Isaac de l'Étoile

Isaac de l'Étoile, né entre 1100 et 1120 en Angleterre et décédé en 1178 à l'abbaye de l'Étoile près de Poitiers, est un moine cistercien, auteur spirituel et théologien du XIIe siècle. Abbé du monastère de l'Étoile, il a laissé des traités de spiritualité et de théologie chrétienne.

Isaac de l'Étoile
Naissance entre 1100 et 1120
royaume d'Angleterre
Décès
Abbaye de l'Étoile, royaume de France
Nationalité anglaise
Pays de résidence France
Profession
Activité principale
office divin, écrivain spirituel
Autres activités
gouvernement religieux (abbé)
Formation
Lettres monastiques, théologie

Éléments de biographie

Né en Angleterre et sans doute d'origine noble, il étudie en France dans les écoles cathédrales de Laon, Chartres et Paris. Il choisit la vie religieuse et devient moine vers 1143, probablement à Pontigny. En 1147, il est envoyé comme abbé à L'Étoile, près de Poitiers, qui avait reçu deux ans auparavant son adhésion à l'Ordre de Cîteaux, dans la filiation de Pontigny.

Plus tard, avec quelques compagnons dont Jean de Trizay, il fonde sur l'île de Ré le monastère des Châteliers. Il y vit dans une grande pauvreté. On a cru longtemps qu'il y passa ses derniers jours. Des documents découverts en 1985 portent plutôt à penser qu'il meurt vers 1178 dans son abbaye de l'Étoile.

Écrits

Dans ses écrits Isaac de l'Étoile développe des idées originales de manière imagée. Les discussions philosophiques ou théologiques sont toujours ramenées à une théologie contemplative. Si le genre littéraire utilisé est le Sermon (comme fréquemment à cette époque) certains d'entre eux sont de véritables petits traités spirituels ou théologiques[1]. C'est le Christ qui recrée l'unité dans le cœur de l'homme, après la rupture du péché.

Partout où il va

« Jésus, Sauveur de tous, se fait tout à tous (Co 9, 22), de manière à se révéler pourtant plus petit que les petits, plus grand que les grands.
Il est lui-même cette sainte et sublime échelle que le voyageur a vue dans son sommeil (cf. Gn 28, 12), l'échelle dressée de la terre jusqu'à Dieu ou tendue par Dieu à la terre. Quand il le veut, il monte par lui-même jusqu'à lui, accompagné parfois de quelques-uns, parfois sans qu'aucun homme puisse le suivre ; mais quand il le veut, il se joint à la foule commune, pour lui dire ce qu'elle peut comprendre. Parfois il guérit le lépreux, il mange avec les publicains et les pécheurs : on le traite de glouton et de buveur de vin (cf. Mt 11, 16-19) ; parfois aussi il touche les malades pour les guérir et les soigner, sans se borner à dire : Je le veux, sois guéri (Mt 8, 3).

Bienheureuse, frères très aimés, l'âme qui peut suivre partout le Seigneur Jésus, courant à l'odeur de ses parfums, partout où il va, montant dans le repos de la contemplation, paisiblement occupée à voir qu'il est Dieu, et d'autre part descendant par l'exercice de la charité, le suivant lui-même jusqu'à s'abaisser dans le service, aimer la pauvreté, supporter la faim, la soif, la fatigue. »

 St Isaac de l'Étoile. Sermon 12, 1.4-5, trad. G. Salet, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 130, 1967, p. 251-253[3].

Commentaire de l'Évangile selon Marc (16, 15-20).

Monter en descendant

« Telle est la règle véritable de la sainteté : suivre le Christ en montant vers le Père, s'affiner, se simplifier, s'unifier dans une paisible méditation ; suivre le Christ en descendant vers ses frères, être distendu par action, se partager en mille morceaux, se faire tout à tous (1 Co 9, 22), ne rien sous-estimer de ce qui touche le Christ ; n'avoir soif que d'une chose, ne s'occuper que d'une chose, quand il s'agit du Christ unique ; vouloir être au service du Christ, quand il s'agit du Christ multiple. Que l'homme tout entier, l'âme en haut, la chair en bas, suive le Christ tout entier et avec tout lui-même serve tout le Christ. Car le Christ tout entier est Dieu et homme ; et l'homme tout entier est âme raisonnable et chair. Que l'âme, par la contemplation de la vérité, aille voir son modèle au-dessus d'elle ; que la chair, par l'exercice de la charité, aille voir son modèle à côté d'elle. »

 St Isaac de l'Étoile. Sermon 12, 6, trad. G. Salet, Paris, Cerf, 1967, Coll. « Sources chrétiennes » 130, p. 255[4].

Postérité

Un complexe scolaire porte son nom à Poitiers[5].

Éditions

  • Patrologie latine, 194, col. 1689-1896 lire en ligne
  • Pages nouvelles des sermons d'Isaac de l'Étoile (publ. Gaetano Raciti), dans Collectanea Cisterciensia, t. 43, 1981, p. 34-55.
  • Sermons, éd. A. Hoste, G. Salet et G. Raciti, Sources chrétiennes, 130, 207 et 339, Paris, 1967-1987
  • De officio missae, éd. et trad. anglaise C. W. Boyle, Washington, 1963.
  • Sermons, tome 1, Les éditions du Cerf, coll. « Sources chrétiennes », , 348 p. (ISBN 978-2204038096)
  • Sermons, tome 2 : sermons 18-39, Les éditions du Cerf, coll. « Sources chrétiennes », , 348 p. (ISBN 978-2204038102)
  • Isaac de l'Étoile vous parle, textes choisis, traduits et présentés par C. Garda, supplément au n° 7 (1999) du bulletin Les Amis de l'Étoile, 32 p. ; éd. nouvelle et augmentée, 2008, 40 p.
  • "Isaac of Stella's Epistola de canone missae: A Critical Edition and Translation" (publ. Elias Dietz), dans Cîteaux – Commentarii Cistercienses, t. 64, fasc. 3-4, 2013, p. 265-308.
  • La Vierge Marie, maison où la Sagesse se repose. Une lecture des Sermons d'Isaac de l'Étoile pour la fête de l'Assomption. Collectanea Cisterciensia 34 (2012) 31-60. Domenico Pezzini. PDF.

Références

  1. Jean Jolivet, « Isaac de l'Etoile. Sermons », Revue de l'histoire des religions, vol. 189, no 2, , p. 230-231 (lire en ligne).
  2. Tractatus de officio missae.
  3. Isaac de l'Étoile. Sermons. Texte et introd. crit. par Anselme Hoste, O.S.B. Raciti Gaetano. Cahiers de Civilisation Médiévale, Année 1968/11-42, p. 234-238. Persée (portail).
  4. Collection Sources chrétiennes - N° 130.
  5. http://www.isaac-etoile.fr/

Annexes

Bibliographie

  • Dominique Poirel, « Isaac de l'Étoile », dans : Robert Bossuat, Louis Pichard et Guy Raynaud de Lage (dir.), Dictionnaire des lettres françaises, t. 1 : Moyen Âge, éd. entièrement revue et mise à jour sous la dir. de Geneviève Hasenohr et Michel Zink, Paris, Fayard, 1992, p. 713-714.
  • Annie Noblesse-Rocher, « Les procédés exégétiques de quelques moines prédicateurs : Julien de Vézelay, Isaac de l'Étoile et Guerric d'Igny », dans Gilbert Dahan et Annie Noblesse-Rocher (dir.), L'exégèse monastique au Moyen Âge (XIe-XIVe siècle), Paris, Institut d'études augustiniennes, coll. « Collection des études augustiniennes. Série Moyen Âge et Temps Modernes » (no 51), (ISBN 978-2-85121-267-2), p. 157-172.
  • Claude Garda, "Du nouveau sur Isaac de l'Étoile", in Cîteaux Commentarii cistercienses, t. 37, 1986, p. 8-22.
  • Alexandre Joly, Claude Garda, Robert Favreau, Isaac de l'Étoile, un abbé cistercien du XIIe siècle, Poitiers, Ass. Gilbert de La Porrée, 2009, 80 p. (coll. Trésors poitevins, 7) (ISBN 978-2952550178).
  • Claude Garda, "Que savons-nous au juste d'Isaac de l'Étoile ?", in Bulletin de l'Association pour la sauvegarde de l'abbaye de l'Étoile, n° 30, 2e semestre 2010, p. 6-16.

Liens externes

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