Ingeborg Bachmann
Ingeborg Bachmann, née le à Klagenfurt, en Carinthie, et morte le à Rome, est une poétesse, nouvelliste et romancière autrichienne.
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(à 47 ans) Rome |
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Prix Georg-Büchner () Liste détaillée Prix littéraire de la ville de Brême () Prix Georg-Büchner () Grand prix d'État de littérature autrichien (d) () Prix Anton-Wildgans () |
Archives conservées par |
Bibliothèque nationale autrichienne (LIT 423/14: Nachlass Ingeborg Bachmann)[1] |
Biographie
Ingeborg Bachmann est la fille d'un professeur protestant, Mathias Bachmann, qui adhère au NSDAP en 1932, et qui s'engage comme volontaire dès la déclaration de guerre à la Pologne en 1939[2].
Elle commence par s'inscrire à l'université d'Innsbruck à l'automne 1945 pour des études de psychologie, philosophie et germanistique. En 1946, à Graz, elle continue ses études de philosophie et de germanistique, tout en suivant quelques cours de droit. Elle arrive à Vienne à l'automne 1946 pour poursuivre des études de philosophie et germanistique. Tout en se frayant un chemin dans le monde de la culture et des lettres grâce à certains mentors, notamment Hans Weigel, et en commençant à publier, elle obtient son doctorat de philosophie en 1950 avec une thèse intitulée : La Réception critique de la philosophie existentielle de Martin Heidegger.
La rencontre de Hans Werner Richter à Vienne en 1952, alors qu'elle travaille comme rédactrice-conceptrice à la radio américaine Rot-Weiß-Rot lui permet de rejoindre le Groupe 47, qui regroupe les écrivains voulant renouveler la littérature et le langage, rompre avec la tradition et libérer la culture de toutes les séquelles du nazisme. Bachmann est la seconde femme, après Ilse Aichinger, à recevoir le prix décerné par le Groupe 47 pour son premier recueil de poèmes, Le Temps en sursis (Die Gestundete Zeit), en 1953[3].
En 1953, elle quitte Vienne pour Rome, et c'est dans cette ville que le photographe Herbert List réalise la photo qui fera la couverture de Der Spiegel, en août 1954. Que l'hebdomadaire allemand la mette ainsi en lumière montre la célébrité dont elle jouit à 28 ans.
En 1956, elle publie son second recueil de poèmes, Invocation de la Grande Ourse.
Elle ne publiera plus de recueil de poèmes par la suite. Toutefois, elle continuera toute sa vie à écrire et publier des poèmes, dont les plus connus, comme La Bohême est au bord de la mer[4].
En 1961, elle publie son premier recueil de nouvelles, La Trentième année.
De 1958 à 1962, Ingeborg Bachmann partage sa vie avec l'écrivain suisse allemand Max Frisch, rencontré à Francfort. Ils vivent entre Rome et Francfort.
En 1959, elle inaugure, comme premier professeur invité, la chaire de poétique de l'université de Francfort-sur-le-Main, créée pour permettre à un écrivain de langue allemande d'y exposer son « art poétique ». Des six conférences initialement prévues (de à ), Ingeborg Bachmann n'en donnera que cinq, sous le titre : « Questions de poésie contemporaine.»
Elle reçoit en 1964 le prestigieux prix Georg-Büchner pour ses poèmes, et compose pour la réception de celui-ci son texte : Berlin, un lieu de hasards.
Malina (en), publié en 1971, est le premier et seul roman achevé de son vivant. Ce roman est le premier tome d'une tétralogie intitulée Todesarten (Genres de mort) qui ne fut jamais menée à bien du fait de la mort subite de l'écrivaine. Les romans Le Livre Franza et Le Livre Goldmann ont été publiés à titre posthume sous leur forme fragmentaire.
Malina a été adapté à l'écran en 1991 par le cinéaste allemand Werner Schroeter, sur un scénario d'Elfriede Jelinek. L'héroïne est incarnée par Isabelle Huppert. Ce travail commun de Schroeter et Jelinek modifient de façon conséquente le sens et la portée du roman. Il renforce la tendance fallacieuse tendant à identifier Ingeborg Bachmann et son personnage principal — ce dont l'autrice s'était pourtant défendue dans les interviews faites après la parution du roman.
Ingeborg Bachmann meurt des suites de ses brûlures à Rome, le . Sa mort a suscité bien des commentaires et des interrogations, mais il est établi désormais qu'elle s'est endormie une cigarette à la main sans doute après avoir pris une forte dose d'antidépresseurs et de neuroleptiques, dont elle était devenue dépendante[5].
Elle rencontra Paul Celan, à Vienne, en 1948. Cette rencontre fut décisive, tant pour Celan que pour Ingeborg Bachmann. En , leur très importante correspondance fut publiée par l'éditeur Suhrkamp sous le titre Herzzeit (traduite sous le titre Le temps du cœur). Cette correspondance, comme l'étude de leur poésie, montrent que la relation amoureuse entre Celan et Bachmann fut également poétique et poétologique, et que l'interaction enrichit les œuvres de l'un comme de l'autre[6].
Les amitiés amoureuses d'Ingeborg Bachmann furent nombreuses. Sa relation avec le compositeur Hans Werner Henze généra de nombreuses œuvres communes, comme : Un Monologue du prince Mychtchkine, le ballet Der junge Lord (Le jeune Lord), l'opéra Der Prinz von Homburg (Le Prince de Hombourg) et la pièce radiophonique Die Zikaden. Par ailleurs, Hans Werner Henze mit en musique les poèmes Aria I et Sauf-conduit (Aria II) dans ses études symphoniques Nachtstücke und Arien (1957).
Depuis 1977, le prix Ingeborg-Bachmann est décerné à Klagenfurt[7].
À sa mort, Ingeborg Bachmann laisse derrière elle des milliers de pages de textes inachevées qui sont peu à peu dévoilées et analysées. Une édition critique et historique est en cours d'élaboration aux éditions Suhrkamp.
Thèmes
À travers ses poèmes, elle cherche, conformément à l'objectif du Groupe 47, à renouveler le langage : on ne construit pas « un monde nouveau sans un langage nouveau ».
Une autre thématique bachmannienne se dégage lentement : l'Amour et sa violence relationnelle inhérente, l'incommunicabilité dans le couple, mais aussi le tragique de l'existence féminine.
L'œuvre d'Ingeborg Bachmann constitue un ensemble sans frontières, où la poésie et la prose s'interpénètrent et dont la thématique principale est la recherche de vérité.
Œuvres
- Le Temps en sursis (Die gestundete Zeit, 1953), recueil de poèmes
- Les Cigales (Die Zikaden, 1955), pièce radiophonique
- Invocation à la Grande Ourse (Anrufung des Großen Bären, 1956), recueil de poèmes
- Le Bon Dieu de Manhattan (Der Gute Gott von Manhattan, 1958), pièce radiophonique
- La Trentième Année (Das dreißigste Jahr, 1961), 2010[8], recueil de sept nouvelles organiquement liées entre elles résumées et regroupées dans la dernière, Ondine s’en va, elle-même inspirée du conte romantique Ondine de Friedrich de La Motte-Fouqué
- Berlin, un lieu de hasards (Ein Ort für Zufälle, 1965), 1987 (avec des dessins de Günter Grass), texte court
- Malina (1971), 1973, roman
- Trois sentiers vers le lac (Simultan, 1972), 1982, recueil de nouvelles
- Franza (Der Fall Franza, 1979), roman
- Requiem pour Fanny Goldmann (Requiem für Fanny Goldmann, 1979), roman
- Le Passeur (nouvelles)
- Leçons de Francfort (Frankfurter Vorlesungen, 1980), recueil de cinq textes de conférences
- Lettres à Felician (Briefe an Felician, 1945-46, publiées en 1991).
- Œuvres (Thesaurus, Actes Sud, 2009)
- Journal de guerre, suivi des Lettres de Jack Hamesh à Ingeborg Bachmann (Kriegstagebuch. Mit Briefen von Jack Hamesh an Ingeborg Bachmann, 2010), (Actes Sud, 2011. Traduction F. Rétif)
- Ingeborg Bachmann, Paul Celan, (édition de Bertrand Badiou, Hans Höller, Andrea Stoll et Barbara Wiedemann ; traduit de l'allemand par Bertrand Badiou), Le temps du cœur : correspondance, 1948-1967, Paris, Éditions du Seuil, coll. « La librairie du XXIe siècle », 2011, 426 p. (ISBN 978-2-02-097023-5)
- Toute personne qui tombe a des ailes, Poèmes 1942-1967. Édition, introduction et traduction par F. Rétif, Paris, Gallimard, 2015. (ISBN 978-2-07-044928-6)
Notes et références
- « https://www.onb.ac.at/de/bibliothek/sammlungen/literatur/bestaende/personen/bachmann-ingeborg-1926-1973/ » (consulté le )
- Inge von Weidenbaum, "Une amitié entre langage et silence", in: Ingeborg Bachmann, Revue Europe, n°892-893, septembre 2003, p.19-31.
- (de) Monika Albrecht/Dirk Göttsche (Hrsg.), Bachmann Handbuch, Stuttgard/Weimar, J.B. Metzler, , 328 p. (ISBN 3-476-01810-5), p. 2-25
- Françoise Rétif, Ingeborg Bachmann, Paris, Belin, , 185 p. (ISBN 978-2-7011-4509-9)
- (de) Hans Höller, Ingeborg Bachmann, Reinbek bei Hambourg, Rowohlt Taschenbuch Verlag, , 186 p. (ISBN 3-499-50545-2).
- (de) Herta Luise Ott, « "In der Eulenflucht". Anmerkungen zum poetisch-poetologischen Dialog zwischen Ingeborg Bachmann und Paul Celan », dans Paul Celan: Interpretationen, Kommentare, Didaktisierungen, Vienne, Praesens Verlag, , 177–204 p. (ISBN 978-3-7069-1045-3)
- (de) Doris Moser, Der Ingeborg-Bachmann-Preis : Börse, Show, Event, Vienne, Böhlau, coll. « Literaturgeschichte in Studien und Quellen » (no 9), , 550 p. (ISBN 3-205-77188-5).
- https://www.seuil.com/ouvrage/la-trentieme-annee-ingeborg-bachmann/9782021010718
Voir aussi
Bibliographie
- Ingeborg Bachmann Revue Europe, n° 892-893, août-septembre 2003.
- Nicole Bary, « Ingeborg Bachmann. Le sourire du sphinx », Études, no 6, , p. 793-802 (lire en ligne).
- (de) Helmut Böttiger, Ingeborg Bachmann., Berlin, Munich, Deutscher Kunstverlag, (ISBN 978-3-422-07155-1).
- Miguel Couffon, Ingeborg Bachmann, le signe et la convention, Paris, L'Harmattan, coll. « Espaces littéraires », 2009, 118 pages
- Françoise Rétif, Ingeborg Bachmann, Paris, Belin, coll. « Voix allemandes », 2008, 183 pages (ISBN 978-2-7011-4509-9).
- Lydie Salvayre, 7 femmes, Paris, Perrin, 2013, portrait d'Ingeborg Bachmann.
- Catherine Weinzaepflen, Avec Ingeborg, Paris, Éditions des Femmes-Antoinette Fouque, 2015.
Article connexe
Liens externes
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