Youssef ben Tachfine
Youssef ben Tachfine as-Sanhaji, aussi nommé Yusuf Ibn Tashfin, Youssef Ou-Tachfine (en berbère : ⵢⵓⵙⴼ ⵓ ⵜⴰⵛⴼⵉⵏ ⵓ ⵜⴰⵍⴰⴽⴰⴽⵉⵏ ⴰⵍⵎⵜⴰⵏ ⴰⵥⵏⴰⴳ Yusef u Tacfin[1] u Talakakin Almtan Aẓnag ; en arabe : يوسف بن تاشفين ناصر الدين بن تالاكاكين الصنهاجي), ou encore Ben Yousouf, est le troisième imam et le premier sultan de la dynastie berbère des Almoravides. Né entre 1006 et 1009, il a régné sur un Empire allant du Sahara à l'Espagne, de 1061 jusqu'à sa mort en 1106. Il est, avec sa femme Zaynab Nefzaouia, le fondateur de Marrakech vers 1070, qui est alors devenue une capitale. Il est le « roi des Lamtuna, qui devint le maître des deux rives » selon Ibn Khaldun (la Muqaddima, III, 30).
Émir almoravide | |
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Émir |
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Naissance |
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Décès | Inconnu (d) |
Nom dans la langue maternelle |
ⵢⵓⵙⴼ ⵓ ⵜⴰⵛⴼⵉⵏ ⵓ ⵜⴰⵍⴰⴽⴰⴽⵉⵏ ⴰⵍⵎⵜⴰⵏ ⴰⵥⵏⴰⴳ |
Activité | |
Famille | |
Conjoint | |
Enfants |
Ali Ben Youssef Tamima bint Yusuf ibn Tashfin (d) |
Religion |
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Biographie
Origine
Youssef Ibn Tachfine est un berbère sanhadjien de la tribu des Lemtouna[2], parcourant surtout les régions désertiques qui s'étendent des oasis du Sud marocain au « pays des Noirs »[3]. Il nait probablement entre 1006[4] et 1009, dans le grand Sahara[5].
En 1048, les Berbères sanhaja de l'ouest du Sahara se coalisent sous l'impulsion d'un prédicateur malékite berbère marocain, Abdallah Ibn Yasin, et d'un chef local, Abou Bakr ben Omar, et fondent le mouvement almoravide[6].
Abou Bakr ben Omar appelé par l'action des Soudanais au sud confie le commandement au Nord à son cousin Youssef ben Tachfin[7]. Youssef Ibn Tachfin devient alors commandant au Nord dans un premier temps, fait battre monnaie au nom de Abou Bakr Ben Omar et réorganise l'armée[5].
Youssef Ibn Tachfin est un saharien typique, tel que le Qirtas en dresse le portait [8]:
« Teint brun, taille moyenne, maigre, peu de barbe, voix douce, yeux noirs, nez aquilin, mèche de Mohammed retombant sur le bout de l'oreille, sourcils joints l'un à l'autre, cheveux crépus. »
La guerre en Andalousie
En 1086, à la demande d'al-Mu'tamid, Youssef, alors sultan de la dynastie almoravide, vient en Espagne une première fois pour lui porter assistance et pour l'aider à affronter Alphonse VI, qui a envahi Saragosse. Il bat Alphonse le à Sagrajas (az-Zallàqa) avant de se retourner contre al-Mu'tamid qui entretemps s'était allié au monarque espagnol. Il s'empare donc de Séville, de Grenade, d'Almeria, de Badajoz et finalement destitue al-Mu'tamid en 1091, l'envoyant en exil au Maroc, où il mourra quatre ans plus tard à Aghmat. Youssef occupe alors tout le territoire d'al-Andalus.
Il jette son dévolu sur Valence, dont le futur roi, Rodrigo Diaz de Bivar, plus connu sous le surnom de Cid Campeador, se trouve à Saragosse.
En , une poignée d'éclaireurs almoravides arriva sous les murs de Valence. Ibn Djehaf (Cadi), membre d'un haut lignage yéménite, porté par la foule partisane, prit le pouvoir dans la ville après avoir fait assassiner al-Qadir.
Rodrigo, qui séjournait alors à Saragosse, vint mettre le siège devant Valence et reprit la ville en . Youssef capitule momentanément, partant chercher des renforts avant d'envahir à nouveau Valence. Habileté politique ou mentalité de guerrier, Rodrigo, ne semble pas avoir aspiré à y exercer directement le pouvoir. Il laissa le soin de gouverner la ville à Ibn Djehaf, la veille encore insoumis, et se contenta, installé dans le château de Cebolla (Puig), de percevoir l'impôt.
Rodrigo imposa un nouveau siège, extrêmement sévère, à la ville en . Après avoir vainement attendu un dernier secours, Valence, décimée par la faim, capitula le .
Les conditions de l’occupation furent d'abord clémentes. On respecta la propriété des biens et la liberté du culte, les armées chrétiennes restèrent extra-muros, l'impôt fut habilement limité, comme le faisaient, au fur et à mesure de leur progrès, les Almoravides, à la dîme coranique.
Rodrigue lui-même prit demeure dans le faubourg de l'Alcudia. Le Castillan renforçait néanmoins considérablement sa présence et il s'institua en outre juge suprême des Valenciens. Les choses s'aggravèrent après une nouvelle offensive almoravide, en . L'ennemi vaincu, les chrétiens durcirent le régime d'occupation à proportion du péril. Ibn Djehaf, traduit en justice pour l'assassinat d'al-Qadir, fut brûlé vif. Les musulmans, à l'exception de quelques notables, durent s'installer dans les faubourgs tandis que les chrétiens se logeaient dans les murs.
L'armée almoravide arrive jusqu'à Lisbonne la même année. En 1098, Youssef est nommé Prince des musulmans, Défenseur de la foi et Envoyé du commandeur des croyants.
En 1102, il conquiert à nouveau Valence, le Cid étant mort depuis 3 ans, battant sa femme Chimène, ainsi que la partie septentrionale d'al-Andalus. Son expansion s'arrête alors à la vallée de l'Èbre. Il nomme son fils Ali héritier du trône.
Youssef meurt en 1106. Son mausolée se trouve à Marrakech au Maroc, près de la mosquée Koutoubia.
Notes et références
- Peut être à l'origine "Tacfint" ou "Tajfint".
- (ar) ابن الأثير الجزري, الكامل في التاريخ, p. 327
- Charles André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord, . p.418 « les Lemtouna, dont le berceau est l'Adrar de Mauritanie »
- Fatima-Zohra Oufriha, Au temps des Grands Empires Maghrébins: La décolonisation de l'histoire de l'Algérie, Chihab, (ISBN 978-9947-39-465-6, lire en ligne)
- (tr) « YÛSUF b. TÂŞFÎN - TDV İslâm Ansiklopedisi », sur TDV İslam Ansiklopedisi (consulté le )
- Jean Boulègue, « Mouvement almoravide », sur www.universalis.fr.
- L. Golvin, « Almoravides », Encyclopédie berbère, no 4, , p. 539–542 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.2452, lire en ligne, consulté le )
- Charles-André Julien, op.cit, p.423
Voir aussi
Articles connexes
- Conquête almoravide d'al-Andalus
- Sanhadja
- Ibrahim ben Youssef, un de ses fils.
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (fr) Extrait de l'encyclopédie Universalis sur les Almoravides.
- (fr) Almoravides Site Internet Quantara.
- (fr) Carte Euratlas des Lemtouma en l’an 1000 qui rejoint le texte de la source donnée par l'Encyclopédie Universalis.
- (fr) Biographie de la famille.
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