Histoire du Havre Athletic Club
Premiers pas du sport au Havre (1872-1882)
Des racines anglaises
Un jour de septembre 1872 une quinzaine d'Anglais expatriés au Havre se réunissent pour jouer sur un terrain de l'avenue Foch du lundi au samedi pendant leur pause déjeuner. Le chef du groupe est le Révérend George Washington, pasteur enseignant au lycée du Havre, le reste du groupe est composé de commerçants employés de compagnies britanniques pour qui la position géographique de la ville du Havre a un grand intérêt. Outre le terrain du boulevard de Strasbourg[Note 1], dont les palissades servent de but, les joueurs ont comme vestiaire l'arrière boutique du boulanger du coin loué un franc la semaine[réf. nécessaire], leur unique équipement est un jeu de maillots en coton blanc aux manches bleues[réf. nécessaire].
La difficulté est de se mettre d'accord sur le style de jeu à pratiquer, certains comme le révérend Washington veulent pratiquer l'« association » plus proche de l'actuel football, d'autres veulent pratiquer la « combinaison », mélange de football et de ce qui deviendra plus tard le rugby. Les matchs sont souvent d'une grande confusion. Si le but du jeu est d'envoyer le ballon en forme de sphère en cuir dans le pan de palissade de l'autre équipe, la manière de le faire diffère selon les joueurs, certains mettent de grands coups de pied dans le ballon, quand d'autres prennent le ballon à la main, des mêlées se forment souvent pendant plusieurs minutes.
En ce jour de septembre 1872, deux vaisseaux anglais, le Sultan et le Northumberland, se trouvent dans le port du Havre. Ayant appris cela, les joueurs anglo-havrais en profitent pour savoir si les matelots anglais connaissent le football. En Angleterre, le football est connu et déjà pratiqué depuis plusieurs années, les matelots sont donc invités à jouer un match sur le terrain de l'avenue Foch contre les Anglo-havrais qui sont ce jour là une bonne douzaine. Après un rapide tour du propriétaire, la partie débute sans qu'on puisse se mettre d'accord sur le style de jeu pratiqué.
Les premières années dans l'anarchie
Pendant une dizaine d'années, les membres de ce Havre football club continuent à jouer entre eux dans l'ignorance la plus totale. Les Anglais ont été rejoints par quelques Français originaires du Havre de retour de séjour en Angleterre où ils ont découvert le football[réf. nécessaire]. Les assemblées générales du club qui ont lieu avant chaque début de saison[réf. nécessaire], voient les membres se déchirer dans des discussions interminables sur les règles du jeu à définir pour la saison.
À plusieurs reprises, les joueurs de l'équipe doivent changer de terrain. Après quelques années passées sur le terrain du début sur le boulevard de Strasbourg, les joueurs sont dans l'obligation de déménager sur le boulevard François-Ier. Lors de l'inter-saison 1880, le terrain est supprimé et remplacé par une maison. Pris de court, les joueurs du Havre football club ne trouvent pas de nouveau terrain et les activités du club sont suspendues pendant une année. Cette suspension faillit se muer en arrêt définitif du club après que le nouveau terrain entre le boulevard de Strasbourg et le boulevard François-Ier soit noyé juste avant l'ouverture de la saison. Une solution de secours est trouvée avec un déménagement sur un terrain prêt du canal d'Harfleur, mais les faibles temps pour jouer pendant la pause déjeuner (entre midi et deux) font que beaucoup de joueurs ne peuvent rejoindre le terrain. Malgré un arrangement avec une ligne d'omnibus, le fort coût du déplacement fait qu'il y a de moins en moins de joueurs lors des rencontres.
Le Football Club Havrais (qui n'a jamais eu d'existence officielle) disparait définitivement en 1882.
1884-1894 : Création d'un nouveau club
Création du Havre Athletic club
En 1884, sous l'impulsion du révérend J.E. Orlebar, un nouveau club est créé et prend le nom de Havre Athlétic Club. Contrairement à une légende largement répandue, ce club n'est aucunement la suite du Havre FC et ne peut donc sincèrement prétendre avoir été créé en 1872.
On a encore du mal à se décider de jouer soit au football-association (actuel football), au football-rugby, ou à la « combinaison » sorte de mixte des deux sports précédents. Lors de la première assemblée générale du HAC le , une crise éclate pour savoir quelle sorte de sport serait joué. Un vote a lieu qui voit la courte victoire de la « combinaison » devant le football-association.
Le HAC, désormais bien organisé, peut se structurer. La première mesure est de trouver un terrain à Sanvic, une commune près du Havre. Ce terrain situé derrière l'église est loué 600 francs l'année, il est utilisé pour la pratique de plusieurs sports comme le football, le rugby, le tennis, le hockey sur gazon et le cricket[Note 2].
Il aurait été décidé aussi d'adopter des couleurs uniques pour représenter le club, mais une bataille va commencer entre les anciens étudiants de Cambridge qui veulent un maillot au couleur de leur ancienne école : bleu ciel et ceux d'Oxford qui veulent les couleurs de leur école : bleu marine. Il faut attendre le pour qu'un compromis soit trouvé : un maillot côté bleu marine et un autre bleu ciel. La véracité de cette histoire n'est en réalité corroborée par aucun document d'avant 1948 et peut donc très bien relever de la légende.
Le plus important club sportif de France
Le H.A.C. devient en 1891, le club sportif le plus important de France avec plus de 100 adhérents[réf. nécessaire], il n'a pourtant ni statut légal, ni reconnaissance par la toute jeune U.S.F.S.A. (Union des sociétés françaises de sports athlétiques) créée deux ans plus tôt. Malgré ce statut de club sportif, le plus important de France, les installations sont sommaires avec une cabane en bois sans eau courante pour vestiaire.
1894 : Création de la section football
En 1894, sous l'impulsion du nouveau président F.F. Langstaff et de Jules Balière, maire de Sanvic, le club reçoit un statut légal par le préfet de Seine-Inférieure. C'est cette même année qu'est organisé le premier championnat de France de football, mais le H.A.C., toujours pas reconnu par l'U.S.F.S.A., n'est pas convié à ce tournoi qui ne regroupe que des clubs parisiens. Le club est cantonné à des matchs amicaux contre des équipes locales du Havre, jusqu'au où le club reçoit les Parisiens du Standard AC alors champion de France. Devant plus d'un millier de spectateurs, le club havrais l'emporte 4-0. Dans la foulée, le club propose de venir 3 fois sur Paris à leur frais pour participer au championnat de France, mais cette demande sera sans suite.
Les premiers titres (1897-1933)
Champion de France
Les clubs parisiens refusant que le club havrais joue le championnat de France, il se rabat sur la Coupe Manier nouvellement créée, mais une règle interdisant au club d'aligner plus de trois joueurs étrangers prive le H.A.C. de ses titulaires britanniques. Avec ses remplaçants français, le club parvient quand même en finale où il perd le contre le Club français sur le score de 5 à 3.
Le H.A.C. toujours interdit de championnat de France étrille ses adversaires lors de matchs amicaux, le le 9-0 passé au FC Dieppe est mentionné pour la première fois dans le journal Le Petit Havre ; c'est le premier compte-rendu d'un match du H.A.C. dans la presse.
En 1899, le H.A.C. est enfin autorisé à jouer le championnat de France. L'U.S.F.S.A. décide d'ouvrir le championnat aux clubs de la province afin d'être réellement national. Seuls deux clubs répondent à l'appel : le H.A.C. et l'Iris club lillois. Il est décidé que le club havrais et le club lillois s'affronteraient dans un match et le vainqueur affronterait le champion de Paris. Le match entre les deux équipes de province est fixé au Parc des Princes, mais faute de ballon, le match ne peut avoir lieu et quand il en fut trouvé un, le terrain n'était plus libre, car utilisé pour un match de Hockey sur gazon. Le match est fixé plus tard à Amiens, mais une épidémie de grippe force le club lillois à déclarer forfait, laissant le H.A.C. affronter le champion de Paris, le Club français en finale. Seulement le Club français refusa d'affronter le H.A.C., déclarant que le club havrais n'était pas habilité à représenter la province n'ayant pas pris part à une épreuve comparable à celle de Paris. Le capitaine du H.A.C. proposa de mettre un jeu un autre trophée, mais un nouveau refus du Club français fit que l'U.S.F.S.A. déclara le H.A.C. champion de France 1899. Champion de France sans ayant joué un seul match.
Dans la lancée de ce succès, le club remporta le Challenge international du Nord en battant en finale le Club français par 3 buts à 2 et un second titre de champion de France en battant en finale de la Région Nord l'US Tourcoing par 4 buts à 1 et le Club français en finale nationale sur le score de 1-0 et un but de la tête de l'Anglais Richards en première mi-temps.
L'année suivante, le club échoue en finale contre le Standard AC, après avoir éliminé le FC Rouen et l'Iris club lillois dans les tours précédents, il fait d'abord match nul sur le terrain du Standard à Paris avant de s'incliner par surprise sur le score de 6 buts à 1 au Havre.
Première crise
En 1902, alors que le club est en pleine réussite avec deux titres de champion de France et un titre de finaliste, le capitaine Mason et A. Wilkes quittent le club pour fonder le Havre sports, entraînant avec eux plusieurs joueurs du Havre AC. Ce départ est dû à la cohabitation forcée entre le « football-association » et le « football-rugby » au sein du H.A.C. que ne supporte plus certains footballeurs qui doivent partager le terrain avec les rugbymen du club, ainsi que la non-spécialisation de certains joueurs qui pratiquent le football ou le rugby au gré de leur humeur.
L'effet des départs et de la pratique de plusieurs sports en même temps se fait ressentir au niveau des résultats où le H.A.C. ne brille plus et se fait battre aussi bien au niveau régional que national. Pour améliorer les résultats des différentes sections, l'assemblée générale du adopte un règlement qui prévoit l'autonomie morale et financière de chaque section sportive, ainsi naît le Havre AC Football-Association aux côtés des sections Havre AC Rugby, Havre AC Tennis, Havre AC Hockey et Havre AC Athlétisme. Albert Schadegg prend la présidence de la section football.
Malgré cette scission, il arrive que certains footballeurs rendent des services à la section rugby et vice-versa. Un autre incident éclata avec Charles Wilkes, alors l'un des meilleurs joueurs du club, à la suite d'un article dans le journal du Petit Havre du extrêmement critique à son encontre, il quitte le club pour rejoindre son frère au Havre sports.
Le club parvient toutefois à dominer le championnat U.S.F.S.A. de Normandie, il le remporte de 1900 à 1909 sauf en 1904 et 1908 où c'est respectivement le CS Le Havre et Le Havre sports qui l'emportent. Le H.A.C. domine le championnat régional, mais ne parvient pas à briller lors du tournoi finale nationale. L'année 1910 voit la première victoire du FC Rouen en championnat U.S.F.S.A. de Normandie, un titre qui restera dans les mains des Rouennais jusqu'à la guerre et l'interruption des championnats de football et ce, malgré les renforts de deux excellents joueurs suisses, l'inter-gauche Lang et l'inter-droit Schmitt. C'est lors de ces années qu'ont lieu les premiers derbies entre le H.A.C. et le F.C.R., le club havrais remporte régulièrement le derby jusqu'en 1909 et le premier titre pour le club rouennais.
Les années de guerre
La Première Guerre mondiale, qui se déclare en août 1914, interrompt les compétitions sportives et disperse les joueurs des grandes équipes françaises dont Le Havre AC. Cependant, pendant ces années difficiles, le président Albert Schadegg essaye de maintenir une activité sportive dans son club. Il est aidé en cela par le renforcement de joueurs anglais dû à la présence d'une importante base militaire anglaise au Havre, dont certains joueurs-militaires sont professionnels comme Taffee ou Carnaby. Renforcé aussi par l'arrivée de Belges et le maintien des Suisses dont le pays n'est pas en guerre. Les matchs qu'ils disputent, sous le nom de leur corps, lieu de cantonnement ou encore affectation, attirent un grand public.
En 1914, le président décide d'acheter un petit terrain de football privé sur la propriété Dollfus, aidé par les alliés belges et anglais, ainsi que par les membres de la section football. Il transforme cette propriété en stade de football. La grande tribune en bois du champ de course est montée sur les abords du stade et la pelouse, à la suite de travaux de drainage, est grandement améliorée. Ce stade est nommé Stade de la Cavée Verte.
La section rugby du club s'éteint pendant la guerre faute de joueurs, les Anglais refusant de le pratiquer. Au contraire, la section football connaît un fort engouement et manque de peu la victoire[Note 3] finale, en 1915, en coupe nationale qui a remplacé au début de la guerre le championnat de France. L'année suivante, l'équipe échoue en demi-finale de la Coupe des Alliés face au Stade rennais, futur vainqueur de l'épreuve. Mais le grand club de cette période est le Club athlétique de la Société Générale qui remporte trois la coupe nationale et une fois la Coupe des Alliés. Néanmoins Le HAC connaît son heure de gloire lors de la saison 1917-1918 en éliminant successivement en coupe nationale, l'US Mayvillaise, SM Caen, Saxby's AC, le champion de Picardie, Besançon RC et le Stade rennais par forfait. Il se retrouve en finale à Paris face au GS des Terreaux Lyon sur le terrain du stade de la Légion Saint-Michel. Le Havre domine nettement ce début de finale, mais bute sur le gardien lyonnais, il faut attendre la 30e minute de jeu, sur un tir de Louisver, pour l'ouverture du score havraise, suivi cinq minutes plus tard par le second but havrais par Mathoré. En seconde mi-temps, deux nouveaux buts de Louisver à la 67e et Winckel à la 85e portent le score à quatre buts à zéro pour Le score sera ramené à quatre buts à un par un but lyonnais dans les ultimes secondes du match. Albert Schadegg peut alors soulever la coupe nationale que lui remet le président de la République. Le Havre AC remporte son véritable premier trophée national.
L'année suivante, Le Havre est de nouveau en finale de la coupe nationale, cette fois contre l'Olympique de Marseille. C'est une véritable folie qui s'empare de la ville pour cette finale, d'autant plus qu'elle est organisée au Havre, sur la pelouse du nouveau stade de la Cavée Verte. Les Havrais ayant décidé de financer le déplacement des Marseillais s'il étaient d'accord pour que la finale initialement prévue à Paris ait lieu au Havre. Malgré la hausse du prix des places, huit mille spectateurs prennent place pour la finale. Il ne reste que deux Havrais vainqueurs de l'édition précédente sur la pelouse. Les Havrais marquent un but très rapidement face à une équipe marseillaise désorganisée défensivement. Les Marseillais reprennent pied et réussissent à égaliser, puis le HAC reprend l'avantage sur un penalty et avant la mi-temps il marque un troisième buts sur une erreur du gardien de but marseillais. Fatigués et désorganisés, les Marseillais encaissent un quatrième buts sur penalty. Le Havre remporte pour la seconde fois de suite la coupe nationale, l'équivalent du championnat de France en cette période. Les succès du club pendant cette période de guerre ne doivent pas faire oublier que le club paiera un lourd tribut à la Première Guerre mondiale, cinquante de ses joueurs meurent sur le champ de bataille.
Les débuts en Coupe de France et première épopée
La Coupe de France de football - appelée alors Coupe Charles Simon - est créée en 1917-1918, le HAC, engagé en coupe nationale, ne peux pas prendre part aux deux compétitions et rate les deux premières éditions de la compétition. Le club s'engage pour la première fois dans la coupe lors de sa troisième édition en 1920, dont il est l'un des favoris avec l'armada d'internationaux qu'il possède dans ses rangs (Frémont, Accard, Lenoble, Renier, Cantais). Les premiers tours se déroulent sans difficultés avec les éliminations respectives du rival Stade havrais sur le score de un but à zéro, du Stade Malherbe de Caen six buts à zéro et des Parisiens du Stade français deux buts à un. Le HAC, alors en huitième de finale, élimine le Football club de Levallois deux buts à un, l'USA Clichy trois buts à deux en quarts de finale et l'A.S. Cannes en demi-finale deux buts à zéro à Lyon.
L'adversaire du club havrais en finale est le Cercle athlétique de Paris, les Havrais sont privés de leur capitaine Renier, ainsi que de Sheldon et Harrisson pour disputer ce match qui se déroule sur le Stade Bergeyre devant 7 000 spectateurs. Le HAC parvient a mener au score un but à zéro à la mi-temps grâce à Thorel. La seconde mi-temps n'est plus à l'avantage des Havrais et Bard égalise sur penalty avant que ce même Bard ne donne l'avantage aux Parisiens avec un tir de loin. Le HAC se console comme il peut en remportant le championnat de Normandie face au Stade Malherbe de Caen à la Cavée Verte. Il s'agit du premier titre de champion unifié de Normandie décerné.
La domination régionale
Le début des années 1920, est faste pour le club doyen qui va asseoir sa domination sur le football normand en la partageant avec le grand rival du Football club de Rouen. Malheureusement au niveau national, avec la Coupe de France, le club va de désillusion en désillusion malgré de bonnes équipes composées entre autres de Raymond Frémont, les anglais Sydney Sheldon et Frank Harrison, Raymond Cantais, Robert Accard et Albert Rénier. En 1923, le club est champion de Normandie en battant en finale le Stade Malherbe de Caen un but à zéro, après avoir largement dominé le championnat de Haute-Normandie, mais est éliminé en coupe par au Stade rennais en huitièmes de finale.
L'année suivante voit une nouvelle fois le HAC dominer largement le championnat haut-normand et en coupe atteindre les demi-finales après avoir notamment sorti le Sporting club nîmois deux buts à zéro et l'Olympique de Paris sur le score de deux buts à un. En demi, le HAC affronte le Football Club de Cette à Paris devant 20 000 spectateurs, mais le score de un par tout oblige à un second match joué huit jours plus tard à Toulouse qui se termine lui aussi sur le score de un partout. Une troisième rencontre est donc organisée au Stade Pershing à Paris devant 30 000 personnes. Cette fois, les Havrais s'inclinent deux buts à zéro alors que dans l'autre demi-finale le rival rouennais s'incline face à l'Olympique de Marseille. Quelques semaines plus tard, les deux demi-finalistes malheureux se retrouvent pour disputer la dernière journée du championnat régional, alors décisive pour l'attribution du titre/ Les Havrais ont perdu leur avance en privilégiant la coupe. Au moment de disputer ce dernier match, ils ne possèdent plus qu'un point d'avance. Le match âprement disputé voit la victoire du Football club de Rouen sur le score de deux buts à un.
Lors de la saison 1925, les Brésiliens du CA Paulistano passent au Havre, lors de leur tournée en France, pour y disputer un match contre le Havre athletic club. Les locaux s'inclinent deux buts à un alors que leur adversaire leur est largement supérieur. La saison est plutôt mauvaise avec le titre décerné aux Rouennais (qui s'inclineront la même année en finale de la coupe) et l'élimination en huitième de finale contre une nouvelle fois le Football club de Sète. À la fin de la saison, trois joueurs majeurs quittent le club pour l'autre club de la ville, le Stade havrais. Il s'agit d'Avenel, Robert Accard et du suisse Jacques Stadelman.
Dès la saison suivante, le HAC retrouve son titre de champion régional avec l'arrivée du gardien André Postel. Le dernier match, celui du titre, se joue encore entre les Havrais et les Rouennais qui occupent la tête du classement avec 24 points chacun. Le match se termine sur le score de deux buts à zéro acquis en seconde mi-temps avec des buts d'Hubert Lafaurie et Roger Glémot. Une saison néanmoins ternie par l'élimination deux buts à zéro en huitième de finale de la Coupe de France par l'US Tourcoing. Quelques jours plus tard, deux buts du Suisse Max Ita, permettent au club de battre en finale le champion bas-normand, le Stella Cherbourg sur le score de deux buts à zéro.
Le HAC rentre dans le rang
La fin des années 1920 voit un autre club de la ville, le Stade havrais, concurrencer fortement le HAC sur le plan régional. Les dirigeants de l'autre équipe havraise ont depuis quelques années patiemment construit leur effectif, en débauchant notamment trois joueurs important du HAC en 1925. Elle remporte le titre de champion de Normandie en 1928. Le HAC lui fait une mauvaise saison en finissant quatrième derrière le rival rouennais et l'US Quevilly, finaliste de la dernière coupe de France. Cette même saison, un grand événement se déroule au Havre avec la venue de l'équipe d'Uruguay, championne olympique en titre venue préparer les prochains Jeux olympiques. Les deux matchs organisés contre le HAC se soldent par des lourdes victoires uruguayennes sur le score de six à zéro lors du premier match et sept buts à un lors du second, malgré un but exceptionnel d'Albert Rénier d'un tir de 25 mètres. Le FC Rouen va remporter le titre de champion de Normandie en 1929, 1930, 1931, 1932 et 1933.
Cette baisse dans les résultats peut s'expliquer par la volonté des dirigeants havrais de garder leur esprit amateur hérité des débuts du club à l'anglo-saxonne. Les vedettes qui veulent monnayer leur talent sont rejetées par le HAC, mais les joueurs ont quand même de plus en plus de mal à admettre que la pratique du football puisse leur coûter de l'argent. Chez d'autres clubs français, l'amateurisme marron est une pratique courante. Ces clubs ont les moyens d'attirer les meilleurs joueurs. Pour empêcher cette pratique, la Fédération française de football vote le statut professionnel en 1931 pour une application pour la saison 1932-1933. Les dirigeants havrais, fidèles à leurs principes, refusent d'adopter le statut pro. Le club joue donc la première saison professionnelle du football français dans le championnat de Normandie amateur. Mais les joueurs et les supporteurs sont frustrés d'être écartés de l'élite devenue professionnelle, d'autant plus que le club est éliminé en huitième de finale de la Coupe de France contre le Stade havrais et qu'il a été humilié six buts à un par ses rivaux du FC Rouen. De plus, la tribune principale du Stade de la Cavée Verte est détruite par un incendie, qu'on soupçonne avoir été déclenché par des supporteurs déçus. La saison se termine par une seconde place, loin derrière le champion rouennais. Les dirigeants doivent se rendre à l'évidence et le comité directeur, pour la survie du club, ratifie le professionnalisme sur demande du président Schadegg, pourtant profondément pour l'amateurisme.
Début dans le professionnalisme (1934-1939)
L'apprentissage
Le Havre prend part à la première saison de seconde division professionnel dans la poule de la zone nord en compagnie de treize équipes, dont les rivaux du FC Rouen. Plusieurs recrues arrivent au club dont les internationaux hongrois Shell et Calai, le Suisse Kuntzle et Frajt en provenance du CA Paris. En match de préparation, le HAC est battu deux buts à zéro par le Racing Club de France, malgré un match jugé intéressant. La saison débute pourtant très mal : le club est battu quatre buts à deux par le Amiens SC, quatre buts à zéro par US Valenciennes-Anzin et surtout sept buts à un par le Red Star Olympique. Le club occupe la dernière place du classement et les critiques sur les joueurs qu'on juge trop payés commencent à tomber. Heureusement, une victoire, quatre buts à un, lors du match suivant contre l'US Suisse de Paris, doublé d'un superbe mois d'octobre qui voit le club battre le RC Strasbourg, le FC Mulhouse, le RC Calais et US Tourcoing qui fait remonter le club à la cinquième place, fait remonter la fièvre du côté de la Cavée verte. La fin de saison est plus décevante, malgré les renforts des Autrichiens Adamek et Szoldatics. Le club termine à la 10e place avec en plus une élimination en 16e de la Coupe de France contre les amateurs du RC Arras. Les Havrais vont toutefois se payer le luxe d'empêcher les rivaux rouennais de monter en première division en obtenant un match nul trois buts partout lors de l'ultime journée alors que les Rouennais sont à la lutte pour le titre et la montée avec le Red Star Olympique.
Pour progresser, le HAC doit se renforcer pour la saison suivante, mais les caisses du club sont vides. Jacques Paillette, trésorier du club, a alors l'idée de lancer un comité de financement composé de commerçants et de sportifs afin de trouver des ressources pour renforcer l'effectif. C'est un succès qui permet la venue de George McLaghlan, un entraîneur écossais, Schillemann, un demi-aile en provenance de l'Olympique de Marseille et Specht, un avant-centre. Le HAC commence la saison très fort et occupe la place de leader après quatre journées avec notamment des victoires contre le CA Paris et l'AS Saint-Etienne. Mais la saison suivante va être d'une rare inconstance. Le club perd lourdement cinq buts à un contre l'Hispano-Bastidienne Bordeaux, puis est éliminé contre les amateurs de Raismes en 32e de finale de la Coupe de France. Par la suite, le club est écrasé par le SM Caen six buts à deux et par US Valenciennes-Anzin sept buts à deux, bat Hispano-Bastidienne Bordeaux six buts à un, avant d'être étrillé neuf buts à un par le RC Calais. La saison est au finale très décevante avec une 10e place au finale. Cette mauvaise performance entraîne une crise financière qui oblige le club à commencer la saison avec un déficit de 80 000 FF. Président depuis 1905, Albert Schadegg démissionne, découragé par le football devenu professionnel, suivi par le trésorier Jacques Paillette. André Vassenet, dirigeant au club depuis quinze ans, prend la tête du club et annonce que son objectif est de bâtir une grande équipe.
Un nouvel entraîneur est nommé en la personne de l'anglais Burgess qui fait venir avec lui plusieurs joueurs de son pays, Miller, Allen et Little Mac Pherson. Malgré ces renforts, le HAC commence très mal sa saison. Le club doit attendre la huitième journée avant de décrocher son premier succès en championnat en battant l'OFC Charleville-Mézières sur le score de trois buts à un. Le public havrais gronde. Il fait savoir qu'il paye l'entrée donc qu'il veut des résultats. Une défaite face au rival rouennais cinq buts à trois plus une défaite en Coupe de France contre Bully scelle le sort de l'entraîneur, remplacé en cours de saison par Krottenauer, venu d'Europe centrale. En cours de saison, le club recrute Fernand Pataa, capitaine de l'équipe de la Ligue d'Algérie et plusieurs fois international militaire, qui permet d'injecter du sang neuf à l'équipe. Le club termine seizième du championnat et assure son maintien grâce au forfait du Sporting Club nîmois. Le club étant en sérieuse difficulté financière, les joueurs doivent faire des concessions en acceptant de baisser leur salaire. Le président prend la décision de recruter un entraîneur de classe internationale, l'autrichien Josef Schneider. Côté joueurs, est recruté Lucien Jasseron qui vient de, l'ancien club de Pataa, la Joyeuseté d'Oran, après un imbroglio postal, qui voit Jasseron envoyer son contrat au RC Strasbourg, avant que le télégramme ne soit retrouvé avant même d'être parti du bureau postal.
Les années dorées du HAC (1945-1959)
Les Ciel et Marine sont intégrés à la première division en 1945, mais sont relégués en 1947. Les années 1950 voient le club goûter au plus haut niveau. Le 23 avril 1950, le club, alors en deuxième division, connaît son record d'affluence (24 961 spectateurs au stade de la Cavée Verte, face au Nîmes Olympique). Un an plus tard, les Havrais terminent le championnat de France 1950-1951 à la troisième place, la meilleure performance de leur histoire. De nouveau relégués en 1954, ils connaissent une saison 1958-1959 historique, qui les voit remporter le championnat de deuxième division mais surtout gagner la coupe de France, exploit qu'ils sont la première équipe à réaliser
La descente aux enfers (1960-1979)
En 1960-1961 et en 1961-1962, le HAC participe à l'éphémère Coupe anglo-franco-écossaise, perdant la première année contre Bolton Wanderers 5-1 en score cumulé puis, la deuxième année, contre Aberdeen 7-2 en score cumulé.
Les années suivantes sont terribles : entre 1962 et 1966, le club abandonne le statut professionnel et se trouve relégué de première division jusqu'en division d'honneur, le 4e échelon national, dont il ne sort qu'en 1970. En 1971, le club s'installe au Stade Jules-Deschaseaux. En 1979, le club est champion de troisième division Ouest.
La renaissance (1980-1987)
Sous l'impulsion de son nouveau président Jean-Pierre Hureau, le club se maintient en deuxième division, remet en place une section professionnelle en 1981 et retrouve l'élite en 1985.
Les années yoyo (1988-2010)
Relégué en 1988, le club est de nouveau promu en 1991. Il se maintient à ce niveau pendant neuf saisons consécutives, généralement en deuxième partie de tableau.
En 2000 le club est relégué. Dans les années suivantes, il est promu à deux reprises en première division mais ne parvient pas à s'y maintenir. En 2008, le club remporte le titre de champion de France de Ligue 2 pour la 5e fois, ce qui constitue un record. À la suite de sa montée en Ligue 1, le club essaye de se maintenir en première division, exploit qu'il n'a plus réalisé depuis huit ans. Malheureusement, pas assez préparé à l'élite, il termine dernier du championnat avec seulement 26 points. Après sa relégation en Ligue 2, le club finit sa saison 2009-2010 en 5e position.
Bloqué en Ligue 2 (depuis 2010)
Le 12 juillet 2012, le HAC inaugure son nouveau stade, le Stade Océane. Le club en est propriétaire via la société Océane Stadium. Le nouvel écrin a alors tout d'un stade de Ligue 1. Le lendemain, les dirigeants dévoilent le nouveau logo du club sur lequel on peut retrouver les racines du HAC, symbole d'un changement.
En juin 2015, le président Jean-Pierre Louvel annonce le nouveau maillot qui retrouve le caractère historique qu'il avait perdu depuis 2012. Pour cela, le HAC se détache de son équipementier Nike pour produire son propre maillot via sa marque 1872 (Nike est toujours équipementier pour tout ce qui n'est pas du maillot domicile).
Le 27 juillet 2015, Vincent Volpe, PDG de Dresser-Rand Monde, succède à Jean-Pierre Louvel en tant que président du HAC. Il nomme au sein du conseil d'administration l'américain Mark Mai, qui doit apporter ses compétences juridiques, le néerlandais Jan Kees van Galen pour les questions financières, le français Pascal Lardy pour ses compétences opérationnelles et le vénézuélien Jesus Pacheco pour son savoir-faire commercial et en marketing. Ce conseil d'administration choisit à l’unanimité Arnaud Tanguy comme directeur général. Le projet est de remonter en Ligue 1, le HAC s'attachant les services de joueurs expérimentés en Ligue 2 (Ghislain Gimbert, Mathieu Duhamel, Fabien Farnolle) ou en Ligue 1 (Cédric Cambon, Grégoire Puel). Le 10 novembre 2015, alors que le club est 4e après 14 journées, l'américain Bob Bradley est nommé entraîneur de l'équipe première à la suite du départ de Thierry Goudet et de l'intérim de Christophe Revault. Il devient le premier entraîneur américain à exercer en France. Son arrivée est accompagnée de celles de Pierre Barrieu pour la préparation physique et d'Oswald Tanchot au poste d'adjoint.
Lors de la 38e journée de championnat, le club frôle la montée en Ligue 1 après une victoire 5 à 0 face à Bourg-Péronnas mais, malgré une différence de but similaire avec le FC Metz, les hauts-normands échouent au pied du podium, ayant une moins bonne attaque (52 buts inscrits contre 54 pour les messins).
Lors du mercato estival 2016, le club se sépare de son meilleur buteur en Ligue 2 de la saison précédente, Lys Mousset, auteur de 14 buts, transféré contre 7,3 millions d'euros à Bournemouth. Pour renforcer le noyau de l'équipe, constitué notamment d'Alexandre Bonnet, Duhamel, Farnolle, Cambon, Denys Bain et de Jean-Pascal Fontaine, l'équipe enregistre l'arrivée de sept renforts : Zinedine Ferhat, Taher Mohamed, Sébastien Salles-Lamonge, Tarik Tissoudali, Barnabás Bese, Mana Dembélé et Yohann Thuram. La politique du club est également de développer sa jeunesse avec les signatures de contrats professionnels pour Rafik Guitane et Harold Moukoudi.
Le 3 octobre 2016, Bradley quitte Le Havre pour Swansea, Tanchot le remplaçant. Le Havre termine 8e de la saison 2016-2017 de Ligue 2.
Le Havre réalise un bon démarrage lors de la saison 2017-2018, les Ciel et Marine occupant la première place entre la première et la cinquième journée. À la suite d'une série de résultats plus difficiles, les supporters envahissent le terrain lors d'une défaite à domicile face au voisin Quevilly-Rouen (défaite 0-2), le club est alors tombé à la 8e place du classement. Sur les sept dernières journées, l'équipe ne connaît pas la défaite et se classe finalement 5e, se qualifiant pour les barrages de promotion. Il remporte son premier tour face au stade brestois (victoire 2-0) avant d'être éliminé par l'AC Ajaccio.
Au terme d'une saison 2018-2019 où l'équipe n'aura été qu'une seule fois dans les cinq premiers, Oswald Tanchot et le HAC mettent un terme à leur collaboration d'un commun accord le 28 mai 2019. Le lendemain, Paul Le Guen est nommé comme manager sportif et entraîneur. En août, Umut Meraş et Ertuğrul Ersoy viennent renforcer l'équipe première en provenance de Bursaspor, club entraîné par Le Guen entre juin 2017 et avril 2018.
Tino Kadewere est la révélation de la saison 2019-2020. Sur la phase aller, il est auteur de 17 buts en championnat. Il est cédé le 24 janvier 2020 à l'Olympique lyonnais pour 12 millions d'euros hors bonus mais reste au club en prêt. À cause de la pandémie de Covid-19, cette saison est stoppée prématurément en mars. Le classement est figé après 28 journées disputées, Le Havre est alors sixième.
Khalid Boutaïb est au centre d'un imbroglio administratif, recruté le 5 octobre 2020, il ne défend les couleurs de son nouveau club que le 16 janvier 2021, des documents manquants à son dossier pour obtenir son certificat international de travail. Pour faire face aux difficultés économiques liées à la défaillance de Mediapro et au contexte sanitaire, le club se sépare lors du mercato hivernal 2021 d'Alan Dzabana, Ertuğrul Ersoy, Ayman Ben Mohamed et Yacouba Coulibaly afin de réduire sa masse salariale. Fin mars 2021, Pierre Wantiez, directeur général du club, estime que le HAC conclura l'exercice 2020-2021 avec un déficit d'exploitation d'au moins dix millions d'euros.
Sportivement, la saison n'est pas du même acabit que la précédente, l'équipe végétant dans la deuxième partie de tableau.
Annexes
Bibliographie
- Didier Leclerc et Pascal Lachaux-Florentin, Histoire du Havre Athletic-Club, Editions Horvath, 1986
- Pierre Denaunay, Jacques De Ryswick, Jean Cornu et Dominique Vermand, 100 ans de football en France, Paris, Atlas, , 376 p. (ISBN 2-7312-0743-4)
Notes et références
Notes
- devenu de nos jours l'avenue Foch,
- Section éphémère
- Même si certains documents affirment que Le Havre remporte cette année la victoire finale le véritable vainqueur est bien le Club athlétique de la Société Générale
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