Haïm Arlozoroff

Vitaly Viktor Haïm Arlozoroff (en hébreu : חיים ארלוזורוב parfois orthographié Chaim Arlosoroff ou Arlozorov), né le à Romny dans l'Empire russe et mort le à Tel Aviv en Palestine mandataire, est un représentant du Mouvement des travailleurs, poète et homme politique, membre directeur de l'Agence juive et responsable des relations politiques.
Sioniste convaincu, il défendit l'idée d'un État d'Israël et du retour des juifs en Terre d'Israël. Son assassinat sur une plage de Tel-Aviv le donna lieu à l'époque à un procès retentissant, conclu par la relaxe des accusés faute de preuves.

Haïm Arlozoroff
Tombe d'Arlozoroff dans le cimetière Trumpeldor de Tel-Aviv.
Biographie
Naissance
Décès
(à 34 ans)
Tel Aviv
Sépulture
Cimetière Trumpeldor (en)
Nationalités
Formation
Activités
Conjoints
Sima Arlosoroff (d)
Gerda Luft (d)
Enfant
Saul Arlosoroff (d)
Autres informations
Parti politique
Membre de
Hapoel Hatzaïr
Jewish National Council (en)
Vue de la sépulture.
Monument à la mémoire d'Arlozoroff sur la plage de Tel-Aviv.

Biographie

Vitaly Viktor Haïm Arlozoroff naît à Romny, en Ukraine (Empire russe), en 1899. Fuyant les pogroms, sa famille quitte l'Ukraine en 1905, et s'établit à Berlin. Éduqué en Allemagne, il y fait la connaissance d'une amie de sa sœur Lisa : la future Magda Goebbels (née Friedlander)[1]. Il aura avec elle une forte liaison amoureuse[2], sans doute la première de leurs deux vies, et renouera avec elle plus tard[réf. nécessaire], alors qu'elle éprouve des difficultés conjugales dans son premier mariage. Cette thèse est très controversée et n'est étayée, à ce jour, d'aucune preuve[réf. nécessaire] ; la seule certitude est que sa sœur et Magda se sont côtoyées pendant la Première Guerre mondiale.

Haïm Arlozoroff émigre en Palestine en 1921. Activiste au sein du Mouvement des travailleurs, Arlozoroff représente le Mapaï lors de nombreuses conférences internationales et congrès sionistes. De fait, assez modéré dans sa conception d'approche politique d'avec le gouvernement mandataire britannique, dans sa façon de gérer la question arabe et dans la manière dont il met en pratique le projet sioniste, il n'en émet pas moins l'idée d'une révolte juive en vue de s'emparer, par la force, de terrains destinés au futur État juif[3].


À propos des Arabes de la région, il dit : « Il n’est pas vrai que tout ce qui est mauvais pour les Arabes est bon pour les Juifs et il n'est pas vrai que tout ce qui est bon pour les Arabes est mauvais pour les Juifs »[4].

Haïm Arlozoroff est assassiné alors qu'il se promène avec sa femme Sima sur une plage de Tel Aviv, le . Des trois suspects arrêtés[5], proches du Parti révisionniste, seul Abraham Stavsky (en) fut condamné en première instance mais finalement acquitté pour manque de preuves par la Cour suprême. Plusieurs hypothèses sont avancées, dont celle d'une agression sexuelle contre sa femme Sima par deux jeunes Arabes, d'un partisan des révisionnistes, en mésentente avec les sociaux-démocrates[6], d'un assassinat par ou sur ordre de Joseph Goebbels[7] ou celle de la filière soviétique, hypothèse soutenue par Shmouel Dothan[8]. En 1977, Menahem Begin devient Premier ministre. Héritier du Parti révisionniste, il diligente une commission d'enquête qui écarte formellement la culpabilité de Abraham Stavsky (en), sans identifier le ou les réels coupable(s).

Le kibboutz Givat-Haïm, le moshav Kfar-Haïm et la banlieue de Haïfa Qiryat-Haïm rappellent son souvenir.

« Accords de transfert » passés avec le régime nazi

Haïm Arlozoroff avait conclu avec l'Allemagne nazie un accord qui prévoyait l'envoi systématique des Juifs en Palestine[9] : l'accord Haavara. Un Office palestinien s'ouvrit à Berlin pour s'occuper, avec la participation directe de Levi Eshkol, futur Premier ministre d'Israël, du « triage » des réfugiés. Avec l'approbation des autorités nazies, on installa près de Berlin et d'autres villes importantes d'Allemagne, des « camps de rééducation spéciaux » où les jeunes Juifs étaient préparés au travail dans les kibboutz. Cette activité était suivie de près par les nazis, et en particulier par le chef du service juif 11.112 du quartier général des services de renseignement von Mindelstein, qui « favorisait de toutes les manières l'activité des organisations sionistes »[10].

Bibliographie

  • Shlomo Avineri, Arlosoroff, New York, Globe Weidenfeld, 1990 (ISBN 0-8021-1132-7))
  • Passages sur Arlosoroff dans la biographie d'Anja Klabunde sur Magda Goebbels, 1999, traduit de l'allemand chez Tallandier, 2006 (ISBN 978-284734-312-0)

Notes et références

  1. Salomon Malka, « Qui a tué Arlozoroff ? », Marianne, no 1114, , p. 82 à 85. (lire en ligne)
  2. Magda Goebbels, autopsie d'un fanatisme - Le Point - 21/11/2017
  3. Walter Laqueur : Le sionisme, t. II, p. 691 & suiv., éd. Gallimard, Tel, 1994, (ISBN 2070739929)
  4. « Le Mandela palestinien », Uri Avnery,
  5. Voir : Assassination of Haim Arlosoroff (en)
  6. Anna Maria Sigmund, Les femmes du IIIe Reich, 2004, p. 113.
  7. « "Infrarouge" se penche sur le destin de Magda Goebbels, mère infanticide du IIIème Reich », sur marianne.net (consulté le )
  8. Nachman Ben-Yehuda, Political Assassinations by Jews, SUNY Press, 1993, pages 140-143
  9. Information Bulletin Communist Party Israël (IB CPI), 3/4-69, Tel-Aviv, p. 196.
  10. Heinz Höhne dans Der Spiegel, 19 décembre 1966.

Annexes

Articles connexes

  • Yoav Gelber, membre de la commission d'enquête sur la mort d'Arlozoroff

Liens externes

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