Jean L'Herminier
Jean L'Herminier, né le à Fort-de-France, mort le à Paris, est un officier de marine français, célèbre pour avoir commandé le sous-marin Casabianca.
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Jean L'Herminier | |
Naissance | Fort-de-France, Martinique |
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Décès | (à 51 ans) Paris |
Origine | Français |
Allégeance | État français Forces françaises combattantes |
Arme | Marine nationale |
Grade | 1940 capitaine de corvette 1943 capitaine de frégate 1945 capitaine de vaisseau |
Années de service | 1921 – 1953 |
Conflits | Seconde Guerre mondiale |
Faits d'armes | Sauve son sous-marin du Sabordage de la Flotte française à Toulon et participe, entre autres, à la libération de la Corse. |
Distinctions | 1932 Chevalier de la Légion d'Honneur[1] |
Hommages | Commandant L'Herminier Rue du Commandant-L'Herminier Corniche L'Herminier |
Biographie
Famille et formation
Jean L'Herminier est issu d'une famille de marins, après des études au Collège Stanislas de Paris, il entre à l’École navale en 1921. Il choisit de servir sur les sous-marins. En 1932, il est l'officier en second du sous-marin de 1 500 tonnes Persée ; le , il est grièvement blessé par l'explosion de ses moteurs lors de ses essais.
En 1934, Il commande le sous-marin de 600 tonnes Orphée, puis en 1936, le sous-marin de 1 200 tonnes Morse. En 1938, il est l'officier de manœuvre du croiseur Montcalm.
Début de la Seconde Guerre mondiale
Officier de manœuvre à bord du croiseur de 7 600 tonnes Montcalm, en , Jean L'Herminier participe à l’évacuation de Namsos (en), en Norvège. Après l'armistice, il reste loyal au gouvernement de Philippe Pétain. En , toujours à bord du Montcalm, il participe à la défense de Dakar contre l'opération Menace menée par les Britanniques et les Français libres.
En novembre 1940, il prend le commandement du sous-marin de 1 500 tonnes Sidi-Ferruch.
Commandant du Casabianca
Tombé malade en , il est remplacé, puis est désigné commandant du sous-marin Casabianca, un autre 1 500 tonnes, basé à Toulon. Le , lorsque les troupes allemandes font irruption dans le port de Toulon, le Casabianca est « de relève », donc disponible au personnel et au matériel, contrairement aux unités « en gardiennage d'armistice ». Les bâtiments de combat de surface qui chauffent au mazout sont « bas les feux » et ne sont pas en mesure d'appareiller immédiatement : ils seront l'objet de l'opération de sabordage de la flotte menée pour ne pas les livrer intacts à l'occupant allemand. En revanche, les sous-marins, propulsés par des moteurs diesel, peuvent appareiller pratiquement sans délai. Jean L'Herminier choisit d'appareiller et de sortir de la rade, mais il est hésitant : doit-il saborder son sous-marin en eau profonde selon les ordres de l'amiral Darlan, ou bien rejoindre les alliés pour continuer la guerre contre les Allemands ? Après concertation avec ses officiers et son équipage qui veulent reprendre le combat,il ordonne l'appareillage en urgence, des matelots dormant dans des bâtiments sur le quai ayant juste le temps de grimper à bord., alors que les fusées éclairantes au phosphore, allemandes,illuminent la rade de Toulon. Il décide de rejoindre Alger qui est sous contrôle des troupes anglo-américaines depuis l'opération Torch menée à partir du .
C'est à cette époque que sa sœur Jeanne L'Herminier entre dans la Résistance[2].
La libération de la Corse
À Alger, le Casabianca est affecté aux Services spéciaux de la Défense nationale. Il est placé en appui de l'Opération Pearl Harbour, chargée de coordonner les premiers réseaux de résistance en Corse en vue d'un débarquement de troupes françaises. Il assure le soutien logistique permanent de ses quatre premiers agents (Toussaint et Pierre Griffi, Laurent Preziosi et Roger de Saule), notamment le ravitaillement des maquis en armes, puis du commandant Paulin Colonna d'Istria, chargé de la coordination militaire de la résistance pour le débarquement des forces spéciales.
Jean L'Herminier est ainsi l'un des grands artisans de la libération de la Corse. Le , il débarque les premiers soldats français, 109 hommes du bataillon de Choc, à Ajaccio, première ville libérée de France métropolitaine. La libération de la Corse s'achève le par la libération de Bastia.
L'après-guerre
Promu capitaine de frégate en , Jean L'Herminier, qui a refusé, malgré la grave thrombose dont il était atteint, de débarquer avant la libération de la Corse, doit alors subir l'amputation des deux jambes. Capitaine de vaisseau en , soigné aux États-Unis d' à , il reste maintenu en activité à titre exceptionnel et représente la Marine au Comité d'administration de l'Office national des anciens combattants (ONAC).
Jean L'Herminier a écrit deux livres de souvenirs : Casabianca et Entre ciel et mer.
Il meurt à Paris le , âgé de seulement de 51 ans. Il est inhumé à Paris dans le cimetière des Batignolles (17e division).
Décorations
- Grand croix de la Légion d'honneur[3].
- Croix de guerre 1939-1945 avec 7 citations (5 palmes et 2 étoiles)
Hommages
- Un aviso de la Marine française portait son nom : Commandant L'Herminier (désarmé en 2019).
- Deux bateaux de sauvetage de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) portent son nom :
- le canot tous temps de 11,50 m Capitaine de Vaisseau L'Herminier, en service de 1955 à 1986, à Calvi puis à Bonifacio ;
- le canot tous temps de 17,60 m SNS 063 Capitaine de Vaisseau L'Herminier II, en service depuis 1988 à Bonifacio.
- Une caserne de gendarmerie nationale de près de 9 hectares en centre ville de Toulouse regroupant gendarmes mobile et départementaux porte aussi ce nom.
- Un collège, à La Seyne-sur-Mer (Var), porte son nom.
- À Paris, la rue du Commandant-L'Herminier porte son nom depuis 1963. La place du Commandant-Jean-L'Herminier de Nantes, donnant sur le quai de la Fosse, porte également son nom, une rue à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) et à Berguette (Pas-de-Calais) ainsi qu'un square donnant sur le port de Brest et une rue au Relecq-Kerhuon près de Brest, une rue porte son nom dans la ville d'Aubervilliers, une avenue à Saint-Michel-Chef-Chef (Loire-Atlantique) et un quai du port de pêche à Pornic (Loire-Atlantique) . De plus une rue de la ville de Villeurbanne (ville voisine de Lyon) porte le nom d'avenue Commandant-L'Herminier elle est située dans le quartier Gratte-Ciel. Le quai du port de commerce d'Ajaccio porte son nom ainsi qu'une rue à Bastia (Corse), une à Maussane-les-Alpilles (Bouches du Rhône) et une autre à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne). Une rue du Pouliguen (Loire-Atlantique) porte également son nom. Une avenue du Commandant l'herminier existe à Martigues (Bouches du Rhône). Enfin, une rue du Havre (Seine-Maritime) et un quai longeant le canal à Roanne (Loire) portent également son nom (bien qu'orthographié "Lherminier" dans ce cas)[4].
- La Corniche (« corniche ») de l'Institution Sainte-Marie d'Antony se nomme Corniche L'Herminier.
Notes et références
- « Casabianca », sur babelio (consulté le )
- Sa sœur, Jeanne L'Herminier entre dans la résistance peu après le sabordage de la flotte. Déportée, elle a esquissé les silhouettes de ses compagnes, dont la nièce du général de Gaulle ou la sœur de Juliette Greco. Cette collection de dessins réalisée dans l’univers concentrationnaire est aujourd'hui conservée au musée de la Résistance et de la Déportation de la citadelle de Besançon.
- Décret du 28 octobre 1952.
- ARRETE DU MAIRE DE LA VILLE DE ROANNE, « Doc » [PDF]
Annexes
Bibliographie
- Isabelle de Saizieu, Jean l'Herminier; Une vie de combats, , 240 p. (ISBN 978-2-9564880-2-6, présentation en ligne)
- Etienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, Editions maritimes & d'outre-mer, , 357 p. (OCLC 8930112).
- Jean L'Herminier, Casabianca, France Empire, 1992 (1ère édition 1949), 256 p. (ISBN 978-2704807048).
Liens externes
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