Joint strike fighter

Le Joint strike fighter (JSF), en français Chasseur et bombardier développés conjointement, est un programme de recherche aéronautique mené par le gouvernement des États-Unis d’Amérique depuis 1993-1994 en vue de développer un avion de combat multirôle de nouvelle génération destiné à remplacer une grande partie des avions de chasse, de combat et d’attaque au sol en service aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada et dans d’autres pays sous influence de l'OTAN.

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Logo actuel du programme JSF

Afin de sélectionner le meilleur appareil, les autorités américaines ont organisé une campagne de vols d'essais comparatifs, à l'issue de laquelle l'avion expérimental Lockheed Martin X-35 (X-35) est préféré au X-32 de Boeing. L'avionneur Lockheed Martin est donc chargé de poursuivre le développement de l’appareil.

La version de série est le Lockheed Martin F-35 Lightning II, plus connu sous le nom de F-35 Lightning II.

À l'issue de ce programme dont l'issue est repoussée d'année en année, le F-35 devrait remplacer tous les modèles de chasseurs-bombardiers de l'US Air Force, entre autres les F-16 et A-10 de l’US Air Force[N 1], les F/A-18 de l'US Navy, les F/A-18 et AV-8B Harrier II de l'US Marine Corps, les Harrier GR7 et GR9 britanniques ainsi que les CF-18 canadiens.

Historique du programme JSF

Origines

Des F-16 en compagnie de l'appareil destiné à les remplacer

Dans les années 1980, l’US Air Force avait testé en vol une version agrandie du F-16, baptisé Agile Falconet continuait à s’intéresser à d’autres projets afin de trouver l’appareil qui constituerait l’ossature de son aviation de chasse du XXIe siècle. En 1992, après que Paul Bevilaqua (en), ingénieur chez Lockheed Martin, ait convaincu l’Air Force qu’une version du JSF dépourvue de son système de décollage vertical pourrait représenter un complément utile au F-22, l’US Air Force et l’US Marine Corps s’entendirent pour développer conjointement un avion de combat léger et économique et la DARPA se vit confier la responsabilité du programme[1],[2]. Le but du projet, baptisé CALF (Common Affordable Lightweight Fighter)[N 2], était de développer un avion de combat multirôle pour succéder au F-16 Fighting Falcon. L’appareil devait aussi être capable de décoller et atterrir à la verticale afin de lui permettre d’être embarqué sur les porte-aéronefs de l’US Marine Corps.

En 1993, un rapport du Département de la Défense des États-Unis demande à l’US Navy, alors engagée dans le programme A/F-X[N 3], de rejoindre le programme CALF. Le même rapport demandait au Pentagone de poursuivre le développement du F-22 Raptor et du F/A-18E/F Super Hornet mais d’annuler le programme MRF' (Multi-Role Fighter)[N 4] et de réduire les commandes de F-16 et F/A-18C/D.

À la suite de ces recommandations, les projets des trois armes sont fusionnés. Le programme commun résultant, baptisé JAST (Joint Advanced Strike Technology)[N 5],[3], est officiellement lancé le dans le but de développer la cellule, la motorisation et le système d’arme d’un appareil de nouvelle génération apte à constituer l'ossature de la flotte d'avions de combat américaine du début du XXIe siècle.

En le Royaume-Uni, anticipant le remplacement de la flotte d’avions de combat de la Royal Air Force, signa un accord bilatéral avec les États-Unis d’Amérique devenant ainsi partenaire du programme. Les britanniques s’engageaient à investir 200 million de $ dans la première phase du projet, soit 10 % du budget alloué au développement du démonstrateur technologique [4],[5]. Côté britannique le programme est baptisé Joint Combat Aircraft (en)[N 6].

En 1996, Le Ministère de la Défense du Royaume-Uni lance le programme FCBA (Future Carrier Borne Aircraft)[N 7] visant à trouver un remplaçant à ses Sea Harrier et Harrier GR7 et GR9. La Royal Navy se montrant intéressée par les versions embarquées et VTOL du JSF, le programme FCBA est intégré au programme Joint Combat Aircraft.

En 1997 c’est au tour du Canada d’investir 10 millions de $ dans le programme. Cet investissement permettait au gouvernement canadien de participer aux décisions visant à choisir le vainqueur de la compétition opposant Boeing et son X-32 au X-35 de Lockheed Martin [6].

De nombreux avionneurs, parmi lesquels Boeing, Lockheed Martin et McDonnell Douglas, soumettent leur projet au Département de la Défense des États-Unis qui a pour mission de sélectionner les deux propositions les plus crédibles.

La compétition JSF

Le Boeing X-32, concurrent malheureux du programme JSF

Le le Département de la Défense des États-Unis écarte le projet de McDonnell Douglas, jugé trop complexe à développer[7], et retient les projets de Boeing et Lockheed Martin. Les deux firmes se voient donc accorder chacune un contrat de 750 millions de $ pour la conception et la production de deux prototypes ainsi que pour le développement de l’avionique et du système d’arme de la version de série. L’un des appareils devait être à décollage conventionnel et doté des équipements lui permettant d’être embarqué sur porte-avions tandis que le deuxième prototype devait être représentatif de la version VTOL.

Une des particularités du contrat était l'interdiction faite aux deux compétiteurs d'utiliser leur fonds propres pour le développement de leurs projets. Cette mesure avait aussi été prise afin d'éviter qu'une des firmes ne se mette en difficulté financière après avoir investi trop d'argent afin de remporter la compétition[5].

Durant la phase de définition du concept deux prototypes de Lockheed Martin participent à une série d’essais en vol. Le premier prototype désigné X-35A est représentatif de la version conventionnelle destinée, entre autres, à l’US Air Force, après une première campagne d’essai l’appareil est renvoyé dans les ateliers de Lockheed Martin pour y être converti en X-35B, doté de capacités VTOL. Le second prototype, représentatif de la version embarquée X-35C, est équipé d’une aile de plus grande envergure[8].

Lors de l’un des vols effectué durant la phase finale de sélection du programme JSF, le X-35 en version VTOL décolla en moins de 150 m, effectua un vol supersonique avant d’atterrir à la verticale. Le X-32 de Boeing s’avéra de son côté incapable de concilier à fois capacités VTOL et vol supersonique[9],[N 8].

Résultats de la compétition

Le prototype AA-1 du F-35, version de série du JSF.

Le le X-35 est sélectionné au détriment du projet de Boeing et Lockheed Martin se voit donc attribuer un contrat pour réaliser la phase finale du programme JSF : le développement et les essais en vol d’un appareil représentatif de la version de série[3].

Une des raisons principales de ce choix semble être liée au dispositif de décollage et d'atterrissage vertical retenu, le Département de la Défense jugeant que le gain en performance offert par le système de Lockheed Martin compensait sa complexité et les risques technologiques qu'il engendrait. De plus, à l'approche du sol les gaz d'échappement du X-32B étaient refoulés dans les tuyères ce qui engendrait des surchauffes et des pertes de poussée[9].

Selon les autorités du Département de la Défense des États-Unis et le ministre de la défense britannique William Bach, bien que les deux appareils respectent ou dépassent les exigences du programme JSF, le X-35 surclassait le X-32 dans tous les domaines[citation nécessaire].

Partenaires industriels

Au fil des années d'autres pays, désirant renouveler leur flotte d'avions de combat, se montrèrent intéressés par l'appareil et devinrent partenaires du programme JSF. En participant à son financement les gouvernements de ces pays espèrent pouvoir profiter des retombées économiques de la production de plusieurs milliers d'appareils.

Trois niveaux de partenariat

Pays participant à la fabrication de l'appareil F-35
  • Client principal: États-Unis
  • Premier niveau: Royaume-Uni
  • Deuxième niveau: Italie Pays-Bas
  • Troisième niveau: Australie Canada Danemark Norvège
  • Pays associés au programme: Israël Singapour
  • Participants étrangers aux ventes militaires: Belgique Finlande Japon Corée du Sud Pologne
    • Premier niveau
      • Royaume-Uni : la société britannique BAE Systems est chargée de la conception et de la fabrication du fuselage arrière (y compris les dérives et ailerons) et d'une grande partie de l'électronique de bord; de son côté, Rolls-Royce fournit la soufflante du F-35B et travaille avec General Electric sur le réacteur F-136.
    • Deuxième niveau
      • Italie : l'Italie devrait être chargée de l'assemblage de tous les F-35 destinés à des pays européens, dans une nouvelle usine, et la firme Alenia Aeronautica fournira à terme la moitié des voilures destinées à l'ensemble de la production.
      • Pays-Bas

    Des retours limités, selon un rapport européen officiel

    Les règles établies pour le programme JSF visaient à éviter les dysfonctionnements rencontrés lors des précédents programmes européens, dont celui de l'Eurofighter. Néanmoins le Rapport UEO sur « Le programme européen d’acquisition de technologie (ETAP) » présenté en 2005 reproche aux États-Unis d'avoir volontairement déséquilibré en leur faveur les retombées économiques du projet[11].

    Difficultés du programme

    Présomption d'espionnage

    En , le Wall Street Journal révéla que des virus informatiques, apparemment développés en Chine, avaient réussi à pénétrer le réseau informatique du programme et à dérober plusieurs térabits d'informations classifiées concernant le système d'armes de l'appareil et les techniques de furtivité utilisées. La connaissance de certaines caractéristiques du JSF permettrait à un adversaire potentiel de développer des systèmes de contre-mesure diminuant grandement les capacités de l'appareil[12]

    Envolée des coûts et retards de production

    Le , le secrétaire de la défense Robert Gates annonce qu'à la suite de nombreux retards dans le développement du JSF, le Major General David R. Heinz se voit retirer la responsabilité du projet. De son côté, Lockheed Martin se voit refuser l'attribution des 614 millions de $ de bonus qui devaient lui être versé si le programme était mené dans les temps[13].

    Le , Bill Lynn, secrétaire de la défense en second, annonce que le programme subira un retard d'une année[14]. Selon certaines estimations, les dépassements de budgets pourraient amener le coût total du programme à 388 milliards de $, soit une hausse de 50 % par rapport au coût initialement prévu[15].

    Selon le Government Accountability Office[N 9], le coût des F-35A est passé de 50 millions de dollars en 2002, à 69 millions de dollars en 2007 et finalement 74 millions de dollars en 2010 (mesurés à dollars "constants")[16]. La plupart des difficultés financières et techniques auxquelles fut confronté Lockheed Martin sont dues au difficultés de développement de la version STOVL de l'appareil, initialement demandée par l'US Marine Corps[15].

    Le , la commission des forces armées du Sénat des États-Unis étudia, lors d'une réunion avec des responsables du Pentagone, l'avancement du programme JSF et rappelèrent l'importance d'une réduction drastique et immédiates des coûts du projet sous peine de son annulation pure et simple par le congrès en vertu de l'amendement Nunn-McCurdy[N 10],[16].

    Inquiétudes sur les capacités réelles de l'appareil

    En , la RAND Corporation mena une étude simulant un conflit opposant des appareils de combat de type JSF à un adversaire équipé d'avion Soukhoi de génération précédente. Le rapport concluait qu'en situation d'infériorité numérique, le JSF, si évolué technologiquement qu'il soit, avait de très fortes chances d'être dominé par ses adversaires[17]. Les conclusions de cette étude furent reprises dans les médias et le ministre de la défense australien Joel Fitzgibbon demanda que le département de la défense de son pays mène une enquête poussée sur l'étude de la RAND Corporation. La conclusion fut que le but de l'étude était d'obtenir une simulation de conflit à une échelle stratégique et ne tenait donc pas compte des performances réelles du F-35[18],[19].

    De son côté, le major Richard Koch, commandant de la section Supériorité aérienne de l'Air Combat Command, aurait confié « avoir des sueurs froides à l'idée que le F-35 puisse prendre l'air en n'emportant que deux missiles air-air »[20].

    Notes et références

    Notes

    1. Les F-15 C/D Eagle et F-15E Strike Eagledevant pour leur part devraient être remplacés par des F-22.
    2. En français  : Chasseur léger économique commun
    3. Selon la nomenclature américaine la lettre "F" indique que l'appareil peut effectuer des missions d'interception tandis que la lettre "A" est utilisée pour les appareils d'attaque au sol. Le "-X" est utilisé pour un appareil encore au stade de projet.
    4. En français  : Chasseur multirôle
    5. En français  : Technologie de frappe avancée développée conjointement
    6. En français  : Avion de combat développé conjointement
    7. En français  : futur appareil embarqué
    8. La masse totale du X-32 en configuration standard ne lui permettant pas de décoller les ingénieurs de Boeing étaient obligés de démonter certains éléments de l'appareil afin de le passer en configuration ADAV. L'avionneur certifiait que l'adoption d'une voilure modifiée et d'un empennage redessiné, prévus sur les modèles de série, permettrait de régler ce défaut majeur.
    9. Le Government Accountability Office est l'organisme chargé du contrôle des comptes publics aux États-Unis
    10. L'amendement Nunn-McCurdy est un mécanisme légal mis en vigueur par le gouvernement fédéral américain conçu pour réduire les surcoûts dans les programmes d'acquisition d'armes par l'armée américaine.

    Références

    1. (en)[January 22, 2002 http://www.govexec.com/dailyfed/0102/012202db.htm GovExec], Consulté le 12 janvier 2012.
    2. (en)"Propulsion system for a vertical and short takeoff and landing aircraft", United States Patent 5209428, Consulté le 12 janvier 2012
    3. (en)Bolkcom, Christopher. JSF: Background, Status, and Issues page CRS-2, dtic.mil, 16 June 2003. Consulté le 12 janvier 2012.
    4. (en) Christopher Bolkcom, « F-35 Lightning II Joint Strike Fighter (JSF) — Program : Background, Status, and Issues » [PDF], sur Congressional Research Service, (consulté le ).
    5. Mark Nicholls, « JSF: The Ultimate Prize », Air Forces Monthly, Key Publishing, , p. 32–38
    6. (en). "Government of Canada" 16 July 2010 Retrieved: 26 July 2010
    7. (en) David Fulghum, « Final JSF Competition Offers No Sure Bets », Aviation Week and Space Technology, McGraw-Hill, , p. 20
    8. (en)Joint Strike Fighter official site - History page
    9. (en)PBS: Nova transcript "X-planes"
    10. AlloCine, « Washington exclut la Turquie du programme d’avions de chasse F-35 » (consulté le )
    11. (en) Europe Agenda 2010
    12. (en) Gorman S, Cole A, Dreazen Y, « Computer Spies Breach Fighter-Jet Project Article », Wall Street Journal, (lire en ligne)
    13. (en)Whitlock, Craig, "Gates To Major General: You're Fired", Washington Post, February 2, 2010, p. 4.
    14. (en)Reed, John, "Pentagon Official Confirms 1-Year Delay For JSF", DefenseNews.com, February 16, 2010.
    15. (en)Shachtman, Noah. "The Air Force Needs a Serious Upgrade", The Brookings Institution, 15 July 2010.
    16. (en)JSF faces US Senate grilling, australianaviation.com.au 12 March 2010.
    17. (en)Trimble, Stephen. "US defence policy - and F-35 - under attack." Flight International, Reed Business Information, 15 October 2008.
    18. (en)"Fighter criticism 'unfair' and 'misrepresented'." ABC News, 25 septembre 2008.
    19. Wolf, Jim. "Air Force chief links F-35 fighter jet to China." reuters.com, 19 September 2007. Retrieved: 3 July 2010.
    20. Sweetman, Bill. "JSF Leaders Back In The Fight." aviationweek.com, 22 September 2008. Retrieved: 3 July 2010.
    (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Joint Strike Fighter program » (voir la liste des auteurs).

    Voir aussi

    Articles connexes

    Bibliographie

    • (en) Keijsper, Gerald. Lockheed F-35 Joint Strike Fighter. Pen & Sword Aviation, 2007. (ISBN 978-1-84415-631-3).
    • (en) Spick, Mike, ed. Great Book of Modern Warplanes. MBI, 2000. (ISBN 0-7603-0893-4).

    Liens externes

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