu'elle avait assez payé et ne s'opposa pas à la demande de libération exprimée par son avocat.

Lors du procès de Philippe Maurice, pour sa tentative d'évasion, aidé par son frère et son avocate qui passa un révolver et au cours de laquelle il blessa grièvement un gardien, l'attitude du juge fera dire à l'avocat Georges Kiejman ,défenseur l'avocate trop romantique, que « les accusés furent traités avec équité et fermeté »[9].

En 1984, lors du procès de Philippe Gobain, accusé d'avoir participé au braquage d'une banque place des Ternes, le 15 avril 1981, le président, insatisfait des conditions dans lesquelles l'accusé avait été reconnu par les témoins ordonna une reconstitution immédiate pour que les jurés puissent évaluer si les conditions dans lesquels les témoins avaient vu l'accusé permettaient de le reconnaitre. Philippe Gobain fut acquitté.

Notes et références

  1. « La mort de Guy Floch, ancien premier vice-président du tribunal de Paris Tendre juge », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  2. Karl LASKE, « 27 juin 1975, trois morts rue Toullier à Paris. Un carnage signé Carlos. », sur Libération.fr, (consulté le )
  3. Journal de 20h du 29 décembre 1976, INA
  4. « Énigmes criminelles : l’étrange Jean de Broglie », sur Valeurs actuelles, (consulté le )
  5. Jean de Broglie : Rendez-vous avec Mr X, émission diffusé sur France Inter, le 22 février 1997 concernant Guy Simoné, voir l'ouvrage qu'il publie en 1999 L'affaire de Broglie, Un crime d'État, Guy Simoné, éditions Michel Lafont
  6. Isabelle Floc'h, Quelques morts de mon père, Le Bord de l'eau, , 196 p. (ISBN 9782356877055, lire en ligne), derniers chapitres, à partir de "La reine Pédauque " p 120, 130, 125....
  7. « « Un prince est mort à Paris » : l’assassinat de Jean de Broglie », sur www.franceinter.fr, (consulté le ).
  8. Claude Cancès, Jean-Pierre Biro, L'affaire Hazan, Mareuil Éditions, , 176 p.
  9. Georges Kiejman, préface de Quelques morts de mon père, Isabelle Floc'h, sept 2020

Liens externes

  • Portail du droit français
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.