Jehane Benoît

Jehane Patenaude, dite Jehane Benoît (née le à Montréal à Sutton, Québec à l'âge de 83 ans) est une gastronome, cuisinière, écrivaine, animatrice de radio et animatrice de télévision québécoise. Célèbre pour son Encyclopédie de la cuisine canadienne (1963) vendue à plus d'un million et demi d'exemplaires, elle est la « grande dame » de la cuisine québécoise. Dans les années 1980, elle termina son Encyclopédie de la cuisine micro-ondes, en sept volumes. Jehane Benoît a toute sa vie mis en valeur le métissage de la cuisine québécoise, simplifié la transmission des recettes ancestrales et facilité la cuisine avec l'utilisation de technologies modernes.

Jehane Benoît
Biographie
Naissance
Décès
(à 83 ans)
Sutton
Nom de naissance
Jehane Patenaude
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinction

Biographie

Fille de Marie-Louise Cardinal et d'Alfred Patenaude, homme d'affaires québécois (son prénom à la naissance est Marie-Jeanne-Cécile), elle vit sa jeunesse à Westmount, un milieu luxueux. Elle est instruite au couvent du Sacré-Cœur et fréquente les familles anglophones montréalaises. Jehane ne partagera jamais les passions pour la décoration et la mode de sa mère et gardera une certaine distance avec elle. Elle est plus proche de sa grand-mère Rose-Anna et de son oncle Joseph[1].

Dès 1910, elle est envoyée au pensionnat de la congrégation des Sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie. Dans les années 1920, refusant la vie stéréotypée de ce milieu bourgeois et la vie de femme mariée, Jehane Benoît parvient à s'inscrire dans un pensionnat à Paris : le Cordon bleu. De retour au Québec à 18 ans, elle refuse de se plier aux conventions de l'époque et obtient d'étudier à la Sorbonne[2], où elle reçoit un diplôme comme chimiste en alimentation en 1925. Elle souhaite faire du théâtre au côté de Charles Dullin, mais les remarques sur son accent lui feront renoncer. Elle a plus de facilité à la Sorbonne où elle travaille notamment aux côtés d'Édouard de Pomiane, auteur d'un important livre de la gastronomie : Bien manger pour bien vivre. Elle gardera en mémoire cette phrase d'Édouard de Pomiane : « Nous sommes ce que nous mangeons ». Elle poursuit ses recherches sur les propriétés mystérieuses de produits dans les restaurants parisiens ou en province. Parallèlement, elle assiste à différents spectacles mettant en vedette Édith Piaf et Colette. Elle en sort marquée par la culture européenne.

Avant 1940, la plupart des tâches féminines étaient reliées à l'alimentation, le potager, les conserves, le poulailler, la boulangerie et la crèmerie. De retour au Québec, elle ouvre une école de cuisine laïque et bilingue (anglais et français) à Montréal : le Fumet de la Vieille France[2], qui connaîtra un bon succès (8 000 étudiants pendant ses quatre premières années) grâce au bouche-à-oreille et aux annonces publicitaires. De 1935 à 1940, le Salad Bar est l'un des premiers restaurants au Canada à se spécialiser dans la cuisine végétarienne avec son bar à salades.

En 1926, elle épouse Carl Otto Zimmerman à Westmount avec qui elle aura une fille, Monique, l'année suivante. Vers la fin des années 1930, elle devient veuve et rencontre Bernard Benoît, son cadet de 13 ans qui fréquente les HEC à Montréal et le Salad Bar. Ils se retrouvent après la Seconde Guerre mondiale et, malgré la séparation vécue, ils sont toujours amoureux l'un de l'autre. Lui, formé en administration, l'épaulera tout au long de sa carrière. Ils se marient en 1945 à Londres, où elle devrait s'occuper des réfugiés de guerre. La guerre se termine et elle suit Bernard en Hollande où il est dépêché. Elle rentre à Montréal l'année suivante.

Au début des années 1950, après l'incendie du Salad bar[3], elle entreprend la rédaction de livres de recettes. Publiés en français et en anglais, on y retrouve différents sujets : l'aliment, sa chimie, son histoire et son usage, des méthodes de cuisson, le choix des instruments, etc. Elle fait ses premiers pas à la radio avec des recettes adaptées à l'époque de rationnement. Jehane et Bernard fondent leur propre maison d'édition et de renseignements culinaires. Elle est aussi trois fois par semaine sur les ondes de Radio-Canada à l'émission Fémina. Elle navigue entre l'Ontario et le Québec pour enregistrer les émissions Living, Open House et Take Thirty. Dans les années 1960, elle se fait connaître dans le Canada anglais par sa participation à l'émission Take 30 de CBC. Au fil des ans, on la voit apparaître dans maintes publicités, tant à la télévision que dans des magazines. Elle participe aussi aux Femmes d'aujourd'hui, Les Marmitons (en), Bonjour Madame et The Young ChiefsCBC).

En 1956, les époux acquièrent une ferme à Sutton dans les Cantons-de-l'Est. Ce sera pour elle un lieu bucolique dédié à la cuisine. Cependant, à cette époque, son conjoint vit une liaison avec une autre femme, duquel il aura un enfant. Avec le temps, Jehane Benoît acceptera l'infidélité de son mari au point de recevoir cet enfant chez elle. Elle quitte tout en 1962 pour suivre Bernard qui est nommé au bureau de Paris. C'est à Paris qu'elle débute la rédaction de ce qui deviendra la célèbre Encyclopédie de la cuisine canadienne (1963). L'ouvrage coûte 20 dollars et contient 1200 pages de recettes. En 1964, au décès de Carl Zimmerman, elle épouse religieusement Bernard Benoit.

En 1967, Jehane et Benoit s'installe définitivement à Noirmouton. Jehane reçoit les journalistes dans cette ferme bucolique et Benoit s'occupe de la boutique. Plusieurs touristes profitent de leur passage en Estrie pour visiter la ferme. En 1973, on la nomme Officier de l'Ordre du Canada qui salue sa carrière[4].

Son succès médiatique attire l'attention d'entreprises œuvrant dans le domaine alimentaire. Elle signe des livres pour les fabricants de la bière Dow ou du riz Dainty et elle travaille pour le compte des Supermarchés Steinberg. En 1975, elle publie Madame Benoît's Microwave Cook Book, traduit en français en 1976 sous le titre La Cuisine micro-ondes. Elle contribue ainsi à promouvoir la cuisson au four à micro-ondes. La compagnie Panasonic la met à contribution pour raffiner ses produits. En 1985, elle entreprend la publication en six volumes d'une encyclopédie de la cuisine micro-ondes. Elle parcourt de 1975 à 1987 le Québec et le Canada pour favoriser la mise en marché du four micro-ondes. Ce partenariat avec Panasonic lui donne l'occasion de visiter l'Asie.

Les années passent et Jehane montre des signes de fragilité. Le , Jehane est victime d'un infarctus et décède à son arrivée à l'hôpital[5]. Elle est enterrée au cimetière de Sutton.

Le Musée des communications et d'histoire de Sutton, dans les Cantons-de-l'Est où elle a vécu ses dernières années, lui consacre une exposition du 21 mars au [6].

En 2012, Marguerite Paulin et Marie Desjardins écrivent le roman biographique À la découverte de Jehane Benoit, le roman de la grande dame de la cuisine canadienne.

Sélection d'oeuvres en langue française[7]

  • Le chocolat dans la ronde des heures (1941)
  • Les meilleures recettes de Jehane P. Benoit (1949)
  • Jehane Benoît dans sa cuisine, avec des recettes authentiques du Québec (1955)
  • Secrets et recettes du cahier de ma grand-mère (1959)
  • L’encyclopédie de la cuisine canadienne (1963)
  • La nouvelle encyclopédie de la cuisine (1970)
  • Ma cuisine au cidre (1973)
  • Rose nanan sucré longtemps (1973)
  • La cuisine micro-ondes (1976)
  • La nouvelle encyclopédie de la cuisine, édition deluxe (1978)
  • Ma cuisine maison (1979)
  • L'agneau (1979)
  • Je cuisine avec Taillefer (1981)
  • La cuisine du monde entier (1982)
  • Les viandes et leurs sauces (1985)
  • À l'enseigne du riz Dainty (1985)
  • Desserts et confitures (1986)
  • Riz, pâtes alimentaires et oeufs (1987)

Honneurs

Notes et références

  1. André Pratte et Jonathan Kay, Bâtisseurs d'Amérique : des Canadiens français qui ont fait l'histoire, Montréal, les Éditions La Presse (ISBN 978-2-89705-442-7, OCLC 957388951, lire en ligne)
  2. « Jehane Benoît, grande dame de la cuisine canadienne », La Presse, , H3 (ISSN 0317-9249, lire en ligne)
  3. « Faits divers - bilan de la fin de semaine », Le Devoir, vol. 33, no 296, , p. 10 (lire en ligne)
  4. Valérie Gaudreau, « Créateurs de traditions », Continuité, no 130, , p. 36 (ISSN 0714-9476 et 1923-2543, lire en ligne, consulté le )
  5. « Jéhane Benoit est morte », Le devoir,, , p. 1 et 10 (lire en ligne)
  6. Site officiel de l'exposition.
  7. Marie Desjardins, À la découverte de Jehane Benoit : le roman de la grande dame de la cuisine canadienne, Éditeurs réunis, (ISBN 978-2-89585-118-9 et 2-89585-118-2, OCLC 794618898, lire en ligne)

Voir aussi

À lire

  • (fr) Chrystine Brouillet: Jehane Benoît, en Bâtisseurs d'Amérique: Des canadiens français qui ont faite de l'histoire. Dir. André Pratte, Jonathan Kay. La Presse, Montréal 2016, p 125-146
    • (en) Legacy. How french Canadians shaped North America. McClelland & Stewart, Toronto 2016; réimpr. 2019 (ISBN 0771072392) p 259-278

Liens externes

  • Portail du Québec
  • Alimentation et gastronomie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.