Jan Palach
Jan Palach, né le à Prague et mort le dans la même ville, est un étudiant en Histoire tchécoslovaque qui s’est immolé par le feu sur la place Venceslas à Prague le . Il est l’un des symboles en Tchéquie de la résistance à l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie.
Naissance | Londýnská (d) (Vinohrady, Prague, République tchécoslovaque) ou Všetaty |
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Décès |
(à 20 ans) Sanatorium Borůvkovo (d) (Nové Město, Prague, République socialiste tchécoslovaque) |
Sépulture | |
Nationalités | |
Formation |
Gymnázium Jana Palacha (d) Faculté des lettres de l'université Charles de Prague ( - |
Activité |
Étudiant à l'université |
Fratrie |
Jiří Palach (d) |
Religion | |
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Membre de | |
Distinctions |
Biographie
Jan Palach naît en 1948 dans une clinique pragoise. Il venait de la commune de Všetaty, où il avait grandi. Son père décède en 1962[1]. En 1963, il devient élève au lycée de Mělník (50 km au nord de Prague). En 1966, il n’est pas admis à l’université Charles de Prague en raison de son « origine professionnelle », bien qu’il ait réussi les examens d’entrée. De ce fait, il commence à étudier à l’École supérieure d'économie de Prague. Il effectue un stage en République socialiste soviétique du Kazakhstan en 1967. En 1968, il réitère sa tentative d’admission à l'université Charles, cette fois avec succès. Au cours de l’été 1968, il effectue un stage près de Leningrad, puis la brève période du « socialisme à visage humain » qui ouvre le « rideau de fer », lui permet aussi de travailler comme vendangeur durant trois semaines en France, où il découvre les débats suscités par les manifestations de mai 1968.
Durant ses études, il s’intéresse déjà à la politique mais ce sera le « printemps de Prague » qui marquera un tournant crucial pour lui[2]. Après avoir essayé sans succès d’organiser l’occupation de l’édifice principal de la Radiodiffusion tchécoslovaque et de diffuser un appel à la grève générale, Jan Palach décide d’opter pour un mode de protestation plus radical. Le , il s’immole par le feu sur la place Venceslas à Prague, un lieu central et très fréquenté. Brûlé au deuxième ou troisième degré sur 85% de son corps, il meurt à l’hôpital le à 3h30[3].
Par ce suicide public, Palach souhaitait protester contre l’abolition des libertés à peine acquises grâce au « socialisme à visage humain » et aux réformes d’Alexander Dubček, ainsi que contre l’apathie de la « majorité silencieuse » et contre l’indifférence de l’Europe occidentale face à l’invasion du pays par les forces du Pacte de Varsovie en [4]. Cette invasion militaire met brutalement fin à la relative libéralisation du système socialiste tchécoslovaque, écarte des responsabilités les réformateurs du Parti communiste tchécoslovaque et rend le pouvoir aux conservateurs les plus soumis aux ordres de l’URSS : ce processus répressif appelé « normalisation » verrouilla pour vingt ans le champ politique de la Tchécoslovaquie communiste.
La mort du jeune homme aura un retentissement à travers toute la Tchécoslovaquie : une manifestation funèbre réunira plusieurs dizaines de milliers de participants à Prague et d’autres cérémonies funèbres eurent lieu ailleurs dans le pays[5]. Jan Zajíc et Evžen Plocek, deux autres jeunes Tchèques, suivirent l'exemple de Jan Palach respectivement le [4] et le de la même année. Les autorités communistes ont alors tenté de discréditer le jeune martyr par plusieurs manipulations, notamment en faisant disparaître une lettre posthume où Jan Palach dénonçait l’invasion soviétique[6].
Conséquences
Après Jan Palach, près de trente autres tentatives d’auto-immolation ont lieu, pas uniquement pour des motivations politiques[7].
En , le 20e anniversaire de la mort de Jan Palach provoque une semaine d’importantes manifestations contre la dictature communiste[4], appelée « Semaine de Palach ». Le , l’auteur dramatique Václav Havel, un des dirigeants du mouvement de la Charte 77, est arrêté par la police politique communiste pour avoir voulu déposer une gerbe de fleurs à la mémoire de Jan Palach.
Du 20 au 22 février suivant, Havel et sept autres opposants sont condamnés pour ce geste à neuf mois de prison ferme. Quelques mois plus tard, la dictature s’effondre à la suite de la révolution de Velours.
Hommages et postérité
- L’astronome Luboš Kohoutek a nommé un astéroïde en hommage à Palach le ((1834) Palach).
- Le jour de l’anniversaire de son geste, le mémorial qui lui est désormais consacré devant la statue équestre de saint Venceslas est couvert de fleurs.
- En république tchèque, des écoles, des voies et des parcs portent son nom.
- En France, plusieurs voies portent également son nom : une rue à Reims, Béziers, Couëron, Saint-Herblain et à Angers, une allée à Sevran ou encore une avenue à Gignac-la-Nerthe.
- Le campus de Dijon de Sciences Po Paris possède une statue en son honneur.
- Une gare routière dans la ville de Curepipe à l’île Maurice porte son nom.
- Torches, musique composée et interprétée par Lamb Of God sur leur album VII : Sturm Und Drang, en son hommage.
- En 2011, Daniel Cohn-Bendit rappela dans un discours le geste de Jan Palach pour dénoncer, selon lui, le manque de soutien du Parlement Européen à la Tunisie à la suite de sa révolution. Cohn-Bendit dressa un parallèle entre l’immolation de Jan Palach et celle de Mohamed Bouazizi[8].
- Le est organisé un rassemblement place de la Vieille Ville à Prague, afin de commémorer les 50 ans de son geste.
- András Beck, sculpteur hongrois exilé en France à la suite des événements de 1956, a réalisé plusieurs statues pour lui rendre hommage. En 2010, une réduction en bronze d’une de ses sculptures (dont le modèle se trouve au musée de Meudon) est inaugurée sur le campus de Sciences Po Dijon[9].
- En 2018, un buste de Jan Palach est inauguré à Béziers (France)[10].
Médias
- Jan Palach, court-métrage documentaire de Raymond Depardon sur les cérémonies d'hommage à Jan Palach à Prague, 1969
- La mini-série télévisée Sacrifice d'Agnieszka Holland, 2014.
- Le livre La Vie brève de Jan Palach, d'Anthony Sitruk, aux éditions Le Dilettante, 2018 (SBN : 9782842639679)
- Jan Palach, film tchèque réalisé par Robert Sedláček sorti en 2018.
- Rêve de liberté, vidéo de Fabienne Stein, auteurs/compositeurs : Michel Lhomme, Jean-Noël Fagherazzi, arrangements : Franck Ballier, 2012.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Sacrifice (Buisson ardent dans le titre originel), film de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland (1948-) sur le mythe Jan Palach[11],[12].
- Notices d'autorité :
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- Bibliothèque universitaire de Pologne
- Bibliothèque nationale tchèque
- WorldCat
Notes et références
- « Jan Palach », sur www.janpalach.cz (consulté le )
- « Jan Palach », sur www.janpalach.cz (consulté le )
- « Jan Palach », sur www.janpalach.cz (consulté le )
- « Les Tchèques rendent hommage à l'étudiant martyr Jan Palach », dans Le Monde du 16 janvier 2009, [lire en ligne].
- « Jan Palach », sur www.janpalach.cz (consulté le )
- Muriel Frat, « Le « sacrifice » de Jan Palach », Le Figaro, encart « Culture », jeudi 27 mars 2014, page 38.
- http://www.janpalach.cz/fr/default/jan-palach/nasledovnici.
- « L'Edito », sur La Première, (consulté le )
- « Hommage à Jan Palach », cz.ambafrance.org, 10 août 2016.
- « À Béziers, un buste pour honorer le héros tchécoslovaque Jan Palach », midilibre.fr, 25 mai 2018.
- « Cinéma – Prix de la critique tchèque : « Buisson ardent » consacré à Jan Palach élu film de l’année 2013 », sur Radio Prague International, (consulté le ).
- « Lion du cinéma tchèque : le film d'Agnieszka Holland sur Jan Palach largement primé », sur RTBF Info, (consulté le ).
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