Jean d'Avila
Saint Jean d'Avila, né le à Almodóvar del Campo (Espagne) et mort le à Montilla, est un prêtre catholique espagnol, surnommé l'Apôtre de l'Andalousie pour le succès de ses prédications. Auteur d'œuvres théologiques et maître spirituel, il eut une grande influence sur le renouveau catholique espagnol du XVIe siècle.
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Jean d'Avila | |
Saint - Docteur de l'Église | |
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Naissance | Almodóvar del Campo, Espagne |
Décès | (à 70 ans) Montilla, Espagne |
Vénéré à | l'église de l'Encarnación à Montilla |
Béatification | à Rome par le pape Léon XIII |
Canonisation | à Rome par le pape Paul VI |
Docteur de l'Église | à Rome par le pape Benoît XVI |
Vénéré par | Église catholique |
Fête | 10 mai |
Saint patron | de l'Andalousie et du clergé séculier espagnol |
Il est vénéré comme saint par l'Église catholique, et a été proclamé en 2012 Docteur de l'Église, pour la richesse de son enseignement, par le pape Benoît XVI, qui a fixé sa fête au calendrier à la date du 10 mai.
Biographie
Jeunesse et études
Jean d'Avila naît en 1499 à Almodovar del Campo, dans la province de Ciudad Real. Ses parents, Antoine d'Avila et Catherine Xixona, sont de riches marchands qui ont fait fortune. Le père descend d'une famille juive convertie au catholicisme pour pouvoir rester en Espagne. A l'âge de 14 ans, Jean part étudier à l'université de Salamanque, comme il est d'usage pour un garçon d'une famille riche. Il y fait ses humanités, étudiant aussi bien le droit que les arts, la philosophie et la théologie.
En 1517, il décide brutalement de rentrer chez lui. Alors qu'il assistait à un spectacle de tauromachie, il aurait eu une révélation divine l'appelant à se consacrer totalement à Dieu et à abandonner le monde. De retour dans sa famille, il obtient de ses parents l'autorisation de vivre dans une cabane au fond du jardin, pour s'adonner à une vie d'ermite, faite de jeûne et de prière continuelle. En 1520, un franciscain de passage, édifié par la vie que mène ce jeune homme, convainc ses parents de l'envoyer dans l'université d'Alcalá, fondée par le cardinal Francisco Jimenez de Cisneros.
À Alcalá, Jean d'Avila s'imprègne de l'humanisme ambiant. Sous la direction du Père Domingo de Soto, dont il est le disciple, il étudie l'Écriture sainte, la pensée d'Érasme, la métaphysique et la physique. Il obtient son baccalauréat en 1523, et devient maître en théologie en 1537.
Prédicateur
En 1525, Jean d'Avila est ordonné prêtre. Il rentre à Almodovar del Campo, où il célèbre sa première messe. Ses parents étant morts, il distribue tout son héritage aux pauvres. Les conquêtes espagnoles du Nouveau Monde provoque le désir chez Jean d'Avila de partir comme missionnaire. Il se lie avec Mgr Julian Garces, l'évêque de Tlaxcala, qui consent à l'amener avec lui lors de la prochaine traversée. Toutefois, son zèle et son habilité d'orateur sont signalés à l'archevêque de Séville. Celui-ci lui déclare lors d'un entretien : « Vos Indes sont ici, à Séville ! ».
Mgr Alfonso Manrique de Lara y Solís le charge d'organiser des missions populaires dans toute l'Andalousie pour raviver la foi chrétienne dans ses terres. Il prêche dans les églises et sur les places publiques. Sa notoriété d'orateur s'étend rapidement auprès de toutes les strates sociales de la population jusqu'à devenir réputée. Son premier coup d'éclat est la conversion de doña Sancha Carillo, dame d'honneur de l'impératrice, qui se retira au couvent après s'être confessée à lui. Pour elle, Jean d'Avila écrit son œuvre Audi filia (écoute ma fille), afin de la guider dans la sainteté.
Emprisonnement et succès
En 1531, Jean d'Avila est dénoncé à l'Inquisition, accusé d'hérésie. On le soupçonne d'illuminisme et de luthéranisme, pour certains de ses propos en sermons, concernant la vie spirituelle. Arrêté, il est emprisonné à Séville à l'automne 1532. Après de nombreux interrogatoires, la sentence est rendue le : rien d'hérétique dans son enseignement, ses propos ayant été dénaturés. L'un des juges parle de « potins de sacristie ». Au cours de son emprisonnement, il rédigea l'ensemble de son œuvre Audi filia. C'est aussi au cours de cette période qu'il aurait reçu une grande perception du mystère du Christ, comme le rapporte son biographe Louis de Grenade, auquel il confie : « J'ai appris bien plus durant ma captivité que pendant toutes mes années d'études ».
Lavé de tous soupçons, Jean d'Avila continue de prêcher avec un grand succès auprès du peuple. Il reste un an à Cordoue puis s'installe à Grenade de 1536 à 1539. Le , au cours d'un sermon où il invite les fidèles à suivre le Christ « même au milieu des épines et des ronces », João Cidade se convertit et reconnaît ses péchés devant la foule ; désormais accompagné par lui et encouragé à se consacrer aux pauvres, ce futur saint Jean de Dieu fonde l'Ordre des Hospitaliers à Grenade en 1539.
Jean d'Avila est chargé de célébrer les funérailles de l'impératrice-reine Isabelle, épouse de Charles Quint, le . À cette occasion, saint François Borgia, alors régent du royaume, change radicalement de vie, décidant d'abandonner la charge de vice-roi de Catalogne pour devenir membre de la Compagnie de Jésus.
Influence
En 1540, Jean d'Avila s'installe à Baeza. Préoccupé par l'éducation des enfants, surtout des jeunes garçons voulant devenir prêtres, il fonde une université, qui deviendra un point de référence en l'Espagne jusqu'au XIXe siècle. Il crée aussi une quinzaine de collèges, qui sont considérés comme les ancêtres des séminaires, mis en place par le concile de Trente. De nombreux disciples se joignent à Jean d'Avila et partent prêcher des missions populaires. Une 'Compagnie avilienne' se forme autour de lui. Il fut aussi l'auteur de nombreuses ouvrages à caractère de dévotion parmi lesquelles L'Épistolaire spirituelle entre tous les états et Audi, filia, et vide qui eurent un succès extraordinaire dans la seconde moitié du XVIIe siècle et qui furent traduits et diffusés dans toute l'Europe.
Des évêques le consultent, comme saint Thomas de Villeneuve et saint Barthélemy des Martyrs, et reconnaissent l'utilité de sa méthode catéchétique, jusqu'à la diffuser dans leur diocèse respectif. Contemporain du concile de Trente (1542-1563), Jean d'Avila n'y participe pas mais aura une part active en coulisse. De nombreux Pères conciliaires le consultent et certains s'inspirent de ses méthodes afin de les mettre en avant pour l'Église universelle. En 1547, Jean d'Avila et saint Ignace de Loyola se rencontrent et se lient d'amitié. Ils échangent de nombreuses lettres. Le fondateur de la Compagnie de Jésus incite Jean d'Avila à le rejoindre dans son entreprise, mais celui-ci refuse, par souci de préserver l'identité de sa propre Compagnie avilienne. Toutefois, dans les débuts difficiles de la Compagnie de Jésus, Jean d'Avila fut un soutien de taille face aux critiques et aux difficultés. Il donna une grande impulsion dans le développement des jésuites en Espagne et dirigea spirituellement un grand nombre d'entre eux.
Jean d'Avila fut aussi le directeur spirituel de sainte Thérèse d'Avila pendant quelques années, et un grand soutien dans sa réforme de l'Ordre du Carmel, face aux difficultés et aux critiques d'une part du clergé ; c'est à lui qu'elle adressa son autobiographie, le Livre de la vie. Jusque dans les dernières années de sa vie, il fut le conseiller d'un grand nombre de prêtres et de religieuses.
Il est l'un des maîtres spirituels les plus consultés de son temps, au même titre que son ami saint Pierre d'Alcantara. Épuisé par ses activités et quasiment aveugle, il s'éteint le à Montilla, entouré de ses disciples.
Écrits
Jean d'Avila fut en Andalousie un modèle de pasteur dans l'esprit du concile de Trente[1]. Écrivain fécond, prédicateur, directeur spirituel, son influence s'exercera notamment en France à travers saint François de Sales[2].
Commentaire de saint Luc (Lc 4, 31-37) :
- La colère de Dieu
« Considérez que Dieu n'agit jamais avec colère, mais avec amour ; ou que s'il est en colère, c'est une colère de père qui ne châtie ses enfants que pour leur bien et non pas par un esprit de vengeance. Répondez donc par votre amour à ce châtiment d'amour : humiliez-vous sous le bras du tout-Puissant ; recevez avec patience cette médecine salutaire de la main de votre céleste médecin, qui veut par elle vous donner la vie et non pas la mort. Remerciez-le beaucoup de la grâce qu'il vous fait de vous procurer par une telle amertume un bien auquel la douceur serait contraire, et considérez l'obligation que vous lui avez d'employer pour votre salut tant de différents moyens. Car les afflictions nous purifient de nos péchés, réchauffent notre tiédeur, nous détachent de l'affection de cette vie, et augmentent notre désir de passer dans une meilleure. Puis donc que ce n'est que pour ce sujet que Dieu nous envoie des afflictions, ne soyons pas si malheureux que de nous servir pour l'offenser de la grâce qu'il nous fait de nous donner ce moyen de satisfaire à nos péchés et nous avance dans son service.
Gardons-nous bien de nous éloigner de Dieu, et au lieu de croire que son amour pour nous soit diminué, remercions-le de tout notre cœur de la grâce qu'il nous a faite. »
— St Jean d'Avila. Œuvres, Paris, Le Petit, 1673, p. 130.
Vénération
Vers la canonisation
Considéré comme un saint dès son vivant, sa canonisation va toutefois prendre du temps. La cause pour sa canonisation débute en 1623 à Madrid. Reconnu vénérable en 1759 par le pape Clément XIII, ce n'est que le que Jean d'Avila est déclaré bienheureux par le pape Léon XIII.
Le , le pape Paul VI le proclame saint. A l'occasion, il l'offre comme modèle de vie sacerdotale et un exemple à suivre dans le renouveau que connaît l'Église.
Dévotion
Docteur de l'Église
En juillet 1970, la Conférence des évêques des d'Espagne présente au Saint-Siège la candidature de saint Jean d'Avila pour être déclaré Docteur de l'Église[4]. Une commission de théologiens se met à l'étude sur ses écrits pour qualifier cette proposition de sérieuse ou non. Retenue, sa candidature est examinée successivement par la Congrégation pour la doctrine de la foi puis par la Congrégation pour les causes des saints. Le , au terme de l'enquête canonique, la commission du Saint-Siège approuve.
C'est le que le pape Benoît XVI procède à la proclamation solennelle de saint Jean d'Avila, comme 34e Docteur de l'Église. Le rite advient lors d'une messe célébrée sur la place Saint-Pierre en présence de plusieurs milliers de fidèles[5],[6],[7].
À cette occasion, Benoît XVI déclare :
« La déclaration de Docteur de l'Église d'un saint présuppose la reconnaissance d'un charisme de sagesse conféré par le Saint-Esprit pour le bien de l'Église, et démontrée par l'influence positive d'un enseignement sur les fidèles, ce qui est le cas dans la personne et l'œuvre du Saint Maître d'Avila. De grands saints et des pécheurs mémorables, des riches et des pauvres, des savants et des ignorants, ont trouvé chez lui des lumières et une meilleure compréhension du message chrétien[8]. »
Notes et références
- Alain Tallon, La France et le concile de Trente (1518–1563), Paris, De Boccard, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome » (n° 295), 1997, 975 p. (ISBN 978-2-7283-0386-1).
- Pratiquement ignoré des lecteurs français, Jean d'Avila est une figure majeure de l'Espagne du siècle d'or.
- Sépulture de saint Jean d'Avila, est conservé au tombeau de la Maison d'Aguilar.
- Saint Jean d'Avila, Docteur de l'Église.
- La Croix, « Pourquoi l’Église proclame-t-elle des saints Docteurs de l’Église ? », 7 octobre 2012.
- (fr) De Babel à l’unité. Le 7 octobre saint Jean d’Avila et sainte Hildegarde de Bingen seront proclamés docteurs de l’Église, dans L'Osservatore Romano le 29/05/2012, [lire en ligne]
- (fr) Messe d'ouverture du synode
- Saint Jean d’Avila a vécu au XVIe siècle. Grand connaisseur des Saintes Écritures, il était doté d’un ardent esprit missionnaire.
Annexes
Bibliographie
- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Giovanni d'Ávila » (voir la liste des auteurs).
- (es) Camilo M. Abad: La espiritualidad de san Ignacio de Loyola y de la del beato Juan de Avila, dans Manresa, vol.28 (1956), pp.455-478
- Jimenez duque Baldomero, Jean d'Avila. Le saint curé d'Espagne : Biographie et lettres spirituelles, Editions du Carmel, , 188 p. (ISBN 978-2-8471-3045-4)
- J.-b. Couderc (Père), La vie de saint jean d'Avila, Bellicum, (ISBN 978-2-9193-5606-5)
- Juan Esquerda Bifet, JEAN D’AVILA (saint), prêtre, 1499-1569 : Dictionnaire de spiritualité, Beauchesne Éditeur, coll. « Format Kindle », (ASIN B07TKNCHTH)
- J.-b. Couderc (Père), Le Bienheureux Jean d'Avila, 1500-1569, Wentworth Press, , 144 p. (ISBN 978-0-3537-8248-8)
- Saint Jean d'Avila, Sermons sur le Saint-Esprit : Classiques de spiritualité, Les Editions Blanche de Peuterey, coll. « Format Kindle », (ASIN B0897X1NSW)
Articles connexes
Liens externes
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