Henri Victor Vallois
Henri Victor Vallois (1889-1981), est un anthropologue et préhistorien français. Il est connu notamment pour sa défense des classifications raciales. Il fut co-rédacteur en chef de la revue L'Anthropologie de 1930 à 1970, et directeur du Musée de l'Homme de 1950 à 1959[1].
Pour les articles homonymes, voir Vallois (homonymie).
Directeur Musée de l'Homme |
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Naissance | |
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Décès |
(à 92 ans) 14e arrondissement de Paris |
Nom de naissance |
Henri Marie Victor Vallois |
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Biographie
Henri Victor Vallois est né le à Nancy.
Il devient membre de la Société d'anthropologie de Paris en 1912[2]. Alors qu'il est professeur d'anatomie à la faculté de médecine de Toulouse, il succède en 1930 à René Verneau à la codirection de la revue L'Anthropologie, à Paris, fonction qu'il occupera jusqu'en 1970[2].
Il occupe des postes éminents dans des institutions scientifiques prestigieuses : il est professeur d'ethnologie des hommes actuels et fossiles au Muséum national d'histoire naturelle, secrétaire général de la Société d'anthropologie de Paris en 1937, président de la commission "Anthropologie, Préhistoire, Ethnographie" du CNRS, professeur en 1939 puis directeur de l'Institut de paléontologie humaine, président de l'Union internationale des Sciences anthropologiques et ethnographiques UNESCO[3], directeur du laboratoire d’anthropologie de l’École des hautes études (1941-1961)[1]. Ces positions font de lui un scientifique influent et écouté[3].
Il meurt le dans le 14e arrondissement de Paris[4].
Défense des classifications raciales
Dans les années 1930 et 1940, Henri Victor Vallois est proche par ses idées d'autres anthropologues européens racialistes[5].
La prise de position d'Henri Victor Vallois en 1951 concernant une première déclaration de l'UNESCO sur la notion de race est demeurée célèbre[5],[6]. Vallois soutient la nécessité de séparer la race, qu'il considère comme un fait biologique, du racisme, construction culturelle. Ainsi selon lui la lutte contre le racisme, pour légitime qu'elle soit, ne doit pas conduire à supprimer le concept anthropologique de race[6]. Vallois n'est pas favorable au fait de remplacer « race » par « groupe ethnique », substitution qui présente l'inconvénient à ses yeux d'entrainer une confusion entre le fait biologique de la race, et le fait culturel de l'ethnie[6]. Selon Vallois, les anthropologues qui comme lui reconnaissent « l'existence de la race comme un fait évident tombent d'accord avec ce que constate depuis toujours l'homme de la rue »[6], les preuves scientifiques de la race étant pour Vallois des caractéristiques morphologiques comme la couleur de la peau, la texture des cheveux, la forme du nez ou de la tête[7], mais aussi du squelette. Les positions de Vallois ont été critiquées par nombre de ses confrères de l'UNESCO pour lesquels la concept de race était de qualité scientifique douteuse[6].
Vallois défend la validité scientifique des classifications raciales au nom d'un consensus auquel se rallieraient selon lui une majorité écrasante d'anthropologues (en 1960), contre un nombre minime d'autres qui le contestent[3]. Cependant, selon Jean-Pierre Bocquet-Appel qui a retracé l'historique des opinions sur cette question, « dès l'origine de l'anthropologie physique, et sans que cela cesse par la suite, le caractère arbitraire des classifications raciales est reconnu par un nombre important de savants partout dans le monde ». Les premiers à avoir contesté l'idée de race en France sont Abel Hovelacque, membre fondateur de la Société d'anthropologie de Paris, dans les années 1870, et Paul Topinard, disciple de Paul Broca, en 1885. La quasi-unanimité alléguée par Vallois n'a jamais existé[3].
Les Races humaines
Taxonomie raciale
En 1944, Henri Victor Vallois établit une taxonomie raciale dans son ouvrage Les Races humaines, qui divisait les humains en quatre groupes composés de vingt-sept races[8] :
- Races primitives : composées de deux races (vedda, australienne)
- Races noires : composées de sept races (éthiopienne, mélano-africaine, négrille, khoisan, mélano-indienne, négrito, mélanésienne)
- Races blanches : composées de dix races (nordique, est-européenne, dinarique, alpine, méditerranéenne, sud-orientale, indo-afghane, anatolienne, aïnou, touranienne)
- Races jaunes : composées de huit races (sibérienne, nord-mongole, centro-mongole, sud-mongole, indonésienne, polynésienne, eskimo, amérindienne)
Ces différentes races étaient selon lui réparties en six « aires anthropologiques » :
- Europe et bassin méditerranéen (Afrique du Nord et Asie du Sud-Ouest)
- Afrique sub-saharienne
- Inde
- Asie trans-himalayenne
- Océanie
- Amérique
Les avancées de la génétique au XXIe siècle mettent plutôt en évidence des groupes génétiques qui ne recoupent pas nécessairement les anciennes classifications raciales, à quoi il convient d'ajouter que de nombreuses populations sont issues de mélanges plus ou moins anciens entre différents groupes humains[9],[10],[11],[12],[13],[note 1].
Professeure de sociologie, Micheline Labelle cite des exemples de descriptions et de généralisations « teintées de racisme » dans les propos de Vallois : « Les Aïnous ont la peau d’un blanc mat sale... D’un bout à l’autre de l’Amérique, les Indiens sont froids, taciturnes, plus ou moins impassibles »[16], etc.
Succès de l'ouvrage
Ce livre, paru dans la collection Que sais-je ? aux Presses universitaires de France, vendu à 90 000 exemplaires, est réédité 9 fois entre 1945 et 1976[17]. Il est traduit dans plusieurs langues[3], et considéré à l'époque comme un « ouvrage de référence »[3]. Sa large diffusion « illustre l’importance de l’anthropologie raciale en France » selon Carole Reynaud-Paligot[1].
Publications
- Henri Victor Vallois, Les Races humaines, PUF, coll. « « Que sais-je ? » n° 146 », 1944, 1951, 1976 (lire en ligne)
- Henri Victor Vallois, Les hommes fossiles, éléments de paléontologie humaine, 1946
- Henri Victor Vallois, Anthropologie de la population française, 4e édition, (lire en ligne)
- Henri Victor Vallois, article Races humaines, dans la Grande Encyclopédie Larousse, édition 1976
Notes et références
Notes
- Les études génétiques ont montré que le concept de race n'est pas pertinent pour caractériser les différents sous-groupes géographiques de l'espèce humaine car la diversité génétique est beaucoup plus importante entre les individus d'une même population qu'entre groupes différents[14],[15].
Références
- Carole Reynaud-Paligot, « Races et racisme », TDC, n° 1109, lire en ligne
- Interview d'Henri Victor Vallois par Jean-Pierre Bocquet-Appel (directeur de recherches au CNRS) le , Bulletins et mémoires de la société d'anthropologie de Paris, 1996
- Jean-Pierre Bocquet-Appel, « DEUX OU TROIS CHOSES QUE JE SAIS D'ELLE : L'ANTHROPOLOGIE PHYSIQUE INSTITUTIONNELLE EN FRANCE », ECOL.HUM., , p. 41-66 (lire en ligne)
- Archives de Paris, 14e arrondissement, année 1981, cote 14D 637, acte de décès no 2512, vue 25/31
- Régis Meyran, « 06. Des races aux cultures », sur Pourlascience.fr (consulté le )
- « Dos debates medulares sobre el concepto de raza, 1943-1952 », sur mexicanadesociologia.unam.mx (consulté le )
- Juan Luis ALEGRET TEJERO, « COMO SE ENSENAN LOS OTROS. Análisis de la presentación racialists de la diversidad étnica en los libros de texto de EGB, BUP y FP utilizados en Cataluña en la década de los 80 », 1993, p.133, lire en ligne
- Henri Vallois, Les races humaines, 1944, puf, p.19-20
- Katharine Tyler, « Compréhension publique des notions de race et de génétique : un aperçu des résultats d’une récente recherche au Royaume-Uni », sur L'Observatoire de la génétique, (consulté le ).
- Jennifer K. Wagner et al., « Anthropologists' views on race, ancestry, and genetics », American Journal of Physical Anthropology, vol. 162, no 2, , p. 318–327 (PMID 27874171, PMCID 5299519, DOI 10.1002/ajpa.23120).
- American Association of Physical Anthropologists, « AAPA Statement on Race and Racism », sur American Association of Physical Anthropologists, (consulté le ).
- Templeton, A. (2016). Evolution and notion of human race. In Losos J. & Lenski R. (Eds.), How Evolution Shapes Our Lives: Essays on Biology and Society (pp. 346-361). Princeton; Oxford: Princeton University Press, DOI:10.2307/j.ctv7h0s6j.26.
- Carole Reynaud-Paligot, "Médecine, biologie et racialisme ", t.1, p.452-457, Le Surréalisme entre révolte et révolution, t.2, p.240-242, Histoire de la vie intellectuelle, Christophe Charle, Laurent Jeanpierre (dir.), 2 vol., Paris, Seuil, 2016
- Y a-t-il des races humaines ? Pourquoi autant de couleurs de peau ?, hominides.com.
- Alberto Piazza, « Un concept sans fondement biologique », Aux origines de la diversité humaine - la science et la notion de race, 30/09/1997, La Recherche no 302, p. 64
- Micheline Labelle, UN LEXIQUE DU RACISME. Etude sur les définitions opérationnelles relatives au racisme et aux phénomènes connexes, Canada, UNESCO et CRIEC, , p. 8
- Reynaud-Paligot Carole, « I. L'anthropologie raciale », dans : , Races, racisme et antiracisme dans les années 1930, sous la direction de Reynaud-Paligot Carole, Paris, Presses Universitaires de France, « Science, histoire et société », 2007, p. 5-59. URL : https://www.cairn.info/races-racisme-et-antiracisme-dans-les-annees-1930--9782130561644-page-5.htm
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Interview d'Henri Victor Vallois par Jean-Pierre Bocquet-Appel (directeur de recherches au CNRS) le , Bulletins et mémoires de la société d'anthropologie de Paris, 1996
- « Le Professeur Henri Victor Vallois, anthropologue et paléoanthropologue », Bulletins et mémoires de la société d'anthropologie de Paris, 1982
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