Henri d'Argis

Henri d'Argis[Note 1], né Henri Gaspard Guyot (légitimé Henri Gaspard Boucher d'Argis de Guillerville) le à La Ferté-Gaucher et mort le à Paris 5e, est un médecin et écrivain français, auteur de Sodome (1888) et de Gomorrhe (1889).

Pour les articles homonymes, voir Guyot et Boucher d'Argis.

Henri d'Argis
Henri d'Argis, Sodome, préf. de Paul Verlaine, Librairie Piaget, 1888
Nom de naissance Henri Gaspard Guyot
Naissance
La Ferté-Gaucher
Décès (à 32 ans)
5e arrondissement de Paris
Activité principale
Autres activités
Auteur
Langue d’écriture Français
Mouvement Naturalisme
Genres

Biographie

Famille

Henri Gaspard Guyot naît chez ses grands-parents maternels, à la Ferté-Gaucher en 1864, fils naturel de Sahra (sic) Caroline Guyot, domiciliée 82 rue Saint-Louis-en-l'Île à Paris[1],[Note 2]. Il a deux frères aînés, Alphonse Jules Gaspard Guyot  né en 1856 à Mustapha en Algérie, où sa mère était alors établie[2]  et Jules Charles Gaspard Guyot — né comme lui chez ses grands-parents, en 1861[3].

En 1868, Jules Gaspard Boucher d'Argis de Guillerville, chef d'escadron issu d'une vieille famille de la noblesse, les reconnaît comme ses fils[4], puis épouse leur mère l'année suivante, à Paris[5]. Légitimé, Henri Guyot devient Henri Boucher d'Argis de Guillerville. Son petit frère Paul Louis Gaspard naît en 1870[6].

Henri d'Argis a 18 ans quand son père meurt[7].

Parcours

Devenu « étudiant en rupture de toutes les facultés » selon sa propre formule, il se lie d'amitié avec Maurice Barrès, Jean Moréas[8], Paul Verlaine[9]. Dans son Journal, Ferdinand Bac décrit « d'Argis de Guillerville » comme « un ami commun du Quartier Latin de 1880, (...) un étrange bohème que Berthelot a beaucoup connu (...), un ami de Maurice Barrès, morphinomane, génie manqué, tapeur, poète, romancier, médecin, organiste, vivant avec Moréas et Verlaine. »[10]

En 1888, d'Argis publie à compte d'auteur, chez le libraire Alphonse Piaget, son premier roman, Sodome, préfacé par Verlaine. L’année suivante paraît son deuxième roman, Gomorrhe. Verlaine, dont il est un intime, le représente à ses côtés, debout à l'extrême gauche, sur le dessin Une soirée chez Paul Verlaine[11], et lui consacre un sonnet : paru dans Le Chat noir du , ce texte deviendra en 1890 le quatorzième poème du recueil Dédicaces[12].

Paul Verlaine, Une soirée chez Paul Verlaine, 1889 (dessin paru dans La Plume, février 1896, p. 75). Le poète a représenté Henri d'Argis à ses côtés, à l'extrême gauche, à l'occasion d'une soirée à l'hôtel meublé de l'impasse Royer-Collard.

En 1891 et 1892, Henri d'Argis écrit quelques textes, parmi lesquels une biographie du sculpteur David d'Angers et une étude sur l'esthétique (publiées pour la Grande Encyclopédie éditée en fascicules par l'archiviste Auguste Prudhomme[13],[14]). Il signe par ailleurs quelques articles de presse et tient brièvement une rubrique intitulée « Au jour le jour » dans Le Figaro[15],[16]. Son troisième roman, L’Éducation conjugale, paraît en 1894, avec une couverture illustrée par le peintre Léon Henri Ruffe et un frontispice d'Henri-Gabriel Ibels[17],[18].

L'année suivante, après la soutenance d'une thèse intitulée De la péricardite blennorrhagique (sic)  dans laquelle il étudie 13 cas de péricardite chez des patients atteints de blennorragie[19]  Henri d'Argis devient docteur en médecine, quelques mois seulement avant sa mort[20],[21].

Il meurt célibataire à l'âge de 32 ans, en son domicile du 3 boulevard Saint-Michel à Paris[22], en août 1896, six mois après Paul Verlaine.

Œuvre

Sodome

Publié à Paris en 1888 chez Alphonse Piaget, avec préface de Paul Verlaine, Sodome est considéré comme le premier roman homosexuel[réf. nécessaire]. Il a été écrit de 1886 à 1888 entre Mons et Paris[23], en quatre parties : « L'Enfance », « La Retraite », « Le Monde » et « La Chute ».

« Vous n'aurez pas, avec un mâle, le coït féminin, dit la Bible. Quoi de plus chaste et de moins troublant que cette phrase brutale et sauvage ? n'est-elle pas le modèle, dans sa simplicité si explicite, du psychologue des psychologues honteuses ?

Les vices contre nature sont comme une charogne décomposée que son odeur acre et son aspect purulent protège du scalpel. L'étude en est formidable ; elle doit, pour être saine, être brusque et courageuse ; elle doit, pour ne pas être dangereuse, s'abstenir de pruderie et de réticences. Ces lignes expliqueront peut-être suffisamment une conception qu'on pourrait appeler le Naturalisme de la pensée. »[24]

 Henri d'Argis, Sodome

Liste des ouvrages d'Henri d'Argis

Bibliographie

  • Louis Godbout, Ébauches et débauches : la littérature homosexuelle française 1859-1939 (conférence), Montréal, UQAM, [lire en ligne]

Notes et références

Notes

    1. L'affirmation, vraisemblablement apparue au milieu des années 2000, selon laquelle son vrai nom serait Alphonse Berty n'est attestée par aucun document. Elle est pourtant régulièrement reprise.
    2. Elle y réside toujours cinq ans plus tard, en 1869, au moment de son mariage.

    Références

    1. Acte de naissance no 22 du , La Ferté-Gaucher, Archives de Seine-et-Marne (avec mention marginale du mariage de ses parents)
    2. Acte de naissance no 127 du , Mustapha, Alger, Archives nationales d'outre-mer (avec mentions marginales de reconnaissance et de légitimation par le mariage de ses parents)
    3. Acte de naissance no 112 du , La Ferté-Gaucher, Archives de Seine-et-Marne (avec mention marginale du mariage de ses parents)
    4. Acte de reconnaissance de trois enfants, no 121 du , La Ferté-Gaucher, Archives de Seine-et-Marne
    5. Acte de mariage no 525 du , Paris 4e, Archives de Paris (avec légitimation des trois enfants)
    6. Acte de naissance no 208 du , Paris 4e, Archives de Paris
    7. Acte de décès no 640 du , Rouen, Archives de Seine-Maritime
    8. « Une promenade avec Jean Moréas et Maurice Barrès », sur Gallica, Comœdia, (consulté le ), p. 1
    9. Paul Verlaine, Correspondance de Paul Verlaine : publiée sur les manuscrits originaux. T. 3 / avec une préface et des notes, par Ad. Van Bever, Paris, Albert Messein, 1922-1929 (lire en ligne), p. 316
    10. Ferdinand Bac, Livre-journal de 1919, Claire Paulhan, 2000 (cité dans Jean-Jacques Lefrère, Sur Arthur Rimbaud T. 3, Correspondance posthume. 1912-1920, Paris, Fayard, 2014)
    11. Jean-Jacques Lefrère, et al. « Documents biographiques concernant Verlaine », in Revue Verlaine, no 9, 2004, p. 308 (JSTOR, www.jstor.org/stable/45023425) [lire en ligne]
    12. Verlaine Paul, Dédicaces (Les deux versions): Nouvelle édition augmentée, Arvensa editions, (ISBN 978-2-36841-831-4, lire en ligne)
    13. Georges Mathieu, « Bibliographie », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, L’Intransigeant, (consulté le ), p. 3
    14. « Librairie », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, La République française, (consulté le ), p. 4
    15. Henri d'Argis, « La photographie des couleurs », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Public, (consulté le ), p. 1
    16. Henri d'Argis, « Un martyrologe », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Figaro, (consulté le ), p. 1
    17. « Échos », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Gil Blas, (consulté le ), p. 1
    18. « Vient de paraître... », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Rappel, (consulté le ), p. 2
    19. Pierre-Charles-Louis Merklen, « Pathologie spéciales du cœur. Maladies du péricarde. Péricardites », in Maladies du cœur, Librairie J.-B. Baillière et fils, 1899, p. 88 [lire en ligne]
    20. « De la péricardite blennorrhagique », sur Gallica, La Province médicale, (consulté le ), p. 20
    21. Louis Roseyre, « Le « Vachette » au temps de Moréas et de l'inventeur du pyrogène automatique », sur Gallica, Comœdia, (consulté le ), non paginé (vue 4/4)
    22. Acte de décès no 1881 du , Paris 5e, Archives de Paris
    23. Henri d’Argis, Sodome, Paris, Alphonse Piaget, , 283 p. (lire en ligne), p. 283
    24. Henri d'Argis, Sodome, Paris, Alphonse Piaget, 1888, pp. 5-6
    25. Bibliographie de la France, Cercle de la librairie, (lire en ligne), p. 522

    Articles connexes

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