Sturmabteilung

La Sturmabteilung (littéralement section d’assaut[1], de Sturm « tempête » ou militairement « assaut » et Abteilung signifiant « détachement, section »), abrégée en SA, est une organisation paramilitaire du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (le NSDAP ou « parti nazi »), organisation dont est ensuite issue la SS[2]. La SA joua un rôle important dans l'accession au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933. À partir de 1934, et après l'élimination de ses principaux dirigeants durant la nuit des Longs Couteaux, la SA ne joue plus aucun rôle politique.

« Section d'assaut » redirige ici. Pour l’article homophone, voir Sexion d'assaut.

Emblème des SA.

Terminologie

Le terme Sturmabteilung s'apparente à celui des Sturmtruppen, ces « troupes d'assaut » créées dans l'armée allemande lors de la Première Guerre mondiale, pour appuyer les grandes offensives.

Les SA furent appelées « chemises brunes » en raison de la couleur de l'uniforme de leurs membres à partir de 1925. C'est Gerhard Roßbach qui, à la fin de 1924, achète en Autriche un lot de surplus de chemises militaires tropicales de couleur brune. Elles étaient disponibles en grand nombre pour un prix modique après la guerre car elles avaient initialement été confectionnées pour habiller les troupes de l'empire colonial allemand, démantelé à l'issue de la Première Guerre Mondiale[3].

Lorsque Adolf Hitler arrive à reconstituer les SA, après l'interdiction qui les frappait en vertu de la condamnation du putsch de 1923, il habille ses hommes avec ces chemises rapidement disponibles et fait fabriquer le reste des vêtements pour compléter l'uniforme (hauts-de-chausses, cravates, képis). Il semble que cela soit donc davantage par opportunisme économique que par choix symbolique que le brun fut adopté comme couleur officielle des SA et du parti nazi en général[4].

Création et rôle

Sturmabteilung d'Essen en 1926.
Ernst Röhm, Stabschef des SA de 1931 à 1934.
SA lors du boycott des magasins juifs le à Berlin.

Adolf Hitler a créé les SA à Munich le en réunissant d'anciens combattants, des officiers mécontents et des membres des corps francs (chargés de la répression des révolutionnaires communistes spartakistes pendant la révolution de 1918-1919). À la fondation Emil Maurice devint l'Oberster SA-Führer : le chef de la Sturmabteilung.

Leur constitution en troupe paramilitaire par les vétérans nationalistes visait d'abord à contourner les limitations du traité de Versailles dans lesquels les vainqueurs de la Première Guerre mondiale imposaient de réduire l'armée régulière à 100 000 hommes.

Les SA comptent à l'origine deux mouvances : celle anticapitaliste et apparentée à la gauche ouvrière en l'Allemagne du Nord, incarnée par Röhm, et une seconde (la base du mouvement, située à Munich) moins idéologique, qui absorbera finalement la première[5]. Néanmoins, notamment d'après l'historien allemand Joachim Fest, la seconde révolution prônée par les SA à partir de 1933 et jusqu'à la nuit des Longs Couteaux s'apparente moins à un programme national-socialiste qu'au « désir d'individus isolés de faire fortune, ou encore de reprendre place dans la société en dehors de toute idéologie »[6].

Cette organisation a été le premier groupe paramilitaire nazi à développer des titres pseudo-militaires afin de conférer des grades à ses membres. Le commandant de la SA porte le titre de SA-Stabschef, c'est-à-dire chef d'état-major de la SA. Depuis 1930 Adolf Hitler restait nominalement le chef de la SA avec le titre d’Oberster SA-Führer, avant cette année-là la SA connut bon nombre d'Oberster SA-Führer en 10 ans. Les grades de la SA furent adoptés par de nombreux autres groupes du parti nazi dont la SS fondée en [2].

À la suite de l'assassinat en 1930 du jeune militant Horst Wessel (qui a été élevé au rang de martyr), l'hymne officiel des SA était le Horst-Wessel-Lied, qui est ensuite devenu l'hymne du parti nazi.

Les SA faisaient office de service d'ordre, qui provoquait l'éviction des opposants lors des rassemblements du parti nazi, puis prirent une importance de plus en plus grande dans l'organisation du pouvoir. Elles furent à l'origine de nombreux actes de violences dans les années 1920, principalement lors de combats de rues contre des groupes communistes comme le Roter Frontkämpferbund (l'Union de défense du Parti communiste d'Allemagne), et furent interdites à l'issue de la tentative de putsch de Hitler le . L'organisation fut de nouveau autorisée en 1926 et joua un rôle croissant (jusqu'à la nuit des Longs Couteaux).

En 1933, après l'élection du NSDAP, les SA se voyaient en concurrence avec l'armée régulière (Reichswehr), en tant qu'artisans de la révolution national-socialiste. Les tensions entre Röhm et Hitler sur le rôle et le contrôle de ces troupes d'esprit révolutionnaire, créditées de 400 000 hommes, menaçaient l'unité du pouvoir. Röhm souhaitait également, ainsi que bon nombre de ses camarades de la branche anticapitaliste de la SA, voir se poursuivre les efforts commencés et s'enclencher une « seconde révolution », qui débarrasserait les infiltrations conservatrices de l'entourage de Hitler : ceux-ci influençaient maintenant le NSDAP et empêchaient toute réforme sociale importante. La fracture était d'autant plus grande entre Röhm et Hitler que des rumeurs commençaient à circuler, au-dehors même des milieux nationaux-socialistes : selon certains, Röhm proférait des propos traîtres lors de dîners organisés avec d'autres responsables de la SA. Ces rumeurs ne tardèrent pas à remonter vers la Chancellerie, où elles furent accentuées par l'écriture de rapports fallacieux et tronqués de la part des services SS, qui affirmaient que Röhm préparait instamment une insurrection, avec le concours d'un grand nombre des anciens collaborateurs d'Hitler. Afin de rétablir l'ordre au sein du parti de manière exemplaire, Hitler, poussé par ses conseillers dont Heinrich Himmler, le Reichsführer-SS, qui souhaite particulièrement voir disparaître cette organisation rivale, et par Joseph Goebbels, ordonne de purger la SA.

À l'été 1934, durant la nuit des Longs Couteaux, Röhm et tous les chefs SA sont assassinés ou arrêtés. Les purges ne se limitent pas aux dirigeants SA : des éléments conservateurs nationalistes qui avaient permis à Hitler d'accéder au pouvoir sous Hindenburg sont également assassinés : entre autres, le général Kurt von Schleicher, les collaborateurs de Franz von Papen, ainsi que l'un des chefs de l'aile « gauche » du parti nazi, Gregor Strasser.

Après cet épisode, la SA a joué un rôle marginal dans l'histoire du Troisième Reich, à l'exception néanmoins de sa participation lors de la nuit de Cristal en 1938, en organisant les pogroms et la spoliation des juifs dans toute l'Allemagne.

À partir de 1934, c'est Viktor Lutze qui dirige la SA « apaisée » jusqu'à sa mort en 1943. Des membres de la SA constitueront l'essentiel des effectifs de la Panzer Grenadier Division Feldherrnhalle. Wilhelm Schepmann prendra sa succession jusqu'à la fin de la guerre et la dissolution de la SA, en 1945. Une petite partie des membres de la SA est aussi versée en janvier 1944 dans la nouvelle 18ème division SS "Horst Wessel".

La SA participa notamment aux combats lors des batailles de Vitebsk et de Narva, et fut anéantie, en 1944, sur la Bérézina.

La SA fut jugée lors du procès de Nuremberg, mais, contrairement à la Schutzstaffel (SS), ne fut pas déclarée organisation criminelle.

Évolution des effectifs

Après avoir augmenté de manière exponentielle entre 1930 et 1934, l'effectif a décliné après la nuit des Longs Couteaux[7] :

  •  : environ 100 000 ;
  •  : environ 400 000 ;
  •  : 2,9 millions ;
  •  : 1,2 million.

Chefs de la SA

Emil Maurice, premier Oberster SA-Führer, de 1920 à 1921, mais ici en uniforme de SS-Oberführer[alpha 1] (cliché non daté, probablement entre 1934 et 1937).

Le chef suprême des SA portait le titre d’Oberster SA-Führer. Ceux qui ont porté ce grade ont respectivement été :

La personne assurant la direction effective des SA portait le titre de Stabschef en français : « chef d’état-major » ; ce grade ne fut créé qu'en 1929 et ceux qui l’ont porté ont successivement été :

Notes et références

Notes

  1. Grade qui n'a pas d’équivalence en France : intermédiaire entre celui de colonel et celui de général de brigade
  2. Le NSDAP et ses organes et instruments (incluant le Volkischer Beobachter et les SA) furent bannis en Bavière et dans certaines parties de l'Allemagne entre et , ce à la suite du putsch raté de Hitler, dont l'objet était de renverser la république de Weimar (cf. le putsch de la Brasserie).

Références

  1. .
  2. (en) Nazi Germany - SchutzStaffel SS.
  3. John Toland, Adolf Hitler, New York, Doubleday & Company, 1976, p. 220 (ISBN 0-385-03724-4).
  4. Robin Lumsden, The Allgemeine-SS, Osprey Publishing, 1993, p. 20.
  5. Joachim Fest, Les Maîtres du IIIe Reich, Grasset, Collection Le Livre de Poche Référence, 1965 [rééd. 2011], pages 262-263.
  6. Joachim Fest, Les Maîtres du IIIe Reich, Grasset, Collection Le Livre de Poche Référence, 1965 [rééd. 2011], pages 268-269.
  7. Chris McNab (trad. de l'anglais), La Stratégie nazie : les plans de Hitler, Paris, Acropole, , 224 p. (ISBN 978-2-7357-0388-3), p. 174.

Annexes

Bibliographie

  • « La Panzer-Grenadier Division Feldherrnhalle », Ligne de Front, no 34

Articles connexes

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