Isabelle de Croÿ
Nathalie Isabelle Hedwige Françoise de Croÿ, princesse de Croÿ puis, par son mariage, archiduchesse d’Autriche et duchesse de Teschen, est née à Dülmen, en Westphalie, le , et est morte à Budapest, en Hongrie, le . C’est un membre de la famille impériale austro-hongroise et une photographe.
Pour les articles homonymes, voir Isabelle-Antoinette de Croÿ.
Titulature | Duchesse de Teschen |
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Dynastie |
Maison de Croÿ Maison de Habsbourg-Lorraine |
Nom de naissance | Isabella Hedwig Franziska Natalie Prinzessin von Croÿ-Dülmen |
Naissance |
Dülmen (Royaume de Prusse) |
Décès |
Budapest (Hongrie) |
Sépulture |
Mosonmagyaróvár Hongrie |
Père | Rodolphe de Croÿ |
Mère | Nathalie de Ligne |
Conjoint | Frédéric de Teschen |
Enfants |
Marie-Christine d'Autriche-Teschen Marie-Anne de Teschen Henriette d'Autriche-Teschen Nathalie d'Autriche-Teschen Stéphanie d'Autriche-Teschen Gabrielle d'Autriche-Teschen Isabelle d'Autriche-Teschen Marie Alice d'Autriche-Teschen Albert de Teschen |
Religion | Catholicisme romain |
Famille
Issue de la branche westphalienne de la Maison de Croÿ, la princesse Isabelle est la fille du prince Rodolphe de Croÿ (1823-1902) et de sa première épouse la princesse Nathalie de Ligne (1835-1863).
Le , la princesse Isabelle épouse, au château de l'Hermitage de Condé-sur-l'Escaut, en France, l’archiduc Frédéric d'Autriche (1856-1936), futur duc de Teschen, lui-même fils de l’archiduc Charles-Ferdinand d’Autriche (1818-1874) et de son épouse l’archiduchesse Élisabeth d’Autriche (1831-1903).
Neuf enfants, dont huit filles, sont nés de cette union[1] :
- Marie-Christine d'Autriche-Teschen (née à Cracovie le et morte à Anholt le ), en 1902 elle épouse Emmanuel, prince de Salm-Salm (1871-1916), dont cinq enfants ;
- Marie-Anne (née à Linz le et morte à Lausanne le ), en 1903 elle épouse le duc Élie de Bourbon-Parme (1880-1959), dont huit enfants ;
- Henriette d'Autriche-Teschen (née à Presbourg en Autriche-Hongrie — aujourd'hui Bratislava en Slovaquie — le , et morte à Mariazell, Autriche, le ), en 1908 elle épouse le prince Gottfried von Hohenlohe-Schillingsfürst (1867-1932), dont trois enfants ;
- Nathalie d'Autriche-Teschen (née à Presbourg en Autriche-Hongrie le , et morte dans la même ville, le ) ;
- Stéphanie d'Autriche-Teschen (née à Presbourg en Autriche-Hongrie le , et morte à Ostende, Belgique, le ) ;
- Gabrielle d'Autriche-Teschen (née à Presbourg en Autriche-Hongrie le , et morte à Budapest, Hongrie, le ), célibataire ;
- Isabelle d'Autriche-Teschen (née à Presbourg en Autriche-Hongrie le , et morte à La Tour-de-Peilz, Vaud, Suisse, le ), en 1912 elle épouse Georges de Bavière (1880-1943), petit-fils de l'empereur François-Joseph Ier (mariage annulé en 1913) ;
- Marie Alice d'Autriche-Teschen (née à Presbourg en Autriche-Hongrie le , et morte à Halbturn, Autriche, le ), en 1920 elle épouse Frédéric baron Waldbott von Bassenheim (1889-1959), dont six enfants ;
- Albert d'Autriche-Teschen (né au château de Weilburg le , Autriche-Hongrie, et est mort en exil le , à Buenos Aires, en Argentine), duc de Teschen, il contracte trois unions morganatiques : 1) en 1930 avec Irene-Dora Lelbach (1897-1985), divorce en 1937, épouse 2) Katalin Bocskay de Felsö-Bánya (1909-2000), dont deux filles, divorce en 1951, épouse 3) en 1951 Lydia Strauss, sans postérité.
Biographie
Un mariage prestigieux
Issue de la Maison de Croÿ, médiatisée au début du XIXe siècle, la princesse Isabelle conclut, en 1878, un mariage prestigieux avec l’archiduc Frédéric d’Autriche-Teschen, membre d’une branche cadette de la Maison de Habsbourg-Lorraine.
En 1895, l’archiduc Albert d’Autriche, oncle de Frédéric et chef de la branche de Teschen, trouve la mort et l’archiduc Frédéric et son épouse héritent de la majeure partie de son immense fortune : d’importantes propriétés situées à Ungarisch-Altenburg (aujourd'hui Mosonmagyaróvár en Hongrie), Bilje (actuellement en Croatie), Saybusch (aujourd'hui Żywiec en Pologne), Seelowitz (aujourd'hui Židlochovice) et Frýdek en République tchèque, ainsi que Pressburg (aujourd'hui Bratislava en Slovaquie) et à Vienne, avec le Palais de l'archiduc Albert et ses superbes collections d’art.
Une princesse engagée
Femme de goût et d’esprit, l'archiduchesse Isabelle soutient son époux dans la gestion de ses domaines. Mère d’une famille nombreuse, elle élève avec soin son fils et ses filles, avec l’espoir qu’ils réaliseront de brillantes alliances matrimoniales, une fois devenus adultes. Comme toutes les dames de son milieu et de son époque, l'archiduchesse soutient nombre d’œuvres de bienfaisance. Elle soutient ainsi le développement économique et social de la Hongrie en y appuyant l’artisanat traditionnel (broderie, crochet) ainsi que l’éducation des enfants et des femmes.
Passionnée par la langue et la culture tsiganes (comme son cousin, l’archiduc Joseph), Isabelle est également une joueuse de tennis reconnue et une photographe talentueuse, dont nombre de clichés ont été exposés et publiés (en 1904 et 1905, notamment). Certaines de ses œuvres possèdent d’ailleurs aujourd’hui un intérêt ethnographique certain.
Un projet matrimonial qui s’effondre
En 1898, l’archiduc François-Ferdinand d'Autriche, neveu et héritier de l’empereur François-Joseph, passe plusieurs semaines chez l’archiduchesse et son époux, à Halbturn. Ambitieuse, Isabelle nourrit l’espoir que l’héritier du trône s’éprenne de l’une de ses filles[2].
Cependant, l’archiduchesse découvre un jour avec stupéfaction que François-Ferdinand porte sur lui un médaillon qui contient la photo de l’une de ses dames d’honneur, Sophie Chotek, au lieu du portrait de l’une de ses filles. Scandalisée par ce qu’elle considère comme une relation inégale, l’archiduchesse devient alors l’ennemie jurée du jeune couple et tente par tous les moyens de rendre impossible leur union[2].
Après cet événement, Isabelle conserve une haine profonde pour les mariages morganatiques. Elle tente ainsi sans succès d’empêcher son propre neveu, le prince Charles de Croÿ, d’épouser, en 1913, la roturière américaine Nancy Leishman.
Première Guerre mondiale
En 1914, l’archiduc Frédéric décide de se retirer de l’Armée, à la suite des demandes de son épouse qui refuse de le voir passer un jour sous les ordres de François-Ferdinand. Mais, lorsque l’héritier du trône et son épouse sont assassinés à Sarajevo le 28 juin, Isabelle persuade son époux de rester temporairement à son poste.
Pendant plusieurs années, Frédéric sert l’Autriche-Hongrie contre les forces de l’Entente. Cependant, lorsque l’empereur Charles Ier succède à François-Joseph Ier sur le trône en 1916, celui-ci décide de démettre son oncle de ses fonctions et de le remplacer. Toujours aussi ambitieuse, Isabelle prend le geste du nouvel empereur pour une insulte personnelle. Elle est par ailleurs choquée que le souverain ne soit pas plus proche de son gendre et de sa fille, pourtant frère et belle-sœur de l’impératrice Zita.
Après l’Empire
Le , l’archiduc Frédéric prend définitivement sa retraite de l’Armée. Peu de temps après, l’Autriche-Hongrie s’effondre et les gouvernements des États qui succèdent à l’Empire exproprient largement les biens de l’ancienne dynastie. La branche de Teschen perd ainsi de nombreuses propriétés nationalisées par la toute nouvelle Tchécoslovaquie. Il s'éteindra en 1936 à l'âge de 80 ans.
Malgré les difficultés, Isabelle cherche à profiter de l’éclatement de l’Empire pour mettre en avant sa progéniture. Après l’échec de la restauration de l'empereur et roi Charles Ier à Budapest en 1921, l’archiduchesse cherche à placer son fils Albert sur le trône royal de Hongrie. Le projet est un échec, mais l’archiduc conserve, dans le pays, une forte popularité durant toute la régence de Horthy. Favorable à l'alliance avec le Troisième Reich, il devra s'exiler en Argentine à la fin de la seconde guerre mondiale.
Décès et inhumation
L’archiduchesse trouve la mort dans un sanatorium de Budapest le , à l’âge de 75 ans. Elle est inhumée dans l’église Saint-Gotthard de Mosonmagyaróvár[3].
Honneurs
Isabelle de Croÿ est[3] :
- Dame noble de l'ordre de la Croix étoilée, Autriche-Hongrie ;
- Grand-croix de l'ordre d'Élisabeth (Autriche-Hongrie) ;
- Dame de l'ordre de Sainte-Élisabeth, Royaume de Bavière ;
- Dame noble de l'ordre de la Reine Marie-Louise d'Espagne () ;
- 2e classe de l'ordre d'Aftab (Perse).
- Dame d'honneur de l'ordre de Thérèse (Royaume de Bavière) ;
- Dame Bailli Grand-croix d'honneur et de dévotion de l'ordre souverain de Malte.
Références
- Énache 1999, p. 217-224.
- « Souvenirs », Le Vingtième siècle, no 257, , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
- Énache 1999, p. 217.
Voir aussi
Bibliographie
- Nicolas Énache, La descendance de Marie-Thérèse de Habsburg, Paris, Éditions L'intermédiaire des chercheurs et curieux, , 795 p. (ISBN 978-2-908003-04-8) ;
- Jean-Fred Tourtchine, Les Manuscrits du CEDRE : L'Empire d'Autriche, vol. III, t. 10, Clamecy, Imprimerie Laballery, , 224 p..
- (en) V. Heiszler, M. Szakacs et K. Voros, Photo Habsburg: The Private Life of an Archduke, Corvina, 1989 (ISBN 056909190X) (les photos de cet ouvrage ont toutes été prises par l'archiduchesse Isabelle).
Liens externes
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