Jadéite

La jadéite est une espèce minérale de la famille des silicates, classe des inosilicates, groupe des pyroxènes dont la composition chimique idéale est NaAlSi2O6.

Jadéite
Catégorie IX : silicates[1]

Jadéite brute, Myanmar
Général
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique AlNaO6Si2 NaAlSi2O6
Identification
Masse formulaire[2] 202,1387 ± 0,0024 uma
Al 13,35 %, Na 11,37 %, O 47,49 %, Si 27,79 %,
Couleur incolore, vert, blanc, gris, violet pâle, brun, rouge, orange, jaune, bleuâtre, verdâtre, mauve, bleu
Classe cristalline et groupe d'espace prismatique ;
C2/c
Système cristallin monoclinique
Réseau de Bravais centré C
Clivage {110} bon
Cassure irrégulière, esquilleuse
Trait Blanc
Éclat vitreux, subvitreux
Éclat poli gras
Propriétés optiques
Fluorescence ultraviolet luminescent et fluorescent
Transparence Opaque à translucide
Propriétés chimiques
Densité mesurée : 3,24-3,43
calculée: 3,33

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

C'est le plus rare des deux minéraux recouvrant l'appellation jade, l'autre étant la néphrite.

Historique

Utilisation durant la Préhistoire

La jadéite est exploitée dans les Alpes dès le début du Néolithique au VIe millénaire av. J.-C., avant de connaître une augmentation de son extraction au Ve millénaire av. J.-C.. Durant trois millénaires, elle sert à fabriquer de longues lames de hache dont l'usage était sans doute cérémoniel étant donné leur manque d'ergonomie. La pierre est débitée par percussion puis finement polie. On retrouve de telles lames sur toute l'Europe de l'Ouest, des Pyrénées à l'Écosse, l'Irlande, et le Danemark mais pas en Europe Centrale (à l'exception de la Thuringe), qui ne fait pas partie de la culture archéologique des mégalithes[3].

Première description et étymologie

Alexis Damour décrit et nomme la jadéite en 1863[4] après avoir observé une variété de jade dont la composition différait radicalement de celle d'une autre variété qu'il avait étudiée en 1846 (i.e. néphrite) et identifiée comme appartenant à la famille des trémolites[5].

Les noms jade, jadéite et néphrite ont la même origine : lapis nephriticus est l'équivalent latin de l'espagnol piedra de ijada, c'est-à-dire pierre du flanc, en référence à son utilisation par les peuples mésoaméricains pour guérir divers maux internes, dont les problèmes néphrétiques[6].

Caractéristiques physico-chimiques

Critères de détermination

  • Le minéral fond facilement en donnant un verre blanc bulleux, et colore la flamme en jaune (Na).
  • La jadéite ne cristallise que rarement en petits cristaux prismatiques bien formés. Elle se trouve le plus souvent sous forme d'agrégats finement ou micro grenus, ou en masses cryptocristalline compactes avec une structure parfois fibreuse.
  • C'est un minéral dense (3,24 à 3,43) et dur (6 à 7 sur l'échelle de Mohs). Il est très tenace, surtout dans sa forme compacte. La cassure est irrégulière et esquilleuse. Le clivage est bon en {110}.

La jadéite est allochromatique : pure, elle est théoriquement transparente, incolore. Dans les faits elle est translucide, blanche ou gris pâle coloré, en raison des impuretés et de défauts dans le réseau cristallin. La jadéite d'une grande pureté est rare. Généralement elle est presque opaque et colorée par certains métaux de transition présents sous forme de traces : fer principalement, titane, chrome, manganèse... La couleur la plus fréquente est le vert, du plus clair au plus sombre. Plus rarement, d'autres teintes sont possibles : vert-bleu, bleu, rose-violet, pourpre, brun-orange... Son éclat est vitreux ou subvitreux, légèrement nacré lorsque la structure est fibreuse, perlé sur le clivage, gras sur les faces polies. Sa trace est blanche.

Cristallochimie

Sa structure est un assemblage de chaînes simples infinies dont le motif est une combinaison de deux groupements tétraédriques [SiO4]4−. Chaque tétraèdre partage deux atomes d'oxygène avec ses voisins, le rapport Si/O est de 1/3. Chaque complexe [(SiO3)2]4− est associé à un gros cation, Na+, et un cation moyen, Al3+. La jadéite pure, NaAlSi2O6, est rare. On observe généralement une faible substitution de Al3+ par Fe3+. Sa formule cristallochimique peut s'écrire Na(Al,Fe3+)(SiO3)2 ou simplement Na(Al,Fe)Si2O6. On peut également trouver des traces de Cr, Ti, Mn, Mg, Ca, K, H2O. Ce sont les cations dérivés de certains métaux de transition (Fe2+ et Fe3+, Cr3+, Ti3+, Mn2+...) présents en faible quantité qui sont responsables des colorations allochromatiques de la jadéite.

La jadéite peut former des solutions solides avec d'autres clinopyroxènes. C'est le pôle sodique des séries formées avec le diopside et l'augite, pôles ferromagnésiens et calciques. Les compositions intermédiaires sont les omphacites. Elle forme également des solutions avec d'autres clinopyroxènes sodiques comme l'aegirine (NaFeSi2O6) ou le kosmochlor (NaCrSi2O6).

Cristallographie

La structure de la jadéite, semblable à celle du diopside, caractéristique des pyroxènes, est connue depuis les travaux de Prewitt et Burnham en 1966[7].

Elle appartient à la famille cristalline monoclinique, à la classe cristalline prismatique (holoédrie) 2/m et au groupe d'espace C2/c. Des chaînes de motif [(SiO3)2] parallèles à l'axe c sont reliées par des couches de Na et Al coordonnées avec O. Na est octocoordonné dans des sites polyédriques irréguliers proches d'un cube et Al est hexacoordonné dans des sites octaédriques.

Paramètres de la maille : a = 9,418 Å , b = 8,562 Å, c = 5,219 Å, ß = 107,58°, Z = 4.
Distances cation-oxygène moyennes : Si-O = 1,623 Å, Al-O = 1,928 Å, Na-O = 2,469 Å.

Les cristaux, prismatiques et allongés, sont rares. La jadéite est généralement cryptocristalline.

Gîtes et gisements

Gîtologie et minéraux associés

Gîtologie
  • C’est un minéral typique d'un métamorphisme de haute pression et basse température.

Galerie

Notes et références

  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. Anne Lehoërff, Préhistoires d'Europe : De Néandertal à Vercingétorix, Paris, éditions Belin, coll. « Mondes anciens », , 608 p. (ISBN 978-2-7011-5983-6), chap. 6 (« Franchir les espaces. Voyager, échanger sur les terres et sur les mers »)
  4. Damour 1863
  5. Damour 1846
  6. Easby 1968
  7. Prewitt et Burnham 1966

Voir aussi

Articles et ouvrages cités

  • Alexis Damour, « Notice et analyse sur le jade vert. Réunion de cette matière minérale à la famille des Wernerites », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, vol. 56, , p. 861-865 (lire en ligne)
  • Alexis Damour, « Analyse du jade oriental, réunion de cette substance à la Trémolite », Annales de chimie et de physique, 3e série, vol. 16, , p. 469-474 (lire en ligne)
  • (en) Elizabeth Kennedy Easby, Pre-Columbian Jade from Costa Rica, New York, André Emmerich Inc.,
  • (en) Prewitt, C.T. et Burnham, C.W., « The crystal structure of jadeite, NaAlSi2O6 », American Mineralogist, Mineralogic Society of America, vol. 51, , p. 956-975 (lire en ligne)

Autres sources

  • (en) Kim Be Howard, Jadeite, Canadian Institute of Gemmology (lire en ligne), mémoire d'études

Articles connexes

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