Hibiscus sabdariffa

Oseille de Guinée, Roselle, Groseille pays

L'oseille de Guinée (Hibiscus sabdariffa), également appelée roselle, est une plante herbacée de la famille des Malvacées, originaire d'Afrique, mais dont la culture s'est d'abord développée en Asie du Sud-Est (Inde, Sri Lanka, Thaïlande, Malaisie et Java). Ses cultivars furent introduits en Afrique de l'Ouest au xixe siècle pour y développer sa culture[1].

Le bissap ou karkadé (parfois orthographié « carcadet ») est la boisson préparée à partir du calice des fleurs de cet hibiscus à fleurs rouges.

L'Oseille de Guinée pousse bien en zone tropicale en Afrique de l'Ouest (Sénégal, Burkina Faso, Bénin, Togo, Niger, sud du Mali, nord de la Côte d'Ivoire),au nord du Cameroun, au Botswana et au Congo Kinshasa, ainsi qu'au Congo Brazzaville.

Synonymes

Cette plante est aussi connue en Égypte, au Centrafrique (appelé karakandji) et au Mexique où on l'appelle flor de Jamaica. En Asie du Sud-Est continentale, elle est appelée กระเจี๊ยบ /kraʔcíap/[2], กระเจี๊ยบแดง /kraʔcíap dɛːŋ/ ou กระเจี๊ยบเปรี้ยว /kraʔcíap prîaw/[3] en thaï (siamois), ສົ້ມພໍດີ /sőm phɔː diː/ en lao[4], ស្លឹកជូរ /slɜk cuː/, សណ្តាន់ទេស /sɑndan tẹːh/, ម្ជូរបារាំង /məcuː baraŋ/[5], ou ម្ជូរព្រឹក /məcuː prɨk/ en khmer, ချဉ်ပေါင် chin pow en birman. En Martinique et en Guadeloupe, elle est appelée groseille pays (Gwozey peyi en créole) ou simplement groseille[6],[7].

Autres noms communs du bissap

On l'appelle également thé rose d'Abyssinie. Au Mali, dableni (du bambara, passé dans l'usage local de la langue française en dah rouge) et djoussouma tchireye en songhaï[réf. nécessaire], langue parlée à Tombouctou et dans la région de Gao, ou encore djisma tchiré en dendi (langue du nord du Bénin apparentée au djerma ou songhaï). On l'appelle Ngaï Ngaï au Congo-Brazza et au Congo-Kinshasa où les fleurs se consomment sous forme de compote qui se conserve au frais et accompagne les plats en grillade. On l'appelle groseille pays aux Antilles françaises. On l'appelle karkadé en Égypte et foléré au Cameroun et karkandji en sango. Le nom de bissap vient du wolof (langue la plus parlée du Sénégal.)

Description

L'oseille de Guinée est une plante herbacée arbustive qui peut atteindre m de haut dans les meilleures conditions, mais ne dépasse généralement pas m.

Son feuillage caduc est composé de feuilles vertes (bissap vert) ou rouges lancéolées.

Ses fleurs sont d'un diamètre pouvant atteindre cm. Chaque fleur s'ouvre en corolle composée de 5 pétales. Cette fleur est pourpre en son cœur et ses pétales présentent un dégradé allant du jaune au rose. Lorsque la fleur tombe, elle dévoilé un gros calice rouge pourpre qui est la partie de la plante utilisée pour fabriquer le bissap.

Ses fruits sont des capsules (situées dans le calice) qui contiennent les graines rondes d'hibiscus d'un diamètre de 3 à 4 mm.

Variétés

Il existe différentes variétés d'oseille de Guinée. Les variétés vertes sont plutôt utilisées en aliment feuilles et les variétés rouges pour leurs calices.

  • la variété à fleurs blanches permet de faire un bissap blanc (plus acidulé) et on utilise ses fleurs dans le fameux thiéboudiène ;
  • les quatre variétés principales sont : Vimto, Koor rouge (propre à la consommation comme légume-feuilles et à la production de calices), CLT 92 et Thaï. La variété « Vimto » donne des fleurs de gros diamètre (4,5 cm) et de grande longueur (8,5 cm) avec des sépales rouge vif ouverts vers l’extérieur. Le rendement en calices séchés est très variable selon les zones de production : il peut atteindre (dans les conditions optimales) 4 à 6,5 t/ha, ou de 800 à 1 200 kg/ha environ quand ils sont séchés à 12 % d’humidité. Pour l’Asie, des rendements de calices frais atteignant 15 t/ha ont été signalés. Une seule plante de roselle peut produire jusqu’à 250 calices, soit 1 à 1,5 kg de poids frais. En Afrique, les moyennes de rendements sont bien inférieures et nettement plus variables en raison des contraintes environnementales et d’une conduite extensive. Le Soudan a fait état de rendements moyens de calices secs de 93 kg/ha. Au Sénégal, la production maximale de calices (poids sec) est de 500 kg/ha[8].

Culture

L'hibiscus sabdariffa est une plante à croissance rapide. La taille de la plante 30 jours après la levée est d’environ 30 cm. La récolte de feuilles peut débuter 6–8 semaines après le semis ; elle stimule la ramification et en conséquence augmente la production de feuilles. La floraison démarre lorsque la longueur du jour diminue, au plus tôt 2 mois après le semis, et au plus tard 7 mois. Les fleurs sont généralement autofécondées. Les fruits commencent à mûrir deux ou trois mois après la fécondation.

L'oseille de Guinée a besoin d'une exposition en plein soleil et de chaleur (entre 18 et 35 °C). Elle ne supporte pas le froid. La croissance de la plante s’arrête à 14 °C et elle meurt alors au bout de 15 jours. A 10 °C, la mort survient au bout de 2–3 jours seulement. La production de fleurs et de calices diminue en dessous de 17 °C. Les cotylédons ne supportent pas les températures inférieures à 10 °C pendant plus de 2–3 heures. La roselle est souvent implantée en association avec d’autres espèces telles que le mil, le sorgho, l’arachide, la patate douce, l’igname ou le niébé, et on laisse souvent pousser des plantes spontanées de roselle parmi d’autres cultures. De nombreux paysans plantent de la roselle en limite de champs ou pour délimiter des parcelles à l’intérieur d’un même champ. En Afrique de l’Ouest, on fait aussi pousser la roselle dans le cadre d’un système de parc agroforestier, conjointement avec l’arbre blanc (Faidherbia albida (Delile) A. Chev.), le baobab (Adansonia digitata L.), le néré (Parkia biglobosa (Jacq.) R. Br. ex G. Don, le karité (Vitellaria paradoxa C. F. Gaertn.) et le jujubier (Zizyphus mauritiana Lam.) [1].

On peut la planter tous les mètres sur des rangs espacés d'un mètre.

Elle pousse principalement pendant la période des pluies en Afrique (hivernage) et aura donc besoin d'être arrosée régulièrement dans les régions chaudes et sèches. L'arrosage pourra être moins fréquent au moment de la fructification.

Elle peut pousser en massif ou en pot, ce qui permet de la placer à l'abri pendant l'hiver. L'hibiscus peut pousser en sol pauvre, mais se développera bien mieux en sol riche.

Utilisation du calice de ses fleurs

Une boisson rafraîchissante

Un jus rouge est obtenu à partir des calices de fleurs séchés portées à ébullition 5 minutes (une petite poignée de fleurs avec un peu d'eau et du sucre). Ce sirop parfume fortement l'eau bien fraîche dans laquelle on le verse. C'est la boisson nationale de la Guinée, du Mali, du Sénégal, du Burkina Faso et du nord du Bénin où cette plante est cultivée jusqu'aux abords du désert. C'est aussi une boisson très populaire en Égypte et au Soudan sous le nom de karkadé. On peut aussi utiliser les fleurs en infusion en mettant simplement quelques-unes dans de l'eau très chaude. On y ajoute parfois des feuilles de menthe.

En Afrique et au Proche-Orient, il se boit chaud, tandis qu'on préfère le boire froid en Europe[9].

Utilisation des feuilles

Les feuilles d'oseille de Guinée sont utilisées au Congo Kinshasa, au Congo Brazzaville et au Gabon comme légumes en purée ou en sauce. On peut ajouter du beurre d'arachide ou les aubergines en purée pour atténuer l'acidité de la sauce ou de la purée et ceci accompagne parfaitement le poisson ou la volaille grillé dont il relève le goût.

Vertus attribuées

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L’infusion d’hibiscus sabdariffa posséderait des vertus médicinales. Elle pourrait faire baisser la pression artérielle[10], diminuant ainsi le risque de maladies cardio-vasculaires. Des chercheurs de l’université Tufts à Boston ont réalisé une étude sur 65 hommes et femmes en bonne santé qui avaient cependant une pression artérielle légèrement plus haute que la moyenne. La moitié des participants a bu trois tasses d’infusion d'hibiscus par jour et l’autre moitié, un placebo aromatisé. Après six semaines, les chercheurs ont remarqué que la pression artérielle du groupe qui avait bu l’infusion d’hibiscus avait baissé, ils ont pu constater une réduction en moyenne de 7 de leur valeur systolique (premier chiffre). « Ces changements de pression, même légers et s’ils sont maintenus dans le temps peuvent agir sur l’hypertension, réduisant ainsi le risque d’accident vasculaire ou de crise cardiaque », conclut la professeure Diane McKay de l’université Tufts de Boston[11].

Les études phytochimiques ont montré la présence d’acides organiques, d’anthocyanosides, responsables de la couleur rouge de l’infusion, de flavonoïdes, de mucilages, de pectines et d’une huile essentielle (eugénol). Ces composants expliquent l’action anti-inflammatoire (ses capacités anti-inflammatoires ont été évaluées par une équipe de chercheurs taïwanais en 2009), adoucissante, antiasthénique, antispasmodique et légèrement laxative de l’hibiscus. On l'utilise pour apaiser l'inflammation des voies respiratoires, les spasmes gastro-intestinaux, lutter contre la fatigue.

Elle aurait des vertus amincissantes et tonifiantes. Pour soulager ou espacer les crises, les malades de Crohn peuvent essayer les tisanes d’hibiscus. Considéré comme un régénérant de l’organisme, l’hibiscus ou encore karkadé est diurétique, bénéfique pour le foie et l’hypertension. Il offre des qualités revitalisantes et de drainage. Reconnu pour faciliter la digestion, l’hibiscus est aussi un tonifiant grâce à la vitamine C qu’il contient.[réf. nécessaire]

En externe, les compresses imbibées d’infusion réduisent les œdèmes, les eczémas suintants, les dermatoses ainsi que les abcès.[réf. nécessaire]

Produits dérivés

  • Le bissap peut parfumer d'autres boissons ou cocktails de fruits.
  • Au Mali, on fabrique de la confiture et du jus de dah rouge.
  • Mélangées à du henné, les fleurs donnent une coloration rouge vif naturelle aux cheveux et les fait briller (les fleurs desséchées sont réduites en poudre puis mélangées au henné, du vinaigre de pomme et de l'eau bien chaude, application puis laisser reposer pendant 3 heures).
  • Une décoction concentrée des fleurs (blanches de préférence) fait cailler le lait de soja (tofu)

Notes et références

  1. « Hibiscus sabdariffa (PROTA) — PlantUse Français », sur uses.plantnet-project.org (consulté le )
  2. So Sethaputra, New Model Thai-English Dictionary, Bangkok, Thai Watana Panich, 1965, p. 20, 357.
  3. มติชน Matichon,พจนานุกรมฉบับมติชน, Matichon Dictionary of the Thai Language, Bangkok, พิมพ์ครั้งแรก ๒๕๔๗, first edition 2004, p. 17.
  4. Reinhorn, Marc, Dictionnaire laotien-français, Paris, CNRS, 1970, p. 688.
  5. Pauline Dy Phon, វចនានុក្រមរុក្ខជាតិប្រើប្រាស់ក្នុងប្រទេសកម្ពុជា, Dictionnaire des Plantes utilisées au Cambodge, Dictionary of Plants used in Cambodia, ភ្នំពេញ Phnom Penh, បោះពុម្ពលើកទី ១, រោងពុម្ព ហ ធីម អូឡាំពិក (រក្សាសិទ្ធិ៖ អ្នកគ្រូ ឌី ផុន) គ.ស. ២០០០, ទំព័រ ៣៤៣-៣៤៤, 1st edition: 2000, Imprimerie Olympic Hor Thim (© Pauline Dy Phon), 1er tirage : 2000, Imprimerie Olympic Hor Thim, p. 343-344 ; Mathieu LETI, HUL Sovanmoly, Jean-Gabriel FOUCHÉ, CHENG Sun Kaing & Bruno DAVID, Flore photographique du Cambodge, Toulouse, Éditions Privat, 2013, p. 360.
  6. « La groseille (Gwozey peyi) », sur maisonscreoles.net, (consulté le )
  7. « La groseille (Gwozey peyi) » [Le groseiller pays - Hibiscus sabdariffa], sur fortdefrance.fr (consulté le )
  8. La production du bissap (Hibiscus sabdariffa L.) au Sénégal Mady Cissé, Manuel Dornier, Mama Sakho, Codou Mar Diop, Max Reynes, Oumar Sock
  9. Cf. Aurélie Laroche, "karkadé, une boisson magique"
  10. « Bissap - Un excellent remède contre l'hypertension », Odibis, (lire en ligne, consulté le )
  11. « Hibiscus sabdariffa L. tea (tisane) lowers blood pressure in prehypertensive and mildly hypertensive adults | Friedman School of Nutrition Science and Policy », sur www.nutrition.tufts.edu (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Hélène Paul, "Hibiscus sabdariffa" L., thèse, 1995.
  • Caroline Lebecq, Travaux scientifiques récents concernant les Hibiscus esculentus, mutabilis, rosa sinensis, sabdariffa et syriacus (Malvacées), thèse, 2002.
  • Abraham Endrias, Bio-raffinage de plantes aromatiques et médicinales appliqué à l'Hibiscus sabdariffa L. et à l'Artemisia annua, thèse, 2006.
  • Alain Huetz de Lemps, Boissons et civilisations en Afrique, Presses Universitaires de Bordeaux, Pessac, 2001, p. 272-274 (ISBN 2-86781-282-8).

Liens externes

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