Jomsborg
Jomsborg ou Jómsborg (allemand : Jomsburg) est un comptoir viking semi-légendaire du littoral des Wendes (c'est-à-dire de la côte méridionale de la Mer Baltique, l'actuelle Poméranie), actif des années 960 à 1043. Ses habitants étaient appelés Jomsvikings. On ne sait pratiquement rien de l'emplacement exact de Jomsborg : quelques auteurs la plaçaient parmi les îles de l'estuaire de l’Oder[1] ; mais L. Weibull a établi la fausseté de cette hypothèse[1].
Localisation
Jomsborg est généralement située à Wolin (ou Wollin), à la pointe sud-est de l'île de Wolin, probablement sur la colline de Srebrna Góra, au nord de la ville[1]. Au début du Moyen Âge, il y avait en effet à cet endroit un emporium actif, nommé indifféremment Jumne, vimne, Jumneta, Juminem, Julinum, Vineta[2] ou Julin par les chroniques saxonnes[3], et Jómsborg par les sagas nordiques. »
En 1931-32, l'historien poméranien Adolf Hofmeister (1883-1956) a avancé, par rapprochement avec les événements rapportés par différentes chroniques, que tous ces toponymes désignaient le même endroit, qui devait se trouver non loin de l'actuelle ville de Wolin[2] ; mais sa thèse fut loin de faire l’unanimité ; l'historien Steven Fanning écrit à ce sujet : « On a fait du trelleborg danois le modèle des camps de pirates de la Baltique, et de Wolin, en Pologne, le site véritable de Jómsborg ; pourtant, toutes les tentatives pour situer Jómsborg ou les camps des Jómvikings ont échoué, ce qui a fait douter plus d'un de l'existence des Jómvikings hors du champ littéraire[4]. » Selon le médiéviste polonais Filipowiak, plusieurs sources chronologiques attestent de la présence d'une bande de Vikings vers la fin du Xe siècle à Wolin : ils s'y seraient installés comme mercenaires du roi Boleslas le Vaillant[5].
Mais selon d'autres théories, Jomsborg aurait occupé un cap, aujourd'hui submergé, au nord-ouest de l'île voisine d'Usedom[6]. Le chapelet d’îlots à cet endroit est en effet le vestige d'une presqu'île reliant naguère Usedom à Rügen, effacée par une tempête au début du XIVe siècle[7]. Les sites pressentis pour cela sont le banc Veritas, entre les îlots de Ruden et de Greifswalder Oie, et les hauts-fonds de Peenemünde[6]. Malgré la découverte de bijoux viking sur ce site, il n'a pas été possible d'étayer davantage ces théories[8].
Forteresse
Selon la Knýtlinga saga et la Fagrskinna, Jomsborg aurait été fondée dans les années 960 par le roi dane Harald à la dent bleue[1],[9] (910-986), mais la Jómsvíkinga saga affirme que le fondateur est un autre prince dane, Palnatoki[1],[10].
Les sources médiévales décrivent Jomsborg comme un port fortifié[1],[9]. L'entrée du port était une voûte en pierre qui pouvait être fermée par une herse, et équipée de catapultes[1],[9]. Selon les sources les plus anciennes, ce port pouvait recevoir trois navires[9] ; mais des écrits plus tardifs affirment qu'il pouvait abriter jusqu'à 360 navires[1],[9].
Selon la Heimskringla, Jomsborg fut détruite en 1043 par le roi norvégien Magnus le Bon[11]. La forteresse fut incendiée, et plusieurs de ses habitants tués[11], [12].
La plaque de Curmsun
Une plaque circulaire en or portant le nom d'Harald à la dent bleue et de Jomsborg a refait surface en Suède au cours de l’automne 2014. Ce disque en or presque pur pèse exactement 25,23 g. On peut lire à l'avers l'inscription latine:
- +ARALD CVRMSVN+REX AD TANER+SCON+JVMN+CIV ALDIN+[13]
Le revers porte une croix latine entourée de quatre points et d'un cartouche octogonal.
On suppose que cette plaque faisait partie du butin viking découvert en 1840 par Heinrich Boldt[14],[15] (aïeul des producteurs Ben et Casey Affleck) dans le village polonais de Wiejkowo, non loin de Wolin.
Événements historiques
- Harald à la dent bleue est mort à Jomsborg à la Toussaint 985[16]
- Styrbjörn le Fort partit de Jomsborg avec une troupe de Jomsvikings pour arracher le trône de Suède à Éric le Victorieux, mais fut défait à Fyrisvellir dans les environs de Gamla Uppsala à la fin des années 980[11].
- Sven barbe fourchue leva de même une troupe de Jomsvikings pour assassiner le jarl Haakon Sigurdsson de Norvège, mais il fut lui aussi défait à la Bataille de Hjörungavágr[11] (~990).
- Olaf Ier de Norvège recruta de même une troupe de Jomsvikings pour combattre à la Bataille de Svolder[11] (999 ou 1000 de notre ère).
Notes
- D'après T. D. Kendrick, A History of the Vikings, Courier Dover Publications, , 412 p. (ISBN 978-0-486-43396-7, lire en ligne), p. 179
- Cf. (de) Johannes Hoops, Herbert Jankuhn et Heinrich Beck, Reallexikon der germanischen Altertumskunde, vol. 16, Berlin, Walter de Gruyter, (réimpr. 2nde) (ISBN 3-11-016782-4), p. 120-121
- Jan M. Piskorski, Pommern im Wandel der Zeiten, Szczecin, Z. Ksia̡żka̡t Pomorskich, , 458 p. (ISBN 83-906184-8-6, OCLC 43087092), p. 31
- Steven Fanning, « Tacitus, Beowulf, and the Comitatus », Haskins Society Journal, no 9, , p. 30–31.
- Władysław Filipowiak et Urbanczyk Przemysław (dir.), Les terres polonaise vers l'an mil, Institut d'Archéologie et d'Ethnologie. Académie polonaise des Sciences, , « Quelques aspects du développement de Wolin aux VIIIe – XIe siècles à la lumière des découvertes récentes », p. 47–74
- T. D. Kendrick, op. cit., p.180
- Ingrid Lange et Paul Werner Lange, Vineta, Atlantis des Nordens, Urania, (ISBN 3-332-00197-3), p. 120
- T. D. Kendrick op. cit., p. 181.
- D'après R. Chartrand, Magnus Magnusson, Ian Heath, Mark Harrison et Keith Durham, The Vikings : Voyagers of Discovery and Plunder, Osprey Publishing, (ISBN 1-84603-087-0), p. 88.
- R. Chartrand et al. op. cit., p. 89
- D'après R. Chartrand et al. op. cit. p.90
- Claus Krag, « Magnus 1 Olavsson Den Gode, Konge », Norsk biografisk leksikon (consulté le )
- S. Rosborn, « A unique object from Harald Bluetooth´s time? », Pilemedia, Malmö, , p. 4-5 (lire en ligne) propose de traduire cela par « Harald Gormsson, roi des Danes, de Scanie, de Jomsborg, de la ville d'Aldinborg ».
- Sven Rosborn, « A unique object from Harald Bluetooth's time », Academia, (consulté le )
- « A treasure associated with Ben Affleck in the hands of a Polish family », sur TVN News,
- D'après T. D. Kendrick, op. cit. p. 182