Hélène Roederer
Hélène Roederer, né le à Dillingen (Sarre) et morte le à Ravensbrück , est une résistante française.
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Jeune étudiante, membre active, dès 1942, des mouvements Témoignage chrétien puis Défense de la France, elle est déportée en août 1944 à Ravensbrück où elle meurt en mai 1945, à l'âge de 24 ans.
Biographie
Famille
Hélène Roederer est la fille de Joseph Roederer (1882-1969), ingénieur des mines, directeur général des forges et aciéries de Dilling, commandeur de la Légion d'Honneur[1],[2], et Jeanne Friedel (1888-1966), fille de Georges Friedel (1865-1933). Joseph, blessé durant la Grande Guerre est fait prisonnier en mai 1915 par les Allemands et emprisonné en Allemagne à Ingolstadt, où il se lie d'amitié avec Charles de Gaulle, lui aussi détenu au même endroit[3].
Hélène est l'ainée d'une fratrie de six enfants[3]. Elle a quatre frères, Michel, André, Etienne, Charles et une soeur, Marie-Noëlle (1923-2018)[4].
Elle est la cousine du physicien Jacques Friedel, grand-croix de la Légion d'honneur[5].
Résistance
Hélène fait ses études secondaires à Saint-Etienne et obtient un double baccalauréat de mathématiques et de philosophie en 1938. Dès l'armistice du 22 juin 1940, elle tente de gagner l’Angleterre[6]. Ce projet n'ayant pu aboutir, elle s'installe à Lyon en 1941 pour y poursuivre des études d'histoire à la Faculté des Lettres de Lyon et à partir de 1942, elle prépare une agrégation[7].
Au début de 1942, Adrien Nemoz, son camarade de faculté, l’engage pour diffuser le journal clandestin, les Cahiers du Témoignage chrétien. Il la présente ensuite à Suzanne Guyotat, bibliothécaire, à qui Philippe Viannay a demandé de prendre la responsabilité en zone sud du journal clandestin qu’il publie à Paris, Défense de la France[7]. Hélène la seconde pour l'impression du journal, la fabrication de fausses cartes d'identité, les liaisons et les missions[8]. Grâce à Hélène et à un réfugié belge, Francis Cleirins, le journal peut être diffusé dans la région lyonnaise, la Loire, la Drôme et l'Ardèche[9].
A l’automne 1943, elle suit sa famille à Châtenay-Malabry dans la région parisienne. Son père Joseph, comme il le fit à Saint-Chamond, met sa maison à la disposition du mouvement Défense de la France pour l’organisation de réunions clandestines[3].
En mai 1944, elle rejoint le maquis de Seine-et-Oise et participe aux combats comme agent de liaison pour Défense de la France. Elle est arrêtée le 25 juin 1944 dans une rafle sur la route à Nesles, alors qu’elle roulait à bicyclette. Incarcérée à l’Isle-Adam, elle est ensuite déportée à Ravensbrück en août 1944[10].
Hélène meurt d’épuisement le 10 mai 1945 huit jours après la libération du camp par les soldats soviétiques de l'Armée Rouge, à l'âge de vingt-quatre ans[7].
Hommages et postérité
En 1946, elle est décorée à titre posthume de la médaille de la résistance avec rosette[11] et faite chevalier de la légion d'honneur avec la citation suivante[12] :
« Jeune Alsacienne d’une nature indomptable, n’ayant jamais accepté la défaite, n’a cessé pendant 4 ans de lutter contre l’occupant en distribuant des journaux clandestins, convoyant des parachutistes, aidant les réfractaires. A exigé de ses chefs, au moment de la création du maquis, l’honneur d’aller se battre. A forcé l’admiration de ses camarades lors d’un combat où 60 partisans furent encerclés par tout un régiment allemand, en accomplissant avec une bravoure désespérée, au vu et sous le feu de l’ennemi qui ne cessait de tirer sur elle, les missions de transmissions d’ordres qui permirent aux 2/3 des effectifs d’échapper à l’ennemi. Est retournée 2 jours après sur les lieux du combat pour récupérer les armes abandonnées par les partisans. Prise les armes à la main, en a tellement imposé par son attitude aux Allemands qu’ils n’osèrent pas la fusiller. Déportée dans les camps de concentration d'Allemagne, ne s'est jamais départie de son attitude farouche et indomptable. »
Philippe Viannay lui rend hommage dans un de ses ouvrages : « Peu de fois dans ma vie j'ai rencontré un être qui puisse à ce point se résumer à une volonté. Non qu'elle fût dépourvue d'autres qualités : elle était belle, intelligente, fière, rieuse, intrépide. Mais tout en elle s'ordonnait autour de ce qu'elle avait choisi. Ensuite elle faisait front à tout, sans hésitation. »[13].
A Saint-Chamond et Châtenay-Malabry, une rue porte son nom.
Le nom d'Hélène Roederer a été donné à la bibliothèque de la faculté des Lettres de Lyon et chaque année, le 10 mai, l’université Jean-Moulin-Lyon-III commémore son souvenir[14].
Distinctions
Bibliographie
- Bernard Comte, « Hélène Roederer et la Résistance étudiante à Lyon durant la Seconde Guerre mondiale », Chrétiens et sociétés XVIe-XXe siècles, 3/1996, pp. 35-38 (en ligne)
- Jérôme Cordelier , L'espérance est un risque à courir Sur les traces des résistants chrétiens 1939 - 1945, Calmann-Lévy, 2021, pp.150-152
- Alain Dalançon, Hélène Roederer, Le Maitron, 2021 (en ligne)
- Jean-Dominique Durand, « Journée d’étude "Autour d’Hélène Roederer. Aspects de la résistance étudiante à Lyon », Chrétiens et sociétés XVIe-XXe siècles, 2/1995, pp. 109-110 (en ligne)
- Charles Roederer, « Hélène Roederer et la Résistance étudiante à Lyon durant la Seconde Guerre mondiale », Chrétiens et sociétés XVIe-XXe siècles, 3/1996, pp. 39-46 (en ligne)
- Hélène Roederer, étudiante et résistante 1921-1945, Lyon, L'Hermès, 1985
- Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance. "Défense de la France" (1940-1949), Editions du Seuil, 2014
Voir aussi
Articles connexes
Notes et références
- Guerre 1914-1918 : sous-lieutenant au 170e régiment d'infanterie, blessé au cou par balle le 13 mars 1915 à Le Mesnil-lès-Hurlus, fait chevalier de la Légion d'Honneur à titre militaire le 1er avril 1915, fait prisonnier par les Allemands aux Eparges le 15 mai 1915, rapatrié en décembre 1918. Registre matricule n°382 de Joseph Roederer, site des archives de Paris, classe 1902 (6e bureau Paris) (en ligne)
- Dossier de la Legion d'Honneur de Joseph Roederer, base de données léonore (en ligne)
- Charles Roederer, « Hélène Roederer et la Résistance étudiante à Lyon durant la Seconde Guerre mondiale », Chrétiens et sociétés XVIe-XXe siècles, 3/1996, pp. 39-46 (en ligne)
- Marie-Noëlle s’engagea également dans la Résistance dans « Défense de la France » comme toute sa famille. Alain Dalançon, notice de Marie-Noëlle Petite, Le Maitron, 2021 (en ligne)
- Jacques Friedel, Graines de mandarin, Odile Jacob, 1994, p. 154
- Témoignage de Marie-Suzanne Binetruy : « Hélène Roederer était de celles-là qui, le jour même de l’armistice, tentait de joindre l’ambassade anglaise afin de gagner l’Angleterre. Ce projet n’ayant pu aboutir, elle devient, comme on vous la dit, une de ces pionnières grâce à qui Lyon, et cette Faculté, vont prêter l’oreille à des voix autres que les slogans officiels et le mea culpa de la défaite. [...] Quand la délation a frappé, elle a été le fait – et nous pouvons en être fiers – d’éléments étrangers à la Faculté. Alors furent arrêtés à Lyon : Gilbert Dru, Pierre Haguenauer, deux des trois soeurs Soucelier, Danièle Jomaron, Fernand Belot – et je ne cite que les morts – et à Paris, Hélène, les armes à la main. », Hélène Roederer, étudiante et résistante 1921-1945, Lyon, L'Hermès, 1985
- Bernard Comte, « Hélène Roederer et la Résistance étudiante à Lyon durant la Seconde Guerre mondiale », Chrétiens et sociétés XVIe-XXe siècles, 3/1996, pp. 35-38 (en ligne)
- « Chargée de la diffusion du journal en zone Sud, Suzanne Guyotat recrute Hélène Roederer, qui la seconde pour l'impression du journal, la fabrication de fausses cartes d'identité, les liaisons, les missions. », Bruno Permezel, Résistants à Lyon 1144 noms, Volume 1, 1992, p.241
- « Viannay chargea Suzanne Guyotat, une amie de la famille Viannay, bibliothécaire à Lyon, d'implanter Défense de la France en zone sud. Grâce à une jeune étudiante, Hélène Roederer, et à un réfugié belge, Francis Cleirins, le mouvement put diffuser sa presse dans la région lyonnaise, la Loire, la Drôme et l'Ardèche. Il essaima également dans le Nord, le Loiret, la Normandie et le Poitou. Défense de la France assura ainsi sa croissance en envoyant des émissaires en province, en profitant de contacts noués ici et là, et en incorporant de petites équipes locales. Ses effectifs, pourtant, demeuraient modestes (230 militants au ln octobre 1942) et la région parisienne se taillait la part du lion (75 % des recrues opéraient alors en Ile-de-France) », Olivier Wieviorka, Une Histoire de la résistance en Europe occidentale, 2017, Place des éditeurs, p.105
- Témoignage de Philippe Viannay : « Son arrestation aussi montra qui elle était, qui fut provoquée par son caractère indomptable. Elle participait comme agent de liaison aux combats du maquis de Seine-et-Oise en juin 1944. Interpellée dans une rafle sur la route, alors qu’elle roulait à bicyclette, elle fut fouillée. Aucune arme n’ayant été trouvée elle allait être relâchée. Elle insulta alors, en allemand, le chef de la patrouille qui, furieux, lui arracha son sac et en vida le contenu sur le sol. Une cartouche de révolver oubliée en tomba et ce fut Ravensbrück. », Hélène Roederer, étudiante et résistante 1921-1945, Lyon, L'Hermès, 1985
- seuls 4 500 résistants ont reçu la rosette de la résistance
- Défense de la France , Les témoins qui se firent égorger, 1946, p.35 (en ligne)
- Jérôme Cordelier , L'espérance est un risque à courir Sur les traces des résistants chrétiens 1939 - 1945, Calmann-Lévy, 2021, pp.150-152
- Jean-Dominique Durand, « Journée d’étude "Autour d’Hélène Roederer. Aspects de la résistance étudiante à Lyon », Chrétiens et sociétés XVIe-XXe siècles, 2/1995, pp. 109-110 (en ligne)
- Décret du 24 avril publié au JO du 17 mai 1946 (en ligne)
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