Histoire de la Finlande

L'histoire de la Finlande est caractérisée par la lutte d'influence à laquelle se sont livrés ses deux grands voisins, la Suède et la Russie. La Finlande est originellement peuplée par le peuple finnois au sud et par les Sames en Laponie. Au Moyen Âge, la Finlande est colonisée par la Suède dans ce que l'on appelle la Suède-Finlande. En 1809, la Suède doit céder la Finlande à la Russie. Le pays n'accède finalement à l'indépendance qu'après la révolution russe de 1917.

Finlande actuelle

Pour un article plus général, voir Histoire de la Scandinavie.

Origines

Âge de pierre: hache en pierre gravée avec visage humain trouvée à Kiuruvesi[1].

Le Nord de la Finlande est peuplé depuis la préhistoire par les Samis, peuple finno-ougrien. À l'Âge du fer, les populations du centre de la Finlande sont également plus proches des Samis actuels que des Finnois, la population same s'étendant alors sur une plus grande région vers le sud qu'aujourd'hui[2].

La côte sud-ouest était originellement peuplée par des tribus germaniques (scandinaves). Une deuxième vague migratoire de populations finno-ougrienne originaire des régions de la moyenne Volga dans l'Oural, s'installant dès les premiers siècles de l'ère chrétienne et se mélangeant aux populations germaniques formant le peuple finnois. Ces peuples, ayant effectué cette migration, sont également à l'origine du peuplement de l'Estonie voisine et de la Hongrie, d'où la parenté linguistique entre les langues finnoise, estonienne et hongroise (classées parmi les langues ouraliennes).

Jusqu'au XIe siècle, la Finlande reste un territoire habité par des tribus peu belliqueuses et sans cohésion politique (ce qui facilita d'ailleurs leur rapide soumission). Trois régions se distinguent : le Sud-Ouest (aux alentours de la future ville de Turku), le Sud (aux alentours de la future Helsinki) et la Carélie. Jusqu'à la christianisation de la Scandinavie, les raids vikings poussent les Finnois à se réfugier à l'intérieur des terres, vivant des ressources des lacs et des forêts.

À l'ouest, les royaumes de Suède et du Danemark existent déjà, et on trouve à l'est la principauté de Novgorod (1136-1478) récemment fondée par les Varègues. L'occupation de la Finlande devient un enjeu stratégique pour ces puissances nouvellement chrétiennes (catholiques à l'époque pour la Suède et le Danemark, orthodoxe pour Novgorod). En 1157, la Finlande fut occupée par le roi de Suède Éric IX le Saint.

Moyen Âge et influence suédoise

Finalement, la Suède colonise et évangélise la Finlande, à partir du XIIIe siècle. L'archevêché d'Åbo (Turku) est fondé ainsi que la cathédrale et le château. De ce fait, Turku est considérée comme la plus vieille ville de Finlande, fondée en 1229. L'influence suédoise (qui se ressent encore aujourd'hui) se manifeste à partir de cette époque. La noblesse est suédoise (il n'y a pas alors d'équivalent finnois de royauté et de féodalité tels qu'ils existent en Europe occidentale) et la langue officielle est le suédois. Il ne s'agit pas cependant d'une occupation ni d'une colonisation. En effet, la Suède et la Finlande sont deux entités fusionnées dans un même royaume. Et les Suédois se montrent en général respectueux de l'identité finlandaise. L'essor économique du pays continue, notamment grâce à la Hanse.

Durant la guerre russo-suédoise de 1495-1497, la forteresse de Vyborg est assiégée par les troupes russes pendant trois mois en 1495 et résiste victorieusement. L'année suivante, les armées russes envahissent la Finlande jusqu'à Hämeenlinna et dévastent les régions traversées. En 1497, une trêve est conclue entre la Suède et la Russie.

Pour contrer la puissance de Reval, le roi Gustave Vasa fonde en 1550 Helsinki (le nom de cette ville est une version finnisée du suédois Helsingfors qui signifie « la cascade des Helsingar »), mais cette dernière n'est guère plus importante qu'un village de pêcheurs, et ce pendant plus de deux siècles. Helsinki deviendra ensuite, en 1812, la capitale du grand-duché de Finlande rattaché à l'Empire russe.

En 1548, Mikael Agricola, qui deviendra évêque de Turku six ans plus tard, traduit le Nouveau Testament en finnois.

En 1554 les hostilités reprennent entre la Suède et la Russie. L'année suivante, les troupes suédo-finlandaises échouent à prendre Chlisselbourg. En 1556, c'est une armée russe qui échoue à nouveau devant Vyborg. Le traité de Novgorod, en 1557, met fin à la guerre et instaure une trêve qui devrait durer quarante ans.

Entre 1696 et 1697, la Finlande connaît une famine dramatique qui tue la moitié de la population totale. Pendant la grande guerre du Nord, un flux d'environ 20 000 réfugiés avec parmi eux, selon les directives du gouvernement finlandais, la plupart des fonctionnaires et une grande partie des prêtres, quitte la Finlande pour échapper à l'armée russe et aux autorités d'occupation.

De nombreux Finlandais ont aidé les travaux de Maupertuis de 1736 à 1737 pour diriger l'expédition ayant pour but de mesurer la distance à la surface du sol d'un degré de méridien terrestre le long de la rivière Torne.

Grand-duché de Finlande

Pièce de 20 markkaa frappée en 1912 à Helsinki sous l'administration russe.
Le tsar Alexandre Ier ouvre la Diète de Porvoo en 1809.

La Finlande sert à plusieurs reprises de champ de bataille et d'enjeu entre les empires suédois et russe. À l'époque napoléonienne, la Suède doit l'abandonner au tsar Alexandre Ier par le traité de Hamina ou Fredrikshamm du . Le pays, érigé en grand-duché, devient autonome au sein de l'Empire russe. Helsinki devient capitale du Grand-duché en 1812, marquant le début de l'essor de l'influence de la ville. Contrairement à l'époque suédoise, la Finlande n'est pas un territoire à part entière de l'Empire, mais une région autonome. Les tsars se montrent plus ou moins respectueux de cette autonomie, et surtout tentent tous, à l'exception notable d'Alexandre II, de russifier cette région. C'est cette autonomie qui fut à l'origine du mouvement pour l'indépendance du pays à partir du XIXe siècle.

Alexandre II témoigne d'une remarquable libéralité vis-à-vis du peuple finlandais (comme plus généralement de ses autres sujets) et favorise l'émergence d'une littérature nationale. C'est donc notamment à travers la culture et ses intellectuels que la Finlande va voir se développer son mouvement pour l'indépendance. Ainsi la publication le d'un recueil de trente-deux chants inspirés des contes traditionnels de Carélie sous le nom de Kalevala le Pays des héros ») par un médecin de campagne finlandais, Elias Lönnrot, est devenue le fondement de la culture finlandaise. Cette œuvre a par la suite inspiré d'autres grands artistes finlandais, comme le peintre Akseli Gallen-Kallela (1865-1931) et le compositeur Jean Sibelius (1865-1957), et le est encore commémoré comme une fête nationale en Finlande. Les écrits de Johan Ludvig Runeberg ont également attisé le mouvement pour l'indépendance. La reconnaissance des Finlandais pour le « tsar libérateur » est encore vive, puisque sa statue trône toujours aujourd'hui sur la place du Sénat.

Accession à l'indépendance

Le Sénat de Finlande en 1917.

Le , le tsar Nicolas II, en butte à de nombreuses difficultés, accorde de nombreuses libertés aux Finlandais (dont le droit de vote pour les femmes). La Finlande obtient aussi une reconnaissance internationale symbolique, lorsqu'elle est autorisée à participer, sous ses propres couleurs et non celles de la Russie, aux Jeux olympiques de Stockholm en 1912.

Le , profitant du désordre causé par la révolution bolchévique, la Finlande déclare son indépendance, reconnue par le pouvoir soviétique le . C'est alors le début de la guerre civile finlandaise entre Rouges soutenus par le pouvoir révolutionnaire russe jusqu'au traité de Brest-Litovsk, et Blancs alliés à l'Allemagne. Le baron Carl Gustaf Emil Mannerheim, général de l'armée impériale russe d'origine finlandaise, commande les troupes gouvernementales blanches et profite du renfort de troupes allemandes[3]. Celles-ci l'emportent sur les Gardes rouges à Vyborg le .

L'indépendance acquise, un débat a lieu entre les partisans de l'instauration d'une république et les tenants de l'instauration d'un régime de type monarchie constitutionnelle. Les Blancs, vainqueurs de la guerre civile, sont majoritairement pour l'option du régime de la monarchie constitutionnelle et sont politiquement et culturellement proches des milieux dirigeants du Reich allemand. À peine un mois avant la défaite allemande, les dirigeants finlandais choisissent pour roi un prince allemand. Un temps envisagée, l’option de choisir pour roi du nouveau trône de Finlande l’héritier des Hohenzollern, le Kronprinz, fils de l’empereur Guillaume II, est rapidement abandonnée. C'est en 1918 que la candidature d'un autre prince allemand, Frédéric-Charles de Hesse-Cassel, est envisagée. La victoire sur le front de l’Ouest est encore incertaine entre les belligérants allemands, français, anglais et américains. L’ultime offensive allemande est arrêtée lors de la seconde bataille de la Marne. Malgré les renforts des troupes allemandes revenues du front de l’Est, l’avancée allemande est arrêtée et il devient évident que l’armée allemande ne peut plus remporter la guerre. Frédéric-Charles de Hesse renonce au trône et s'efface rapidement, et Mannerheim devient régent avant de céder la place à son tour avec la proclamation de la République le , mettant ainsi un terme au royaume de Finlande.

Seconde Guerre mondiale

Les troupes finlandaises pendant la guerre d'Hiver.
Les zones cédées par la Finlande à l'Union soviétique à la suite de la guerre d'hiver de 1939-1940.
Les zones cédées par la Finlande à l'Union soviétique en application du traité de Paris de 1947.

Après avoir tenté, en vain, de négocier un échange de terres avec la Finlande (Carélie) ou la location de bases (presqu'île de Hanko), l'Union soviétique lance la guerre d'Hiver en novembre 1939.

L'objectif principal de l'URSS est  d'abord par la négociation, ensuite par la force  de protéger d'une éventuelle attaque allemande la ville de Léningrad, alors à une trentaine de kilomètres de la frontière. Elle peut jouer sur le fait que les protocoles secrets du Pacte germano-soviétique place la Finlande dans la zone d'influence soviétique, et donc qu'une telle attaque ne surprendra pas l'Allemagne nazie.

Le conflit permet également à Moscou d'installer dans la ville frontalière finlandaise de Terijoki (maintenant Zelenogorsk), un éphémère régime fantoche, la République démocratique finlandaise, dirigé par Otto Wille Kuusinen, fondateur du Parti communiste de Finlande.

Malgré les réussites des soldats finlandais, qui utilisent à grande échelle le devenu célèbre « cocktail Molotov », emprunté aux nationalistes espagnols de la guerre civile espagnole, ceux-ci sont bien inférieurs en nombre aux Soviétiques. La Finlande s'incline par le traité de Moscou du , et cède à Staline 10 % de son territoire avec la province orientale du pays, la Carélie, qui appartient à la fédération de Russie aujourd'hui.

En 1941, quand l'Allemagne attaque l'URSS (opération Barbarossa), la Finlande veut prendre sa revanche et joint ses troupes à celles de l'Allemagne nazie pour attaquer l'URSS et récupérer les territoires perdus ou plus si possible : le bataillon de volontaires finlandais de la Waffen-SS est ainsi créé. Elle arrête toutefois l'offensive au lac Onega, et ne coupa jamais la ligne de chemin de fer de Mourmansk ni n'attaqua Léningrad, malgré les demandes pressantes de Hitler.

En 1944, l'Armée rouge perce le front, et l'armée finlandaise se replie jusqu'à l'ancienne frontière. Elle signe alors un armistice avec l'URSS, armistice de Moscou, stipulant le départ du corps d'armée allemand qui stationnait au nord de la Finlande. Son évacuation ratée déclenche la guerre de Laponie, contre les Allemands cette fois-ci. La Finlande échappe de peu à une annexion pure et simple par l'URSS. Par le traité de Paris du , elle recouvre son indépendance, amputée non seulement de la Carélie mais aussi de territoires supplémentaires (la région de Petsamo et de l'isthme de Carélie), verse un lourd tribut aux Soviétiques et doit se résigner à subordonner sa politique étrangère à celle de l'URSS en échange de la préservation de ses institutions démocratiques (ce qu'on appela jusqu'à la fin de la guerre froide la « finlandisation »). Le paradoxe de cette dette, c'est qu'elle devient une source de prospérité pour le pays. L'obligation de payer des réparations à l'Union soviétique contraint la Finlande à s'industrialiser. La Finlande, principal partenaire occidental de l'URSS, va se muer en un État riche, avec l'un des meilleurs niveaux de vie au monde.

Finlande contemporaine

Le drapeau national finlandais.

Après la guerre, la ligne Paasikivi de neutralité stricte fait de la Finlande une plaque tournante des relations Est-Ouest. Elle ne peut pas en effet se ranger dans l'un ou l'autre bloc en vertu des accords passés à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Contrairement à des idées parfois répandues en France, la Finlande n'était donc pas communiste, mais ne pouvait pas se joindre au bloc de l'Ouest sous peine de mécontenter son puissant voisin. La politique de la Finlande se tourne ainsi résolument vers la neutralité qui lui permit de traverser sans trop d'encombres cette période délicate. Jusqu'à la guerre russo-ukrainienne de 2022, les Finlandais hésitèrent à adhérer à l'OTAN afin de respecter leur neutralité politique.

La Finlande devient rapidement un pays très prospère. Son développement subit néanmoins une crise majeure dans les années 1980 et 1990, alors que le chômage touche 20 % de la population active. Mais grâce à une relance de l'activité dans le secteur des nouvelles technologies (Nokia, F-Secure et des laboratoires de biotechnologie par exemple), elle renoue avec la croissance et atteint un taux de chômage inférieur à la moyenne de l'Union européenne. Finalement, la Finlande adhère à cette dernière en 1995 et participe à la zone euro dans laquelle ses billets et pièces ne représentent qu'environ 2 % du total mis en circulation.

Notes et références

  1. (fi) « KM 11708 Kiuruveden kirves; Esinekuva », sur finna.fi (consulté le ).
  2. (en) Thiseas C. Lamnidis, Kerttu Majander et Stephan Schiffels, « Ancient Fennoscandian genomes reveal origin and spread of Siberian ancestry in Europe », Nature Communications, vol. IX, (ISSN 2041-1723, DOI 10.1038/s41467-018-07483-5, lire en ligne, consulté le ).
  3. « Général Mannerheim : la guerre d'indépendance », sur mannerheim.fi (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Bernard Le Calloc'h, Histoire de la Finlande, Paris, Éditions Glyphe, , 203 p., 21 cm (ISBN 978-2-35815-026-2, BNF 42188443).
  • Le Grand Guide de la Finlande, Gallimard, coll. « Bibliothèque du voyageur », .
  • (en) Matti Klinge, A Brief History of Finland, éditions Otava, .
  • Seppo Hentilä, Osmo Jussila et Jukka Nevakivi, Histoire politique de la Finlande : XIXe – XXe siècle, éditions Fayard, .
  • Eino Jutikkala (trad. du finnois), Histoire de la Finlande, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, , 347 p. (ISBN 2-8252-0612-1).
  • Heikki Jalanti, La Finlande dans l'étau germano-soviétique. 1940-1941, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, .
  • L. A. Puntila (trad. du finnois), Histoire politique de la Finlande de 1809 à 1955, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, (1re éd. 1964).

Articles connexes

Liens externes

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