Ancienne université de Paris
L'université de Paris est l'une des plus importantes et des plus anciennes universités médiévales. Apparue dès le milieu du XIIe siècle, elle est reconnue par le roi Philippe II Auguste en 1200 et par le pape Innocent III en 1215. Elle acquiert rapidement un très grand prestige, notamment dans les domaines de la philosophie et de la théologie. Constituée comme l'association de tous les collèges parisiens situés sur la rive gauche, elle assure la formation de tous les clercs, c'est-à-dire de tous les cadres et agents administratifs des institutions royales (conseil d'État, parlements, tribunaux, cours des comptes, impôts…) et ecclésiastiques (enseignement, hôpitaux, libraires, recherche, évêques, abbés). L'université de Paris, après une longue période de déclin à l'époque moderne, est supprimée en 1793.
Cet article concerne l'université de Paris créée à la fin du douzième siècle et fermée en 1793. Pour l'université de Paris créée en 1896 et dissoute en 1970, voir Université de Paris (1896-1970).
Fondation | 1200 (statut officiel) 1215 (reconnaissance du pape) |
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Dissolution |
1793 |
Type |
Université corporative |
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Régime linguistique | |
Fondateur | |
Devise |
Hic et ubique terrarum « Ici et partout sur la terre » |
Pays | |
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Ville |
Historique
Origine
L'universitas magistrorum et scholarium Parisiensis (signifiant l'« ensemble des maîtres et des élèves de Paris ») est d'abord une corporation de maîtres et d'élèves qui apparaît à Paris vers 1150, en complément de l'école de théologie de Notre-Dame[1].
XIIIe et XIVe siècle
L'Université de Paris était l’une des premières universités d’Europe, avec Bologne, Padoue, Oxford, Cambridge, Salamanque, Montpellier et Toulouse.
Le premier acte qui lui donne un statut officiel est une charte du par laquelle le roi Philippe Auguste accorde à la « communauté » (c'est l'invention du mot « Université » qui n'a alors qu'un sens strictement juridique) de ses membres le for ecclésiastique, c’est-à-dire le privilège d’être jugé par un tribunal ecclésiastique et non civil. Les membres de l’université sont donc tous considérés comme des clercs, ce qui ne les empêche pas d’être très turbulents et de provoquer des incidents dans les tripots parisiens. L’université est reconnue par le pape Innocent III, qui y avait étudié, via son légat Robert de Courçon par une licentia docendi (c'est-à-dire une autorisation d'enseigner) d'août 1215, statuts confirmés par la bulle Parens scientiarum du 13 avril 1231 de Grégoire IX[2]. Ce dernier texte met un terme à la grande grève entamée en 1229. L’organisation de l’enseignement en quatre facultés — décret (droit canonique, le droit non ecclésiastique n'ayant été autorisé qu'en 1679), médecine (médecine, chirurgie, apothicairerie), théologie et « arts libéraux » (grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, géométrie, musique, astronomie) — remonte à un arbitrage pontifical de 1213. Le logement des étudiants (les « écoliers ») et l’organisation des corps se fait au sein de fondations pieuses appelées « collèges ». L’université de Paris est un studium generale c’est-à-dire un centre d’enseignement de toutes les disciplines.
Le nombre d'étudiants sous le règne de Philippe-Auguste au cours duquel Paris était qualifié de « civitas philosophorum » est évalué à 15 000 et de 16 à 20 000 au milieu du XVIe siècle[3].
En mars 1229, à la suite de la répression violente par la garde de Paris à la suite d'une altercation dans une taverne du quartier Saint-Marcel entre étudiants et les tenanciers le mardi gras qui s'est développée en émeute, les maîtres associés aux étudiants ont décidé une grève des cours de l'université. Une partie des étudiants ont quitté Paris pour poursuivre leurs études dans d'autres universités, Reims, Toulouse ou Oxford. Après deux années de négociations, le pape Grégoire IX - lui-même ancien étudiant de Paris - publia la bulle pontificale Parens scientiarum (« la mère des sciences ») le , que l'on considéra a posteriori comme la Magna Carta de l'université de Paris parce qu'elle garantissait l'indépendance de l'université[1]. La menace de l'arrêt des cours dispensés par l'université est resté un levier économique puissant.
Évolution de l’institution au XVe siècle
L’université de Paris ne tarde pas à devenir une véritable autorité morale. Les docteurs de l’université se prononcent sur des controverses fameuses comme la taxation des bénéfices ecclésiastiques par le Saint-Siège, et jouent un grand rôle au moment du Grand Schisme d'Occident (1378-1417). C’est le chancelier de l’université de Paris, Jean de Gerson, qui anime d’ailleurs le concile de Constance (1414-1418), qui met fin au schisme. Pendant la guerre de Cent Ans, l’université soutient les Anglais et le parti bourguignon, et approuve l’exécution de Jeanne d'Arc (1431). Son ancien recteur, Jean Beaupère, participera aux interrogatoires de cette dernière.
Au XVe siècle, l’université est souvent en grève, notamment pendant trois mois en 1443, et pendant six mois de septembre 1444 à mars 1445, pour défendre son exemption fiscale. Jusqu’en 1446, les étudiants dépendent en matière pénale de l’université. Mais il arrive régulièrement que des écoliers soient arrêtés par le prévôt du roi. Dans ce cas-là, le recteur de l’université se rendait au Châtelet pour demander que l’écolier soit jugé par l’official de l’université. Si le prévôt du roi refusait, l’université se mettait en grève.
L'université concurrencée : absolutisme royal et nouveaux collèges
La fin du XVe siècle marque pour l’université de Paris le début d’une période délicate. Charles VII la soumet, en 1446, à la juridiction du parlement de Paris, ce qui suscite des émeutes estudiantines auxquelles participe, entre autres, le poète François Villon. En 1453, un écolier, Raymond de Mauregart, est tué par les sergents du Châtelet et l’université se met à nouveau en grève pendant plusieurs mois.
L’université de Paris s’oppose en vain au concordat de Bologne, signé en 1516 par François Ier, qui donne au pouvoir royal la possibilité de contrôler l’accès aux grands bénéfices. La fondation du Collège de France, en 1530, et l’apparition de la Compagnie de Jésus et de la Société de l'oratoire de Jésus au milieu du XVIe siècle viennent concurrencer l’université, avant que les guerres de Religion n’embrasent la France. En 1600, Henri IV supprime les privilèges de l’université.
Après des velléités d’indépendance au cours de la Fronde, l’université se soumet à Louis XIV. Elle condamne les idées de Descartes, puis celles des philosophes du siècle des Lumières. Après l’expulsion des Jésuites en 1762, elle annexe le collège Louis-le-Grand et un nouveau bâtiment est construit place du Panthéon pour la faculté de droit.
Rationalisation des Lumières
En 1763, après l’expulsion des Jésuites, l’université est réorganisée et 28 de ces collèges (notés par une *) sont réunis au collège Louis-le-Grand devenu le chef-lieu de l’université. Il ne reste plus alors à la faculté des arts de Paris, en plus du collège Louis-le-Grand, que neuf collèges dits de plein exercice dispensant encore un enseignement : collège du Cardinal-Lemoine, collège des Grassins, collège d'Harcourt, collège de la Marche, collège de Lisieux, collège de Montaigu, collège de Navarre, collège du Plessis et collège des Quatre-Nations.
Un séminaire philologique est créé au collège Louis-le-Grand pour former les professeurs des collèges.
En 1766 est créé un concours d’agrégation pour les classes de philosophie, belles-lettres et grammaire. Lors des vacances d’emploi, les nouveaux professeurs sont choisis parmi les agrégés.
Fermeture de l’université de Paris
L’ancienne université de Paris disparaît avec la suppression des corporations durant la Révolution française. En 1791, René Binet est chargé des fonctions de recteur par la municipalité de Paris.
Au mois de , la faculté de théologie et le tribunal académique furent supprimés, sur le rapport du représentant Gaudin.
Le , l’assemblée ordonna que tous les instituteurs ecclésiastiques soient obligés de prêter serment à la constitution civile du clergé. Puis la Convention nationale supprima par décret du les collèges de plein exercice et les facultés sur l'ensemble du territoire de la République.
La Convention nationale décide de remplacer l’enseignement des anciennes universités par un ensemble d’écoles centrales et d’écoles spéciales, précédées par les écoles primaires.
En 1794, une école de médecine fut créée, qui reprit les fonctions de la faculté de médecine. Elle fut rejointe en 1804 par une école de droit.
Organisation de l’université
Institutions transversales de l'université
L’ancienne université de Paris était formée de quatre facultés : une faculté généraliste, la faculté des arts, et trois facultés spécialisées : la faculté de décret (ancien nom de la Faculté de droit), la faculté de médecine et la faculté de théologie.
Au sein de la faculté des arts existaient quatre groupements appelés « nations » : la nation de Normandie, la nation de Picardie, la nation d’Angleterre, puis d’Allemagne, et la nation de France. Excepté la nation de Normandie, ces nations étaient composées d’un certain nombre de provinces, elles-mêmes subdivisées en diocèses.
Par exemple, la nation de Picardie comprenait deux parties comprenant chacune cinq diocèses :
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La nation d’Angleterre était d’abord divisée en deux provinces, la province composée du seul royaume d’Angleterre, et la province composée de onze royaumes non anglais. Les Anglais étant devenus plus tard très minoritaires, la nation abolit cette distinction en 1331 et se subdivisa vers la fin du XIVe siècle en trois provinces, Haute-Allemagne, Basse-Allemagne et Écosse. Après la guerre de Cent Ans, la nation d’Angleterre devint la nation d’Allemagne.
Chaque compagnie (faculté ou nation) élisait deux officiers subalternes appelés bedeaux, qui étaient chargés de proclamer les congés, les heures et les jours de leçons, de publier les décisions de la compagnie et d’en assurer l’exécution matérielle, enfin de précéder avec des masses d’argent le recteur, le doyen ou le procureur dans les grandes cérémonies.
L’université réglementait les industries du livre (librairie, parcheminerie, reliure, enluminure). Elle gérait également le service des messagers.
Les finances étaient administrées par chaque compagnie. Elles étaient confiées à un officier élu, un receveur pour les nations, le grand bedeau pour la faculté de théologie, un trésorier pour la faculté de décret, et le doyen pour la faculté de médecine.
Il fallait être maître ès arts pour être membre de la faculté des arts ; il fallait être docteur pour participer aux délibérations des autres facultés. Les bacheliers des facultés supérieures, qui étaient maîtres ès arts, faisaient partie de la faculté des arts tant qu’ils n'étaient pas docteurs. Le doctorat leur ôtait le droit de participer aux élections et aux délibérations de la faculté des arts. Les religieux de la faculté de théologie et la plupart des bacheliers de la faculté de décret ne faisaient pas partie de la faculté des arts.
Le poste le plus éminent de l’université était celui de recteur. Au XVIIIe siècle, celui-ci était élu tous les trois mois, mais le même était généralement reconduit durant une année. Chaque élection donnait lieu à la « procession du recteur », où défilaient l’ensemble des dignitaires de l’université en partant du siège de l’université (le collège Louis-le-Grand au XVIIIe siècle). L’ensemble des ordres religieux étaient ainsi conviés (augustins, cordeliers, carmes, jacobins, billettes, Blancs-Manteaux, ordre de Sainte-Croix, ordre du Val-des-Écoliers, trinitaires, prémontrés, ordre de Cîteaux, ordre de Saint-Benoît, ordre de Cluny).
Chaque gradué, chaque officier des différentes facultés possédait un costume déterminé :
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- Recteur de l’université
Le recteur était choisi parmi les membres de la faculté des arts. Il présidait le tribunal académique qui se tenait au chef-lieu de l’université le premier samedi de chaque mois. Il était formé par les doyens des facultés de théologie, de droit, de médecine, et par les quatre procureurs des quatre nations qui composaient la faculté des arts. Le procureur-syndic, le greffier et le receveur assistaient aux séances. Le tribunal jugeait tous les différends entre les membres de l’université. Les plaignants pouvaient faire appel devant l’assemblée générale des facultés.
Les enseignements avaient généralement lieu au sein d’établissements tenus par des fondations pieuses appelés « collèges », comme le collège de Sorbonne ou le collège de Navarre pour la théologie (ou, pour les jeunes artiens, le collège de Montaigu, par exemple). L’université de Paris ne possédait pas de bâtiment en propre.
L’université avait droit à la nomination de quatorze bénéfices : les trois cures de Saint-André-des-Arts, de Saint-Côme, de Saint-Germain-le-Vieux, et onze chapellenies.
Les armes de l’université représentaient une main tenant un livre entouré de trois fleurs de lys d’or à fond d’azur.
Faculté des Arts
La faculté des arts avait les effectifs les plus nombreux. Elle comprenait 3/4 des effectifs des étudiants parisiens au Moyen Âge (entre 3000 et 4000 à Paris). Les arts libéraux se composent de deux cycles :
- Le trivium regroupe la rhétorique, la dialectique et la grammaire. (Il correspond à notre philosophie actuelle.)
- Le quadrivium regroupe les matières « scientifiques » : arithmétique, géométrie, astronomie et musique.
L'organisation de la Faculté des arts de Paris est documentée dof le XIIIe siècle. À l'université de Douai en 1744, sur 1 705 étudiants, prof des trois quarts de l’effectif universitaire est dans la faculté des arts, et un quart en théologie ou droit, le reste en médecine[4]. En France, le Master d'Art était le grade terminal des études à la Faculté des arts des universités. L'âge minimum pour devenir maitre of Arts était de 21 ans. Le maitre of arts devenait alors membre de la Faculté des arts. La faculté des Arts servait de propédeutique, préalable à l'entrée aux facultés de droit, théologie ou médecine.
Il désignait le principal grade universitaire dans l'ancienne université de Paris, sur laquelle les universités anglo-saxonnes ont pris modèle. Jusqu'à l'arrêté du relatif au diplôme d'études universitaires générales, à la licence et à la Master, elle s'obtenait généralement en un minimum de cinq ans et impliquait l'obtention, notamment en lettres, du diplôme d'études supérieures ou certificat d'études supérieures.
Faculté de décret
Depuis 1219 seul l'enseignement du droit canonique était autorisé.
Faculté de théologie
La faculté de théologie était la faculté la plus prestigieuse de l'Université de Paris. Qualifié de « reine des sciences », elle prétendait exercer sur les autres facultés une sorte de suprématie et de contrôle idéologique[1].
La maitrise de théologie est l'une des plus longues, elle s'obtient en quinze ans.[1]
Collèges
Les collèges n’ont accueilli qu’une minorité d’étudiants du XIIIe au XVe siècle (un étudiant sur dix à Paris en 1450) mais ont joué un rôle important. À l’origine lieux d’hébergement les collèges vont progressivement devenir des lieux d’enseignement parallèlement aux universités et cela surtout au XVe siècle.
Il existait deux types de collèges : les « collèges réguliers » (pour les clercs des différents ordres) et les « collèges séculiers » (ouverts aux clercs et aux laïcs).
Origine
L’apparition des collèges dès la fin du XIIe siècle est antérieure à celle de l’université. Le plus ancien collège est celui des Dix-Huit fondé en 1180. Ils sont à l’origine des lieux d’hébergement en faveur d’étudiants pauvres qui se trouvaient assurés du gîte et du couvert, mais qui fréquentaient les mêmes cours que les autres étudiants. Ce mouvement de fondations est dû principalement à l’initiative de riches bienfaiteurs, comme un mécène anglais, Josse de Londres, qui parrainait cette université.
XIIIe et XIVe siècle
Dès 1215-1219 apparaissent également des collèges réguliers. Ces couvents-collèges (studia) hébergent les Frères et disposent d’écoles. Du milieu du XIIIe siècle aux deux premières décennies du XVe siècle, près de 60 collèges s'implantent sur la rive gauche de la Seine.
Évolution de l’institution au XVe siècle
De façon ponctuelle d’abord puis régulière dès 1430, on voit les collèges abriter des tâches d’enseignement. Sous le règne de Charles VI l’activité d’enseignement devient très dynamique au Collège de Navarre et d'autres grands collèges deviennent des centres d’enseignement comme le Collège de Sorbonne. Mais les collèges ne peuvent distribuer les grades universitaires.
Couvents ou Collèges réguliers
Liste des collèges des ordres réguliers à Paris | |||
Nom du collège | Date de fondation | Fondateur | Adresse actuelle |
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Collège des Cordeliers | 1217 | Ordre des franciscains | Rue de l’École-de-Médecine |
Collège des Jacobins | 1217 | Ordre des dominicains | Rue Saint-Jacques |
Collège des Bernardins | 1246 | Étienne de Lexington, abbé de Clairvaux | Rues de Poissy et de Pontoise |
Collège de Prémontré | 1255 | Ordre de Prémontré | Angle de la rue de l’École-de-Médecine et de la rue Hautefeuille |
Collège des Carmes | 1255 | Ordre des Carmes | Sous le marché des Carmes |
Collège des Augustins | 1259 | Chapitre général de Padoue, puis Gilles de Rome, confesseur de Philippe IV | 53-55, quai des Grands-Augustins |
Collège de Cluny | 1260 1269 | Yves de Vergy, puis son neveu Yves de Chasant, abbés de Cluny | 1-3, place de la Sorbonne |
Collège de Saint-Denis | 1263 1266 | Matthieu de Vendôme, abbé de Saint-Denis | 21, rue des Grands-Augustins et sous la rue Christine |
Collège de Marmoutiers | 1329 | Geoffroy du Plessis, conseiller de Philippe IV et notaire pontifical | Sous le lycée Louis-le-Grand |
Collèges séculiers
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Maîtres et Écoliers
Maîtres
Au XIIIe siècle, les ordres mendiants (dominicains et franciscains) cherchent à accaparer les chaires dans les facultés, en particulier dans les facultés de théologie. Cela entraîne des conflits et des invectives avec le clergé séculier.
Écoliers
Les écoliers ou escholiers appartiennent à la catégorie des clercs et sont donc tonsurés. Ils peuvent venir d'autres « pays » et se regrouper en nations, qui sont des sociétés d'entraide. Chaque nation choisit un procureur qui la représente dans l'administration de l'université. Les étudiants sont turbulents, et leurs tapages nocturnes dérangent les bourgeois de la ville.
Le coût des études est important : logement, livres, taxes d'examen, cadeaux aux maîtres…[5] De plus des travaux universitaires récents sur le recrutement des universités françaises montrent effectivement que très peu d’étudiants étaient originaires de leur ville d’étude et que la majorité devait vivre loin de leur milieu familial, et cela pour un séjour de plusieurs années. [6]
Personnalités
- Thomas d'Aquin (1224/1225-1274), Écolier puis Maître-Régent au Collège des Jacobins
- Jean Beaupère, Docteur en théologie, recteur de l'Université de Paris
- Pierre d'Ailly, Écolier au Collège de Navarre, Chancelier de l'Université de Paris
- Joachim Du Bellay, Écolier au Collège de Coqueret
- Hector Boece (1465-1536), Écolier au Collège de Montaigu
- Jean Calvin (1509-1564), Écolier au Collège de la Marche, lecteur au Collège Fortet
- Mathurin Cordier
- Jacques Despars (v. 1380-1458), Faculté de médecine
- Jean Dorat
- Érasme (Desiderius Erasmus Roterodamus) (1469-1536), Écolier au Collège de Montaigu
- Jacques Fournier (vers 1285-1342), Écolier au Collège Collège des Bernardins, docteur en théologie, pape sous le nom de Benoît XII
- Jean de Gerson (1363-1429), Écolier au Collège de Navarre, chancelier de l'Université de Paris
- Diogo de Gouveia (pt) (1471-1557), humaniste portugais
- André de Gouveia (1497-1548), humaniste portugais
- Louis Malet de Graville
- Jacques Lefèvre d'Étaples (1450-1537), Enseignant en philosophie au Collège du cardinal Lemoine
- Ignace de Loyola (1491–1556), fondateur de la Compagnie de Jésus,
- Jean Molinet (1435-1507), Écolier au Collège de Montaigu
- Henri de Mondeville (1260-1320), Faculté de médecine
- Armand-Jean de Mauvillain (1620-1685), de 1866-1868 doyen de la faculté de médecine (médecin et amis de Molière)[7].
- Nicole Oresme (1325-1382), Écolier au Collège de Navarre, Docteur en théologie, grand-maître du Collège de Navarre.
- Gonzalo Pérez (Gonzalo Pérez Gudiel) (1238/39-1299), maître de la faculté des arts en 1259
- Pierre de Ronsard, Écolier au Collège de Coqueret
- Pierre Roger (1291-1352), Pape sous le nom de Clément VI
- Domingo de Soto (1494-1560), Écolier au Collège de Coqueret
- François Villon (1431-1463), Écolier au Collège de Navarre, poète
- Albrecht von Bollstädt (Saint Albert le Grand) (entre 1193 et 1206, sans doute en 1193-1280), Écolier puis Maître-Régent au Collège des Jacobins
Grades
Le grade le plus ancien est la licence. Celui-ci n’est en fait pas un grade d’origine universitaire puisqu’il était conféré par le chancelier de Notre-Dame ou de Sainte-Geneviève et donnait le droit d’enseigner dans toutes les universités. L’université créa ensuite d'autres grades : le baccalauréat, le bachelier obtenant le droit d’assister le professeur avant d’obtenir la licence ; la maîtrise, grade terminal des études artiennes marquant l’intronisation dans la corporation ; et le doctorat qui reconnaissait le titulaire comme un maître de sa discipline (droit, médecine, théologie).
Baccalauréat
Le baccalauréat avait donc deux niveaux. Le baccalauréat ès arts était le premier grade. C'est en ce sens qu'il désigne aujourd'hui en France le diplôme donnant accès aux études supérieures. Le maître ès arts restait cependant moins qualifié que le bachelier en decret, médecine, ou théologie. Le baccalauréat est conféré dans les quatre facultés : faculté des arts, de médecine, de décret (ancien nom de la Faculté de droit) et de théologie. Il s'agit du premier grade obtenu dans chacune de ces facultés, la faculté des arts étant généralement un préalable aux autres facultés : le baccalauréat de théologie, par exemple, était donc supérieur au baccalauréat ès arts et même que la licence ès arts. Le bachelier peut ensuite préparer la licence de sa faculté afin d'obtenir le droit d'enseigner (licencia docendi : permission d’enseigner) dans celle-ci. En tant que bachelier, il peut assister un professeur pour l'enseignement en direction des candidats au baccalauréat en étant responsable des cours dits « extraordinaires ».
Doctorat
Il n'y a au début pas de nette différence entre le titre de « docteur » et le titre de « maître », tous deux sont attribués au terme des études dans une des facultés. Les doctorats sont peu à peu conférés dans trois disciplines : d'abord dans le droit, puis la médecine et la théologie. Dans la Faculté ès Arts, le titre terminal de maître ès arts demeure. Le doctorat est obtenu peu de temps après la licence à la suite d'une épreuve orale dénommée généralement vespérie[8]. Le doctorat est à cette époque un titre principalement protocolaire, que ce soit dans son obtention ou dans son usage, il ne demande pas de préparation particulière si ce n'est de remplir toutes les formalités de l'époque. La durée d'obtention est avant tout allongée par le nombre réduit de sessions et déterminée par le rang obtenu par le candidat lors de l'obtention de la licence (le « major » de licence étant le premier sur la liste pour obtenir le doctorat). En obtenant le doctorat, l'impétrant devient membre de sa faculté.
Le titre de docteur donnait aux décisions de celui qui le portait force de loi. Ce qu'un docteur ès decret avait dit ou écrit pouvait servir d'argument auprès d'un juge. Ce qu'un docteur en théologie disait ou écrivait l'était avec l'autorité de l'Église et ne pouvait être contesté sans risquer une accusation d'hérésie. L'admission au titre de docteur signifiait que la thèse soutenue était admise par les docteurs plus anciens comme n'étant pas une hypothèse ou une possibilité d'interprétation mais comme une expression exacte du Saint Esprit. D'où les enjeux et la force du débat introduit par un Thomas d'Aquin par exemple ou des discussions sur le rôle de l'interprétation humaine introduites par la pensée d'un Duns Scot. Le titre de docteur avait donc une valeur proche de celui que nous nommons aujourd'hui professeur et avait en fait un sens bien différent.
Examens
Voici quelques détails portant sur le baccalauréat dans les différentes facultés supérieures présentés dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.
Faculté de décret
D’après les statuts de 1600, le baccalauréat en droit canonique peut être obtenu après deux années d’études. Le candidat passe un examen sur la décrétale devant deux docteurs, puis prête serment et reçoit la bénédiction du doyen.
Faculté de médecine
Pour être bachelier en médecine, il faut, après avoir été quatre ans maître ès Arts dans l’université, faire deux ans d’étude en médecine et subir un examen, après quoi on est revêtu de la fourrure pour entrer en licence.
D’après les statuts de 1600, on ne reçoit les bacheliers en médecine que de deux ans en deux ans. Cette réception se fait vers la mi-carême. Les aspirants doivent justifier qu’ils sont maîtres ès arts de l’université de Paris depuis quatre ans ou huit pour une autre université. Le candidat passe un examen puis prête serment. La clause de célibat a été retirée depuis 1600. Les bacheliers en médecine ne peuvent exercer dans la ville ou les faubourgs de Paris qu’avec l’assistance d’un docteur. D’après un édit de 1707, pour les autres facultés de France, il faut être licencié pour exercer la médecine.
Notes et références
- Jacques Verger, Le Paris du Moyen Âge, Paris, Boris Bove éd, (ISBN 978-2-7011-8327-5, lire en ligne), Chapitre 9. L’université de Paris au Moyen Âge (XIIIe-XIVe siècle) pp. 175-193.
- « Il y a 800 ans naissait l’université de Paris… », sur biu.sorbonne.fr,
- Adrien Friedmann, Paris, ses rues, ses paroisses du Moyen Âge à la Révolution, Plon, , p. 261
- Les trois quarts de l’effectif de l'université de Douai sont dans la faculté des arts. En effet, en 1744, sur les 1 705 étudiants inscrits à l’université, 838 suivent des cours de philosophie et 401 d’humanités, soit un total de 1 239 étudiants dans les premiers degrés d’études, délivrés par les collèges et la faculté des arts. Il n’y a donc que 466 étudiants inscrits dans les degrés supérieurs d’enseignement de théologie, droit et médecine… dont 395 en théologie, soit 23 % de l’effectif étudiant total. Université du droit et de la santé Lille II : Rapport d'évaluation Septembre 1995, Comité national d'évaluation des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (CNE) (lire en ligne)
- Serge LUSIGNAN, Les pauvres étudiants à l’Université de Paris In : Le petit peuple dans l’Occident médiéval : Terminologies, perceptions, réalités, Paris, Éditions de la Sorbonne, (ISBN 9791035102050, lire en ligne), Les petites gens dans le milieu universitaire : position du problème.
- Jacques Verger, A. Vauchez dir., L’étranger au Moyen Âge. Actes du XXXe congrès de la SHMESP (Götingen, 1999), Paris, Mornet et J. Verger, (lire en ligne), Le recrutement géographique des universités françaises au début du xve siècle d’après les suppliques de 1403 »p. 122-173
- Christian Warolin, « Armand-Jean de Mauvillain (1620-1685), ami et conseiller de Molière, doyen de la Faculté de médecine de Paris (1666-1668) », Histoire des sciences médicales, t. XIX, no 2, , p. 113-129 (lire en ligne).
- Voir la description d'une vesperie pour l'obtention du titre de docteur en médecine
Annexes
Bibliographie
Par ordre chronologique :
- Henrich Denifle, Chartularium Universitatis parisiensis, ex typis fratrum Delalain, Paris, 1889 t. I, 1200-1286 (lire en ligne)
- Henrich Denifle, Chartularium Universitatis parisiensis, ex typis fratrum Delalain, Paris, 1891 t. II, sectio prior,1286-1350 (lire en ligne)
- Henrich Denifle, Chartularium Universitatis parisiensis, ex typis fratrum Delalain, Paris, 1893 t. III, 1350-1393 (lire en ligne)
- Henrich Denifle, Chartularium Universitatis parisiensis, ex typis fratrum Delalain, Paris, 1897 t. IV,1393-1452 (lire en ligne)
- Henrich Denifle, Les universités françaises au Moyen Âge, Émile Bouillon éditeur, Paris, 1892, 99p. (lire en ligne)
- Marcel Fournier, Léon Dorez, La Faculté de décret de l'Université de Paris au XVe siècle, Imprimerie nationale (Histoire générale de Paris, tome 2), Paris, 1902 (lire en ligne)
- Marie-Dominique Chenu, « Maîtres et bacheliers de l'université de Paris v. 1240. Description du manuscrit de Paris, Bib. Nat. lat. 15652 », dans Études d'histoire littéraire et doctrinale du XIIIe siècle, Librairie philosophique J. Vrin (Publications de l'Institut d'études médiévales d'Ottawa), 1932, 1re série, p. 11-39 (lire en ligne)
- Abbé Palémon Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie de Paris au XIIIe siècle, Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1933, tome 1, tome 2
- Édouard Fournier, « L'enseignement des Décrétales à l'université de Paris au Moyen Âge », dans Revue d'histoire de l'Église de France, 1940, no 110, p. 58-62 (lire en lmigne)
- Abbé Palémon Glorieux, « La Faculté de théologie de Paris et ses principaux docteurs au XIIIe siècle », dans Revue d'histoire de l'Église de France, 1946, tome 32, no 121, p. 241-264 (lire en ligne)
- Abbé Palémon Glorieux, La Faculté des arts et ses maîtres au XIIIe siècle, Librairie philosophique J. Vrin (Études de philosophie médiévale, LIX), Paris, 1971 (lire en ligne)
- Marie-Madeleine Compère, Les collèges français. 16e-18e siècles. Répertoire, Paris, 2002.
- Jacques Verger, Les Universités françaises au Moyen Âge, Leiden, E.J. Brill, 1995
- Aurélie Perraut, L'architecture des collèges parisiens au Moyen Âge, PU Paris-Sorbonne, 2009.
- Nathalie Gorochov, « Les maîtres parisiens et la genèse de l’Université (1200-1231) », dans Cahiers de Recherches Médiévales et Humanistes, 2009, no 18, p. 53-73 (lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- Histoire des universités de Paris
- Bibliothèque nationale de France : L'enseignement médiéval : arts libéraux, grands maîtres et universités
- Archives nationales : Août 1215 - Promulgation des statuts de l'université de Paris par Robert de Courson
- Bulle papale pour l’université de Paris (1231)
- L'Université de Paris au Moyen Âge. Projet de numérisation et d'indexation des sources éditées
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