Kentrosaurus

Kentrosaurus aethiopicus

Kentrosaurus est un genre éteint de dinosaures herbivores stégosauriens africains ayant vécu au Jurassique supérieur. Il est apparenté au Stegosaurus du continent américain, ce qui est un exemple d'évolution séparée liée à la dérive des continents. Kentrosaurus était cependant plus petit et ne possédait pas le même type d'armure osseuse.

Une seule espèce est connue : Kentrosaurus aethiopicus, elle a été décrite en 1915 par le paléontologue allemand Hennig qui le place dans la famille des stégosauridés[1].

Étymologie

Le nom Kentrosaurus est composé de deux mots du grec ancien, κέντρον « pointe » et σαῦρος « lézard ») pour donner « lézard à pointes ».

Découverte

Des centaines d'os de Kentrosaurus ont été découverts en Tanzanie lors d'une expédition de paléontologues allemands dans ce qui était à l'époque l'Afrique orientale allemande[1]. Ils ont été retrouvés dans la formation géologique de Tendaguru, datée du Kimméridgien supérieur au Tithonien inférieur, il y a environ entre 155 et 150 Ma (millions d'années).

Description

Échelle Homme / Kentrosaurus.

Kentrosaurus était un stégosauridé de taille moyenne, inférieure par exemple à celle de ses cousins Stegosaurus ou Dacentrurus. Sa longueur maximale est estimée entre 4,5 et 5,5 mètres, dont un peu plus de la moitié correspond à sa queue, très longue, qui équilibrait son centre de gravité très à l'arrière de l'animal, situé au niveau de ses hanches. Son poids est évalué entre 1 et 1,5 tonne[2],[3].

Piques de l'extrémité de la queue de Kentrausaurus formant un « thagomizer ».

Comme tous les stégosauridés, il possède une petite tête allongée terminée par un bec, un long cou et un dos couvert d'une double rangée de plaques osseuses plus ou moins pointues qui s'étendent sur toute la longueur de la colonne vertébrale. Ces plaques osseuses lui permettaient peut-être de réguler la température de son corps. Les plaques n'étaient pas reliées à la colonne vertébrale, mais imbriquées dans une peau épaisse.

Vue d'artiste de Kentrosaurus.

Chez Kentrosaurus, la double rangée de plaques osseuses commence juste derrière la tête. Elles deviennent de plus en plus longues et pointues en allant jusqu'au bout de la queue, les quatre dernières forment un ensemble de véritables « piques », surnommé « thagomizer », qui pouvait infliger des blessures fatales à ses prédateurs. Chaque épaule porte aussi une longue pointe qui protégeait l'animal sur ses côtés. La plus longue pique de Kentrausaurus retrouvée mesure 73 centimètres[2].

La queue est très mobile et souple car elle est composée d'un grand nombre de vertèbres caudales, au moins 40[4]. L'animal pour se défendre de ses prédateurs, les théropodes, utilisait sa queue comme un fouet dont l'extrémité armée de longues pointes était une arme redoutable. Mallison et al. ont évalué à 50 km/h la vitesse à laquelle l’animal pouvait projeter sa queue[2].

Le cou et l'avant du tronc devaient être protégés par de petites plaques osseuses, insérées dans la peau (ostéodermes), comme celles qui protègent par exemple le cou de stégosauridés plus évolués, par exemple : Stegosaurus[5],[2].

Reconstitution de Kentrosaurus se redressant sur ses pattes postérieures, grâce à un centre de gravité au niveau des hanches, pour accéder à la végétation haute.

Les stégosaures possédaient un énorme estomac afin de digérer les plantes sèches et coriaces qu'ils avaient coupées avec leur bec tranchant. Leurs pattes antérieures étaient beaucoup plus courtes que leurs pattes postérieures. Cependant, les fémurs de Kentrosaurus sont bien droits, bien différents de ceux des bipèdes typiques, indiquant une position bien verticale. Malgré leur robustesse et la puissance des attaches musculaires sur un os iliaque bien développé, les pattes arrière ne pouvaient, seules, soutenir le corps de l'animal. De plus, les membres antérieurs malgré leur taille plus réduite sont très robustes. Tout ceci indique que Kentrosaurus marchait à quatre pattes[5]. La position de son centre de gravité au niveau de ses hanches devait néanmoins lui permettre de se dresser parfois sur ses pattes postérieures pour attraper des feuilles en haut des arbres.

Classification

Les analyses cladistiques réalisées en 2009 et 2010, respectivement par O. Mateus et al.[6] et S. Maidment et al.[7] montrent des résultats similaires et aboutissent à un cladogramme simplifié.

Kentrosaurus est considéré comme le genre le plus basal de la famille des Stegosauridae :

Stegosauria

Tuojiangosaurus



Paranthodon



Gigantspinosaurus


Huayangosauridae

Huayangosaurus



Chungkingosaurus



Stegosauridae


Kentrosaurus




Loricatosaurus



Dacentrurinae

Dacentrurus



Miragaia



Stegosaurinae

Stegosaurus armatus




Stegosaurus homheni



Stegosaurus mjosi









Notes et références

Références

  1. (de) E. Hennig, « Kentrosaurus aethiopicus, der Stegosauride des Tendaguru », Sitzungsberichte der Gesellschaft naturforschender Freunde zu Berlin, vol. 1915, , p. 219–247 (lire en ligne)
  2. (en) H. Mallison, « Defense capabilities of Kentrosaurus aethiopicus HENNIG 1915 », Palaeontologia Electronica, vol. 14, no 2, , p. 10 (lire en ligne)
  3. (en) Paul, G.S., 2010, The Princeton Field Guide to Dinosaurs, Princeton University Press
  4. (de) E. Hennig, « Kentrurosaurus aethiopicus. Die Stegosaurier-Funde vom Tendaguru, Deutsch-Ostafrika [Kentrurosaurus aethiopicus. The Stegosaur find from Tendaguru, German East-Africa] », Palaeontographica, , p. 101–254
  5. (en) H. Mallison, « CAD assessment of the posture and range of motion of Kentrosaurus aethiopicus HENNIG 1915 », Swiss Journal of Geosciences, vol. 103, no 2, , p. 211–233 (DOI 10.1007/s00015-010-0024-2)
  6. (en) Octávio Mateus, Susannah C. R. Maidment et Nicolai A. Christiansen, « A new long-necked ‘sauropod-mimic’ stegosaur and the evolution of the plated dinosaurs », Proceedings of the Royal Society of London B: Biological Sciences, vol. 276, no 1663, , p. 1815–1821 (ISSN 0962-8452, PMID 19324778, PMCID 2674496, DOI 10.1098/rspb.2008.1909, lire en ligne)
  7. (en) Susannah C. R. Maidment, « Stegosauria: a historical review of the body fossil record and phylogenetic relationships », Swiss Journal of Geosciences, vol. 103, no 2, , p. 199–210 (ISSN 1661-8726, DOI 10.1007/s00015-010-0023-3, lire en ligne)

Références taxinomiques

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