Haaretz
Haaretz (en hébreu : הארץ, litt. « Le Pays »), parfois écrit Ha'aretz, est un quotidien national en Israël. Il appartient à la famille Schocken depuis trois générations et son dirigeant en 2011 est Amos Schocken. Sa ligne éditoriale se situe de la gauche à l'extrême gauche[2]. Haaretz constitue ainsi le plus grand quotidien d'obédience socialiste d'Israël.
Haaretz | |
הארץ | |
Pays | Israël |
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Langue | hébreu, anglais |
Périodicité | quotidienne |
Format | berlinois |
Genre | généraliste, journal d'opinion |
Diffusion | 72 000 ex. |
Date de fondation | 1919 |
Éditeur | Amos Schocken |
Ville d’édition | au début Jérusalem, puis Tel Aviv |
Propriétaire | Famille Schocken (60 %) M. DuMont Schauberg (20 %[1]) Léonide Nevzline (20 %) |
Rédacteur en chef | Aluf Benn |
Site web | www.haaretz.co.il En anglais : haaretz.com |
Les années 1920, sont marquées par l'orientation libérale de l'éditeur Moshe Gluecksohn, puis prônant la liberté d'opinions avec l'éditeur Gershom Schocken, dans les années 1940. Dans les années 2000, le journal adopte l'orientation post-sioniste de l'éditeur Amos Schocken[2].
En 2012, face à la baisse régulière de son lectorat, le journal est au bord de la faillite et doit lancer des coupes drastiques dans son budget[3]. Depuis 2012, il subit une politique d'austérité budgétaire. En 2018, Haaretz gagne en popularité, et le lectorat de Haaretz passe de 3,9 % à 4,9 % du public israélien[4].
Haaretz publie une version anglophone adaptée[5], principalement destinée à une audience internationale[6].
Histoire
Haaretz a été créé en 1919 à Jérusalem, dans la Palestine mandataire par Itzhak Leib Goldberg et a été pendant 15 ans une coopérative de ses employés, en fait sous la direction assez autoritaire de Moshe Glickson et le soutien financier de quelques philanthropes, parmi lesquels le lexicographe Yehuda Gour. Ensuite, à cause de difficultés économiques il a été vendu dans les années 1930 à David Cohen et son frère, et en 1935 a été acquis par Shlomo Zalman Schocken.
Entre les années 1932-1973 le journal siégea dans un bâtiment au style international (Bauhaus), rue Mazeh 53, qui fut très endommagé le par le bombardement de l'aviation égyptienne sur Tel Aviv. 5 ouvriers de la typographie ont été tués, et le dépôt de papier a été totalement brûlé. Toutefois le journal ne cessa pas sa parution et par la suite la maison a été restaurée. Le journal a déménagé en 1973 dans son nouveau siège rue Aliyah, maintenant rue Schocken.
La ligne éditoriale du journal se précise sous la férule de Gershom Schocken, éditeur en chef de 1939 à 1990. Haaretz soutient notamment les principes d'État de droit, d'État-providence et de dialogue israélo-palestinien. Il fut remplacé en 1990 par Hanoch Marmari et Yoël Esteron, qui démissionnent en 2004 pour protester de l'avancement décidé par les actionnaires du rédacteur en chef de la section économique, Guy Rolnik. Ils furent remplacés en 2004 par David Landau et Tami Litani.
En 2008 la famille Schocken approuve la réforme proposée par Guy Rolnik, et le journal se tourne résolument vers le numérique. Le conseil de surveillance nomme Dov Alfon au poste de rédacteur en chef. Il renoue avec un journalisme d'investigation qui remplace le ton plutôt éditorial des articles. Le quotidien révèle entre autres les soupçons de corruption pesant sur le premier ministre d'alors, Ehud Olmert. La série d'articles publiée par le Haaretz mène finalement Olmert en prison, une première en Israël.
En 2019, pour son centenaire, Haaretz signe un accord avec la National Library of Israel pour numériser ses publications depuis sa création en 1919[7].
Ligne éditoriale
Haaretz est le flambeau de la gauche israélienne. Ce positionnement politique très clair, ainsi que sa charte graphique très classique, font qu'il est souvent comparé à tort ou à raison à des journaux comme le quotidien français Le Monde, ou le International Herald Tribune[réf. nécessaire].
Haaretz s'est également porté à la pointe des combats en faveur du retrait des Territoires occupés, ainsi que de la défense des droits des Palestiniens. Il a été l'un des plus fervents supporters des accords d'Oslo.
Fortement anticlérical, il n'hésite pas à poser les problèmes religieux en termes de problèmes sociétaux, contribuant au clivage religieux / non-religieux en Israël.
Parmi les journalistes de ce quotidien :
- Yoël Marcus ;
- Zeev Schiff, réputé pour ses analyses sur les questions militaires et liées à la sécurité ;
- Gideon Levy ;
- Danny Rubinstein (en) ;
- Amir Oren ;
- Anshel Pfeffer ;
- Amira Hass, journaliste et auteure, l'un des rares reporters israéliens ayant établi domicile dans les Territoires sous autorité palestinienne, en l'occurrence à Ramallah.
Selon certains de ses opposants, la ligne éditoriale de Haaretz est parfois qualifiée « d'extrême-gauche »[8],[9] et d'idéologiquement orientée[10],[11].
Critiques
En 2001, le CAMERA avait jugé que la correspondante de Haaretz Amira Hass rapportait régulièrement des faits inexacts afin d'alimenter une position anti-israélienne[12]. Andrea Levin, directrice exécutive du CAMERA, a déclaré dans l'édition 2008 de leur rapport annuel qu’Haaretz « tient des positions d’extrême-gauche » et a accusé le journal de régulièrement « détourner les faits » et de ne jamais corriger leurs erreurs[10].[non pertinent]
Une étude de quelques centaines de pages de Haaretz conclut en 2003 que le quotidien est plus favorable aux Israéliens qu'aux Palestiniens[13].
D’après The Jerusalem Post, le rédacteur en chef de Haaretz David Landau a déclaré à la conférence Limmud de 2007 à Moscou qu'il avait demandé aux journalistes de ne « pas parler des enquêtes pénales contre le Premier ministre, Ariel Sharon pour corruption, dans le but de promouvoir le Plan de désengagement des territoires occupés »[14]. Pour Isi Leibler (en), journaliste au Jerusalem Post et militant des droits de l'Homme, « Pourrait-on, par exemple, imaginer que le New York Times cache des informations sur un président américain impliqué dans un scandale de corruption dans un désir de promouvoir les objectifs de l'administration sur la politique étrangère ? Aucun journal d'intégrité dans le monde ne saurait tolérer qu'un rédacteur en chef fasse une telle déclaration scandaleuse. [...] Exploiter un journal comme véhicule de propagande pour une clique d'idéologues gauchistes prêts à tout, y compris supprimer ou étouffer des informations sur les actions potentiellement criminelles d'un premier ministre en exercice afin de poursuivre un agenda privé ne doit pas être toléré dans un pays qui prétend respecter normes éthiques et démocratiques de conduite. » [15]
Le groupe
Le tirage d'Haaretz avoisine les 75 000 exemplaires en semaine, et 95 000 le vendredi. Une version anglaise est vendue en supplément du International Herald Tribune.
Comme tous les grands quotidiens, il offre chaque jour une série de suppléments sur la littérature, l'économie, l'art de vivre ou le sport. Il dispose également, comme tous les grands quotidiens israéliens, d'un supplément du vendredi, appelé Mossaf Haaretz. Un supplément économique dénommé The Marker existe également.
Une édition en ligne existe, aussi bien en anglais qu'en hébreu. Cependant, la version anglaise ne reprend pas l'intégralité des articles parus en hébreu.
Le groupe comprend aussi une imprimerie.
L'ensemble du groupe comprend quinze titres locaux. Selon le quotidien, le groupe est estimé à 100 millions de dollars américains « en tenant compte de plusieurs millions de dettes ».
En , le journal a annoncé une prise de participation par le groupe allemand M. DuMont Schauberg à hauteur de 25 %[16]. Cette arrivée devrait lui fournir les moyens financiers pour prendre une participation de 44,5 %, soit trente-trois millions de dollars, dans Bezeq, le site Internet le plus populaire en Israël[réf. nécessaire]. Cette décision cause la controverse en Israël en raison des anciens liens de l'éditeur allemand avec le régime nazi[17].
Notes et références
- (en) « Sources Slam 'Nazi Haaretz' Over PM's 'Media Obsession' | Hamodia.com », sur Hamodia, (consulté le ).
- O. Elyada, "Haaretz 1918–1937: From an Establishment-Sponsored Newspaper to a Commercial Newspaper," in: Kesher, 29 (2001) (Heb.); A. Katzman, "In the Liberal Tradition: Haaretz," in: Kesher, 25 (1999) (Heb.); G. Kressel, Toledot ha-Ittonut ha-Ivrit be-EreẓYisrael (1964), 118–52.
- « Grève au quotidien israélien Haaretz, en difficulté, pas de parution jeudi », Romandie.com, (lire en ligne)
- (en) « Survey: Israel Hayom still most popular newspaper - Inside Israel », sur Israel National News (consulté le )
- (en) « Haaretz, Lost in Translation », sur Tablet Magazine, (consulté le )
- (en) « Ha'aretz Editor: Tsunami Bigger News than Fogels - Inside Israel », sur Israel National News (consulté le )
- (en-US) « 100 years of Haaretz to be made available online », sur Jewish Telegraphic Agency (consulté le )
- (en) Chris Leppek, « Herb Keinon: Hometown boy makes good as diplomatic correspondent », Intermountain Jewish News, (lire en ligne)
- (en) Evelyn Gordon, « Civil Fights: Listen to the Left », The Jerusalem Post, (lire en ligne)
- (en) Oakland Ross, « News and views that inspire love or kindle hatred », Toronto Star, (lire en ligne)
- (en) Gil Hoffman, « Haaretz fiddled with Obama poll », The Jerusalem Post, (lire en ligne)
- (en) Andrea Levin, « Ha’aretz Fuels Anti-Israel Bias », Committee for Accuracy in Middle East Reporting, (lire en ligne)
- (en) Matt Viser, « Attempted objectivity: An analysis of the New York Times and Ha'aretz and their portrayals of the Palestinian-Israeli conflict. », The International Journal of Press/Politics, vol. 8, no 4, , p. 114–120 (DOI 10.1177/1081180X03256999, résumé), The International Journal of Press/Politics (en), DOI:10.1177/1081180X03256999;
- (en) Haviv Rettig Gur, « Limmud diary: Creme de la Kremlin? », The Jerusalem Post, (lire en ligne)
- (en) Isi Leibler, « Shame on 'Haaretz' », The Jerusalem Post, (lire en ligne)
- « German Publisher Buys Stake in Israel's Haaretz Group », , Deutsche Welle.
- (en) « Haaretz's 'Nazi problem' », sur Ynetnews, (consulté le )
Liens externes
- (en) Haaretz online
- (he) 'Haaretz online
- archive en ligne 1918-1982, Bibliothèque nationale d'Israël
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