Jacques Friedel

Biographie

Jacques Friedel est l'arrière-petit-fils de Charles Friedel, minéralogiste et chimiste français, le petit-fils de Georges Friedel, minéralogiste français, et le fils d'Edmond Friedel[note 1] et descend de la famille des éditeurs Berger-Levrault et des industriels du textile de Mulhouse (Koechlin, Dollfus, Mieg, etc). Par les Koechlin il descend en ligne directe des imprimeurs bâlois du XVe siècle Johann Froben et Johann Amerbach. Par les Dollfus il descend en ligne directe du mathématicien et physicien suisse bâlois Jean Bernoulli. Il est également, par sa mère Jeanne Bersier, un des arrière-petits-fils du pasteur Eugène Bersier et le neveu du peintre Jean-Eugène Bersier. Il est le père de Paul Friedel.

Jacques Friedel rejoint Paris et le lycée Louis-le-Grand en 1937 à l'occasion de la nomination de son père en tant que sous-directeur de l'École nationale supérieure des mines de Paris. Après la classe de terminale section mathématiques élémentaires, il suit la classe de terminale section philosophie au lycée Henri-IV (1938-1939). Il étudie ensuite durant trois ans en classes préparatoires scientifiques à Bordeaux puis à Lyon et, après une année passée dans les Chantiers de la Jeunesse, une année de Service du travail obligatoire et son enrôlement dans la 2e division blindée, il étudie à l'École polytechnique de 1944 à 1946 (promotion X 1942), puis, comme ingénieur élève des mines, à l'École nationale supérieure des mines de Paris de 1946 à 1948. Ingénieur au Corps des mines, il est affecté dans le cadre du « décret Suquet » au laboratoire de minéralogie de l'École. De 1949 à 1952 il prépare une thèse de doctorat à l'université de Bristol dans le laboratoire de Nevill Francis Mott. À son retour au laboratoire de minéralogie, on lui propose la direction du laboratoire, laissée vacante par le départ de son cousin Charles Crussard, proposition qu'il refuse, souhaitant s'engager dans une carrière universitaire. Il soutient une thèse de doctorat ès sciences physiques à l'université de Paris en 1954. Il devient en 1956 maître de conférences de physique pour le certificat PCB (1re année de médecine) à la faculté des sciences de l'université de Paris, en parallèle avec Jean Bricard. Il enseigne également dans le cadre du certificat d'études supérieures de 3e cycle de physique des solides à l'Institut Henri-Poincaré avec André Guinier et Pierre Aigrain.

Il rejoint le site de la faculté des sciences d'Orsay en 1959 comme professeur de physique des solides et y fonde le Laboratoire de physique des solides avec André Guinier et Raimond Castaing. Suivant les recommandations d'Anatole Abragam du CEA, il permet à Pierre-Gilles de Gennes d'obtenir une nouvelle maîtrise de conférences de physique des solides[4].

Il épouse à Bristol en Mary Winifred Horder (1911-2004), la sœur cadette de Ruth Eleanor Horder (1906-2000), elle-même épouse de Nevill Francis Mott.

Prix et distinctions

Il a reçu la médaille d'or du CNRS en 1970[5] et le prix Holweck en 1964, la médaille d'or d'Acta Metallurgica, le prix Heinemann (Göttingen), la grande médaille de la Société française de métallurgie et de matériaux, le Von Hippel Award de la Materials Research Society et le prix Italgas en sciences des matériaux. Il a été élu membre titulaire de l'Académie des sciences le dont il fut le président pour la période 1993-1994, précédant Marianne Grunberg-Manago. Membre fondateur de l'Académie des technologies en 2000. Membre étranger des Académies royales de Suède et de Belgique, de la Leopoldina, de l'Académie des sciences du Brésil, et de l'American Academy of Arts and Sciences, il est également l'un des rares français membre associé de la National Academy of Sciences américaine[6]. Il est fait membre étranger de la Royal Society en 1988.

Il est élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur le [7].

Œuvre scientifique

Consacrée à la physique théorique des solides et en particulier à l'étude des défauts et de la structure des solides métalliques ou covalents. Défauts ponctuels, dislocations, surfaces, structures[6]. Il est considéré comme l'un des pères de la science des matériaux[8].

Hommages

À Gif-sur-Yvette (91), dans le nouveau quartier universitaire du Moulon, un "deck" porte son nom.

Une journée a été consacrée le à son œuvre et son influence, la « Journée Jacques Friedel à l'Académie des sciences : Physique de la matière condensée au 21e siècle - L'impact de Jacques Friedel ».

Publications

  • Les dislocations (Paris, Gauthier Villars, 1956, 2d ed. Dislocations, Pergamon, 1964)
    Jacques Curie, « Les dislocations, par J. Friedel, 1956 », Bulletin de Minéralogie, vol. 80, no 1, , p. 107–108 (lire en ligne, consulté le )
  • Il a relaté l'histoire de la saga familiale dans Graine de mandarin[9].
  • The major accident at Fukushima, 2012, (ISBN 978-2-759-80755-0), Coll. Académie des sciences, EDP Sciences
  • Œuvres scientifiques, 1989, (ISBN 2-868-83122-2), EDP Sciences

Notes et références

Notes

  1. Charles Friedel était le petit-fils de Louis Georges Duvernoy. Jacques Friedel est le père de Paul Friedel, directeur de la stratégie de la recherche à France Télécom. À travers six générations, il y a trois membres de l'Institut (et un correspondant), quatre polytechniciens, trois ingénieurs des mines et quatre membres de la famille ont habité à l'école des mines de Paris, boulevard Saint-Michel (Charles pendant 22 ans en qualité de conservateur des collections, Georges de sa naissance jusqu'à l'âge de 16 ans, Edmond de 1936 à 1964, et Jacques avec son père). En outre, Marguerite, sœur d'Edmond Friedel, avait épousé Louis Crussard, qui eut trois enfants polytechniciens dont Charles Crussard.

Références

Voir aussi

Notices biographiques

  • Yves Bréchet et Olivier Hardouin Duparc, « Disparition de Jacques Friedel - Un des derniers « pères fondateurs » de la métallurgie physique, et pionnier de la physique des solides, nous a quittés », Matériaux & Techniques, vol. 102, no 3, , N6/1-2 (ISSN 0032-6895 et 1778-3771, DOI 10.1051/mattech/2014022)
  • Olivier Hardouin Duparc, « Friedel, Jacques », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 2 : D-G, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2020, p. 665-666 (ISBN 978-2-84621-288-5)
  • Adrian P. Sutton et Olivier Hardouin Duparc, « Jacques Friedel : 11 February 1921 — 27 August 2014 », Biographical Memoirs of Fellows of the Royal Society, vol. 61, , p. 123–143 (ISSN 0080-4606, lire en ligne)

Documentation scientifique

  • (en + fr) Hélène Bouchiat et Jacques Villain, « Condensed matter physics in the 21st century: The legacy of Jacques Friedel », Comptes Rendus Physique, vol. 17, nos 3-4, , p. 233–235 (ISSN 1631-0705, DOI 10.1016/j.crhy.2015.12.008)
    • Yves Bréchet, « Métallurgie fondamentale et métallurgie numérique : l'héritage de Jacques Friedel dans la théorie de la plasticité des métaux et alliages », Comptes Rendus Physique, vol. 17, nos 3-4, , p. 237–241 (DOI 10.1016/j.crhy.2015.12.004)
    • (en) Pawel Pieranski, « Dislocations and other topological oddities », Comptes Rendus Physique, vol. 17, nos 3-4, , p. 242–263 (DOI 10.1016/j.crhy.2015.12.002)
    • (en) Sébastien Balibar, John Beamish, Andrew Fefferman, Ariel Haziot, Xavier Rojas et Fabien Souris, « Dislocations in a quantum crystal: Solid helium: A model and an exception », Comptes Rendus Physique, vol. 17, nos 3-4, , p. 264–275 (DOI 10.1016/j.crhy.2015.12.015)
    • (en) Jacques Villain, Mireille Lavagna et Patrick Brunotitre, « Jacques Friedel and the physics of metals and alloys », Comptes Rendus Physique, vol. 17, nos 3-4, , p. 276–290 (DOI 10.1016/j.crhy.2015.12.010)

Autres ressources

Liens externes

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