Industrie nucléaire en Russie

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Ne doit pas être confondu avec Arsenal nucléaire de la Russie.

L'industrie nucléaire en Russie est l'héritière du programme nucléaire de l'URSS. En , la Russie possède 37 réacteurs opérationnels (et 6 autres en construction)[1], ce qui la place en 5e position mondiale des pays producteurs d'électricité nucléaire en nombre de réacteurs [2]. Avec 190 115 GWh produits en 2017, la Russie est en 4e position en production d’électricité d’origine nucléaire[3].

Par ailleurs, elle possède un nombre très important de sites avec des réacteurs de recherche civils ou militaires, dont environ 109 réacteurs de recherche ou à vocation militaire à l'origine [4].

Deux réacteurs doivent être construits sur le site de Kaliningrad selon le Projet de centrale nucléaire de Kaliningrad.

La Russie est partie prenante au programme ITER, à Cadarache en France, elle doit signer un accord de coopération concernant l'utilisation pacifique du nucléaire avec l'Union européenne[5].

Structure

Rosatom, Agence fédérale de l'énergie atomique, dirigée par l'ex-Premier ministre Sergueï Kirienko, supervise le programme nucléaire russe. Un décret de 2007 a créé la holding Atomenergoprom, qui regroupe l'industrie nucléaire, en particulier:

L'organisme national de contrôle des activités nucléaires est le Rostekhnadzor (RTN), Service fédéral de l'écologie, des technologies et du contrôle nucléaire en Russie[6].

Le nucléaire sous l'URSS

Les 18 000 km 2 du site nucléaire de Semipalatinsk (en rouge sur la carte), où la première bombe A soviétique, RDS-1, explose en 1949. Plus de 500 armes nucléaires y seront testés de 1949 à 1989.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Staline, à qui avaient déjà été présentées les preuves de programmes nucléaires occidentaux, décida de lancer un programme soviétique de développement d’une bombe atomique. Pour ce faire, sont fondés à Moscou l'Institut d'ingénierie physique de Moscou en 1942, puis l'Institut Kourtchatov de l'énergie atomique en 1943.

En 1946 est créé l'Institut panrusse de recherche scientifique en physique expérimentale (VNIIEF) à Sarov à environ 400 km à l'est de Moscou, pour assembler la première bombe atomique soviétique. De 1946 à 1968, plus de 9 000 tonnes de minerais d'uranium sont extraits des mines de Maïlouou-Souou au Kirghizistan pour le programme nucléaire soviétique.

La construction du premier réacteur plutonigène débute en au complexe nucléaire Maïak, situé à l'est de l'Oural à environ 1500 km de Moscou. Le complexe nucléaire Maïak est créé entre 1945 et 1948 pour fabriquer et raffiner le plutonium nécessaire pour les têtes nucléaires.

En 1949, l'URSS réalise au Kazakhstan - dans le Polygone nucléaire de Semipalatinsk - le premier essai nucléaire de sa bombe A désigné sous le nom de code RDS-1. Il s'agit d'une copie de la bombe atomique américaine Fat Man, les Soviétiques ayant infiltré le Projet Manhattan, alors que la Guerre froide a déjà éclaté. Le rôle des services de renseignement soviétiques est alors très important pour démarrer le formidable accroissement de l'arsenal nucléaire de la Russie.

Le physicien Andrei Sakharov, aidé de Igor Tamm, mettent en place la bombe H au sein de l'Institut panrusse de recherche scientifique en physique expérimentale. Le , à Semipalatinsk au Kazakhstan, les Russes font exploser Sloika (Joe 4 pour les Américains), la première bombe H russe.

Le complexe secret de Jeleznogorsk (dont un réacteur est encore en fonctionnement en 2008) est créé en 1950 au sud de la Sibérie pour fabrication les têtes nucléaires des missiles intercontinentaux. .

En 1955 est créé l'Institut panrusse de recherche scientifique en physique technique à environ 50 km au nord du Complexe nucléaire Maïak. Cette même année, l'URSS essaie sa première bombe H à étage, RDS-37.

Dès les années 1950, l'URSS met au point les réacteurs de grande puissance à tubes de force (RBMK), à eau légère, qui équiperont la centrale de Tchernobyl, dont la construction commence dans les années 1970. En 1957, un grave accident nucléaire se produit au complexe nucléaire Maïak.

Le , Tsar Bomba, conçue au VNIIEF par une équipe de physiciens formée autour d’Igor Kurchatov et comprenant Andreï Sakharov, explose. Ce serait la plus puissante arme nucléaire testée en date de 2011. L'année d'après, la crise des missiles de Cuba démontre les limites de la coexistence pacifique, menant le monde près de la guerre nucléaire.

Techsnabexport est créé en 1963 pour exporter la technologie nucléaire. Un accord de coopération nucléaire liait déjà l'URSS avec l'Égypte, qui a abouti à la mise en service d'un réacteur à eau légère, en 1961, dans la centrale d'Inshas.

La course aux armements entre les deux blocs conduit rapidement à l'équilibre de la terreur, doctrine remplacée ensuite par la destruction mutuelle assurée (MAD). Les grandes puissances dotées de l'arme nucléaire signent alors le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) (1968), qui entre en vigueur en 1970.

La catastrophe de Tchernobyl, en 1986, a un retentissement international.

Gorbatchev signe le un traité avec Rajiv Gandhi, Premier ministre indien, de coopération nucléaire avec l'Inde, prévoyant la construction de la centrale de Kudankulam. Dû à l'opposition de Washington et au non-respect des conditions données par le groupe des fournisseurs nucléaires en 1992, la construction de la centrale fut stoppée; elle est désormais toujours en construction.

Après l'URSS

Aujourd'hui, TVEL fournit du combustible pour les centrales de la République tchèque, de Slovaquie, de Bulgarie, de Hongrie, d'Ukraine, d'Arménie, de Finlande, d'Iran et de Chine. Il y a actuellement 72 réacteurs de puissance et 30 réacteurs de recherche qui utilisent le combustible de TVEL.

Moscou a signé en 1995 un accord avec l'Iran, pour que Atomstroyexport mène à son terme la construction du réacteur à eau légère de Bushehr.

Atomstroyexport est aussi la seule firme à avoir répondu, le , à l'appel d'offres pour la construction d'une centrale nucléaire en Turquie[7].

Un accord de coopération pacifique sur le nucléaire a été signé avec le Venezuela fin [8].

Dans le cadre de son objectif de neutralité carbone pour 2060, la Russie vise 45 % d'électricité d'origine nucléaire d'ici 2050 et de 70 à 80 % d'ici 2100[9].

Commandes internationales

Sergueï Kirienko, directeur général du groupe nucléaire Rosatom, a annoncé le  : « Compte tenu des contrats signés, notre portefeuille à l'international dépasse maintenant 100 milliards de dollars. Ce sont des revenus sécurisés pour dix ans » ; ces contrats concernent 23 réacteurs en projet (en dehors des 9 réacteurs en cours de construction en Russie) : 4 en Turquie, 3 en Inde, 2 en Chine, 2 au Vietnam, 2 au Bangladesh, 2 en Iran, 2 en Ukraine, 2 en Hongrie, 2 en Biélorussie, 2 en Hongrie (centrale de Paks), 1 en Finlande (le Parlement finlandais vient de voter en faveur de la construction par Rosatom d'une centrale à Pihäjoki) et 1 en Arménie ; s'y ajoutent 26 projets de réacteurs en cours de négociations ou d'appel d'offres et 32 autres à l'étude. L'avantage commercial de Rosatom est de proposer une prise en charge complète, de la fourniture de combustible jusqu'au retraitement des déchets sur son sol et surtout au financement. Mais de nombreux experts occidentaux doutent de la capacité de Rosatom d'assurer le financement d'un tel montant dans les circonstances actuelles (sanctions internationales et chute du prix du pétrole), étant donné que le carnet de commandes affiché représente 5 % du PIB russe ; par exemple, Rosatom inscrit dans son portefeuille quatre réacteurs en Turquie pour lesquels le tour de table n'est pas encore bouclé[10]. Au Vietnam, le gouvernement a déclaré en que le programme nucléaire serait différé de près de quatre ans à cause des négociations qui se poursuivent sur la technologie et le financement[11].

Armes nucléaires

L'origine de l'industrie nucléaire soviétique fut militaire. Un programme fut lancé en 1943 et à partir des années 1970, l'arsenal nucléaire de l'armée rouge fut le plus puissant du monde.

Le gouvernement américain à la fin de la guerre froide pensait qu’il y avait en URSS 30 000 armes nucléaires et 500 à 600 tonnes d’uranium enrichi, alors qu’il y en avait respectivement 45 000 et 1 200 selon V. Mihailov, l’ancien ministre russe de l’énergie atomique[12].

En , la Russie disposait de 16 000 armes nucléaires, dont 5 830 actives [13].

Notes et références

  1. IAEA PRIS (Power Reactor Information System) - Country Statistics - Russian Federation - SUMMARY - Nuclear Power Reactors pris.iaea.org
  2. IAEA PRIS (Power Reactor Information System) - Wolrd Statistics - Operational & Long-Term Shutdown Reactors - Operational Reactors by country - pris.iaea.org
  3. IAEA PRIS (Power Reactor Information System) - World statistics - Nuclear Share of Electricity Generation in 2017 - Nuclear Electricity Supplied (GW.h) - pris.iaea.org
  4. Voir liste sur le site de l'Autorité de Sûreté russe
  5. Le Conseil donne son feu vert à la Commission pour négocier un accord de coopération nucléaire global avec la Russie, EUROPA Communiqué de presse, IP/09/1990, Bruxelles, le 22 décembre 2009
  6. Basic Activities of Federal Environmental, Industrial and Nuclear Supervision Service
  7. Turquie/nucléaire : une seule offre, AFP sur le site du Figaro, 24 septembre 2008
  8. Chavez et Medvedev signent un accord de coopération nucléaire, France 24 (dépêche AFP), 27 novembre 2008.
  9. « Carte. L’industrie nucléaire civile : l’autre énergie de la puissance russe. Réalisée et commentée par Teva Meyer », sur www.diploweb.com (consulté le )
  10. Nucléaire : le russe Rosatom revendique 100 milliards de dollars de commandes, Les Échos, 23 décembre 2014.
  11. « Nuclear Power in Vietnam », World Nuclear Association (consulté le )
  12. S. Rosefielde, Back to the Future? Prospects for Russia’s Military Industrial Revival, Orbis, septembre 2001, p. 10.
  13. (en) Status of Nuclear Powers and Their Nuclear Capabilities

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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