Isala Van Diest

Anne Catherine Albertine Isala Van Diest, connue sous le nom d'Isala Van Diest, née à Louvain le et morte à Knokke le , est la première femme médecin de Belgique et la première femme universitaire belge[1]. En 1884, Isala Van Diest a 42 ans lorsqu’elle reçoit définitivement, par un arrêté royal spécial, l’autorisation d’exercer la médecine en Belgique.

Isala Van Diest
Portrait d'Isala Van Diest
Naissance
Louvain
Décès
Knokke
Nationalité Belge
Profession

Biographie

Fille d’un chirurgien et accoucheur large d’esprit, Isala Van Diest reçoit, ainsi que ses sœurs, la même éducation que leur frère. Leur mère, Élisabeth Victoire Génie, les emmène en voyage en Angleterre, où elles entrent en contact avec le milieu progressiste[2].

L’école supérieure secondaire n’étant pas encore à cette époque accessible aux filles en Belgique, Isala est mise en pension à Berne pour la préparer à l’université.

À son retour en 1873, elle tente de s’inscrire à la faculté de médecine de l’Université catholique de Louvain, mais se heurte au refus de la hiérarchie religieuse et en particulier du recteur, Mgr Namèche, qui lui propose de devenir sage-femme[3],[4]. Elle refuse et, après un cours préparatoire en Allemagne pour renforcer son allemand et surtout les mathématiques et le latin, retourne à Berne à l'été 1874, les universités suisses étant les premières d’Europe à s’ouvrir aux femmes[5].

En 1876, elle obtient un doctorat en sciences naturelles et, en 1879 son diplôme de médecine avec une thèse sur l’état d’hygiène des prisons. Au 19e siècle, le débat sur les prisons se concentre sur l'aspect médical et Isala Van Diest préconise des réformes du système pénitentiaire[6].

Elle part exercer son métier durant deux ans en Angleterre où les femmes médecins ont la liberté d'exercer depuis 1866. Attachée au New Hospital for Women, fondé par Elisabeth Garrett Anderson, la première femme médecin britannique, elle y rencontre des féministes anglaises.

De retour en Belgique et afin de pouvoir faire reconnaître son diplôme, elle est contrainte de suivre des cours complémentaires à l’Université libre de Bruxelles accessible aux femmes depuis 1880. Avec Emma Leclercq, Louise Popelin et Marie Destrée, elle est une des premières étudiantes de Belgique[7]. Il faudra un arrêté royal en 1884, pour qu’elle soit autorisée à ouvrir son propre cabinet médical à Bruxelles[8]. Elle a alors 42 ans.

Elle rencontre toutefois encore des difficultés, ayant à vaincre les préjugés de ses patients et de ses collègues. Jusqu'en 1890, sa patientèle comporte surtout des patients britanniques et américains, peut-être davantage habitués à être soignés par une femme, ainsi que des femmes et des enfants[9].

En 1881, Isala Van Diest participe à la fondation de la Société de moralité publique, une organisation pluraliste présidée par Emile de Laveleye, dont le but est de lutter contre la traite internationale des femmes et réglementer la prostitution. En 1889, elle entre dans le comité exécutif de l'organisation et y reste jusqu'en 1902[7].

En plus de sa clientèle privée, elle s’occupe de donner des soins aux pensionnaires du Refuge, un centre d'accueil pour anciennes prostituées et de lutte contre la traite des femmes et la prostitution. Elle est également partisane du mouvement abolitionniste international pour l'éradication de la prostitution[9]. Féministe, elle fonde en 1892 avec Marie Popelin, première femme belge diplômée en Droit, la Ligue belge du droit des femmes[10].

En 1902, perdant progressivement la vue, elle cesse ses activités et s’installe à Knokke, où elle passe les dernières années de sa vie.

Honneurs

Isala Van Diest et Marie Popelin figurent ensemble sur une pièce commémorative de deux euros émise à 5 millions d’exemplaires en 2011 par la Banque nationale de Belgique à l’occasion du centenaire de la Journée internationale des Femmes[11].

En 1914, elle est nommée présidente d'honneur de l'exposition De hedendaagse vrouw (La femme contemporaine) organisée par la ville d'Anvers.

En 2020, sera inauguré un nouveau quartier à Bruxelles sur l’ancien site industriel Tour et Taxis. Vingt-huit nouvelles voies vont être baptisées (d’après 1397 propositions) dont la rue Isala Van Diest[12]. Des rues portent également son nom à Liège et Gand[13].

En 2020, un projet de recherche sur le microbiome vaginal à l'Université d'Anvers est appelé Isala en hommage à Isala Van Diest[14].

Elle est mise à l'honneur par le moteur de recherche Google le 24 novembre 2021[15].

Exposition

L'exposition Isala & Louise s'est tenue au Musée M de Louvain en 2011 en hommage à Isala Van Diest et Louise Heger[16].

Notes et références

  1. Éliane Gubin, Dictionnaire des femmes belges: XIXe et XXe siècles, éditions Lannoo, 2006, 637p
  2. « Ces Belges qu'on connaît moins : Isala Van Diest », sur RTBF Culture, (consulté le )
  3. (nl) wimvi, « Isala Van Diest », sur leuvense geschiedenissen (consulté le )
  4. « L'histoire d'Isala Van Diest, première femme médecin belge », sur RTBF Info, (consulté le )
  5. Marie Derscheid (épouse Delcourt) sera la première femme médecin diplômée d'une université belge. Source : Les allées de la gloire La Libre (en ligne) 29 octobre 2011. Consulté le 19 janvier 2014
  6. (en) Bert Vanhulle, « Dreaming about the prison: Édouard Ducpétiaux and Prison Reform in Belgium (1830-1848) », Crime, History & Societies, 14, n°2, , p. 107-130
  7. « Van Diest, Isala (1842-1916) — Bestor », sur www.bestor.be (consulté le )
  8. Arrêté Royal du 24 novembre 1884, Moniteur Belge du 27 novembre 1884
  9. (nl) GLUE digital agency, « Isala Van Diest », sur RoSa vzw, (consulté le )
  10. « Chronologie: Isala Van Diest Biographie », sur www.kronobase.org (consulté le )
  11. « AVG-Carhif : Pièce commémorative de 2 Euro d’Isala Van Diest et Marie Popelin », sur www.avg-carhif.be (consulté le )
  12. « Bruxelles: voici les noms des nouvelles rues de Tour et Taxis  ».
  13. (nl-BE) « https://straten.openalfa.be/straten », sur straten.openalfa.be (consulté le )
  14. « Vrouwelijk microbioom (Isala) - Universiteit Antwerpen », sur www.uantwerpen.be (consulté le )
  15. « Qui est Isala Van Diest, cette Belge mise à l’honneur par le moteur de recherche Google ce mercredi ? », sur RTBF Info, (consulté le )
  16. « Isala and Louise | Flanders Today », sur www.flanderstoday.eu (consulté le )

Voir aussi

Liens externes

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