Kelmti Horra (poème)

Kelmti Horra (arabe : كلمتي حرة ; littéralement « Ma parole est libre ») est un poème écrit en 2006 par Amine Al Ghozzi et devenu l'hymne emblématique de la révolution tunisienne qui a amorcé le Printemps arabe fin 2010[1]. C'est aussi devenu une chanson composée et chantée par Emel Mathlouthi.

Kelmti Horra
(كلمتي حرة)
Informations générales
Titre
Kelmti Horra
(كلمتي حرة)
Auteur
Amine Al Ghozzi
Langue
Lieu
Date de publication

Création

Le texte est écrit par Amine Al Ghozzi, un poète, romancier et cinéaste tunisien[2] qui écrit le poème durant la présidence de Zine el-Abidine Ben Ali pour dénoncer la dictature et promouvoir l'aspiration de la jeunesse tunisienne à la liberté.

Alors que Ben Ali est encore au pouvoir, une scène artistique alternative tunisienne apparaît en marge de la scène culturelle officielle qui fait la promotion du régime en place. Cette scène rassemble des artistes et des intellectuels de la gauche tunisienne qui partagent leurs créations durant des événements culturels organisés clandestinement ou sous surveillance policière. C'est dans ces cercles qu'Al Ghozzi partage son poème avec la jeune chanteuse Emel Mathlouthi, qui la met ensuite en musique.

Fuyant une atmosphère qui étouffe de plus en plus la créativité en Tunisie, Emel Mathlouthi part s'installer à Paris. Lors d'un concert organisé par Radio France internationale en 2007 à la place de la Bastille, la chanteuse interprète Kelmti Horra pour la première fois devant le grand public[3]. La chanson connaît un tel succès que la vidéo de la prestation est relayée en masse sur les réseaux sociaux[4].

Hymne de la révolution

En 2011, la jeunesse est en pleine ébullition à la suite de la révolution tunisienne et de la fuite de Zine el-Abidine Ben Ali[5]. Kelmti Horra, dans la version chantée par Emel Mathlouthi, devient le symbole de la lutte populaire contre l'oppression et connaît le succès, devenant ainsi l'hymne de la liberté des peuples contre les dictatures partout dans le monde, au point d'être reprise lors des protestations qui ont secoué le monde arabe.

Album et interprétations

Le , Emel Mathlouthi sort son premier album studio, qui est intitulé Kelmti Horra.

L'album est accueilli positivement par la critique. Music News décrit Kelmti Horra comme « une œuvre d'une beauté obsédante et mélodramatique » interprétée « avec une voix enivrante et intrigante »[6].

Le , le quartet du dialogue national, composé des quatre organisations tunisiennes qui ont soutenu la transition démocratique en Tunisie, obtient le prix Nobel de la paix. Lors de la remise du prix, le à Oslo, la chanson Kelmti Horra est interprétée en version symphonique[7] par Emel Mathlouthi[8].

Notes et références

  1. « Emel Mathlouthi : voix et identités composites », sur franceculture.fr, (consulté le ).
  2. « Amine El Ghozzi », sur cinematunisien.com, (consulté le ).
  3. « Emel Mathlouthi, chanteuse libre », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) Jon Pareles, « Voice of Arab Spring Offers Defiance and Melody », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) « Revolutionary voice », sur ft.com, (consulté le ).
  6. (en) « Emel Mathlouthi », sur music-news.com (consulté le ).
  7. « La Tunisienne Emel Mathlouthi revisite son tube Kelmti Horra avec 53 artistes en version orchestrale et en mode quarantaine », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  8. Rym Maalaoui, « Les remerciements d'Emel Mathlouthi », sur directinfo.webmanagercenter.com, (consulté le ).
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