Jaguar (contre-torpilleur)

Le Jaguar est un contre-torpilleur français de la classe Jaguar construit pour la Marine française dans les années 1920. Avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il effectue l'essentiel de sa carrière en tant que navire amiral dans des unités de contre-torpilleurs. Le navire participe ensuite à l'escorte de convois dans l'océan Atlantique après le début du conflit en 1939 et est gravement endommagé lors d'une collision en . Cinq mois plus tard, une fois les réparations achevées, le Jaguar est envoyé dans la Manche lors des prémices de la bataille de France au mois de . Il est torpillé le par un E-boat allemand et doit s'échouer pour éviter le naufrage. Son épave est jugée irrécupérable et radiée.

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Jaguar

Le contre-torpilleur Jaguar en 1926, plan en coupe.
Type Contre-torpilleur
Classe Jaguar
Histoire
A servi dans  Marine nationale
Commanditaire Marine française
Chantier naval Arsenal de Lorient
Commandé 18 avril 1922
Quille posée 24 août 1922
Lancement 17 novembre 1923
Commission 19 novembre 1926
Statut Torpillé et échoué le 23 mai 1940
Équipage
Équipage 12 officiers et 209 membres d'équipage en temps de guerre
Caractéristiques techniques
Longueur 126,8 m
Maître-bau 11,1 m
Tirant d'eau 4,1 m
Déplacement 2 126 tonnes
À pleine charge 2 980 tonnes à 3 075 tonnes
Propulsion 2 hélices
2 turbines à vapeur
Puissance 49 000 chevaux
5 chaudières du Temple
Vitesse 35,5 nœuds (65,7 km/h)
Caractéristiques militaires
Armement 5 canons de 130 mm à tourelle simple
2 canons de 75 mm antiaériens
2 triple tubes lance-torpilles de 550 mm
2 rampes et 4 lanceurs pour grenades anti-sous-marine
Rayon d'action 3 000 milles nautiques à 15 nœuds
Carrière
Pavillon  France

Description

Conçus pour rivaliser avec leurs homologues italiens de la classe Leone, les contre-torpilleurs de la classe Jaguar sont longs de 126,8 mètres et large de 11,1 mètres[1] pour un tirant d'eau de 4,1 mètres. Chacun déplace 2 126 tonnes à vitesse normale[2] et entre 2 980 à 3 075 tonnes à pleine charge. Ils sont propulsés par deux turbines à vapeur entraînant chacune une hélice et alimentées par cinq chaudières du Temple. Ces turbines, capables de fournir une puissance totale de 49 000 chevaux, permettent au bâtiment d'atteindre une vitesse maximale de 35,5 nœuds, soit 65,7 km/h. Durant ses essais à la mer le , les turbines du Jaguar atteignent même 57 850 chevaux et le navire file à 35,27 nœuds (65,32 km/h) pendant une heure. Chaque contre-torpilleur embarque également à son bord 530 tonnes de mazout ce qui lui donne une autonomie de 3000 nautiques à une vitesse de 15 nœuds (soit 5 600 km à 28 km/h). L'équipage est composé de 10 officiers et 187 officiers mariniers quarties-maître et matelots en temps de paix et de 12 officiers et 209 marins en temps de guerre. Caractéristique unique par rapport aux contre-torpilleurs de sa classe, le Jaguar est destiné à servir de navire amiral et dispose par conséquent d'aménagements spéciaux pour loger à son bord l'amiral et ses quatre officiers d'état-major[3].

L'artillerie principale des navires de la classe Jaguar consiste en cinq pièces simples de 130 mm modèle 1919 montés sur une tourelle simple, avec une paire de tourelles superposées à l'avant et à l'arrière de la superstructure et le cinquième canon situé sous la cheminée arrière. Les canons sont numérotés de 1 à 5 de la proue jusqu'à la poupe. L'armement antiaérien se compose de deux canons de 75 mm modèle 1924 à tourelle simple placés au milieu du navire. Chaque bâtiment dispose en outre de deux triples tubes lance-torpilles de 550 mm. Ces derniers sont équipés à l'arrière de deux rampes pour le lancement de grenades anti-sous-marines contenant au total vingt grenades pesant chacune 200 kg. L'ensemble est complété par quatre autres lanceurs à grenades abritant une douzaine d'explosifs de 100 kg chacun[4].

Histoire

Le Jaguar, qui tire son nom du félin éponyme, est commandé le à l'arsenal de Lorient. Sa construction commence le à la cale no 7 et il est lancé le . Bien que le chantier ait été différé en raison des problèmes sur son dispositif de propulsion et des retards dans les livraisons des sous-traitants, il est achevé le et entre en service dans la Marine nationale à partir du . Avant même que le chantier soit entièrement finalisé, le navire participe à une croisière dans la mer Baltique au milieu de l'année 1926 et se rend au mois de décembre à Dakar, au Sénégal. Il effectue également une visite dans le port espagnol de Séville en . Le mois d'après, le Jaguar fait partie des navires qui escortent le président de la République Gaston Doumergue à travers la Manche lors de sa visite officielle en Grande-Bretagne. Il accompagne ensuite le croiseur léger Lamotte-Picquet pendant son voyage à Dakar et à Buenos Aires entre juin et septembre. Le , le Jaguar devient le navire amiral du groupe de torpilleurs (renommée peu après en 1re flottille de torpilleurs) de la 1re escadre basée à Toulon. Deux mois plus tard, le bâtiment accueille à son bord le président Doumergue lors d'une revue navale au large du Havre le [5].

Le , le navire participe à la revue navale d'Alger pour les commémorations du centenaire du débarquement français en Algérie le . Les quatre lanceurs de grenades anti-sous-marines sont retirés en 1932. Presque deux ans plus tard, il est procédé à un remplacement des canons de 75 mm antiaériens par quatre mitrailleuses antiaériennes bitubes de 13,2 mm. Le Jaguar devient, le , navire amiral de la 2e flottille de torpilleurs de la 2e escadre mouillée à Brest. Après avoir effectué leurs manœuvres, les escadres combinées de Brest et de Toulon, incluant le Jaguar, sont passées en revue dans la baie de Douarnenez par le ministre de la Marine François Piétri le . L'année suivante, le , le contre-torpilleur participe à une autre revue navale au large de Brest en présence d'Alphonse Gasnier-Duparc, le nouveau ministre de la Marine. Il est remplacé en tant que navire amiral le mais réassume brièvement cette fonction du 1er mars au après que le Bison, son homologue de construction plus récente, ait été victime d'une collision[6].

Le Jaguar sert dans la 2e division de contre-torpilleurs avec le Chacal et le Léopard lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en . Entre octobre et décembre, le navire est à nouveau équipé de deux lanceurs de grenades anti-sous-marines et voit son canon no 3 supprimé. Le stock de grenades est réduit à douze grenades de 200 kg et huit grenades de 100 kg ce qui permet d'améliorer de façon significative la stabilité du navire. Le Jaguar est alors transféré aux Forces maritimes de l'Ouest où il reste d'octobre à pour escorter des convois entre Gibraltar et Brest et entre Casablanca et Le Verdon-sur-Mer. Dans la nuit du 16 au , il est accidentellement éperonné par le destroyer britannique Keppel. Un membre d'équipage français est tué dans la collision et la proue du Keppel pénètre dans les flancs du Jaguar jusqu'à sa ligne médiane. Ce dernier parvient cependant à regagner le port de Brest le afin d'entamer les réparations, qui se poursuivent jusqu'au mois de mai. Le Jaguar bénéficie entretemps de quelques améliorations techniques avec l'installation en mars d'un sonar « type 123 » de conception britannique qui est complété le mois suivant par du matériel de démagnétisation[7]. Après le début de la bataille de France le , la 2e division de contre-torpilleurs est transférée dans la Manche afin de soutenir les forces britanniques qui y sont stationnées. Le , alors qu'il entre dans le port de Dunkerque avec à son bord une équipe de démolition, le Jaguar est frappé par une torpille tirée par le E-boat S-21 ou S-23. 13 hommes sont tués et 23 autres blessés et le navire doit s'échouer à Malo-les-Bains pour éviter le naufrage. L'épave est par la suite jugée irrécupérable et radiée[8],[9].

67 personnes seront sauvées par les bateaux Monique-Camille et Matelot. Parmi ces rescapés on trouve le médecin du bord Hervé Cras dit Mordal qui réalisera ce jour un sauvetage individuel.[10]

Notes et références

  1. Jordan et Moulin 2015, p. 22.
  2. Gardiner et Chesneau 1980, p. 267.
  3. Jordan et Moulin 2015, p. 18 ; 22 à 27 ; 35.
  4. Jordan et Moulin 2015, p. 27 à 33.
  5. Jordan et Moulin 2015, p. 20 et 21 ; 209 et 210 ; 213 et 215 à 218.
  6. Jordan et Moulin 2015, p. 38 et 39 ; 213 et 214 ; 216 à 218.
  7. Jordan et Moulin 2015, p. 202 ; 39 et 40 ; 224.
  8. Jordan et Moulin 2015, p. 227 et 228.
  9. Whitley 1988, p. 37.
  10. Philippe Boutelier, « Sauvetage du Jaguar », sur https://www.sauveteurdudunkerquois.fr

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Robert Gardiner et Roger Chesneau, Conway's All the World's Fighting Ships (1922-1946), [détail de l’édition].
  • (en) John Jordan et Jean Moulin, French Destroyers : Torpilleurs d'Escadre & Contre-Torpilleurs 1922–1956, Barnsley, Seaforth Publishing, (ISBN 978-1-84832-198-4).
  • (en) M. J. Whitley, Destroyers of World War Two : An International Encyclopedia, Annapolis, Naval Institute Press, , 320 p. (ISBN 0-87021-326-1).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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