Hypsodontie

L’hypsodontie (du grec hýpsos, hauteur, et odóntos, dent) est le fait, pour un mammifère, d'avoir une denture où les dents ont une couronne haute, une racine éventuellement courte, de l'émail dentaire qui s'étend au-delà de la ligne gingivale et une croissance prolongée ou continue des dents, dites « hypsodontes ».

Incisives de cheval.

On la retrouve chez les animaux ayant une alimentation végétale fibreuse ou pouvant contenir des minéraux comme chez les rongeurs (Castor notamment), les chevaux et les cerfs.

Vocabulaire associé

L'adjectif correspondant est hypsodonte.

Le fait d'avoir une denture inverse est appelé brachyodontie.

Histoire évolutive

Évolution des vertébrés selon un diagramme axial représentant les cinq grandes classes (poissons[1], amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères). La largeur des axes indique le nombre de familles dans chaque classe. Les mammifères ongulés se sont adaptés à la progressive extension des prairies au cours de l'ère tertiaire.

L'accroissement en taille des mammifères (corrélée à l'allongement de leur tube digestif qui favorise l'assimilation des herbes peu digestibles), le développement de chambres de digestion volumineuses et spécialisées (panse, cæcum avec leur microbiote ayant la capacité de digérer la cellulose) et l'acquisition d'une denture hypsodonte résistante au pouvoir abrasif des graminées, entraîne au Miocène le déclin des mammifères frugivores au profit des herbivores brouteurs puis paisseurs[2]. L'émail dentaire de ces herbivores dessine un réseau complexe de crêtes broyeuses et une croissance prolongée de la dent qui compense l'usure rapide due aux phytolithes des graminées possédant des grains de silice qui abrasent les dents[3].

Utilisation

Le type, le degré et la signification évolutive[4],[5] de l'hypsodontie comptent parmi les critères de classification[6] qui permettent aussi d'identifier des fossiles d'espèces de mammifères anciennes ou disparues, notamment chez les rongeurs[7].

Notes et références

  1. Avec les cinq principaux clades représentés : Agnathes (lamproies), Chondrichthyens (requins, raies), Placodermes (fossiles), Acanthodiens (fossiles), Osteichthyens (poissons osseux).
  2. Gérard Fonty, Annick Bernalier-Donadille, Evelyne Forano, Pascale Mosoni, Consommation et digestion des végétaux, Quæ, , p. 25-27.
  3. Charles Devillers, Henri Tintant, Questions sur la théorie de l'évolution, PUF, , p. 297.
  4. Mendoza, M., & Palmqvist, P. (2008) Hypsodonty in ungulates: an adaptation for grass consumption or for foraging in open habitat ? Journal of Zoology, 274(2), 134-142.
  5. Viriot L (1994) Tendances évolutives des molaires chez les arvicolidés (Rodentia, Mammalia) ; thèse de Doctorat ; (résumé)
  6. Koenigswald WV (2011) Diversity of hypsodont teeth in mammalian dentitions—construction and classification. Palaeontographica Abt. A, 294, 63-94.
  7. Jeannet, M. (1978). L’hypsodontie chez les campagnols et les autres mammifères. Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Lyon, 5, 206-213.

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

Bibliographie

  • Tobien H (1977) Brachyodonty and hypsodontyin some Palaeogene Eurasiatic Lagomorphs. Geobios, 10, 211-212.
  • Breton G (1996) Ponctualisme et gradualismeau sein d'une même lignée: Réflexions sur la complexité et l'imprédictibilité des phénomènes évolutifs. Geobios, 29(1), 125-130.
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