Hécate

Dans la mythologie grecque, Hécate (en grec ancien Ἑκάτη / Hekátê) est une déesse de la Lune.

Pour les articles homonymes, voir Hécate (homonymie).

Hécate
Déesse de la mythologie grecque et romaine

Hécate à triple corps de type hellénistique, musée Chiaramonti.
Caractéristiques
Fonction principale Déesse de la nouvelle lune
Fonction secondaire Déesse des Mystères ; déesse de l'Ombre et des Morts ; protectrice de la jeunesse et des femmes enceintes ; déesse de la Magie
Lieu d'origine Grèce antique
Période d'origine Antiquité grecque
Associé(s) Séléné et Artémis (déesses lunaires)
Compagnon(s) Lampades (servantes)
Culte
Temple(s) Temples à Colophon et à Milet
Mentionné dans Théogonie d'Hésiode
Famille
Père Persès (plus rarement : Persès fils d'Hélios ou Tartare)
Mère Astéria
Conjoint Phorcys ou bien Apollon
• Enfant(s) Scylla
Symboles
Attribut(s) Torches, vases, coupes, haute tiare ronde, gâteaux en forme de croissant, clefs, poignards, épées et serpents
Animal Animaux noirs, en particulier les chiens
Végétal Peuplier noir
Astre Face sombre de la lune

Anthroponymie

Attestations

Hécate apparaît dans la Théogonie d'Hésiode.

Elle est aussi mentionnée par Euripide dans sa pièce Médée (1er épisode).

Généalogie et famille

Hécate est originaire de Thrace[réf. nécessaire].

Elle est la fille du Titan Persès[1] (ou bien de son homonyme, Persès fils d'Hélios selon les traditions) et de la Titanide Astéria la nuit étoilée »)[réf. nécessaire]. Dans une autre version, elle est la fille de Tartare[réf. nécessaire].

Certains auteurs en font la mère de Scylla qu'elle aurait eue avec Phorcys ou bien Apollon[réf. nécessaire].

Mythe

Hécate apparaît dans la Théogonie d'Hésiode[2], puis dans l’Hymne homérique à Déméter, composé spécialement en vue du culte à mystères d'Eleusis vers 610 av. J.-C[réf. nécessaire].

Dans la Théogonie, prise en affection par Zeus, elle reçoit un pouvoir souverain sur la terre, la mer et le ciel. Elle devient la déesse protectrice des orateurs populaires au sein des assemblées, donne la victoire au guerrier qu'elle choisit dans la bataille, s'assied auprès des rois au tribunal de justice, seconde la vaillance des athlètes, dirige les navigateurs sur les flots, protège les chasseurs, préside avec Hermès au bon état et à la multiplication des troupeaux et prend soin de la naissance et de la croissance des enfants[réf. nécessaire].

Lors de l'enlèvement de Perséphone par Hadès, elle aide Déméter à rechercher sa fille, la torche à la main. Elle l'emmène voir Hélios qui dénonce le Cronide. Elle y apparaît donc comme une divinité à caractère lunaire[3].

Progressivement, elle se retrouve associée à la face sombre de l'astre lunaire, et se voit prêter des capacités de divinations et de sorcellerie. On la retrouve alors liée à la lignée de magiciennes comme Médée et Circé. On la connaît aussi sous le nom de χθονία / khthonía, « la déesse des Enfers », protégée d'Hadès[réf. nécessaire].

Fonctions

Hécate fait partie de la triade lunaire, avec Séléné et Artémis. Elle représente la nouvelle lune (ou lune noire) qui symbolise la mort (ou la renaissance). Séléné, la pleine lune, symbolise la maturité dans le cycle de vie, et Artémis, le croissant de lune, symbolise la naissance. Cet aspect triple apparaît au Ve siècle avec un premier syncrétisme des déesses Artémis et Séléné. La première, auparavant associée à des épithètes liées à la chaleur et au soleil commence à être associée à la lune[4][source insuffisante].

Cependant, les liens entre Hécate et Artémis existaient bien avant, notamment en Asie Mineure. En effet, Artémis dispose de deux lieux de cultes à Délos alors qu'Hécate est honorée à Milet. Un des deux lieux de culte d'Artémis se retrouve bientôt avec une déesse syncrétique « Artémis Hécate », notamment en raison de la proximité du lieu de culte d'Artémis et d'une nécropole. Ce syncrétisme s'accentue par le lien des deux déesses avec Apollon : Artémis est sa sœur et Hécate, par les morts, peut rendre des prophéties[Quoi ?]. Dans l'Enéide, la sybille de Cumes qui emmène Enée aux Enfers est à la fois prêtresse d'Apollon et d'Hécate[4],[5].

Enfin, les déesses sont aussi associées par leur fonction d'aide aux parturientes. Artémis est toujours décrite comme « λοχεία » alors qu'Hécate possède l'épithète de « κουροτρόφος », protectrice de la jeunesse et des femmes enceintes[6]. Le syncrétisme des trois formes divines continue à s'achever en Étrurie et à Rome[4].

Hécate présente deux aspects opposés : déesse protectrice liée aux cultes de la fertilité, accordant richesse matérielle et spirituelle, honneurs et sagesse, conductrice des âmes, mais aussi déesse de l'ombre et des morts[réf. nécessaire].

Attributs

Cette déesse des morts et chthonienne est honorée comme la déesse des carrefours parce qu'elle relierait les enfers, la terre et le ciel[réf. nécessaire].

Sophocle fait dire à Antigone : « Là nous prions la déesse des chemins [Hécate)] et Hadès de contenir par bonté leur colère.»[réf. nécessaire].

Elle est très proche du couple infernal, Perséphone et Hadès[réf. nécessaire].

Lieux de culte

Selon Pausanias, les chattes noires étaient sacrifiées à Hécate sous sa forme de « déesse des bords des chemins » dans la cité grecque de Colophon[7].

On adorait particulièrement Hécate aux carrefours et on lui sacrifiait des chiens[8] parce qu'ils hurlent à la lune, des chevreaux et des agneaux noirs[réf. souhaitée]. On a retrouvé de nombreuses statuettes à d'anciens carrefours, lieux de la géomancie par excellence[pertinence contestée]. « Elle est la Triple Hécate aux redoutables sortilèges, qui se dresse aux carrefours, lieux particulièrement voués à la pratique de rites magiques, sous forme d'une statue à trois têtes, ou encore à trois corps »[9].

Les peupliers noirs (Populus nigra) lui étaient consacrés et on ne la conjurait que par des incantations, des philtres d'amour ou de mort[réf. nécessaire].

Représentations

Hékatéion (petite colonne votive à Hécate) : la déesse aux trois corps est entourée par trois Charites dansant, Attique, IIIe siècle av. J.-C.

Hécate est souvent représentée comme une déesse tricéphale : une tête de lion, une de chien et une de jument sur un corps de femme[10]. Ces trois têtes sont le symbole des trois phases de l'évolution humaine (croissance, décroissance, disparition) et des trois phases correspondantes de l'évolution vitale puisqu'elle est liée aux cultes de la fertilité. Elle est parfois aussi représentée par trois femmes adossées à une colonne[réf. nécessaire].

Elle est représentée tenant à la main des torches, des vases et des coupes destinées aux libations, ainsi que parfois des fruits, notamment des pommes. Sa (ou ses) tête(s) est (sont) généralement surmontée(s) de la haute tiare ronde (polos (en)) caractéristique des déesses mères. Elle tient parfois des gâteaux en forme de croissant, des clefs, des poignards, des épées et des serpents, attributs qui indiquent son caractère ésotérique[réf. nécessaire].

Théonymes qualificatifs

Les surnoms d'Hécate sont, entre autres :

  • Atropaia (« Celle qui éloigne le mal »)
  • Chtonia (« Celle de la Terre »)
  • Enodia (« Celle des Chemins »)
  • Kleidukos (« Porteuse de Clés »)
  • Kourotrophos (« Celle qui protège les enfants »)
  • Melana (« la Noire »)
  • Ourania (« Celeste »)
  • Perseis (« Lumière »)
  • Phosphoros (« Porteuse de Lumière »)
  • Propolos (« Guide »)
  • Propylaia (« Gardienne des Portes »)
  • Fluoros (« Le nom de mort et son séjour » [Quoi ?])
  • Skotia (« Celle des Lieux Obscurs »)
  • Soteira (« Délivrance »)
  • Triformis (« Aux Trois Aspects »)
  • Trioditis ou Trivia Chemin Triple »)

Développements ultérieurs

Peinture

Hécate, aussi appelé The Night of Enitharmon's Joy, de William Blake (1795).
  • 1795 : Hécate est représentée par le peintre et poète anglais William Blake dans le tableau The Night of Enitharmon's Joy ; l'œuvre est souvent appelée Hécate ou Triple Hécate.
  • 1974-1979 : Hécate est l'une des 1 038 femmes représentées dans l'œuvre contemporaine The Dinner Party de Judy Chicago, aujourd'hui exposée au Brooklyn Museum.  : Cette œuvre se présente sous la forme d'une table triangulaire de 39 convives (13 par côté), chaque convive étant une femme, figure historique ou mythique. Le nom d'Hécate figure sur le socle, et y est associée à Kali, la quatrième convive de l'aile I de la table[11].
  • 2014 : le peintre Axel Sanson intitule l'un de ses tableaux Hécate et ses chiens qui représente la déesse avec dix lévriers[12].

Théâtre

  • William Shakespeare, dans les pièces :
    • Hamlet (acte III, scène 2) : son nom est mentionné ;
    • Macbeth (acte III, scène 5) : elle apparaît en tant que personnage ;
    • Le Roi Lear (acte I, scène 1) : son nom est mentionné.
  • Valère Novarina, dans la pièce Le Jeu des Ombres dont le texte est paru en 2020 aux éditions POL : elle apparaît comme personnage dans l'acte III (chapitre 25).

Romans

Bandes dessinées

  • Dans la série de comics ABC Warriors de Pat Mills, Hécate est le nom de la déesse du chaos.
  • Dans la série de comics Hellboy de Mike Mignola, Hécate est une antagoniste récurrente.
  • Dans le manga Saint Seiya: Next Dimension de Masami Kurumada Hecate joue le rôle d'une prêtresse d'Artémis.
  • Dans la série Atalante de Crisse, Hécate intervient régulièrement aux côtés d'Artémis et d'Aphrodite. C'est elle, entre autres, qui donne à l'héroïne Atalante son poignard magique, ainsi qu'une grande vitesse de course et un "caractère qui découragera tout prétendant".
  • Hecate est également un personnage récurrent de la bande dessinée en ligne Traditions d'Olympus (ou Lore Olympus en version originale) de Rachel Smythe sur Webtoon. Elle travaille aux Enfers aux côtés d'Hadès dont elle est très proche et connaît bien Perséphone avec qui elle a notamment beaucoup échangé par correspondance.

Musique

Cinéma

Télévision

  • Dans la série télévisée Charmed (saison 1, épisode 6), une démone nommée Hécate (interprétée par Sara Rose Peterson) apparaît. Cette dernière serait la reine des Enfers.
  • Hécate apparaît dans la série Penny Dreadful (saison 2 et 3), interprétée par Sarah Greene). Les origines du personnage sont évoquées par Vannesa Ives dans l'épisode 4 de la saison 2.
  • Elle apparaît dans la série pour enfants Gods School comme l'une des élèves du lycée du mont Olympe.
  • Dans la série Les Nouvelles Aventures de Sabrina, partie 3, Hécate vient en aide aux héros.

Jeux vidéo

  • Dans Dofus, Hécate est le nom d'une des divinités.
  • Dans Assassin's Creed Odyssey, une quête permet d'aider une sorcière d'Hécate à faire un philtre d'amour. On peut la rencontrer et interagir avec elle dans le DLC du jeu vidéo appelé The Fields of Elyseum.
  • Dans Megami Tensei, Shin Megami Tensei 2, Persona 5 et Persona 5 Royal, Hécate est respectivement le nom d'un démon et d'une Personæ aux traits féminin, dominatrice et accompagnée de têtes de chiens noirs.
  • Dans Touhou Project 15 (Legacy of Lunatic Kingdom), avec le personnage de Hecatia Lapislazuli.

Autres

Notes et références

  1. (en) Encyclopædia Britannica, « Hecate » (consulté le ).
  2. Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne], 411 et suiv.
  3. (en) Walter Burkert (trad. de l'allemand), Greek Religion : Archaic and Classical, Oxford, Blackwell, , 504 p. (ISBN 0-631-15624-0, présentation en ligne), p. 171.
  4. Panagiotis Dellis, Artémis Hécate Sélèné dans les Mythes et les Rites : Mémoire Cours Maîtrise, Année Universitaire 1998-1999, Montpellier, academia.edu (lire en ligne [PDF]).
  5. J. Perret, R. Lesueur, Enéide (Virgile) ; texte établi et traduit par Jacques Perret, revue et corrigée par R. Lesueur, Paris, Les Belles lettres, 1995, LXXIV , 193p. , Collection des universités de France. (ISBN 978-2-251-01302-2).
  6. (en) Bortolani, L. Merlina, Magical hymns from Roman Egypt : a study of Greek and Egyptian traditions of divinity, New York, Cambridge University Press, 2016.
  7. (en) Frederick J. Simoons, Eat Not This Flesh : Food Avoidances from Prehistory to the Present, University of Wisconsin Press, 1994, p. 233-234.
  8. Université d'Oxford, sous la direction de M.C. Howatson (trad. Jeannie Carlier, Christian Jacob, Jean-Louis Labarrière, Maurice Larès, François Lissarangue, Florence de Polignac, Franz Regnot et Isabelle Rosenbaumas), Dictionnaire de l'antiquité, Paris, Robert Laffont, , 1066 p. (ISBN 2-221-06800-9), pp. 470-1.
  9. Sandrine Agusta-Boularot, Brigitte Buffard-Moret, Anne Collognat, Edith Flammarion, Karen Haddad-Wotling et Nicole Monchâtre, Dictionnaire culturel de la mythologie gréco-romaine : Sous la direction de René Martin, Nathan, , 296 p. (présentation en ligne) (ASIN B014ZH4AWW).
  10. « Hécate, déesse aux multiples pouvoirs, protectrice des magiciens | Odysseum », sur eduscol.education.fr (consulté le ).
  11. Page de l’œuvre sur le site du Musée de Brooklyn, brooklynmuseum.org.
  12. Catherine Malaval, Axel Sanson. Una persistente fortuna, Paris, La nouvelle école française, , 85 p. (ISBN 979-10-97320-00-3), p. 39.
  13. Notice sur le site de l'auteur.
  14. (en) « Hekate's Deipnon - Temenos », sur sites.google.com (consulté le ).
  15. (en) Hekate Her Sacred Fires – Devotional Project to the Goddess Hekate, sacredfires.co.uk.
  16. « Halloween : Hécate, sorcière sans philtre », Emmanuèle Peyret, Libération.fr, 27 octobre 2016.
  17. « Nous avons rencontré Hécate, sorcière du 21e siècle », Capucine Moulas, LCI.fr, 5 octobre 2016.
  18. « Hécate, sorcière luciférienne », Pia Clemens, France Bleu.fr, 7 novembre 2016.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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