Hydroélectricité en Islande

Le secteur de l'hydroélectricité en Islande occupe une place majeure : sa part dans la production d'électricité était de 72,6 % en 2016.

Barrage de Kárahnjúka (centrale de Fljótsdalur, la plus puissante d'Islande avec 690 MW), haut de 193 m, en construction en 2006.

L'Islande se classe au 11e rang des producteurs d’hydroélectricité en Europe, avec 2,3 % de la production hydroélectrique de l'Europe en 2018.

Elle se situe au premier rang mondial pour la production d'électricité par habitant, la Norvège venant loin derrière avec une production par habitant moitié moindre.

En 2014, 80 % de la production d'électricité de l'Islande ont été consommés par les industries fortes utilisatrices d'électricité (power intensive), en particulier l'industrie de l'aluminium.

Le potentiel hydroélectrique de l'Islande n'est encore exploité qu'à moins de sa moitié. Un projet d'exportation par câble sous-marin vers le Royaume-Uni est à l'étude.

Potentiel hydroélectrique

La cascade Dettifoss, sur la Jökulsá á Fjöllum : les rivières islandaises ont un important potentiel énergétique.

Plus de 10 % de l'île est recouverte de glaciers, dont certains (Vatnajökull, Langjökull et Hofsjökull) comptent parmi les plus grands d'Europe. Ces glaciers sont la source de nombreuses rivières glaciaires, dont les plus importantes sont la Þjórsá, la Jökulsá á Fjöllum, la Hvítá, la Skjálfandafljót, la Jökulsá á Brú et la Tungnaá. Elles possèdent un débit important (jusqu'à une centaine de mètres cubes par seconde) dès leur source, à plusieurs centaines de mètres d'altitude. Cette combinaison d'altitude et de débit donne à ces rivières un important potentiel énergétique, et dote l'Islande de nombreuses cascades qui figurent parmi les attractions appréciées des touristes, ce qui a entraîné la protection de plusieurs rivières, notamment la Hvítá et la Jökulsá á Fjöllum, dont l'exploitation hydroélectrique est interdite.

Le potentiel théorique de l'hydroélectricité en Islande a été évalué à 184 TWh/an, dont 40 TWh/an économiquement exploitable ; la production atteignant 12,6 TWh/an en 2011, il reste un potentiel inexploité important. Le potentiel techniquement exploitable de la petite hydraulique est évalué à 12,3 TWh/an, soit environ 19 % du potentiel total. Les petites centrales existantes totalisaient 55 MW fin 2008, soit 2,9 % de la puissance installée totale[1].

Il y a encore de grands potentiels hydroélectriques non exploités dans l'île. En 2002, on estimait que l'Islande ne générait que 17 % de l'énergie hydroélectrique exploitable du pays. Le gouvernement islandais croit qu'il serait possible de produire 30 TWh supplémentaires d'hydroélectricité annuellement, tenant en compte des sources qui doivent rester inexploitées pour des raisons environnementales[2].

Histoire

La première centrale hydroélectrique du pays a été construite en 1904 par un entrepreneur local. Elle était située dans une petite ville près de Reykjavik et délivrait une puissance de kilowatts. La première centrale hydroélectrique municipale, Fjarðarselsvirkjun, fut construite en 1913 à Seyðisfjörður. En 1921, une nouvelle centrale fut installée près de Reykjavik, d'une puissance de mégawatt (MW), quadruplant à elle seule la puissance installée dans l'ensemble du pays[3].

Les années 1950 ont marqué une nouvelle étape dans le développement de l'hydroélectricité en Islande. Deux centrales sont construites sur la rivière Sog, la première en 1953 avec une puissance de 31 MW, et une autre en 1959 de 26,4 MW. Ces deux centrales, partiellement détenues par le gouvernement islandais, étaient les premières à être construites à des fins industrielles[3].

En 1965, le gouvernement islandais et la municipalité de Reykjavik fondent Landsvirkjun, la compagnie nationale d'électricité. En 1969, la centrale de Búrfell d'une puissance de 210 MW fut installée sur la Þjórsá pour fournir le sud de l'Islande en électricité et alimenter une fonderie d'aluminium capable de produire 33 000 tonnes par année[3].

En 2009, l'Islande acheva son plus grand projet hydroélectrique, le complexe de Kárahnjúka, d'une puissance installée de 690 MW, pour alimenter une autre fonderie d'aluminium, celle de Fjardaál construite simultanément par Alcoa à Reyðarfjörður[2]. Ce projet a soulevé une importante controverse parmi les écologistes.

Production hydroélectrique

Selon l'International Hydropower Association, la production hydroélectrique de l'Islande a atteint 13,69 TWh en 2018, soit 2,3 % du total européen, au 11e rang européen, loin derrière la Norvège (139,5 TWh), la France (63,1 TWh) et la Suède (60,9 TWh)[4].

La production nationale d'électricité hydraulique atteignait 13 470 GWh en 2016, soit 72,6 % de la production totale d'électricité du pays[5]. Grâce à cette production ainsi qu'à celle des centrales géothermiques, l'Islande produit 100 % de son électricité à partir de sources renouvelables[6] et est le premier producteur mondial d'électricité par habitant : 53 MWh/hab en 2012, la Norvège venant loin derrière avec 26 MWh/hab, suivie par le Canada avec 18 MWh/hab[7].

Les augmentations de la production hydroélectrique sont directement reliées aux développements industriels. En 2014, 80 % de la production d'électricité de l'Islande ont été consommés par les industries fortes utilisatrices d'électricité (power intensive), en particulier l'industrie de l'aluminium : 71 %, celle du ferrosilicium : 6 %, celle des feuilles d'aluminium : 3 %[8].

L’Islande envisage en 2014 une ligne sous-marine de 1 000 km pour exporter l’hydroélectricité vers le Royaume-Uni[9].

Évolution de la production hydroélectrique en Islande
Production (GWh) 1990 2000 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 variation
2016/1990
Hydroélectricité4 2046 35612 59212 50712 33712 86312 87313 78113 470+220 %
Prod. électrique totale4 5107 68417 05917 21117 54918 11618 12218 79918 550+311 %
 % hydro93,2 %82,7 %73,8 %72,7 %70,3 %71,0 %71,0 %73,3 %72,6 %
Sources : Agence internationale de l’énergie[5].

Les variations climatiques entrainent des fluctuations de grande ampleur : la production hydroélectrique brute de 1990 est inférieure de 26 % à celle de 1980 et celle de 2015 est inférieure de 25 % à celle de 2014.

Puissance installée

La puissance installée des centrales hydroélectriques de l'Islande atteignait 2 086 MW fin 2018, soit 0,9 % du total européen, loin derrière la Norvège (32 256 MW), la France (25 519 MW) et la Suède (16 466 MW). En 2018, l'Islande a mis en service le projet Búrfell II 100 MW, où une extension de 40 MW est envisagée[4].

La décision avait été prise en 2016 d'accroître de 100 MW la puissance de la centrale de Burfell sur la base de la prévision d'une accélération de la fonte des glaciers, déjà observée en Islande. La nouvelle centrale souterraine est à km de la centrale actuelle de 288 MW[10].

Acteurs

La compagnie nationale d'électricité (Landsvirkjun) est le principal producteur d'électricité, avec une production de 12 469 GWh, soit 75 % de la production totale, suivie par Reykjavik Energy : 2 138 GWh (12 %), puis par HS Orka : 1 431 GWh (9 %) ; ces deux dernières produisent leur électricité par géothermie[11].

Politique énergétique

Une usine d'aluminium à Reyðarfjörður

L'Islande possède relativement peu de ressources naturelles, en dehors de la pêche, principale ressource économique du pays[12]. Cette ressource étant très fluctuante, tout comme les prix du marché, le gouvernement a entrepris de diversifier l'économie. Étant donné l'important potentiel énergétique du pays, on proposa d'abord de vendre de l'électricité à l'Europe en l'exportant par un câble sous-marin. Cette idée étant difficile à mettre en œuvre, on choisit plutôt d'attirer sur l'île des industries fortement consommatrices en énergie, en particulier l'industrie de l'aluminium. En 2009, l'aluminium représentait 39 % des exportations[12].

L'électricité est à 100 % produite à partir de sources renouvelables, et la géothermie a remplacé le fioul et le charbon pour la chaleur, procurant le chauffage de 90 % des bâtiments, piscines ou serres agricoles. Au total, les renouvelables ont représenté 87 % de l'énergie primaire consommée par l'Islande en 2014. Le pays s'est fixé pour objectif de devenir le premier pays au monde 100 % vert à horizon 2050, en remplaçant le pétrole par les renouvelables dans les transports[13].

Principales centrales hydroélectriques

Les centrales hydroélectriques islandaises de grande taille utilisent les eaux issues des glaciers et sont dotées de réservoirs qui permettent de réguler leur production en fonction de la demande tout au long de l'année ; les rivières glaciaires du sud de l'ïle sont la principale source de la production hydroélectrique du pays avec plus de 5 000 GWh/an. De nombreuses petites centrales réparties sur tout le territoire sont des centrales au fil de l'eau, qui turbinent simplement les apports naturels, sans réservoir[1].

Principales centrales hydroélectriques en Islande
Centrale Rivière Province Mise en service Exploitant Puissance
(MW)
Production moyenne
(GWh/an)
Hauteur de chute
Fljótsdalur[14]Jökulsá á Brú et Jökulsá í FljótsdalAusturland (Islande de l'est)2007-2008Landsvirkjun6904800599
Búrfell[15]ThjórsáSud1972, 1998Landsvirkjun370[4]2300115
Hrauneyjafoss[16]TungnaáSud1981Landsvirkjun210130088
Blanda[17]BlandaNord-ouest1991-92Landsvirkjun150910287
Sigalda[18]TungnaáSud1977-78Landsvirkjun15092074
Sultartangi[19]Tungnaá et ThjórsáSud2000Landsvirkjun120102045
Búðarháls[20]TungnaáSud2014Landsvirkjun9558540
Vatnsfell[21]Tungnaá et ThjórsáSud2001Landsvirkjun9049065
Sog (Ljósifoss, Írafoss, Steingrímsstöð)[22]SogSud-ouest1937-1959Landsvirkjun89463

Le fleuve Þjórsá, situé au sud de l'Islande, est le plus grand fleuve islandais ; il alimente la centrale hydroélectrique de Búrfell (270 MW). Son principal affluent, la rivière Tungnaá, prend sa source à l'ouest du Vatnajökull. Plusieurs barrages se situent sur le cours de cette rivière : d'amont en aval Sigalda (150 MW), Hrauneyjafoss (210 MW), Búðarháls (95 MW) et Sultartangi (120 MW) lors de sa confluence avec la Þjórsá ; la centrale hydroélectrique de Vatnsfell (90 MW) est située sur un des affluents de la Tungnaá.

Notes et références

Notes

    Références

    1. (en)World Energy Resources 2013 - Hydro, page 5.23, Conseil mondial de l'énergie, 2013.
    2. (en) Helga Bardadottir, Energy in Iceland, Reykjavik, Hja Godjon O,
    3. (en) « Sustainable Generation and Utilization of Energy The Case of Iceland », 19th World Energy Congress, (lire en ligne, consulté le )
    4. (en) [PDF] 2019 Hydropower Status Report (pages 81 et 101), Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), 13 mai 2019.
    5. (en)Iceland : Electricity and heat for 2016, Agence internationale de l’énergie, 21 septembre 2018.
    6. (en) « Askja Energy : Energy Data »
    7. (en) Askja Energy, « World’s largest Electricity Producer per Capita »,
    8. (en) NEA (National Energy Authority, « Power Intensive Industries », (consulté le )
    9. (en) Rapport 2015 sur le statut de l'hydroélectricité (voir page 4), International Hydropower Association, 2015.
    10. (en) [PDF] 2016 Hydropower Status Report (Rapport 2016 sur l'état de l'hydroélectricité) (pages 6 et 54), Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), juillet 2016.
    11. (en)Hydro Power Plants In Iceland, Orkustofnun (Autorité nationale de l'énergie).
    12. (en) Organisation de coopération et de développement économiques, OECD Economic Surveys : Iceland 2009, Paris, OCDE, , 106 p. (ISBN 978-92-64-05451-6, lire en ligne), p. 11
    13. En Islande, l'électricité est déjà 100 % verte, Les Échos, 27 novembre 2015.
    14. (en)Fljótsdalur Power Station, Landsvirkjun.
    15. (en)Búrfell Power Station, Landsvirkjun.
    16. (en)Hrauneyjafossstod Power Station, Landsvirkjun.
    17. (en)Blanda Power Station, Landsvirkjun.
    18. (en)Sigalda Power Station, Landsvirkjun.
    19. (en)Sultartangi Power Station, Landsvirkjun.
    20. (en)Búdarháls Power Station, Landsvirkjun.
    21. (en)Vatnsfell Power Station, Landsvirkjun.
    22. (en)Írafossstod Power Station, Landsvirkjun.

    Voir aussi

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