Jupiter-A
Jupiter-A[notes 1] est une fusée de recherche et de développement américaine dérivée du missile PGM-11 Redstone destinée à tester des composants qui seront intégrés au missile PGM-19 Jupiter. Une variante en est évoluée, le Jupiter-C, devenant plus tard le premier lanceur spatial américain opérationnel baptisé Juno I. 20 lancements au total ont eu lieu, depuis la base de cape Canaveral, en Floride, sur les complexes de lancement 5 et 6 (en), entre 1956 et 1958.
Pour les articles homonymes, voir Jupiter.
Ne doit pas être confondu avec Jupiter-C ou PGM-19 Jupiter.
Jupiter-A | |
Fusée de recherche et développement | |
---|---|
Décollage du Jupiter-A no. CC-39. | |
Données générales | |
Pays d’origine | États-Unis |
Constructeur | Arsenal de Redstone, Chrysler |
Premier vol | 22 septembre 1956 à 5h51 UTC |
Dernier vol | 12 juin 1959 à 0h59 UTC |
Statut | Hors service |
Lancements (échecs) | 23 (13) |
Hauteur | 21,2 mètres |
Diamètre | 1,73 mètre |
Masse au décollage | 29 060 kilogrammes |
Étage(s) | 1 |
Moteur(s) | 1 |
Base(s) de lancement | Base de lancement de Cap Canaveral :
|
Autres versions | Jupiter-C |
Famille de lanceurs | Redstone |
Motorisation | |
Ergols | Carburant : 75 % Alcool éthylique 25 % Eau (Hydyne sur la mission RS-22) Comburant : Oxygène liquide (LOx) |
1er étage | NAA Rocketdyne 75-110 A :
|
Missions | |
Recherche et développement | |
Histoire
À partir de 1951, le missile PGM-11 Redstone est en phase de développement, avant d'être mis en service. Un programme de recherche et développement (R&D) est mis en place, consistant en l'envoi de 37 missiles Redstone. Parallèlement, le développement du missile PGM-19 Jupiter, dérivé du Redstone, a débuté. Pour tester le Jupiter, seuls 12 de ces 37 Redstone ont été réellement impliqués dans le programme de recherche et développement Redstone. Ces autres missiles Redstone comportaient des composants du missile Jupiter[1]. Ces Redstones reçoivent le nom de "Jupiter-A". La fusée reçoit ce nom pour deux raisons : même s'il s'agit d'une fusée Redstone, l’Army Ballistic Missile Agency (ABMA) décide en septembre 1955 de le renommer ainsi car il fait partie du programme Jupiter et permet aussi d’avoir la priorité de lancement sur Cape Canaveral, car beaucoup de lancements ont lieu et les fusées Jupiter sont prioritaires sur le site. Les premiers Jupiter-A comportaient le design dit "préliminaire" (voir la section sur le fuselage du PGM-11 Redstone). En effet, les Redstone avaient au commencement un design différent, avant qu'une refonte du fuselage soit refaite sur les Redstone. Parmi les composants incorporés dans le Jupiter A, figuraient la plate-forme de guidage à inertie Redstone ST-80, les capteurs d'angle d'attaque Jupiter, les systèmes de fusion des ogives et les boulons explosifs. Même s'il fait partie du programme, le Jupiter-A permet également de tester le missile qui en est dérivé, il a permis de tester les capacités du PGM-11 Redstone, qui, lors du premier vol de Jupiter-A, le missile Redstone n’était pas encore opérationnel, ce qui lui a permis d'être évalué. 20 lancements ont eu lieu depuis Cape Canaveral[2],[3]. Aidé par sa compagnie de l'ordonnance, le bataillon 217e bataillon s'entraîna avec les Jupiter-A no. CC-17 et Jupiter-A CC-33[4].
Caractéristiques techniques
Dimensions
Jupiter-A est haute de 21,20 mètres, et un diamètre de 1,78 mètres[5], et une hauteur de 4 mètres pour les ailerons[2].
Moteurs-fusées
Au cours de ses lancements, Les Jupiter-A ont eu plusieurs moteurs-fusées différents de la gamme Rocketdyne NAA 75-110. Lors de ses deux premières missions (RS-11 et RS-12) lancées respectivement le 22 septembre 1956 et le 6 décembre 1956, ils disposaient du modèle A-3. À partir de la mission RS-18, lancée le 15 mars 1956, ils avaient un moteur de fusée A-4. À partir du 2 octobre 1957, ils volent avec l'A-6 (l'A-5 n'a jamais été en service). Le dernier modèle, l'A-7, ne volera pas avec le Jupiter-A, car son arrivée en service est survenue quelques mois après l’arrêt des Jupiter-A[6]. Tous les Jupiter-A ont volés avec 75% d'alcool éthylique coupé à 25% d'eau, comme carburant, et de l'oxygène liquide comme oxydant. Une exception est le 19 septembre 1956 (ou le 18 septembre ?) sur la mission RS-22, où le moteur-fusée A-4 consommait comme carburant de l’Hydyne, un mélange à 60% d’UDMH et 40% de DETA[5],[7].
Numéro de série chiffré
Le Jupiter-A et C, faisait partie du projet Jupiter, la séquence de fabrication des fusées (qui ne sont pas nécessairement lancées dans l'ordre, et peuvent être améliorées au fur et à mesure que des solutions aux problèmes techniques sont élaborées lors de tests) a été considérée comme un secret militaire. Ainsi, la désignation peinte sur la façade des fusées n'était pas un numéro de série, mais employait un simple chiffrement de transformation que le personnel serait sûr de ne pas oublier. La clé a été tirée du nom de la base de conception et de test: Huntsville, Alabama, donnant HUNTSVILE, avec la lettre double L supprimée[8],[9] :
H → 1 / U → 2 / N → 3 / T → 4 / S → 5 / V → 6 / I → 7 / L → 8 / E → 9 / X → O
La lettre X est rajoutée au codage, représentant le 0.
RS et CC peut être aussi figuré sur le nom de la fusée : RS signifie que la fusée est de construction de l’Arsenal De Redstone, CC signifie de construction de Chrysler Corporation[10].
Exemple
CC-NE : N → 3 + E → 9 → 18 : CC-39[notes 2].
Chronologie des lancements
Historique des vols | ||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Vol n° | Numéro de série | Date de lancement | Site de lancement | Pad de tir | Charge utile particulier | Notes | Résultat | Image |
1 | RS-11 / RS-HH |
Cape Canaveral | LC-6 | Note : Premier vol avec système de guidage complet | Échec | |||
2 | RS-12 / RS-HU |
Cape Canaveral | LC-6 | Note : Premier vol réussi avec guidage inertiel | Succès | |||
3 | RS-18 / RS-HL |
Cape Canaveral | LC-6 | Note : Le premier lancement de Jupiter A par l'ABMA, un missile Redstone modifié équipé d'éléments du système de navigation et de contrôle inertiel du Jupiter IRBM. | Échec | |||
4 | RS-19 / RS-HE |
Cape Canaveral | LC-6 | Échec | ||||
5 | CC-13 / CC-HN |
Cape Canaveral | LC-5 | Note : Premier missile construit par la Chrysler Corporation | Échec | |||
6 | RS-20 / RS-UX |
Cape Canaveral | LC-6 | Succès | ||||
7 | CC-14 / CC-HT |
Cape Canaveral | LC-6 | Succès | ||||
8 | RS-25 / RS-US |
Cape Canaveral | LC-6 | Échec : Commande de coupure au sol donnée après 10 secondes de vol en raison d'un dysfonctionnement du gyroscope de lacet. | Échec | |||
9 | RS-28 / RS-UL |
Cape Canaveral | LC-6 | Note : Guidage LEV-3 utilisé plutôt que ST-80 | Échec | |||
10 | CC-15 / CC-HS |
Cape Canaveral | LC-6 | Succès | ||||
11 | RS-22 / RS-UU |
Cape Canaveral | LC-6 | Note : Carburant Hydyne utilisé | Échec | |||
12 | CC-16 / CC-HV |
Cape Canaveral | LC-6 | Échec | ||||
13 | CC-32 / CC-NU |
Cape Canaveral | LC-6 | Note : Premier missile expédié directement de Chrysler au site de test | Échec | |||
14 | CC-30 / CC-NX |
Cape Canaveral | LC-6 | Succès | ||||
15 | CC-31 / CC-NH |
Cape Canaveral | LC-6 | Échec | ||||
16 | CC-35 / CC-NS |
Cape Canaveral | LC-6 | Succès | ||||
17 | CC-37 / CC-NI |
Cape Canaveral | LC-6 | Succès | ||||
18 | CC-38 / CC-NL |
Cape Canaveral | LC-6 | Échec | ||||
19 | CC-39 / CC-NE |
Cape Canaveral | LC-6 | Note : Premier essai en vol du moteur North American Aviation Rocketdyne A-6 avec une poussée au niveau de la mer de 78 000 lbs. | Succès | |||
20 | CC-41 / CC-TH |
Cape Canaveral | LC-6 | Échec | ||||
21 | CC-42 / CC-TU |
Cape Canaveral | LC-6 | Note : Test du kit d'adaptation Hardtack | Succès | |||
22 | CC-45 / CC-TS |
Cape Canaveral | LC-6 | Note : Test de la nacelle Hardtack | Succès | |||
23 | CC-46 / CC-TV |
Cape Canaveral | LC-6 | Note : Test du kit d'adaptation Hardtack | Succès | |||
24 | CC-43 / CC-TN |
Cape Canaveral | LC-6 | Succès | ||||
24 | CC-48 / CC-TL |
Cape Canaveral | LC-6 | Échec |
Galerie
- Jupiter-A RS-25
- Jupiter-A RS-19 en érection
- Jupiter-A CC-52 dans son "gantry"
- Jupiter-A CC-52, dominant l'équipe au sol
- Décollage du Jupiter-A CC-52
- Jupiter-A CC-35 en érection
- Jupiter-A CC-14
Notes et références
Notes
- Peut aussi s'écrire sans tiret
- Le numéro de série chiffré mentionné ici est visible sur la photographie au début de l’article.
Références
- (en) John W. Bullard, History of the Redstone Missile System, , 199 p. (lire en ligne), p. 97 - 98
- (en) Cliff Lethbridge, « Jupiter A fact Sheet », sur spaceline.org (consulté le )
- (en) Ed Kyle, « KING OF GODS: The Jupiter Missile Story », sur spacelaunchreport.com, (consulté le )
- (en) John W. Bullard, History of the Redstone Missile System, , 199 p. (lire en ligne), p. 124
- (en) Mark Wade, « Jupiter-A », sur astronautix.com (consulté le )
- (en) Kimble D. McCutcheon, « Part 4.2: The Redstone Engine », sur enginehistory.org, (consulté le )
- (en) « Cape Canaveral Launch Complexe 5/6/26A/26B Launch Log », sur spacelaunchreport.com (consulté le )
- (en) Cliff Lethbridge, « Jupiter-C fact sheet » (consulté le )
- (en) NASA, « SP-4402 Origins of NASA Names », sur history.nasa.gov (consulté le )
- (en) John W. Bullard, History of the Redstone missile system, , 198 p. (lire en ligne), p. 168
Articles connexes
Liens externes
- Portail de l’astronautique
- Portail des années 1950
- Portail des forces armées des États-Unis