Henry Morgan

Henry Morgan (Harri Morgan en gallois), né le au Pays de Galles et mort le en Jamaïque, était un flibustier ayant aussi pratiqué la piraterie, ou un des plus fameux pirates boucaniers ayant souvent accepté des missions de corsaire. Homme violent et sans scrupules, il mena une existence de bandit, volant et tuant sans compter, mais ses expéditions de brigandage audacieuses se déroulèrent souvent sur la terre ferme, comme le sac de Panama. Il devînt l'un des capitaines les plus craints des Caraïbes. Il considérait les bateaux comme un moyen de transport plutôt que comme une arme et connut de nombreux naufrages dus à ses carences en tant que navigateur. Malgré ses cruautés, il obtînt ce qu'il recherchait : il fut anobli et nommé gouverneur de la Jamaïque à la fin de sa vie.

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Henry Morgan
Portrait édulcoré d'Henry Morgan
Fonctions
Lieutenant Gouverneur de Jamaïque
-
Lieutenant Gouverneur de Jamaïque
Lieutenant Gouverneur de Jamaïque
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Biographie
Naissance
Décès
(à 53 ans)
Jamaïque
Allégeance
Activité
Période d'activité
Autres informations
Grade militaire
Distinction

Biographie

Henry Morgan est le fils aîné de Robert Morgan, un châtelain de Llanrumney (en) (Alexandre-Olivier Exquemelin indique : fils d'un laboureur aisé) dans le Glamorganshire (Pays de Galles).

Une légende raconte qu'il aurait été enlevé enfant à Bristol et vendu comme esclave à la Barbade, puis qu'il aurait réussi à rejoindre la Jamaïque. Alexandre-Olivier Exquemelin indique que Morgan ne pouvant se réduire aux occupations que son père lui prescrivait se sauva de la maison et passa à la Barbade dans les îles Caraïbes. Les historiens anglais pensent plutôt qu'il aurait été le « capitaine Morgan » qui a accompagné l'expédition de John Morris et Jackman qui captura les colonies espagnoles de Vildemos, Trujillo et Granada. En 1666, Morgan commandait un navire de l'expédition d'Edward Mansfield qui captura l'île de New Providence et de Santa Catalina (près de Panama). Lorsque Mansfield est capturé et tué par les Espagnols quelque temps plus tard, Morgan est choisi par les boucaniers pour être leur amiral.

On voit mal, cependant, comment un jeune homme sans expérience aurait pu obtenir la direction d'un navire pour une telle expédition. Une autre source, française celle-là (Récits de la flibuste et des mers caraïbes de George Fronval), indique que le jeune Henry Morgan se serait engagé comme simple mousse en Angleterre. Arrivé à la Barbade, il aurait déserté puis erré dans l'île, se faisant tour à tour vagabond, mendiant et même brigand. Il aurait alors été recherché et poursuivi. C'est afin d'échapper à la potence qu'il serait parti à la Jamaïque, où il se serait joint aux flibustiers anglais. Habile au jeu, il se serait enrichi rapidement et aurait acheté un modeste navire. Avec plusieurs camarades, ils auraient effectué une expédition sur la côte de Campeche et seraient revenu avec un butin appréciable. Morgan, ayant conscience de son manque d'expérience, aurait alors offert ses services à Edward Mansfield, un vieux corsaire, qui mourut en 1668. À ce niveau, les deux versions se rejoignent, à quelques différences près dans les motivations du corsaire. Contrairement à ce qui est écrit ci-dessous, il n'aurait pas toujours été aux ordres du gouverneur de la Jamaïque. On peut penser que les historiens anglais ont voulu légitimer les actions de Morgan en leur donnant une certaine respectabilité, parce qu'il a été anobli à la fin de sa vie, mais il est bien plus vraisemblable que comme tous ses semblables, c'est d'abord l'appât du gain qui déterminait ses actions. Les chercheurs ont récemment retrouvé le bateau d'Henry Morgan mais n'ont pas pu déterminer le nom qu'il portait.

Ses principaux exploits

Morgan à Portobelo.

Au printemps 1665, quelques centaines de flibustiers, conduits entre autres par Henry Morgan, avaient remonté le fleuve San Juan de Nicaragua et pillé, loin à l’intérieur des terres, la ville de Granada, sur les rives du lac, avant de rentrer à la Jamaïque avec un butin considérable[1].

En 1668, Morgan est envoyé à Cuba par Sir Thomas Modyford, gouverneur de la Jamaïque, afin d'y faire prisonniers quelques Espagnols et en tirer des informations au sujet d'une attaque éventuelle de la Jamaïque. Morgan rassemble alors 10 navires et 500 hommes. Il débarque à Puerto Principe (Camaguey) et pille la ville. Il fait de même avec la ville fortifiée et très protégée de Portobelo (Panama). Le flibustier Alexandre-Olivier Exquemelin raconte que les hommes de Morgan ont fait prisonniers des religieux jésuites et s'en sont servis de boucliers humains pour capturer la première forteresse (Morgan ayant lu plus tard les récits de l'écrivain était furieux des mensonges évoqués). Le gouverneur de Panama, surpris par cette invasion, tente sans succès de repousser les assaillants. Morgan acceptera finalement de partir en échange d'une lourde rançon. Ces exploits sortaient largement du cadre de la mission et avaient été accompagnés d'un excès de cruauté. Toutefois, le gouverneur de Jamaïque ferma les yeux et couvrit l'ensemble des actes de Morgan. À Londres, l'Amirauté déclara publiquement ignorer tous les faits, alors que Morgan et ses hommes étaient revenus à Port Royal pour y fêter leurs victoires.

Modyford envoie très rapidement Morgan en expédition contre les Espagnols : il pillera les côtes cubaines. En janvier 1669, une explosion accidentelle sur l'Oxford détruit le navire amiral de la flotte, Morgan et ses officiers échappent de peu à la mort.

En , ils pillent Maracaibo (Venezuela), prévenue de l'arrivée de Morgan et donc vidée de ses richesses au préalable. Les pirates iront ensuite passer quelques semaines à Gibraltar (Venezuela) sur le lac Maracaibo : ils torturent les habitants afin d'en obtenir leurs richesses cachées. De retour à Maracaibo, Morgan trouve 3 navires en partance pour les Caraïbes. Il les capture, pille leurs trésors et exige une lourde rançon avant de partir. Par un astucieux stratagème, Morgan simule un débarquement et une attaque, le gouverneur tourne alors les canons en direction du rivage et la flotte peut partir sans craindre de se faire tirer dans le dos. De retour en Jamaïque, Morgan est réprimandé, mais toujours couvert par le gouverneur.

Le ton monte entre les deux nations et Morgan est de nouveau envoyé en mission, cette fois-ci en tant que commandant en chef de tous les navires de guerre de Jamaïque : il peut attaquer toutes les possessions (navires et colonies) espagnoles, le butin étant sa seule rémunération, comme c'est souvent le cas pour les corsaires. Morgan pille Cuba et part en expédition en direction du Panama. Il capture de nouveau l'île Santa Catalina le . Le il prend possession de Chagres et du fort San Lorenzo, tuant 300 soldats. Avec 1 400 hommes, il remonte le rio Chagres et arrive aux portes de la ville de Panama le . Il gagne la bataille de Mata Asnillos, alors que les défenseurs sont plus nombreux que ses troupes, et capture la ville. Le butin s'élèverait à plus de 100 000 livres sterling. La renommée de ce brillant exploit sera ternie par la cruauté habituelle de Morgan et ses hommes.

Sur les 1 846 combattants répartis en 35 navires réunis par Morgan en 1670 pour préparer ce sac de Panama, plus du quart (520), étaient embarqués sur huit navires français. L'ensemble de la flotte devait se retrouver, après un premier rendez-vous à Port-Royal, sur l'île à Vache, située sur la côte sud de Saint-Domingue, qui était l'un des repaires favoris des boucaniers français[2].

Contexte avant la prise de Panama (1670) :
Au Pérou, plusieurs mines importantes furent découvertes et les métaux sortis de celle-ci étaient envoyés au port de Panama. Par conséquent, cet emplacement était très bien gardé et fortifié contre les possibles attaque des flibustiers, pirates et autres menaces d'envergure. Avant l'attaque de Sir Henry Morgan, l'Espagne et l'Angleterre n'avaient pas de bonnes relations car l'Espagne possédait la majeure partie du Nouveau Monde ; les puissances européennes comme l'Angleterre voulaient prendre des territoires espagnols. C'est pour cela que les deux empires ont signé un traité afin de réduire considérablement les hostilités dans leurs colonies du Nouveau Monde[3].

Gouverneur et plus riche planteur de la Jamaïque

La politique internationale était complexe à l'époque, et Morgan, bien qu'il ait agi avec l'autorisation et le soutien du gouvernement, sera emprisonné et emmené en Angleterre en 1672 sur demande de Marie-Anne d'Autriche après le sac de Panama. Sa chance tourne de nouveau et, en 1674, il est fait chevalier par Charles II avant de retourner en Jamaïque l'année suivante pour y prendre le poste de lieutenant gouverneur et recevoir en récompense de sa conversion aux intérêts de la dynastie Stuart deux importantes plantations de sucre.

Son retour correspond au départ progressif des flibustiers de l'île et à l'avènement de l'économie sucrière, encore balbutiante, qui se trouve un protecteur. C'est aussi après son retour que commencent les premières arrivées en masse des esclaves d'Afrique, le roi d'Angleterre Charles II ayant permis à son frère Jacques II de créer en 1672 sur les côtes de Guinée, la Royal African Company, qui reçoit le monopole de tout commerce en Afrique et désarme les autres commerçants.

À la même époque, Louis XIV, cousin et ami de Jacques II d'Angleterre, crée en 1674 la Compagnie du Sénégal, et est confiée au marquis de Maintenon, le chevalier Charles François d’Angennes, la mission de se faire un nom chez les flibustiers, de les diriger, puis de les désarmer, afin de faire le ménage à Saint-Domingue. Grâce à plusieurs monopoles royaux, Charles François d’Angennes devient dès 1685 le plus riche planteur de Saint-Domingue.

Morgan devint gouverneur général en 1684. Souffrant d'œdème causé par son alcoolisme[4], il meurt le . Il est enterré au cimetière de Palisadoes (en), près de Port Royal, mais un séisme accompagné d'un raz-de-marée l'ont détruit en 1692. Palisadoes est maintenant une île et l'ancien cimetière a disparu.

Morgan est mort sans enfants reconnus, laissant l'administration de sa fortune à sa femme Mary Elizabeth Morgan jusqu'à sa mort, après quoi les terres seront léguées à son neveu Charles, à la condition que celui-ci change son nom de famille de Byndloss à Morgan[4].

Il est, pour les spiritualistes britanniques du XIXe siècle, l'un des esprits principaux à se manifester, en tant que « John King. » Les esprits de sa femme et sa fille, toutes deux appelées « Katie King » firent aussi d'importantes apparitions. « Katie King » (sa fille) fut rendue célèbre par la médium Florence Cook[5].

Morgan est immortalisé par une marque de rhum, le Captain Morgan's Spiced Rum, produite paradoxalement à Porto Rico et non en Jamaïque.

Dans la fiction

  • Dans le livre Vivre et laisser mourir de Ian Fleming, seconde aventure littéraire de James Bond, l'agent haïtien Mister Big, à la solde de l'Union soviétique, découvre un de ses trésors et en écoule les pièces pour financer des opérations de contre-espionnage.
  • Le Cygne noir, film sorti en 1942, s'articule autour de son personnage devenu gouverneur de la Jamaïque, même s'il n'en a que le second rôle après celui (fictif) tenu par Tyrone Power.
  • Le film Capitaine Morgan sorti en 1960 retrace ses aventures.
  • Il apparait au début du roman Sucre noir de Miguel Bonnefoy (2017).
  • Le roman de John Steinbeck La Coupe d'or sorti en 1929 est basé sur la vie de Henry Morgan.
  • Dans le film Barbe Noire le pirate de Raoul Walsh sorti en 1952
  • Il a inspiré la boisson Captain Morgan

Notes et références

  1. Mikhaïl W. Ramseier, La Voile noire : aventuriers des Caraïbes et de l’océan Indien, Favre, Lausanne, 2006
  2. « La diaspora des colons de Saint-Domingue et le monde créole : le cas de la Jamaïque », par Jacques de Cauna, dans la Revue française d'histoire d'outre-mer 1994, volume 81, numéro 304
  3. Garibay, David, Médina-Nicolas, Lucile, Vieillard-Baron, Alain, [s.d.]. « PANAMÁ », dans Universalis, http://www.universalis-edu.com.proxy.cegepat.qc.ca/encyclopedie/panama/ (consulté le 18 septembre)
  4. (en) Stephan Talty, "Empire of blue water" : " : Captain Morgan's great pirate army, the epic battle for the Americas, and the catastrophe that ended the outlaws' bloody reign", Broadway, , 332 p. (ISBN 978-0-307-23660-9 et 0-307-23660-9), p.282
  5. (en) Alex Owen, The Darkened Room : Women, Power and Spiritualism in Late Victorian Britain, Chicago, University of Chicago Press, , 314 p. (ISBN 0-226-64205-4, lire en ligne)

Bibliographie

Articles connexes

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Liens externes

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