How Does the Grass Grow?

How Does the Grass Grow? est une chanson de David Bowie parue en 2013 sur l'album The Next Day. Son texte lugubre évoque un massacre de jeunes gens dans un pays d'Europe de l'Est  peut-être l'ancienne Yougoslavie , dont les survivants sont étreints par la culpabilité et le remords. En contrepoint, la mélodie moqueuse et enfantine du refrain est un emprunt au tube instrumental Apache des années 1960.

How Does the Grass Grow?
Chanson de David Bowie
extrait de l'album The Next Day
Sortie 17 juin 2013
Enregistré 3 mai 2011 (instruments)
16 janvier 2012 (voix)
The Magic Shop (New York)
Durée 4:33
Auteur David Bowie, Jerry Lordan (en)
Producteur Tony Visconti
Label Iso, Columbia

Pistes de The Next Day

Description

Dans le cimetière de Mostar, de nombreuses tombes témoignent des massacres des guerres de l'ex-Yougoslavie.

How Does the Grass Grow? est une chanson macabre sur une génération fauchée dans sa jeunesse par les atrocités d'une guerre[1]. Pour son ami et producteur Tony Visconti, elle illustre comment les soldats sont entraînés à tuer sans émotion[2]. Bowie la décrit en trois mots : Balkan, burial, reverse balkanique, enterrement, inverse »)[1]. Les indices semés dans son texte noir évoquent un pays d'Europe de l'Est, où les garçons conduisent des mobylettes lettones de la marque Riga-1[Note 1] et les filles portent des jupes en nylon et des sandales de Hongrie[Note 2], une phrase copiée dans une description de la ville russe de Joukovka brossée en 1967 par Svetlana Allilouïeva, la fille de Staline. Les massacres commis lors de la dislocation de la Yougoslavie pourraient avoir été la source d'inspiration de l'événement terrible évoqué, un bain de sang qui plonge les survivants dans le remords[1]. Dans un mouvement pendulaire entre le passé et le présent, le narrateur s'interroge : « M'aimerais-tu toujours si les horloges pouvaient revenir en arrière ? Les filles se rempliraient de sang et l'herbe serait à nouveau verte[Note 3] ». Mais le refrain apporte une réponse lugubre :

Where do the boys lie ? Mud, mud, mud
How does the grass grow? Blood, blood, blood.

« Où les garçons sont-ils étendus ? La boue, la boue, la boue
Comment pousse l'herbe ? Le sang, le sang, le sang. »

Selon Tony Visconti, ce vers évoque une réplique du film de 1987 Full Metal Jacket où des recrues répondent à leur instructeur militaire : « What make the grass grow? Blood! Blood! Blood! », et plus anciennement des chants militaires américains et britanniques[1]. Un poème de Carol An Duffy, Last Post, pourrait avoir été une autre source d'inspiration : l'auteure y imagine le sang remontant vers les blessures d'un soldat de la Première Guerre mondiale, depuis la vase où il s'est répandu[3].

Enregistrement

C'est une des premières chansons de l'album à avoir été enregistrées. Les pistes instrumentales sont captées le , mais Bowie ne pose sa voix que le . Pour avoir repris, en la modifiant à peine[3], la mélodie du vers du refrain « Ya Ya Ya Ya, Ya Ya Ya Ya » au morceau Apache, joué par The Shadows dans les années 1960, Bowie crédite son compositeur Jerry Lordan (1934-1995)[Note 4]. Cette phrase musicale d'apparence moqueuse et enfantine souligne en un contrepoint absurde l'horreur du texte[1]. Avec les harmonies aiguës des arrangements qui selon Jérôme Soligny évoquent des œuvres de T. Rex, elle contribue à faire paradoxalement du titre un des morceaux les plus enjoués de l'album[4].

Critiques

Nicholas Pegg souligne la maîtrise de l'interprétation de cette chanson « belle et sophistiquée » par le chanteur et ses musiciens, un « joyau caché » de l'album[1]. Pour lui comme pour Jérôme Soligny[4], le pont notamment est d'une « beauté exceptionnelle ».

Chris O'Leary l'associe à un thème récurrent chez Bowie, celui de la jeunesse trahie et sacrifiée par la civilisation, quel qu'en soit la génération (avec d'autres chansons comme The Stars (Are Out Tonight), The Informer, Valentine's Day et I'd Rather Be High)[3].

Matthieu Thibault quant à lui n'est pas séduit par la ligne prise à Apache, qu'il qualifie de manque d'invention, mais voit dans le jeu de guitare et les accords d'ouverture et de conclusion du morceau « un pont entre les textures synthétiques de "Heroes" et la pop de Heathen »[5].

Musiciens

Bibliographie

  • (en) Chris O'Leary, Ashes to Ashes: The Songs of David Bowie, 1976-2016, Watkins Media Limited, (ISBN 978-1-912248-36-0, lire en ligne)
  • (en) Nicholas Pegg, The Complete David Bowie, Londres, Titan Books, (ISBN 978-1-78565-365-0).
  • Jérôme Soligny, David Bowie. Rainbowman, 1983-2016, Gallimard, (ISBN 9782072893018).
  • Matthieu Thibault, David Bowie, l'avant-garde pop, Marseille, Le Mot et le reste, , 443 p. (ISBN 978-2-36054-228-4).

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. « The boys ride their Riga-1s. »
  2. « Girls wear nylon skirts and sandals from Hungary. »
  3. « Would you still love me if the clocks could go backwards ?
    The girls would fill with blood and the grass would be green again.
     »
  4. Le nom de travail de How Does the Grass Grow? est d'ailleurs Ya Ya.

Références

  1. Pegg 2016.
  2. (en-US) Andy Greene, « David Bowie's New Album: A Track-by-Track Preview », sur Rolling Stone, (consulté le )
  3. O'Leary 2019.
  4. Soligny 2020, p. 1059.
  5. Thibault 2016.
  • Portail du rock
  • Portail de la musiquesection Chanson
  • Portail de David Bowie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.