Histoire du chômage en France
L'histoire du chômage en France désigne l'évolution du chômage français, des politiques de l'emploi et des définitions du chômage en France.
Ancien régime
Les ouvriers au chômage doivent trouver les moyens de leur subsistance par eux-mêmes, ou demander le secours aux institutions religieuses qui accueillent les démunis[1].
De la Révolution française à la Monarchie de Juillet
Le chômage augmente du fait des guerres napoléoniennes. Sur les 60 000 ouvriers parisiens en 1811, 12 000 sont sans emploi[2].
Sous la monarchie de Juillet, le chômage augmente dans les grands centres urbains industriels tels que Lyon[3].
Seconde République
La Seconde République épouse, à ses débuts, plusieurs revendications sociales et ouvrières. Les Ateliers nationaux sont créés pour fournir du travail aux chômeurs[4]. Ces ateliers emploient quelques dizaines de milliers de chômeurs[5]. Victor Hugo défend la création de mécanismes d'assistance pour que les chômeurs puissent vivre dans des conditions dignes[6]. Le chômage atteint, dans les mois qui suivent la révolution, entre 30% et 60% à Paris[7],[8].
Second Empire
La Guerre de Sécession aux États-Unis provoque une augmentation du chômage en France. Le blocage des ports des États confédérés par l'Union empêche l'approvisionnement de coton en France. Cela déprime l'activité, ainsi qu'au Royaume-Uni. 350 000 ouvriers environ perdent leur emploi du fait de la « disette du cotton ».
Troisième République
Le chômage n'est comptabilisé statistiquement qu'à partir de 1896[9]. En 1894, une enquête menée par l'Office du travail indique que le chômage (total ou partiel) touche environ 10% des ouvriers[10].
La Grande Dépression, causée par le krach boursier de 1929, provoque une récession en France. Elle fut toutefois plus faible que chez les pays occidentaux, car l'économie française restait rurale et protégée par des barrières douanières[11]. Le chômage augmente toutefois à partir de 1931. Il touche durement le secteur du luxe, qui connaît à cette époque une augmentation de 10 000 chômeurs[12]. On dénombre officiellement 426 500 chômeurs en 1935, mais le chiffre est probablement sous-évalué. Il cache la sortie de 1,7 million de travailleurs de la population active. Jean Lhomme estime ainsi le nombre de chômeurs à 2 millions sur 12,5 millions de travailleurs[13]. Gérard Noiriel estime que 330 000 femmes sont licenciées entre 1931 et 1936, principalement dans le textile et la métallurgie[14].
En , le nombre de chômeurs est officiellement de 864 000 personnes. Le taux de chômage de l'époque est estimé à 10,1%, soit légèrement moins que l'Allemagne (10,3%), et moins que le Royaume-Uni (12,5%) et les États-Unis (13%)[14].
Régime de Vichy
Le régime de Vichy craint que le chômage provoque une agitation sociale dans le pays[15],[16]. Il crée un Commissariat à la lutte contre le chômage le [17]. A l'automne 1940, il y a environ un million de chômeurs en France[18]. Des jeunes chômeurs sont envoyés dans les Chantiers de la jeunesse française[19]. Le gouvernement renforce des mesures antérieures, tel que le contrôle de la main d’œuvre étrangère et le chômage partiel[20].
De la Libération à la Quatrième République
Le chômage n'est pas une préoccupation du gouvernement provisoire de la République française, car la France est à l'époque en manque de main d’œuvre[21]. Les politiques sociales du régime, qui créent et fortifient la sécurité sociale française, prennent toutefois en compte la possibilité du chômage[22].
Le chômage commence à augmenter à nouveau dans les années 1950[23]. En 1954, il y a 192 000 chômeurs en France. Ils ne sont plus que 81 000 au premier trimestre 1958[24].
Vème République
Trente glorieuses
Afin de traiter le chômage, Charles de Gaulle crée le régime d'assurance chômage en . Il est dédié aux salariés de l'industrie et du commerce et est signé par les partenaires sociaux. La croissance du nombre de chômeurs durant les années 1960 incite le gouvernement à mettre en place des politiques publiques pour lutter contre le chômage. En 1967, le chômage atteint 500 000 personnes, et le gouvernement crée l'Agence nationale pour l'emploi en 1968[9]. En 1970, il y a 300 000 chômeurs[25].
Après les Trente glorieuses
Le taux de chômage français augmente rapidement après les chocs pétroliers. Il atteint le million de chômeurs en 1977[26]. De 5,9% en 1979, il passe à 8,1% en 1982 ; l'année précédente, le million de chômeurs est atteint[27]. Il augmente à 9,7% en 1984[28]. Il atteint un apogée en 1987, avec 10,5%, avant de refluer à 9% en 1990. L'économie se trouve alors au sommet de son cycle. Il réaugmente à 10,4% en 1992[29]. En 1993, les trois millions de chômeurs sont atteints[26].
Entre 1981 (7,1%) et 1986 (10,2%), le chômage a augmenté de 44% en France en variation relative, contre 62% en Allemagne, 17% en Grande-Bretagne, 23% au Japon, et -6% aux États-Unis[30].
Sous la présidence de François Hollande, des lois de flexibilisation du travail sont votées, avec des résultats mitigés[31]. En 2015, le chômage atteint 3,49 millions de personnes pour les chômeurs de catégorie A[32].
Notes et références
- Jean-Gabriel Bliek et Alain Parguez, Le plein emploi ou le chaos, Economica, (ISBN 978-2-7178-5201-1, lire en ligne)
- Thierry Lentz, Le Premier Empire: 1804 - 1815, Fayard/Pluriel, (ISBN 978-2-8185-0469-7, lire en ligne)
- (en) Thomas R. Forstenzer, French Provincial Police and the Fall of the Second Republic: Social Fear and Counterrevolution, Princeton University Press, (ISBN 978-1-4008-5419-6, lire en ligne)
- Philippe Vigier, La Seconde République: « Que sais-je ? » n° 295, Que sais-je, (ISBN 978-2-13-060998-8, lire en ligne)
- Inès Murat, La Deuxième République, Fayard, (ISBN 978-2-213-65784-4, lire en ligne)
- Pascal Melka, Victor Hugo: un combat pour les opprimés : étude de son évolution politique, La Compagnie Litteraire, (ISBN 978-2-87683-194-0, lire en ligne)
- (en) Ben Hubbard, Bloody History of Paris: Riots, Revolution and Rat PIe, Amber Books Ltd, (ISBN 978-1-78274-572-3, lire en ligne)
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- Marc Ferro, Histoire de France, Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-4619-9, lire en ligne)
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- Lucien Bély, Histoire de France, Editions Jean-paul Gisserot, (ISBN 978-2-87747-842-7, lire en ligne)
- Jean Castarède, Histoire du luxe en France: Des origines à nos jours, Eyrolles, (ISBN 978-2-212-08220-3, lire en ligne)
- Henri Dubief, Nouvelle histoire de la France contemporaine (13): Le Déclin de la IIIe République (1929-1938), Seuil (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-02-127626-8, lire en ligne)
- Pierre JUDET, Une histoire sociale de l'industrie en France: Du choléra à la grande crise (années 1830- années 1930), PUG - Presses universitaires de Grenoble, (ISBN 978-2-7061-4907-8, lire en ligne)
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