Julien Suaudeau
Julien Suaudeau, né le à Évreux (Eure), est un écrivain, enseignant et documentariste français.
Pour les articles homonymes, voir Suaudeau.
Biographie
Julien Suaudeau obtient une licence de littérature française à l'université Paris-IV en 1996[1]. Il poursuit ses études à l'Institut d'études politiques de Paris, où il obtient un master en 1999[1]. Il travaille ensuite en Azerbaïdjan[2], puis devient critique de cinéma à Positif[3], où il écrit de 2001 à 2004. En 2005, il réalise Il était une fois en Côte d'Ivoire[4], un documentaire qui retrace l'histoire contemporaine du pays depuis son indépendance.
En 2006, Julien Suaudeau s'installe à Philadelphie, aux États-Unis. Il continue à réaliser des documentaires et des courts-métrages, parmi lesquels Zé[5], en 2010. Son premier roman, Dawa, sort en . Au lendemain des attentats du , plusieurs médias insistent sur les similitudes frappantes entre le scénario des attaques et l'intrigue de ce livre[6],[7],[8],[9].
En , Julien Suaudeau publie Le Français[10], qui raconte à la première personne la métamorphose d'un jeune garçon de campagne en bourreau de l'État islamique. Dans une interview à Paris Match, l'auteur insiste sur le fait que les djihadistes sont français et que pour cette raison il est impossible de leur faire la guerre[11]. Ni le feu ni la foudre[12], récit fictif de la journée de cinq Parisiens du petit matin au soir du 13-novembre, sort en . Le roman, dont le titre est inspiré d'un vers de Louis Aragon, clôt ce que Suaudeau appelle sa trilogie de la terreur[13]. Selon Maria Herminia Laurel, universitaire spécialiste de littérature comparée, ces trois livres seraient en fait le miroir d'une France "qui ne s'aime plus"[14]. Le , la Radio Télévison Suisse Romande diffuse des extraits de Ni le feu ni la foudre, lus par des comédiens[15].
Le quatrième roman de Julien Suaudeau, Le Sang noir des hommes, paraît en . Il raconte l'histoire d'une vengeance familiale sur fond de pillage de l'Afrique de l'ouest au temps des colonies[16]. Selon l'auteur, ce livre explore les zones d'ombre de l'histoire coloniale[17].
Julien Suaudeau vit aux États-Unis depuis 2006[6] et y donne régulièrement des conférences sur la France et le monde francophone[18]. Depuis , il enseigne au collège Bryn Mawr[19],[20].
En , Julien Suaudeau est à l'origine d'une pétition avec Mame-Fatou Niang pour faire retirer une fresque commémorant la première abolition de l'esclavage à l'Assemblée nationale française. Selon les auteurs de la pétition, les codes iconographiques utilisés par le tableau reprendraient une imagerie raciste et celui-ci n'aurait sa place ni dans un bâtiment officiel ni pour remplir une fonction commémorative[21],[22]. La pétition est accompagnée de deux tribunes publiées sur BibliObs[23],[24], puis suivie un an plus tard d'une nouvelle mise au point sur Slate.fr[25]. Dans ce texte, Suaudeau et Niang se demandent s'il est possible "d'inventer, sans compromettre l'Art, une plus juste façon d'honorer la Mémoire et de donner à voir l'Histoire".
Le , Suaudeau avait publié sur Slate.fr une lettre adressée à Christine Angot, après les propos de celle-ci au sujet de l'esclavage et de la Shoah sur On n'est pas couché[26]. Il tient depuis une chronique régulière[27] sur la politique et la société française, ainsi que sur les pages manquantes de l'histoire coloniale. Dans ces articles, il est aussi question de séries télévisées[28] et de cinéma.
En , Julien Suaudeau et le monteur Yann Dedet publient Le Spectateur zéro - Conversation sur le montage[29]. Le , le livre reçoit le prix Transfuge du meilleur livre de cinéma[30]. Le , le Syndicat Français de la Critique de Cinéma lui décerne le prix du meilleur ouvrage en français sur le cinéma 2020[31].
En , Julien Suaudeau publie Universalisme[32], écrit avec Mame-Fatou Niang. Dans cet essai, les auteurs font la critique de l'universalisme classique et proposent de le réinventer comme langage antiraciste et postcolonial. Dans son édition du , sous la plume de Colin Folliot, Le Monde estime que la force du livre réside "dans une méthode et un regard qui laissent entrevoir, à rebours des querelles actuelles, une société plus apaisée."[33]
Bibliographie
- Dawa, Robert Laffont, 2014, 491 p. (ISBN 978-2-221-14072-7). Rééd. Points, 2015, 596 p. (ISBN 978-2-7578-4643-8).
- Le Français, Robert Laffont, 2015, 210 p. (ISBN 978-2-221-18770-8). Rééd. Points, 2016, 216 p. (ISBN 978-2-7578-5853-0).
- Ni le feu ni la foudre, Robert Laffont, 2016, 258 p. (ISBN 978-2-221-19577-2). Rééd. Points, 2017, 258 p. (ISBN 978-2-7578-6787-7).
- Le Sang noir des hommes, Flammarion, 2019, 346 p. (ISBN 978-2081450295). Rééd. Points, 2020, 312 p. (ISBN 978-2757880753).
- Le Spectateur zéro, avec Yann Dedet, POL, 2020, 352 p. (ISBN 978-2-8180-4992-1).
- Universalisme, avec Mame-Fatou Niang, Anamosa, 2021, 101 p. (ISBN 978-2-3819-1048-2).
Notes et références
- Julien Suaudeau CV, sur brynmawr.edu, [lire en ligne] [PDF].
- « Le Bouquineur : Rechercher - suaudeau le français », sur lebouquineur.hautetfort.com (consulté le )
- « calindex.eu - le site des index de revues de cinéma », sur calindex.eu (consulté le )
- « film-documentaire.fr - Portail du film documentaire », sur www.film-documentaire.fr (consulté le )
- « Zé (2010) », sur www.unifrance.org (consulté le )
- « "Dawa", le roman qui avait raconté les attentats de Paris en mars 2014 », sur Les Inrocks (consulté le )
- « "Dawa", le roman qui avait anticipé les attentats du 13 novembre », sur LCI, (consulté le )
- « Julien Suaudeau, l'écrivain qui avait raconté 6 attentats, à Paris, un vendredi 13 », sur Marianne, (consulté le )
- « Comment fabrique-t-on un djihadiste ? », sur FIGARO, (consulté le )
- « La naissance des monstres: de la misère au djihadisme, tous coupables », sur Le Huffington Post, (consulté le )
- Paris Match, « Julien Suaudeau - "Le vide de notre sous-culture nous revient en pleine gueule" », sur parismatch.com (consulté le )
- « Il était une fois la France », sur Le Courrier, (consulté le )
- « Car la vie est si fragile », sur Le Devoir (consulté le )
- Maria Herminia Laurel, « Introduction à la lecture des romans Dawa, Le Français, Ni le feu ni la foudre, par Julien Suaudeau », Libretos, (ISBN 978-989-99375-8-1, lire en ligne)
- « La menace terroriste mise en fiction », sur rts.ch, (consulté le )
- « « Le Sang noir des hommes » : un roman de vengeance et de violence », sur TV5MONDE Culture (consulté le )
- « Invité Culture - Livre : «Le sang noir des hommes» de Julien Suaudeau », sur RFI, (consulté le )
- « Alliance Francaise de Philadelphie - "Living with Terror: France in the face of jihadism", lecture by Julien Suaudeau », sur afphila.com (consulté le )
- « Julien Suaudeau — Lecturer in French », sur brynmawr.edu, [lire en ligne], page consultée le .
- « Le Français - - Julien Suaudeau | Editions Points », sur www.lecerclepoints.com (consulté le )
- « Ils voient du racisme partout : des antiracistes s'en prennent à une fresque de l'Assemblée nationale ! », sur Marianne,
- « L’Assemblée nationale abrite-t-elle un tableau raciste ? », sur L'Obs,
- « Banalisation du racisme à l'assemblée nationale: ouvrons les yeux », sur nouvelobs.com
- « Nous ne sommes pas ce que vous voulez que nous soyons », sur nouvelobs.com
- Julien Suaudeau, Mame-Fatou Niang, « Ce tableau d'Hervé di Rosa est-il la meilleure œuvre pour commémorer la première abolition de l'esclavage ? », sur slate.fr,
- « Christine Angot fait polémique après ses propos sur l'esclavage », sur Le Huffington Post, (consulté le )
- « Julien Suaudeau: ses articles à lire sur Slate.fr », sur Slate.fr (consulté le )
- « Watchmen et le massacre de Black Wall Street »,
- Jean-Michel Frodon, « Les aventures émotionnelles et politiques du Spectateur zéro », sur projection-publique.com,
- « Prix littéraires Transfuge: le palmarès ! », sur transfuge.fr,
- Laurent Cambon, « Le prix du Syndicat Français de la Critique de Cinéma récompense le nouvel ouvrage de Yann Dedet et Julien Suaudeau. », sur À voir à lire, (consulté le )
- « Universalisme »
- Colin Folliot, « Pour un universalisme "à la mesure du monde" », Le Monde, (lire en ligne )
Liens externes
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