Jean Bourgoin (ingénieur)

Jean Lucien Joseph Bourgoin (1897-1977), né à Papeete[1],[2] le 8 août 1897, est un militaire, ingénieur polytechnicien, commandeur de la Légion d'Honneur[3], commandeur de l'Ordre impérial du Dragon d'Annam, et consultant pour le compte de l’Unesco du déplacement des temples d’Abou Simbel en Égypte[4]. Fils d'ingénieur, il est également le beau-frère d'André Diethelm ancien ministre de la guerre et bras droit de Charles de Gaulle[5] et le grand-père du producteur Julien Cuny.

Pour les articles homonymes, voir Jean Bourgoin et Bourgoin.

Jean Bourgoin
Biographie
Naissance
Décès
(à 79 ans)
Palaiseau
Nom de naissance
Lucien Joseph Jean Bourgoin
Nationalité
Formation
Activité
Enfant
Autres informations
Distinctions

Biographie

Fils d'Adrien Bourgoin, ingénieur polytechnicien[6], lieutenant-colonel, directeur de la fonderie de Ruelle, et Commandeur de la Légion d'Honneur[7],[8], Jean est né à Tahiti, en Polynésie française[1], alors que son père est en mission pour le ministère des colonies, puis en tant que chef du service de l'artillerie de la Marine à Tahiti[9].

Première Guerre mondiale

En 1915, alors qu’il a tout juste dix-huit ans, il est désigné sur sa demande comme agent de liaison avec le Commandant des premières lignes d’Infanterie. Il a réussi malgré le bombardement des tranchées et boyaux à renseigner sans arrêt son chef de groupe sur les mouvements de l’infanterie. Il est décrit comme « un jeune gradé d’une rare énergie »[10].

En 1918, il devient jeune commandant de batterie et fait partie des combats qui se sont déroulés en Champagne du 15 juillet au 6 novembre 1918. Une partie de ses hommes y perdront la vie[11].

Deuxième Guerre mondiale

Haut fonctionnaire en Indochine en 1940, il est révoqué en 1941 pour son activité gaulliste et placé en résidence surveillée. Il réussit à échapper à la surveillance de ses agents de sécurité et à gagner Tien-Yen. De là, il est incarcéré par les Chinois comme espion à la solde des Japonais, mais il s’échappe, et fait un parcours à pieds de 100 kilomètres dans le Guangxi entre Liuzhou et Guilin. Il arrive à rejoindre une mission militaire britannique postée en Chine. En septembre 1942, il rejoint la France Libre depuis la Chine[12].

Il animera une chronique radio en anglais à « All India Radio »[13].

En 1943, il intègre, comme délégué et membre de la Commission des affaires économiques et sociales, l’Assemblée consultative provisoire à Alger sous le Comité français de la Libération nationale, coprésidé par le général Charles de Gaulle et le général Henri Giraud et qui deviendra par la suite le Gouvernement provisoire de la République française en 1944[14],[15].

Il est chef d'escadron[16] à la 9e division d'infanterie coloniale, au sein du régiment d'artillerie divisionnaire. Commandant d'un groupe de 105 depuis les combats de Toulon lors de la Deuxième Guerre mondiale[16].

En 1945, il devient l'un des commissaires fédéraux dans l'Indochine française (Gouvernement fédéral de la République relative à l'Indochine), soit un an avant la guerre d'Indochine qui aboutira à la fin de cette fédération en 1954[17].

Il terminera sa carrière militaire comme lieutenant-colonel[18].

En tant qu'ingénieur civil

Services rendus par Jean Joseph Lucien Bourgoin en tant qu'ingénieur civil.

[19]

  • (1960) Ingénieur et consultant pour le compte de l’Unesco du déplacement des temples d’Abou Simbel en Égypte[4].
  • Ingénieur général des travaux publics de l'Indochine[5].
  • Sous-direction d'artillerie à la citadelle, concernant les travaux de fortification sur la frontière de la Chine[5].
  • Il a également effectué des missions pour le gouvernement français dans les pays suivants : Siam, Singapour, Philippines, HongKong, Chine, Mandchourie, Corée, Japon, USA, Inde, Italie, Grèce, Turquie, Roumanie, Hollande, Allemagne, Autriche, Tchécoslovaquie, Angleterre[20].

Vie privée

Marié trois fois et père de quatre enfants, tous nés de mères différentes, il meurt le 4 juin 1977 au sein de l'école Polytechnique[6],[21]. L'un de ses enfants est l'écrivain français Stéphane Bourgoin[22],[23] eu avec sa troisième épouse[24] Franziska Gloeckner[25] ; une de ses filles épousera le réalisateur Jean-Pierre Cuny [26]. Une autre de ses filles, Anouchka, eue avec sa seconde épouse Alice Gilbert Smith, s'est tuée en tombant d'une balançoire vers l'âge de cinq ans.

Sa descendance est aujourd'hui française, eurasienne et canadienne.

Sa sœur Jacqueline est la seconde épouse d'André Diethelm[27].

Décorations

  • Commandeur de la Légion d'honneur[28]
  • Croix de guerre 1914-1918
  • Croix de guerre 1939-1945[29]
  • Médaille de la Résistance française avec rosette
  • Médaille des évadés
  • Médaille des Engagés volontaires.
  • Commandeur de l'ordre du Dragon d'Annam[30].
    Décorations de Jean Lucien Joseph Bourgoin
    Titulaire de huit citations : 2 à l'Ordre de l'Armée, 4 à l'Ordre du corps d'Armée, 2 à l'Ordre de Division.
  • Remerciements de Charles de Gaulle, le , à la fin de la guerre pour son implication dans les Forces françaises libres : “Répondant à l’appel de la France en péril de mort, vous avez rallié les Forces Françaises Libres. Vous avez été de l'équipe volontaire des bons Compagnons qui ont maintenu notre pays dans la guerre et dans l’honneur. Vous avez été de ceux qui, au premier rang, lui ont permis de remporter la Victoire ! Au moment où le but est atteint, je tiens à vous remercier amicalement, simplement, au nom de la France.”
  • Citation du général d'armée de Lattre de Tassigny le pour l'unité qu’il a dirigée[31].
  • Citation à l'Ordre de l'Armée, décision numéro 503, sur la proposition du Ministre de la Guerre, le Président du Gouvernement Provisoire de la République Française et le Chef des Armées[32].

Références

  1. « Généalogie de Jean BOURGOIN », sur Geneanet (consulté le )
  2. Archives nationales, Ministère de la France d'Outre-Mer, « Acte de naissance », sur http://www2.culture.gouv.fr (consulté le )
  3. Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur, archives, « Lettre officielle de nomination émise par Vincent Auriol, Président de la République. », sur http://www2.culture.gouv.fr (consulté le )
  4. Unesco : Fac similé de documents relatifs au déplacement des ouvrages de Nubie.
  5. Philippe Grandjean, L'Indochine face au Japon: 1940-1945 : Decoux-de Gaulle, un malentendu fatal, Harmattan, 2004 (ISBN 978-2-7475-6857-9) .
  6. « Généalogie de Adrien BOURGOIN », sur Geneanet (consulté le )
  7. Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur, « Base Léonore, Archives de la Légion d'Honneur : Adrien Paul Bourgoin », sur http://www2.culture.gouv.fr/ (consulté le )
  8. Certificat de décès en date du 5 mai 1934, disponible en ligne aux archives de l'Etat civil de Paris (mairie du 5ème arrondissement).
  9. Ecole navale, parcours de vie dans la Royale., « Adrien Paul BOURGOIN, Artillerie de la marine, Parcours de vie dans la Royale. », sur http://ecole.nav.traditions.free.fr (consulté le )
  10. Ordre de la décision numéro 252 du 2 octobre 1915, mentionnée dans sa nomination au grade d'Officier de la Légion d'Honneur.
  11. Ordre de la Décision numéro 293 du 12 décembre 1918, mentionnée dans sa nomination au grade d'officier de la Légion d'honneur.
  12. « Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943 : Jean Lucien Bourgoin », sur http://www.francaislibres.net (consulté le )
  13. Philippe Grandjean, L'Indochine face au Japon 1940-1945. Decoux-de Gaulle, un malentendu fatal., Paris, 5-7 rue de l'Ecole Polytechnique, L'Harmattan, , 298 p. (ISBN 9-782747-568579), p. 126-127
  14. Liste des Délégués de l'Assemblée Consultative provisoire siégeant à Alger .
  15. Bruno Béthouart, La résistance des démocrates d’inspiration chrétienne en France : précocité et diversité, Lille, Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion/Université de Lille (UMR 8529), (ISBN 9782905637772), p. 99-122
  16. Extrait de l’ordre général numéro 63 du 19-10-1944 du Général d'Armée de Lattre de Tassigny, Commandant la 1ère Armée Française. Paragraphe sur le Jean Bourgoin, Chef d’escadron du R.A.C.M.
  17. Philippe Grandjean, L'Indochine face au Japon 1940-1945. Decoux-de Gaulle, un malentendu fatal, Paris, 5-7 rue de l'Ecole Polytechnique, L'Harmattan, , 298 p. (ISBN 9-782747-568579), p. 128-129
  18. Naissance de la France Libre N.
  19. Archives nationales, « Services civils de Monsieur Bourgoin », sur http://www2.culture.gouv.fr (consulté le )
  20. Archives nationales, « Services civils de Jean Bourgoin », sur http://www2.culture.gouv.fr/ (consulté le )
  21. Archives nationales, « Acte de décès », sur http://www2.culture.gouv.fr (consulté le )
  22. (en) Massachusetts Historical Society, « Alice Gilbert Smith Bourgoin Papers », sur https://www.masshist.org (consulté le )
  23. Émilie Lanez, «Stéphane Bourgoin, rencontre avec un serial menteur», Paris Match, no 3705, 7 mai 2020.
  24. Mairie de Paris, « Extrait acte de décès. Mention de sa dernière épouse. » (consulté le )
  25. Kristian Hamon, « Franziska, l'interprète allemande qui faillit sauver Saint-Malo de la destruction », (consulté le )
  26. (en) Lauren Collins, « The Unravelling of an expert on serial killers (article on Stephane Bourgoin) », sur The New-Yorker, (consulté le )
  27. Jacques Despuech, Le trafic de piastres (en Indochine), Paris, Deux Rives, , 170 + annexes, p. 104
  28. Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur, « Base Léonore, Archives de la Légion d'Honneur : Jean Lucien Joseph Bourgoin », sur http://www2.culture.gouv.fr (consulté le )
  29. « Extrait des minutes des actes de décès, mairie de Paris », http://www2.culture.gouv.fr (consulté le )
  30. « République française. Ministère des relations avec les états associés. Légion d’Honneur Commandeur. Notice de renseignements de Jean Lucien Joseph Bourgoin. » (consulté le )
  31. Ordre général numéro 486 du Général d'Armée de Lattre de Tassigny, Commandant en Chef de la 1re armée française.
  32. Journal officiel du 19 avril 1945.

Voir aussi

Bibliographie

  • Philippe Grandjean, L'Indochine face au Japon : 1940-1945 : Decoux-de Gaulle, un malentendu fatal, éditions L'Harmattan.

Liens externes

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