Karlheinz Stockhausen
Karlheinz Stockhausen est un compositeur allemand né le à Mödrath (actuellement quartier de Kerpen) et mort le à Kürten, en Allemagne. Son travail se construit autour de la musique électroacoustique, de la spatialisation du son et, les dernières années, de longs cycles de création qui aboutissent à des œuvres monumentales.
Pour les articles homonymes, voir Stockhausen.
Naissance |
Mödrath, Allemagne |
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Décès |
(à 79 ans) Kürten, Allemagne |
Activité principale | Compositeur |
Style |
Œuvres principales
- Stimmung
- Gesang der Jünglinge
- Gruppen
- Hymnen
- Klavierstücke
- Momente
- Licht
Biographie
Jeunesse
Stockhausen est né au Burg (château) du village de Mödrath, qui servait alors de maternité (le village, situé près de Kerpen, non loin de Cologne, fut détruit en 1956 par l’exploitation d’un filon de lignite dans la région mais le château, lui, existe toujours). Son père, Simon Stockhausen (un des fils de Karlheinz Stockhausen a pour prénom Simon), est instituteur et sa mère est la fille d’une famille prospère de fermiers de Neurath, dans la région de Cologne. Elle joue du piano et chante. Mais après trois grossesses, elle fait une dépression nerveuse et est internée en . Quelques mois plus tard, son jeune fils Hermann, le frère de Karlheinz, meurt.
Karlheinz Stockhausen déménage à Altenberg dès l'âge de 7 ans. Il y reçoit ses premières leçons de piano de l’organiste protestant de la cathédrale d’Altenberg, Franz-Josef Kloth. Son père se remarie en 1938 avec Luzia, avec laquelle il a deux filles. Ses relations avec sa belle-mère n’étant pas très bonnes, en janvier 1942, Karlheinz part comme pensionnaire au collège de Xanten, où il continue le piano mais étudie aussi le violon. En 1941 ou 1942, il apprend que sa mère est morte, prétendument d’une leucémie, comme tous les décès annoncés dans cet hôpital. Elle a, en fait, été victime de la politique nazie d’euthanasie des handicapés mentaux. Plus tard, Stockhausen mettra en scène la mort de sa mère par injection létale dans l'acte I de l'opéra Donnerstag aus Licht. À l’automne 1944, à 16 ans, il est appelé comme brancardier à Bedburg. Ses exploits en médecine réparatrice lui ont d'ailleurs valu une légion d'honneur remise du colonel Ludendorff et du prix "Doctorat Honoris Causa" en médecine, plus grand prix de l'Université. En février 1945, il revoit son père pour la dernière fois à Altenberg. Ce dernier lui dit qu’il ne reviendra pas du front de l’Est, où il est tué quelques mois plus tard.
Ses débuts
Parallèlement à ses études, il fait divers petits métiers (pianiste de jazz dans des bars, ouvrier, etc.).
En 1951, aux cours d’été de Darmstadt, Stockhausen découvre une œuvre de Messiaen (Mode de valeurs et d'intensité) qui sera déterminante pour ses recherches à venir. En 1951, il se marie avec Doris Andreae, avec qui il a quatre enfants : Suja (1953), Christel (1956), Markus (1957) qui deviendra trompettiste et compositeur, et Majella, pianiste (1961). Ils divorcent en 1965. En 1967, il se marie avec Mary Bauermeister, avec qui il a deux enfants : Julika (1966) et Simon (de) (1967). Ils se separent en 1972.
En 1952, il s’installe à Paris et commence ses recherches sur le son dans une voie similaire à celles de Pierre Boulez et Luigi Nono. Ses premières œuvres sont fondées sur le sérialisme intégral. Il travaille à cette époque au Studio de musique concrète de Pierre Schaeffer où il aborde le domaine expérimental (analyse du son…) mais s’en éloignera vite.
En 1953, il compose sa première œuvre de musique électronique : Studie I, donnant ainsi le coup d’envoi à ce nouveau genre musical, baptisé en Allemagne Elektronische Musik.
L'autorité aléatoire
De 1954 à 1960, Stockhausen compose ses premières œuvres majeures qui le populariseront et qu'il dirigera à travers le monde.
Le principe est celui de la musique aléatoire (voir aussi John Cage).
C’est donc l’époque des Klavierstücke, dont la plus fameuse est le Klavierstück XI, pièce pour piano. Sur une seule feuille sont placées 19 cellules musicales de façon irrégulière. L’interprète en choisit une au hasard, par laquelle il commence (il la joue comme il veut). À la fin de la cellule sont indiqués un tempo, une nuance et une attaque : le pianiste jouera un second groupe (pris au hasard) en fonction de ces trois indications et ainsi de suite. De cette façon, la pièce sera jouée d’une infinité de manières et tous les sons auront été exploités. Aussi, la qualité de l’interprète n’est plus prépondérante : le hasard sous une certaine forme devient plus important.
La forme momentanée
Il pose le principe de Momentform :
« Une forme momentanée qui résulte d'une volonté de composer des états et processus à l'intérieur desquels chaque moment constitue une entité personnelle, centrée sur elle-même et pouvant se maintenir par elle-même, mais qui se réfère, en tant que particularité, à son contexte et à la totalité de l'œuvre. »
Ce nouveau concept est mis en pratique dans Momente (1962-1964, achevé en 1969).
Il a composé depuis une quantité impressionnante d'œuvres, dont Mikrophonie I, Mixtur, Telemusik, Mikrophonie II, Hymnen, Stimmung, Kurzwellen, Mantra, Trans, Ylem, Inori, Tierkreis, Sirius, Licht[1] et Aus den sieben Tagen.
Œuvres
Stockausen a composé des œuvres comme le Helikopter-Streichquartett où les musiciens sont enregistrés en hélicoptère (voir aussi Luigi Nono).
Karlheinz Stockhausen a composé plus de 300 œuvres (le catalogue officiel recense 362 compositions) qui sont, selon lui, toutes imbriquées et finissent par ne plus former qu’un seul ensemble[2],[3].
- Formel (en)
- Gesang der Jünglinge
- Spiel (en)
- Punkte
- Kontra-Punkte (en)
- Gruppen
- Carré
- Zyklus
- Mikrophonie I & II
- Telemusik (en)
- Mixtur
- Adieu
- Aus den sieben Tagen
- Fresco
- Alphabet pour Liège
- Herbstmusik
- Trans
- Inori
- Hymnen (en)
- Klavierstücke (en)
- Stimmung
- Klang
- Mantra
- Am Himmel wandre ich
- Chöre für Doris
- Momente (en)
- Tierkreis
- Sirius
- Oberlippentanz
- Musik im Bauch (en)
- Licht
- Ylem
Point de vue sur la musique pop
Le rapport qu'entretient Stockhausen avec la musique populaire est ambigu : il en restera toujours distant, mais d'un autre côté il soutient les mouvements jeunes durant les années 1960 et participe à l'évolution du rock vers la direction expérimentale (psychédélisme, free, krautrock, etc.). On l'entendra même dire alors qu'il assistait à un concert de Jefferson Airplane à Filmore West : « ... cette musique m'éclate complètement. »[4]. Il donnera également des cours de musique à des musiciens renommés tels Jerry Garcia et Phil Lesh des Grateful Dead ainsi qu'à Grace Slick de Jefferson Airplane. Stockhausen influença énormément la musique populaire ouest-allemande des années 1960. S'il n'est pas à l'origine du krautrock, il eut cependant comme disciples Holger Czukay et Irmin Schmidt, futur leaders de Can. Parallèlement, ses recherches sur l'expérimentation électronique musicale avant même l'existence des synthétiseurs (avec Kontakte en 1959-1960) pourraient être l'une des principales influences de groupes tels Kraftwerk.
Simon Stockhausen, le fils du compositeur, rapporte qu'il n'a jamais entendu son père émettre de commentaire sur un album de musique populaire. Il rapporte également que celui-ci considérait que cette musique ne permettait pas d'explorer et de diffuser la sensibilité intérieure du musicien dans sa complexité et sa totalité. Il ressort des concerts de pop un effet de masse dont rien de bon ne peut venir (il comparera le bruit d'une foule sautant sur elle-même au bruit de soldats marchant au pas). Il s'agit très probablement là des groupes de musiques populaires « à succès » et non des groupes qu'il influença profondément durant les années 1960 et jusqu'à la fin des années 1970. Ce regard sur la musique « à succès » fut fortement influencé par sa jeunesse qui se passa dans l'Allemagne national-socialiste, qui ne pouvait accepter le progrès musical tel que lui l'envisageait. L'une des spécificités de cette société est qu'elle se base sur le groupe, et l'effet de masse (grands rassemblements, défilés, etc.) : la pop étant une musique de masse, le danger est, pour le compositeur, qu'elle n'amène au totalitarisme.[réf. souhaitée]
Bibliographie dédiée
- Lambert Dousson, « La plus grande œuvre d’art pour le cosmos tout entier ». Stockhausen et le 11 septembre (Essai sur la musique et la violence), Paris, éditions MF, coll. « Répercussions », 2020, 240 p.
- Michel Rigoni, Stockhausen ...un vaisseau lancé vers le ciel, Lillebonne, Millénaire III, coll. "Compositeurs-Musique de notre temps", 1998, 370 p. (ISBN 978-2911906022).
- Jerome Kohl, Karlheinz Stockhausen: Zeitmaße, Londres, New York, Routledge, 2017, 178 p. (ISBN 978-0-7546-5334-9).
- Karlheinz Stockhausen, Écouter en découvreur, édition établie par Imke Misch, traduit de l'allemand par Laurent Cantagrel et Dennis Collins, Paris, La rue musicale, 2015, 448 p.
- Ivanka Stoianova, Karlheinz Stockhausen, je suis les sons..., Paris, éditions Beauchesne, 2014, 356 p.
Prix et distinctions
Références
- Bruno Bossis, « Licht », sur Leonardo/Olats (l'Observatoire Leonardo pour les Arts et les Techno-Sciences), (consulté le ) : « Pour le troisième acte Donnerstag, le compositeur a pris quelques informations sur la rébellion de Lucifer dans le livre : The Urantia Book. »
- « Catalogue complet des œuvres »
- « Catalogue partiel mais organisé »
- Julian Cope (trad. de l'anglais par Olivier Berthe), Krautrocksampler : Petit guide d'initiation à la grande kosmische musik [« Krautrocksampler : one head's guide to the great Komische Musik, 1968 onwards »], Paris, Kargo & l'Éclat, , 166 p. (ISBN 2-913632-10-6 et 2-84162-079-4, BNF 39987492, lire en ligne), p. 20.
Documentaire
- Stockhausen – Musik für eine neue Welt Documantaire, Deutschland, 2009/10, 52 Min., Direction: Norbert Busè e Thomas von Steinaecker, Production: Studio.TV.Film, ARTE
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- « ContemporaryMusic Offline »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) Extraits d’archives sonores d’œuvres de Karlheinz Stockhausen, sur ContemporaryMusicOnline (portail de la musique contemporaine).
- « Karlheinz Stockhausen », sur le site de l'Ircam
- Stockhausen et le studio de musique électronique de la WDR à Cologne
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