Heroic fantasy

L’heroic fantasy ou le sword and sorcery, qui est parfois traduit en français par merveilleux héroïque ou médiéval fantastique, est un sous-genre littéraire de la fantasy qui présente un récit héroïque dans le cadre d'un monde merveilleux.

Définition

L'heroic fantasy ou sword and sorcery[notes 1] est la version contemporaine des contes merveilleux de l'Antiquité et du Moyen Âge[1],[2]. Le terme heroic fantasy est inventé en 1967 par l'écrivain américain Lyon Sprague de Camp[notes 2] tandis que le terme synonyme sword and sorcery est créé en 1961 par l'écrivain Fritz Leiber[3],[4]. En 1972, le maître de conférences d'anglais Jean-François Orjollet indique que « l’heroic fantasy suppose en effet un seul héros, évoluant dans un monde parallèle, disons pour simplifier, un ou des monde(s) dépendant entièrement du personnage »[5]. En 1992, le philologue et historien russe Eléazar Mélétinsky la définit comme une histoire où un héros d’apparence humaine et physiquement très fort utilise ses compétences dans des combats ou pour une quête. Ces aventures se déroulent généralement dans une époque lointaine voire mythique où le héros se trouve confronté à des éléments surnaturels comme des objets magiques, ou à des créatures légendaires comme des dragons et des magiciens[1]. Le personnage principal suit généralement le voyage du héros théorisé par Joseph Campbell dans son ouvrage Le Héros aux mille et un visages (1949)[6]. Comme les autres sous-genres littéraires de la fantasy, le cadre de l'action est majoritairement d'inspiration médiévale[7]. En 1979, le professeur de littérature Jean Marigny situe le sous-genre « à mi-chemin entre le fantastique traditionnel et la science-fiction »[8].

En francophonie, les spécialistes lui donnent également comme nom merveilleux héroïque ou médiéval fantastique et même parfois épopée fantastique[1],[7],[9],[3],[10],[11]. Le terme médiéval fantastique est aussi occasionnellement utilisé pour définir l'ensemble du genre fantasy[12].

Origine

Couverture du magazine Weird Tales[notes 3] de dépeignant le personnage de Conan le Barbare.

Le romancier américain Lin Carter lui donne comme origine les premières aventures de Conan le Cimmérien (1932-1933) de Robert E. Howard[1]. Il dit que c'était alors « quelque chose de nouveau, quelque chose qui combinait l'action héroïque de Burroughs, la magie noire et les démons malfaisants de Lovecraft et les royaumes préhistoriques légendaires fabuleux de Smith »[1]. Clark Ashton Smith (1893-1961) est par la suite associé à Howard comme l'un des premiers écrivains de ce genre nouveau[8].

Les spécialistes voient la source de l'heroic fantasy dans les premières poèmes épiques de la littérature anglo-saxonne comme Beowulf (VIIIe siècle)[6]. Viennent ensuite comme sources au début du XIIe siècle, deux histoires imaginaires de la Bretagne, Histoire des rois de Bretagne de Geoffroy de Monmouth et Histoire des Anglais de Geoffroy Gaimar qui décrivent les premiers mythes de héros médiévaux comme le roi Arthur et Havelok le Danois[6]. Les auteurs de romans de chevalerie popularisent alors aux décennies suivantes ces héros médiévaux et en inventent ensuite beaucoup d'autres pour les chansons de geste[6].

Le Roman de Horn, rédigé en anglo-normand vers 1170 par un auteur anonyme est l'un des plus anciens écrit suivant les aventures d'un aristocrate injustement dépossédé se livrant à divers exploits épiques avant de revenir chez lui pour récupérer son dû[6]. L'histoire de Horn est ensuite adapté en ballades et contes puis sert de modèle aux romanciers suivants[6]. Le très populaire roman de chevalerie Amadis de Gaule est lui aussi considérablement modifié et développé au fil des ans pour donner sa plus riche version au XVIe siècle[6]. Le succès d'Amadis entraîne la création de nombreuses autres œuvres dont Palmerin d'Angleterre[6]. Tous ces écrits mais aussi les romans de la légende arthurienne ou les écrits de la mythologie nordique fournissent le terreau du genre moderne d'heroic fantasy[6],[2].

Œuvres représentatives du genre

Parmi les œuvres représentatives du genre, on peut notamment citer, par ordre chronologique :

Notes et références

Notes

  1. Christian Léourier et Romain Lucazeau indiquent dans le Bifrost spécial Robert E. Howard que Heroic fantasy et Sword and sorcery sont deux appellations interchangeables et que leurs définitions sont poreuses.
  2. Lyon Sprague de Camp, introduction de l'édition de 1967 de Conan chez Ace Books, page 13 : « Heroic fantasy is the name I have given to a subgenre of fiction, otherwise called the sword-and-sorcery story ».
  3. Littéralement « Contes étranges » en français.

Références

  1. Gaudreault 2008, p. 78.
  2. « Fantasy, le merveilleux médiéval aujourd'hui », sur FranceCulture.fr (consulté le ).
  3. « Heroic-Fantasy », sur PocheSF.com (consulté le ) : « Le terme Heroic Fantasy, qu'on peut traduire par médiéval fantastique, a été inventé par Lyon Sprague de Camp pour qualifier l'œuvre du maître Robert E. Howard avec sa saga de Conan le Barbare ».
  4. Moorcock 1961, p. 15.
  5. Orjollet 1972, p. 42.
  6. Stableford 2009, p. 197-198.
  7. Rochebouet et Salamon 2008.
  8. Marigny 1978, p. 79.
  9. Philippette 2015, p. 71.
  10. Chevaldonné et Lafrance 2009 : « L’Heroic Fantasy, ou le médiéval fantastique ».
  11. Brougère 2005, p. 169. : « Derrière le jeu [Magic] se cache une histoire que certains ouvrages ont pu révéler aux joueurs intéressés. Cet univers de fiction n’est pas choisi au hasard, il renvoie à un genre qui a dominé la culture adolescente de ces dernières années. Appelé ici médiéval fantastique, ailleurs Heroic Fantasy, il mélange merveilleux et histoire ancienne ».
  12. Nicolas Dufour, « D'où vient la fantasy ? », Le Temps, .

Voir aussi

Bibliographie

  • Anne Besson et Myriam White-Le Goff (dir.), Fantasy, le merveilleux médiéval aujourd'hui : Actes du colloque du CRELID, Paris, Bragelonne, , 256 p. (ISBN 978-2-35294-053-1).
  • Anne Besson (dir.), Dictionnaire de la fantasy, Paris, Vendémiaire, , 441 p. (ISBN 978-2-36358-315-4).
  • Gilles Brougère, « De Tolkien à Yu-Gi-Oh », Communications, no 77, , p. 167-181 (lire en ligne).
  • Yves Chevaldonné et Jean-Paul Lafrance, « BD, dessins animés et jeux vidéo, même combat ! », Hermès, La Revue, no 54, , p. 107-115 (lire en ligne, consulté le ).
  • Romain Gaudreault, « Connaissez-vous le merveilleux héroïque ? », Québec français, no 151, , p. 78 (lire en ligne).
  • Christian Léourier et Romain Lucazeau, Bifrost numéro 84 : Spécial Robert E. Howard, St-Mammès, Le Bélial, 193 p. (ISBN 978-2-84344-773-0).
  • Jean Marigny, « L’univers fantastique de Clark Ashton Smith », Caliban, no 16, , p. 77-85 (lire en ligne).
  • (en) Michael Moorcock, « Putting a Tag on It », Amra, no 15, , p. 15.
  • Jean-François Orjollet, « J.R.R. Tolkien : Syllogistique du merveilleux », Littérature, no 8, , p. 41-52 (lire en ligne).
  • Thibault Philippette, Bien jouer ensemble : Une étude des activités de coordination des joueurs de jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs (MMORPG), Louvain, Presses universitaires de Louvain, , 384 p. (ISBN 978-2-87558-375-8).
  • Anne Rochebouet et Anne Salamon, « Les réminiscences médiévales dans la fantasy : un mirage des sources ? », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, no 16, , p. 319-346 (lire en ligne).
  • (en) Brian Stableford, The A to Z of Fantasy Literature, Lanham, Scarecrow Press, , 568 p. (ISBN 978-0-8108-6345-3, lire en ligne).

Articles connexes

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