Henri Barbusse
Henri Barbusse est un écrivain, homme politique, scénariste et journaliste français, né le à Asnières et mort le à Moscou[1].
Pour les articles homonymes, voir Barbusse.
Naissance | |
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Décès |
(à 62 ans) Moscou |
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Nom de naissance |
Adrien Gustave Henri Barbusse |
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Hélyonne Mendès (d) |
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Académie des sciences de l'URSS (en) Académie des sciences de Russie |
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Biographie
De son côté paternel, Adrien Gustave Henri Barbusse est issu d'une famille protestante d'origine cévenole[2] dans un hameau d'Anduze, près d'Alès[3]. Son père, licencié de théologie de l'université de Genève, est journaliste, chroniqueur théâtral au Siècle. Sa mère, d'origine anglaise, meurt alors que le jeune Henri n'a pas 3 ans.
Le milieu littéraire le reconnaît très tôt comme l'un des siens, à la suite de sa participation remarquée, en 1892, au concours de poésie de L'Écho de Paris de Catulle Mendès. Son premier recueil de poèmes, Pleureuses, est publié en [4]. Il s'exerce alors professionnellement dans la presse, se tourne vers la prose et publie un premier roman, empreint de décadence et de naturalisme à la fois : L'Enfer, en . Cette même année il intègre les Poètes d'aujourd'hui, d'Adolphe van Bever et Paul Léautaud.
En 1914, âgé de 41 ans, malgré des problèmes pulmonaires et ses positions pacifistes d'avant-guerre, il s'engage volontairement dans l'infanterie et réussit à rejoindre les troupes combattantes en au 231e régiment d'infanterie avec lequel il participe aux combats en première ligne jusqu'en 1916[5]. Il est souvent malade mais retourne au front à chaque fois pour quelques mois. Le , il est décoré de la croix de guerre avec citation[6]. Il est finalement réformé le [6].
La postérité se souviendra surtout du roman qu'il écrivit sur cette expérience Le Feu, prix Goncourt , récit sur la Première Guerre mondiale dont le réalisme souleva les protestations du public de l'arrière autant que l'enthousiasme de ses camarades de combat[7]. Il paraît sous forme de feuilleton dans le quotidien L'Œuvre à partir du , puis intégralement à la fin de aux éditions Flammarion. En , Barbusse est cofondateur et premier président de l'Association républicaine des anciens combattants (ARAC)[5].
En , il est appelé par Jean Longuet pour assurer la direction littéraire du journal Le Populaire. Le premier article qu'il signe dans ce quotidien, qui est alors l'expression de la « minorité » pacifiste du Parti socialiste, est titré « Les lettres et le progrès »[8]. Fondateur du mouvement pacifiste « Clarté » et de la revue homonyme (1919-1924), il adhère au Parti communiste, en 1923, et se lie d'amitié avec Lénine et Gorki[5], au cours de voyages qu'il effectue en URSS. En , appelé par Marcel Cachin et Paul Vaillant-Couturier, qui ambitionnent de faire de L'Humanité un grand quotidien d'informations, il inaugure ses fonctions de directeur littéraire du journal communiste en dressant en « une » du journal[9] la conception qu'il se fait de la littérature : rapprocher les intellectuels du peuple, susciter un art jeune tendu vers la libération des masses, effectuer une « critique rouge » de la littérature bourgeoise[10]. Ce programme, il veut le mettre en pratique dans le projet qu'il porte d'une nouvelle revue. Il le réalise en 1928 en fondant la revue Monde (publiée jusqu'en 1935) avec des collaborations mondiales prestigieuses. La direction de cette revue est loin d'être un poste de tout repos : Barbusse doit se débattre entre les difficultés financières, les tournants politiques de l'Internationale communiste et du Parti communiste, et les fractures que ceux-ci occasionnent parmi les intellectuels français : débats sur la littérature prolétarienne, soumission ou non aux injonctions politiques, « affaire » Victor Serge[11], etc. Par l’entremise du poète hondurien Froylán Turcios, il entretient des relations avec Augusto Sandino qui dirigeait alors une guérilla contre l’occupation américaine du Nicaragua[12]. Il écrit également dans Le Progrès civique autour de cette période[13].
Admirateur de la révolution d'Octobre (Le Couteau entre les dents, 1921 ; Voici ce qu'on a fait de la Géorgie, 1929), il cherche à définir une « littérature prolétarienne ». Il fut l'un des instigateurs du mouvement pacifiste Amsterdam-Pleyel, dont il devient le président avec Romain Rolland et auquel adhère notamment Albert Camus, dès la prise du pouvoir d'Hitler en Allemagne. Il fait plusieurs voyages en URSS et écrit une biographie naïvement élogieuse de Staline (1935)[14],[15].
C'est à l'occasion d'un de ces voyages qu'il meurt d'une pneumonie[16],[17] à Moscou, le . L'hypothèse selon laquelle il aurait été empoisonné sur ordre de Staline[18] est controversée, tant la santé de Barbusse, chancelante dès avant la première guerre mondiale, avait été mise à l'épreuve par son intense activité nationale et internationale[19]. Devenu une des figures emblématiques du Front populaire en France, acclamé par la foule qui avait envahi les rues de Paris lors du [20], ses funérailles à Paris, le , donnent l'occasion à la population parisienne de lui rendre un dernier hommage particulièrement important[5]. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise, non loin du mur des Fédérés, lieu symbolique de la mémoire populaire et ouvrière. C’est André Malraux qui, à la place de Jean-Richard Bloch, prononce son éloge au nom de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires[21].
Il a été marié à Hélyonne Mendès (1879-1955), fille de la compositrice Augusta Holmès et du poète Catulle Mendès.
Soutien de l'espéranto
Barbusse n’était pas espérantiste, simplement sympathisant. En 1922 paraît la brochure de SAT For la Neŭtralismon ! (À bas le neutralisme), écrite par Eugène Lanti — le fondateur de SAT — pour justifier l’existence du mouvement espérantiste des travailleurs, séparé du mouvement neutre. Sur la page de titre de cette brochure se trouve la citation suivante de Barbusse : « les espérantistes bourgeois et mondains seront de plus en plus étonnés et terrorisés par tout ce qui peut sortir de ce talisman : un instrument permettant à tous les êtres humains de se comprendre. »[22]
Barbusse fut également président d'honneur du premier congrès de SAT qui se tint à Prague en 1921[23].
Œuvres
- Pleureuses (1895, réédité en 1920)
- Les Suppliants (1903)
- L'Enfer (1908)
- Nous autres (1914)
- Le Feu (Journal d'une escouade) (, prix Goncourt)
- Carnets de guerre
- Paroles d'un combattant. Articles et discours 1917-1920 (1917)
- Clarté (1919)
- L'Illusion (1919)
- La Lueur dans l'abïme (1920)
- Quelques coins du cœur (1921)
- Le Couteau entre les dents (1921)
- Les Enchaînements (1925)
- Les Bourreaux (1926)
- Force (Trois films) (1926)
- Jésus (1927)
- Les Judas de Jésus (1927)
- Manifeste aux Intellectuels (1927)
- Faits divers (1928)
- Voici ce que l'on a fait de la Géorgie (1929)
- Élévation (1930)
- Ce qui fut sera (1930)
- Russie (1930)
- Zola (1932)
- Staline. Un monde nouveau vu à travers un homme (1935)
- Lénine et sa famille (1936)
- Lettres de Henri Barbusse à sa femme 1914-1917 (1937)
Hommage
Dès sa mort, de nombreuses municipalités baptisent de son nom des rues et des écoles, qui sont encore, au XXIe siècle, des vecteurs de sa mémoire[24].
Un musée lui est consacré à Aumont-en-Halatte. Une avenue porte son nom dans sa commune de naissance, Asnières (devenue Asnières-sur-Seine).
Des élus et parlementaires proposent régulièrement[réf. nécessaire], surtout depuis les années 1950, de faire transférer les restes de Henri Barbusse au Panthéon, vu qu'il fut l'un des grands témoins de la Première Guerre mondiale. Le 11 novembre 2020, Maurice Genevoix, écrivain contemporain de Barbusse, comme lui ancien soldat et témoin littéraire de 1914-1918, entra au Panthéon. Des voix s'interrogent toujours sur la différence de traitement entre les deux écrivains[25].
Notes et références
- « Notice de personne : Henri Barbusse », sur catalogue.bnf.fr, (consulté le ).
- Attestée au XVIIe siècle.
- Voir, sur ses origines, le numéro spécial de la revue Europe, septembre 1974 ; le lieu-dit « Barbusse » existe encore à 5 km au sud d'Anduze, comme le montre OpenStreetMap.
- Réédité en 1920.
- Biographie d'Henri Barbusse dans l'édition du Feu au Livre de poche, 1988, p. 9-11 (ISBN 978-2-253-04741-4).
- Henri Barbusse, Le Feu: Journal d'une escouade:, Paris, Gallimard (folioplus classiques), , 496 p. (ISBN 978-2070342792), p. 483-484
- Le feu de Barbusse nous éclaire toujours, Raymond Huard, L'Humanité, 26 juin 2018
- Philippe Baudorre, Henri Barbusse, p. 165. Voir bibliographie.
- L'Humanité 28 avril 1926.
- Philippe Baudorre, op. cit., p. 256.
- Philippe Baudorre titre en termes mouvants les derniers chapitres de la biographie de Barbusse : « Une longue période de turbulences (1929-1932) », « Une année charnière (1932) », « Ombres et lumières (1933-1935) ».
- Leslie Manigat, L’Amérique latine au XXe siècle, 1889-1929, , p. 397
- (en) Henri Barbusse, The Inferno, Read Books Ltd, (ISBN 978-1-4733-7657-1, lire en ligne)
- Voir les extraits cités par Fred Kupferman dans Au pays des Soviets.
- Lilly Marcou, Staline vu par l'Occident. Esquisse bibliographique, Revue française de science politique, Année 1972, 22-4, pp. 887-908.
- Marine Pohu et Mis à jour le 03/04/20 17:20, « Henri Barbusse : biographie de l'écrivain, auteur du livre "Le feu" », sur www.linternaute.fr (consulté le )
- « Il y a quarante ans mourait Henri Barbusse... », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Arkadi Vaksberg, Hôtel Lux, Paris, Fayard, 1993.
- Philippe Baudorre, op. cit. et Jean Relinger, notice « Henri Barbusse », Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.
- Philippe Baudorre, p. 387 : « La foule massée sur les trottoirs acclame les dirigeants qu'elle reconnaît, « Vive Thorez ! vive Barbusse ! Libérez Thaelmann ! » ».
- Philippe Baudorre, Barbusse, Paris, , 427 p., 24 cm (lire en ligne), p. 7.
- Article : « Socialisme et espéranto » sur le site de SAT-Amikaro.
- « Introduction », sur sat-amikaro.org.
- Il en est ainsi à Paris, dans le Ve arrondissement.
- « Maurice Genevoix plutôt qu'Henri Barbusse », par l'historien Jean-Yves Le Naour, Franceinfo culture, 11 novembre 2020.
Bibliographie
- Jean Relinger, Henri Barbusse écrivain combattant, Presses universitaires de France, 1994, 289 p.
- Philippe Baudorre : Barbusse, Le Pourfendeur de la Grande Guerre, Paris, Flammarion, « Grandes Biographies », 1995.
- Jean Sanitas, Paul Markides, Pascal Rabate, Barbusse La passion d'une vie, Valmont, 1996
- (de) Müller, Horst F.: Henri Barbusse: 1873-1935; Bio-Bibliographie. Die Werke von und über Barbusse mit besonderer Berücksichtigung der Rezeption in Deutschland. - Weimar, VDG, 2003, (ISBN 978-3-89739-323-3)
- Catherine Bernié-Boissard, Michel Boissard et Serge Velay, Petit dictionnaire des écrivains du Gard, Nîmes, Alcide, , 255 p. (présentation en ligne), p. 24-25
- Patrick Cabanel, « Adrien Gustave Henri Barbusse », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 154-155 (ISBN 978-2846211901)
- Fred Kupferman, Au pays des Soviets – Le voyage français en Union soviétique, 1913-1939, Tallandier, 2007 (ISBN 978-2-84734-389-2)
- Michel Boissard, Henri Barbusse, l'Encre et le Sang, L'Harmattan, 2018.
- (en) Romain Ducoulombier, « Henri Barbusse, Stalin and the making of the Comintern's international policy in the 1930s », French History, Oxford University Press, vol. 30, no 4, , p. 526–545 (DOI 10.1093/fh/crw052).
- Michelle et Lydie Marais " Emile Médard en 14/18 frère d'armes et ami de Henri Barbusse au 231ème d'Infanterie " publié aux Sentiers du Livre en novembre 2018 disponible sur Amazon. Lu et approuvé par Nicolas Beaupré Historien spécialisé de WW1; ainsi que par l'association des amis de Henri Barbusse qui trouva dans ce livre la seule preuve que cet écrivain a bien fait la guerre alors qu'il était contesté par Norton Cru.
Voir aussi
Articles connexes
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