Horst-Wessel-Lied

Le Horst-Wessel-Lied (le Chant de Horst Wessel ; en allemand : /hɔʁst ˈvɛs liːt/[1] ) était, en Allemagne à partir de 1930 et jusqu'en 1945, l'hymne officiel des SA puis du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP).

Pour les articles homonymes, voir Horst Wessel (homonymie).

Horst-Wessel-Lied
Chant de Horst Wessel
Hymne national de Allemagne
Paroles Horst Wessel
1929
Adopté en 1933
Utilisé jusqu'en 1945
Fichier audio
Horst-Wessel-Lied

Considéré comme un second hymne national à l'époque du Troisième Reich, après l'hymne officiel allemand qu' était alors le "Deutschland über alles" (dans sa version apparue lors de la création de l'Empire allemand en 1871, où la ville de Memel en Prusse orientale est mentionnée), il a été constamment joué et chanté sous le régime nazi de février 1933 à mai 1945 . Son interprétation était notamment obligatoire avant chaque concert de musique classique.

Le texte du Horst-Wessel-Lied a été écrit entre 1927 et 1929 par le SA Horst Wessel, abattu chez lui par un communiste en 1930. La mélodie choisie est issue du répertoire du XIXe siècle.

Depuis 1945, selon l'article 86 a du Code pénal allemand, le Horst-Wessel-Lied fait partie des signes d'organisations anticonstitutionnelles dont l'interprétation et la diffusion sont interdites, en raison de leur origine nationale-socialiste. Cette interdiction, qui découle directement du procès de Nuremberg, concerne aussi la mélodie. Ainsi, même avec d'autres paroles, ce chant est tout aussi illégal. En Autriche, des dispositions similaires s’appliquent en vertu de l’article 3 de la loi sur l’interdiction de 1947.

Histoire

Le Horst-Wessel-Lied a été publié pour la première fois en sous forme d'un poème dans l’organe de presse des SA Der Angriff (en français : L’Attaque) sous le titre Die Fahne hoch! (Le drapeau hissé !).

Horst Wessel s'est servi d'un texte écrit par le poète communiste Willi Bredel pour les membres du Roter Frontkämpferbund (l'Union de défense du Parti communiste allemand sous la république de Weimar), qui était alors une milice anti-nazie et l’a adapté pour la SA.

Peu après la mort d'Horst Wessel, abattu par Alfred Höhler dit « Ali », membre du Roter Frontkämpferbund le , le chant a fait l'objet d'une réimpression dans le Völkischer Beobachter avec la mention « Le salut de Horst Wessel à l'Allemagne à venir ». Le chant est alors devenu l'hymne officiel du parti nazi et l'« évangile du mouvement » (Ingeborg Wessel). Le Horst-Wessel-Lied est choisi comme hymne national en 1933 lors de l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir. Il sera finalement abandonné en 1945 après l'effondrement du régime nazi.

Paroles

Le texte d'Horst Wessel glorifie la SA, milice de membres du parti nazi allemand ou NSDAP en initiales allemandes.

Version originaleTraduction

Die Fahne hoch!
Die Reihen fest (dicht/sind) geschlossen!
SA marschiert
Mit ruhig (mutig) festem Schritt
𝄆 Kam’raden, die Rotfront und Reaktion erschossen,
Marschier’n im Geist
In unser’n Reihen mit 𝄇

Le drapeau haut !
Les rangs bien serrés !
La SA marche
D'un pas calme et ferme !
𝄆 Les camarades tués par le Front rouge et les réactionnaires,
Marchent en esprit
Dans nos rangs avec nous ! 𝄇

Die Straße frei
Den braunen Bataillonen
Die Straße frei
Dem Sturmabteilungsmann!
𝄆 Es schau’n aufs Hakenkreuz voll Hoffnung schon Millionen
Der Tag für Freiheit
Und für Brot bricht an 𝄇

Les rues libres
Par les bataillons bruns,
Les rues libres
Par l'homme de la SA !
𝄆 Des millions de personnes attendent déjà avec espoir la croix gammée
Le jour de la liberté
Et du pain arrive ! 𝄇

Zum letzten Mal
Wird Sturmalarm (-appell) geblasen!
Zum Kampfe steh’n
Wir alle schon bereit!
𝄆 Schon (Bald) flattern Hitlerfahnen über allen Straßen (über Barrikaden)
Die Knechtschaft dauert
Nur noch kurze Zeit! 𝄇

Pour la dernière fois
L'appel a sonné !
Pour le combat
Nous sommes tous déjà prêts !
𝄆 Bientôt les drapeaux hitlériens flotteront dans toutes les rues (sur les barricades)
La servitude
Va bientôt se terminer ! 𝄇

Die Fahne hoch!
Die Reihen fest (dicht/sind) geschlossen!
SA marschiert
Mit ruhig (mutig) festem Schritt
𝄆 Kam’raden, die Rotfront und Reaktion erschossen,
Marschier’n im Geist
In unser’n Reihen mit 𝄇

(À la fin, la première strophe est reprise, voir ci-dessus)

Mélodie

La mélodie[2] reprend celle d'une chanson populaire (der Abenteurer) dont l'air lui-même est tiré de l’opéra Joseph d'Étienne Nicolas Méhul[3] qui est aussi le compositeur du célèbre Chant du départ. La musique de la chanson "Königsberg-Lied" semble avoir inspiré le compositeur du "Horst-Wessel-Lied"

Contexte

Sans une connaissance relativement précise de la situation politique en Allemagne vers 1930, à laquelle se réfère Horst Wessel, le texte de la chanson est difficilement compréhensible.

Cela tient non seulement aux passages qui se réfèrent dans le choix des mots ou dans l’intention au contexte de la fin de la république de Weimar, mais aussi à certaines incohérences techniques et linguistiques qui méritent d’être relevées.

Le terme de « Front rouge » (Rotfront), clairement péjoratif dans la bouche des nazis, fait référence au Roter Frontkämpferbund, milice antifasciste créée par le Parti communiste d'Allemagne ou KPD, en initiales allemandes.

Pour le lecteur actuel, qui assimile le nazisme (national-socialisme) à l’extrême droite, il peut paraître étrange qu'Horst Wessel fasse référence à la « Réaction », à la droite du parti nazi. Cela paraissait néanmoins avant 1934 naturel à bien des membres du NSDAP et particulièrement aux SA qui se considéraient comme appartenant à un mouvement social-révolutionnaire, opposé aux forces conservatrices et monarchistes de la bourgeoisie allemande.

De fait, les nazis ou NSDAP (en initiales allemandes) arrivent au pouvoir légalement le 30 dans une coalition (apparue en 1931) avec le Parti national du peuple allemand («Deutschnationale Volkspartei» ou DNVP en initiales allemandes), après avoir obtenu environ 33,10 % des voix pour le parti nazi et environ 8, 35 % des voix pour le DNVP, aux dernières élections législatives formées régulièrement le 6 novembre 1932, par le gouvernement de la République de Weimar. Le NSDAP était, à la suite de cette élection, le parti politique le plus important en Allemagne, les sociaux démocrates ou SPD étaient le second, avec environ 20, 40 % des voix, le KPD obtenant plus de 16, 90 % des suffrages, étant le troisième parti politique et le parti catholique " Zentrum " étant le quatrième avec environ 11, 90 % des voix.

La fraction social-révolutionnaire du parti nazi ainsi que les SA ont été écartés du parti nazi à la suite de la nuit des Longs Couteaux, (29 au 30 juin1934), ce qui n’a pas empêché le NSDAP de faire de ce chant leur hymne et d'en rendre l'exécution obligatoire lors de toute manifestation officielle.

Parodies

La parodie la plus connue est celle de la Kälbermarsch (en français : « La marche des veaux ») dans Schweyk dans la Deuxième Guerre mondiale (1943) de Bertolt Brecht (musique de Hanns Eisler) :

Version originaleTraduction

Hinter der Trommel, trotten die Kälber
(Das) Fell für die Trommel, liefern sie selber.
Der Metzger ruft. Die Augen fest geschlossen
Das Kalb marschiert mit ruhig festem Tritt.
(Die)Kälber, deren Blut im Schlachthof schon geflossen
Ziehen im Geist, in seinen Reihen mit.

Derrière le tambour, trottent les veaux
La peau pour le tambour, ils la livrent eux-mêmes.
Le boucher appelle. Les yeux complètement fermés,
Le veau défile d'un pas calme et ferme.
Les veaux, dont le sang déborde déjà dans l'abattoir,
Suivent par l'esprit dans leurs rangs.

Pierre Dac, sur l'antenne de Radio Londres, composa et chanta une chanson parodique contre les collaborateurs français sur l'air du Horst-Wessel-Lied[4]:

Waffen SS, enfants de la milice,
C’est nous les durs, les mecs au cœur de fer,
Et nous n’avons pour utiliser nos services,
Qu’un seul patron, un seul Adolf Hitler.
Pétain, Laval, nos deux chefs responsables,
Nous ont donné Darnand comme Führer,
C’est donc à eux que nous sommes tous redevables
D’avoir l’honneur d’obéir à Hitler.
Du nom « Français » nous n’avons plus que faire
D’être nazis nous sommes bien plus fiers
Et s’il le faut, nous égorgerons père et mère
Car nous tuons au nom d’Adolf Hitler.
Bientôt enfin, viendra la récompense
Notre vertu recevra son salaire
Lorsque nous serons accrochés à la potence,
Nous crèverons au nom d'Adolf Hitler.

La chanson Ah ! Si j’étais resté célibataire (Guy de Paris - Boermans - Pletinckx), enregistrée en 1962 par l'accordéoniste André Verchuren, ancien résistant déporté en camp de concentration par les nazis, reprend une partie de la mélodie du Horst-Wessel-Lied.

Notes et références

(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Horst-Wessel-Lied » (voir la liste des auteurs).

Voir aussi

Liens externes

  • Portail du nazisme
  • Portail de la musiquesection Chanson
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.