Hans Karl von Winterfeldt

Hans Karl von Winterfeldt, né le à Vanselow en Poméranie suédoise et mort le à Görlitz, est un général prussien qui participa à la guerre de Succession de Pologne, à la guerre de Succession d'Autriche, aux guerres de Silésie et à la guerre de Sept Ans. Proche conseiller et confident du roi Frédéric II de Prusse, il s'attira un certain nombre d'ennemis à la Cour, mais disposait au sein de l'état-major d'une grande autonomie qui lui permit de développer un des premiers programmes de collecte des renseignements militaires. Il négocia la convention de Westminster avec la Grande-Bretagne et reçut en récompense de ses services l'ordre de l'Aigle noir et l'ordre Pour le Mérite. Il mourut des suites de ses blessures reçues à la bataille de Moys pendant la guerre de Sept Ans. Son nom est inscrit sur la statue équestre de Frédéric le Grand à Berlin.

Hans Karl von Winterfeldt

Le général Hans Karl von Winterfeldt. Gravure d'Adolph von Menzel, 1851.

Naissance
Vanselow, Poméranie suédoise
Décès  50 ans)
Görlitz
Mort au combat
Allégeance Royaume de Prusse
Grade Lieutenant-général
Conflits Guerre de Succession de Pologne
Guerre de Succession d'Autriche
Guerres de Silésie
Guerre de Sept Ans
Distinctions Pour le Mérite
Ordre de l'Aigle noir
Nom inscrit sur la statue équestre de Frédéric le Grand

Biographie

Jeunesse et début de carrière militaire

Hans Karl von Winterfeldt naquit le au manoir de Vanselow en Poméranie suédoise (aujourd'hui Siedenbrünzow dans le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale). Hans Karl est le fils de Georg Friedrich von Winterfeld (de) (1670-1720), seigneur de Woddow, Fahrenwalde, Vanselow et Schmarsow, et de son épouse Christine Elisabeth, née von Maltzahn (1682-1747). Son frère est le colonel d'artillerie Rudolph Heinrich von Winterfeldt (de). Son éducation fut imparfaite et il regretta toute sa vie de ne pas savoir s'exprimer correctement en français. Winterfeldt intégra le régiment de cuirassiers de son oncle, le major-général von Winterfeld (de), où il fut promu cornette deux ans après son arrivée et au sein duquel il servit jusqu'en 1720. Sa stature et sa prestance lui valurent d'être remarqué par le roi Frédéric-Guillaume Ier qui le transféra avec le grade de lieutenant dans un régiment de grenadiers exclusivement composé d'hommes de très grande taille. Il devint rapidement aide de camp du roi et fut envoyé en 1732 avec un groupe de sous-officiers pour assister à l'organisation de l'armée russe[1].

Hôte du comte Burckhardt Christoph von Münnich à Saint-Pétersbourg, Winterfeldt tomba amoureux et se maria avec sa cousine Julie von Maltzahn, qui était aussi la belle-fille du comte et une dame d'honneur de la grande-duchesse Élisabeth de Russie. De retour en Prusse, il devint l'un des proches du prince héritier, le futur Frédéric II, qu'il accompagna plus tard lors de la campagne de 1734 sur le Rhin. Cette intimité, compte tenu des relations personnelles qu'il entretenait avec le roi, rendit la position de Winterfeldt très délicate car les rapports entre Frédéric-Guillaume et son fils étaient devenus exécrables à la suite de l'affaire Katte, qui avait vu le prince traîné en cour martiale par son père et condamné à mort pour tentative d'évasion. Winterfeldt demeura l'ami de Frédéric tout au long de cette période difficile, et lorsque ce dernier succéda à son père sur le trône de Prusse, il fut promu major et affecté comme aide de camp auprès du nouveau souverain[1].

Guerre de Succession d'Autriche

Lorsqu'éclata la guerre de Succession d'Autriche, Winterfeldt fut renvoyé à Saint-Pétersbourg pour le compte du roi de Prusse mais sa mission se solda par un échec. Il prit alors le commandement d'un bataillon de grenadiers avec lequel il se distingua à la bataille de Mollwitz, en , avant de s'illustrer une nouvelle fois au petit combat de Rothschloss où les hussards prussiens infligèrent une défaite aux Autrichiens le de la même année. Un mois plus tard, Winterfeldt fut élevé au grade de colonel, en même temps que Hans Joachim von Zieten, qui commandait la cavalerie à Rothschloss. Ce dernier, plus âgé et plus ancien dans le service, fut offusqué par la promotion de son collègue. À compter de cette date, Frédéric employa principalement Winterfeldt comme officier d'état-major et le chargeait d'exposer ses plans à ses généraux, fonction qui exigeait un tact ainsi qu'une connaissance des hommes et des affaires considérables et dans laquelle il s'attira de nombreux ennemis[1].

L'infanterie prussienne à la bataille de Hohenfriedberg, le , où Winterfeldt se signala. Composition de Carl Röchling.

Winterfeldt fut également le principal confident du roi au sujet de la réforme de l'armée, de la refonte du corps d'état-major et du développement du renseignement militaire[2]. Au cours de la brève période de paix qui suivit la guerre avec l'Autriche, il se trouvait constamment auprès du souverain qui lui confia les mêmes responsabilités qu'auparavant à la reprise des hostilités. Après avoir joué un rôle majeur dans une série de petits combats victorieux, il fut nommé major-général en 1745, grade dont il jouissait des prérogatives depuis . Pour sa contribution à la victoire de Hohenfriedberg, il se vit attribuer par Frédéric la capitainerie de Tatiau, assortie d'un revenu de 500 thalers par an. Il devint par la suite gouverneur de Kolberg en Poméranie[1].

À la bataille d'Hennersdorf, en , Zieten repoussa une attaque soudaine des forces austro-saxonnes avec l'appui des troupes de Winterfeldt arrivées juste à temps pour prendre part au succès. Furieux de devoir partager sa gloire avec Winterfeldt, Zieten écrivit au roi pour dénigrer l'action de son rival. Frédéric II lui répondit en lui disant qu'il reconnaissait pleinement la valeur de son talent et de ses services mais qu'il continuerait d'employer Winterfeldt comme bon lui semblerait. Durant les dix années de paix qui suivirent, Winterfeldt vécut dans l'entourage du souverain, excepté les fois où il était chargé de missions confidentielles en province ou à l'étranger ; c'est ainsi qu'en 1756 il fut envoyé à Londres pour négocier le traité de Westminster avec la Grande-Bretagne. La même année, il fut promu lieutenant-général et fut décoré de l'ordre de l'Aigle noir ainsi que de l'ordre Pour le Mérite[1].

Guerre de Sept Ans et mort

Winterfeldt sur son lit de mort.

Le traité de Dresde de 1745, qui avait mis fin à la guerre entre la Prusse et l'Autriche, avait donné à Frédéric II le contrôle de la Silésie. Frédéric savait que l'impératrice Marie-Thérèse ferait tout pour reprendre ce territoire à la première occasion et Winterfeldt participa activement à la collecte d'informations sur la coalition qui se préparait secrètement à attaquer la Prusse[2]. En prévision du conflit à venir, il joua également un rôle de premier plan dans les discussions qui convainquirent Frédéric de frapper en premier[3].

Au début de la campagne, Winterfeldt assista au siège de Pirna aux côtés du roi. Lorsque la garnison saxonne se rendit, Frédéric envisagea d'incorporer toute l'armée de l'électorat de Saxe à ses propres forces, ce que Winterfeldt lui déconseilla de faire ; Frédéric maintint toutefois sa décision. Winterfeldt accompagna ensuite le maréchal Curt Christophe de Schwerin lors de l'avance sur Prague en 1757 et prit une part importante à la bataille qui s'y déroula. Au cours de cette dernière, les Saxons désertèrent des rangs prussiens par régiment entier[1].

Après la défaite prussienne de Kolin, Winterfeldt, que Frédéric estimait pour son caractère et sa capacité à mener des opérations délicates et difficiles, fut contraint de coopérer avec le frère du roi, le prince Auguste-Guillaume, ainsi qu'avec Zieten et d'autres commandants avec lesquels il ne s'entendait pas. La suite des opérations se déroula avec fracas : après s'être violemment disputé avec son frère, le prince Auguste-Guillaume quitta l'armée, et lorsque Frédéric renouvela publiquement sa confiance à Winterfeldt, l'animosité au sein du haut commandement atteignit son paroxysme. Winterfeldt fut toutefois blessé au cours de la bataille de Moys, près de Görlitz, le . Sa blessure s'avéra fatale et il mourut le lendemain[1].

Héritage

Ses inimitiés avec la cour suscitées par vingt années de collaboration amicale avec le roi, par son influence auprès de ce dernier, et par le mépris systématique qu'il affichait pour les officiers moins talentueux ou moins chanceux que lui, le suivirent dans la tombe. Le prince Auguste-Guillaume exprima sa haine du personnage jusqu'à sa mort et les mémoires du prince Henri font état de l'arrogance, de la malhonnêteté, de l'immoralité et de l'incapacité de Winterfeldt. Il convient toutefois de remarquer que Frédéric n'était pas enclin à favoriser l'incompétence chez les officiers sur lesquels il s'appuyait et Winterfeldt se hissa au premier rang des rares personnes à qui le roi faisait une confiance totale. Lorsqu'il apprit la mort de Winterfeldt, Frédéric déclara : « je ne retrouverai jamais un autre Winterfeldt » et, un peu plus tard, « c'était un homme bon et sensible ; il était mon ami ». Son point fort était sa capacité à raisonner et à agir sur le plan stratégique[1].

Initialement enterré dans sa propriété de Barschau, sa dépouille fut transférée un siècle plus tard au cimetière des Invalides de Berlin. Une statue fut érigée en sa mémoire sur la Wilhelmplatz de cette ville et une autre au musée de Bode. Une troisième statue figure sur le mémorial de Frédéric le Grand sur l'avenue Unter den Linden[1]. En 1851, son nom fut inscrit sur la statue équestre de Frédéric le Grand[4].

Bibliographie

Notes et références

  1. (en) Hugh Chisholm (éditeur), « Winterfeldt, Hans Karl von », Encyclopædia Britannica, Cambridge University Press, vol. 28 (11e édition), (lire en ligne).
  2. (en) Giles MacDonogh, Frederick the Great, a Life in Deed and Letters, St. Martin's Press, (ISBN 978-0-312-27266-1), p. 224.
  3. (de) Marcus von Salisch, Treue Deserteure : das kursächsische Militär und der Siebenjährige Krieg, Munich, Walter de Gruyter GmbH & Co KG, , 336 p. (ISBN 978-3-486-58805-7), p. 55.
  4. (de) Denkmal König Friedrichs des Grossen : enthüllt am 31. Mai 1851 Monument au roi Frédéric le Grand : inauguré le 31 mai 1851 »], Verlag der Deckerschen Geheimen Ober-Hofbuchdruckerei, , p. 8.

Liens externes

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